Chapitre 11


Tom Rosenthal - It's OK ou Trapnest - Wish ou Trapnest - Shadow of love

Alexandre était sonné. Il était resté muet dans le van qui était chargé de les ramener à leur loft commun. Amine était le seul à parler avec Claire à l'intérieur, Marc lui aussi avait l'esprit occupé et il ne pouvait s'empêcher de serrer fort son téléphone entre ses mains.

Alexandre se demandait si Marc savait. Il ne parlait pas, et ne bougeait pas non plus, Alexandre savait qu'il cogitait sans cesse. Dans le véhicule, les quatre membres faisaient comme ci il ne c'était rien passé pour le moment. Ils ne savaient pas si Claire et Marc avaient remarqué et ils sentaient aussi très bien a quel point Alexandre était sur les nerfs depuis la fin de l'interview. Ils se dirent silencieusement qu'ils lui tiendraient deux mots à ce sujet plus tard.

En rentrant dans le loft, Alexandre voulait retrouver un endroit calme, ou il serait en paix. Il n'avait pas prévu de retourner aussi vite dans son appartement à Londres mais, finalement il en avait besoin. Son sac n'était pas fait mais dès qu'ils rentrèrent dans le loft, il en attrapa un et les quelques affaires dont il allait avoir besoin pour le week-end qu'il jeta dedans en boule. Il n'en avait rien à faire. Alexandre se sentait mal, vis-à-vis de Margot, vis-à-vis de son groupe et vis-à-vis de Marc et Claire.

Bien qu'ils eurent toujours étés considérés comme des rivaux, Étienne sentait la tension qui régnait dans les nerfs du chanteur. Il avait bien compris que Margot était celle dont il lui avait une fois parlé. Il avait compris qu'il l'aimait encore. Étienne avait peur pour son ami, pour le groupe et pour Mélanie. Mine de rien ils avaient tous le même rêve et rien ne devait les éloigner de leur objectif commun.

- Tu veux en parler ? lui demanda Étienne, en osant franchir le seuil de la chambre d'Alexandre.

Marc était parti vite, Claire et Amine continuait leur conversation et Alexandre suivi de près par Étienne s'était rué dans le loft.

- Y a rien à dire, tenta de raccourcir Alexandre en mettant quelques affaires en hâte dans son sac.

- Je suis pas aveugle Alexandre, tu pouvais pas t'empêcher de la fixer quand tu parlais d'Eurydice, il lui confessa en s'asseyant au bord de son lit comme pour bien lui signifier qu'il ne comptait pas partir partir de si tôt.

Étienne savait, et il essayait de faire parler Alexandre qui faisait tout pour éviter la conversation. Étienne voulait être sur qu'Alexandre avait toujours les pensées clairs. S'il devait choisir le groupe ou la stagiaire, Étienne espérait qu'il n'hésiterait pas : l'image du groupe était ce qui était de plus important.

- Pourquoi tu me demandes si tu sais alors ? Demanda Alexandre d'un ton sec, il n'avait vraiment pas envie de discuter avec Étienne ce soir.

- Je m'inquiète pour toi et pour le groupe.

- Je vais bien, dit simplement le concerné, et le groupe aussi.

- Tu penses qu'elle est venue pour toi ?

C'était la fameuse question que se posait Étienne et Hugo, qui venait tout juste de venir s'incruster dans la chambre d'Alexandre. Il s'efforça de rester civiliser, car montrer son énervement reviendrait à dire plus directement que non, en effet il n'allait pas bien. Ses deux amis n'avaient pas besoin de le savoir. Il sortit une cigarette qu'il alluma au milieu de sa chambre : Étienne détestait l'odeur, Alexandre pensait que ça aurait suffit à le faire fuir, mais non. Il était coriace, ça, on ne pouvait pas le lui enlever.

- Non, ça fait trois ans qu'on s'est pas recontacté, elle a du passer à autre chose, Alexandre marqua une pause, le temps de reprendre le contrôle sur sa voix. Elle fera pas de scandale si c'est ça qui t'inquiète, elle n'est pas de ce genre, il ajouta en soufflant grossièrement de la fumée par la bouche.

- Tu vas la recontacter ? Demanda Hugo, qui n'avait rien dit jusqu'ici.

Il avait tous le droit de se poser des questions à ce sujet mais, ce n'était pas le moment. Surtout qu'Alexandre était énervé que les histoires personnelles de chacun soit aussi celles du groupe. Ils n'avaient pas besoin de savoir à quel point il avait merdé à l'époque et à quel point il s'en mordait les doigts.

- Non.

- Et pourtant tu l'as pas oublié et tu demandes même de ses nouvelles à Jules, insista Hugo.

Hugo était muet comme une carpe, cependant, plus le temps passait plus Alexandre trouvait que le dicton : il faut se méfier de l'eau qui dort lui correspondait mieux. Lorsque ça touchait au groupe, Hugo était prêt à tout, et c'était la deuxième fois qu'il se dressait contre Alexandre, pour le groupe. Il ne pouvait pas lui en vouloir, ils avaient tous fait des sacrifices pour arriver ou ils sont : c'est-à-dire aux portes de la tournée mondiale.

- Je m'en fous Hugo de ce que tu penses de ça.

- On a encore besoin d'affilier notre image à celle de Mélanie, le prévint Étienne avant de quitter la chambre car il ne supporter plus l'odeur.

- J'ai fait sous entendre que Mélanie et moi étions au moins bons amis devant Margot, je pense que ça en dit long sur ma position actuelle. Comme toi, je n'oublie pas notre objectif de vue.

Redire à voix haute ce qu'il avait fait lui brisa le cœur, déjà en charpie. Il essayait tant bien que mal d'être convainquant.

- Je m'en fiche de ta position actuelle, de si tu es avec la stagiaire ou pas, ce qui nous intéresse c'est juste que l'image du groupe reste associée à celle de Mélanie.

- Tu peux avoir l'esprit tranquille alors, je ne compte même pas la recroiser, il dit.

- Je te préviens, je suis quasi sur que Marc a compris que quelque chose était étrange autour de toi et la stagiaire, le prévint tout de même Hugo.

- Margot, elle s'appelle Margot, ne put s'empêcher de répondre Alexandre sans le vouloir;

Cela fit sourire Hugo qui ne put lui aussi s'empêcher de demander :

- C'est grecque, non ?

- Sa grand mère maternelle l'est.

- Je comprends mieux le nom de la chanson, il rigola nerveusement, te mens pas à toi-même Alex' , ou tu t'en mordra les doigts, il le prévint aussi.

La vérité était qu'il s'en mordait déjà les doigts, mais Alexandre appréciait déjà plus qu'Hugo le prévienne à propos de l'image qu'il devait s'efforcer de garder, plutôt que de sembler totalement proscrire une relation entre lui et Margot, comme le sous entendait Étienne. Il détestait qu'on lui interdisait quelque chose et encore plus quand Margot était le COD.

Ce soir, parmi toutes les réponses qu'il donna, il mentit sur presque toutes. Si Alexandre ne se rendait pas compte autrefois de sa mauvaise fois sur ce sujet, il le réalisait maintenant. En vérité, il essayait de se convaincre lui-même avant tout, plus que de convaincre les autres.

Hugo le comprit aussi. Il savait maintenant à quel point Alexandre était fou de Margot : au point de donnait un nom grecque à sa chanson. Il avait comprit le sens de ces paroles et que lui et Margot était une référence au célèbre couple mythologique. Hugo se dit quelques instant que c'était dommage : car cette histoire aurait fait un énorme carton. Alexandre était un malade. Non en réalité il était juste malade et son médicament était une femme. Hugo ne poussa pas le bouchon plus loin et sortit de la chambre du chanteur en lui rappelant que chacun de ses actes aurait des conséquences. Il nous pouvait pas se permettre de faire n'importe quoi ce soir, sous prétexte qu'il avait parler d'une autre devant la femme qu'il aimait.

Cependant Étienne comme Hugo le savait : Alexandre était un lion en cage, comme une machine il avait fait ce pourquoi il avait signé durant plus de deux ans, mais il restait attaché à une image tout autre que celui de la musique. 

En effet, Hugo avait raison, Marc n'était pas dupe. Mais ce n'était pas réellement sa relation avec la stagiaire qui le préoccupait sur le moment : il ne voulait pas que du bruit à ce propos s'ébruitait. Ils avaient besoin de Mélanie pour briller, elle faisait de même avec eux, mais cela devait être crédible aux yeux du public.

Ce serait mauvais pour la pub de leur tournée mondiale si une tierce personne s'invitait, d'autant qu'il ne connaissait pas les intentions mais cette stagiaire était une journaliste qui en plus tenait le chanteur dans le creux de sa main. Ce n'était vraiment pas bon.Si Marc avait l'impression que les journaliste ne l'avaient pas remarqués mais ils n'étaient pas sur, le problème était que l'interview avait été filmée. Ces vidéo pouvaient les mettre vraiment mal il devait s'en occuper en priorité puis, il faudrait qu'il s'occupe de la stagiaire et enfin il faudrait qu'il en touche deux mots à Alexandre.

Après l'interview, Georges et Margot finirent par prendre un casse-croûte dans le bar du coin, il la félicita bien sur en lui affirmant qu'ils allaient avoir de quoi faire un super article. Georges insista sur le fait qu'il n'avait jamais ressenti le chanteur si ému, lui qui habituellement ne participait que très peu aux interview, Georges pensa que c'était car il parlait de Mélanie. Il avait faux sur toute la ligne mais Margot ne le corrigea pas. Elle essayait tant bien que mal de retenir ses lames mais elle savaient que si elle arrivait à les contenir sur le moment même, dès lors qu'elle passerait le seuil de son appartement, elle ne pourrait plus se retenir.

Margot avait vu juste, c'était précisément ce qui arriva. Elle peinait à se calmer, elle était recroqueviller sur sa moquette au pied de son lit en tenant fermement son téléphone entre ses main. Margot était fière : elle avait réussi à tenir toute l'interview et elle ne s'était pas laissé démontée par l'allure nonchalante du chanteur, mais ce sentiment était moindre comparée à la douleur qu'à présent elle ressentait. Elle se sentit tellement minable, qu'elle appela Jules dans un dernier espoir, il avait toujours les bons mots pour elle. Son mascara avait coulé sous ses yeux mais elle s'en fichait : elle l'aimait et tout avait changé, elle n'essaya même pas à le cacher à Jules.

- Margot, calme toi, s'il te plaît, tu parle sous le coup de l'émotion, tentait de la calmer Jules

- Je n'y arrive pas, il parvient à déchiffrer entre ses pleurs, je l'ai revu et ça fait si mal - putain.

Alexandre lui avait dit la même chose lorsqu'il l'avait revu, cela lui fit tilt. Jules était avant tout l'ami d'Alexandre mais il ne pouvait s'empêcher de le trouver débile. Margot et lui s'aimaient, et ils étaient pareils pour oser faire le premier pas, la preuve était : leurs stupides promesses. Jules leur avaient aussi promis à chacun de ne rien dire à l'autre ce qu'ils se disaient. Margot ne savait même pas que Jules et Alexandre se parlaient encore. Plus le temps passait et plus cela devenait compliqué pour lui de ne rien dire alors que ces deux meilleurs amis souffraient l'un par rapport à l'autre.

Il écouta en silence Margot lui raconter le déroulement de la soirée chaotique qu'elle avait passé. Elle lui parla des questions sur Mélanie et si Jules, qui connaissait les réels sentiments d'Alexandre, savait qu'il n'y avait aucun moyen qu'il y ait quelque chose entre lui et Mélanie, il se retenit. Ce n'était pas à lui de lui dire après tout. Ce n'était pas à lui de le dire à Margot. Alexandre lui avait confié Margot mais Jules ne pouvait s'empêcher d'en vouloir à Alexandre et il ne se ferait pas prier pour le lui dire.

Il se souvenait très bien de la promesse d'Alexandre. Et Jules savait qu'il avait failli à sa promesse, malgré tout ses efforts pour la tenir. Il s'était éloigné d'elle pour la protéger mais au final, il était la source de ses pleurs quoiqu'il arrivait. La réalité était qu'une fois qu'il s'était rencontré, c'était foutu. Chacun avait l'autre dans la peau, rien ne pouvait y faire. Si le contexte était différent, le résultat était le même : Margot était en sanglots a même le sol de son appartement.

Ils étaient si différents si complémentaires et en même tant si pareils. Jules les enviait d'une certaine façon car ils s'aimaient. C'était même carrément une litote de dire ça, " aimer " n'était juste pas suffisant pour décrire ce que chacun ressentait. Dans la Nuit des Temps de Barjavel, Paikan disait romantiquement à Elea : Je suis à toi, Jules était persuadé que c'était ce genre d'amour qui les reliait mais qui ne s'exprimait pas dans le français moderne.

Seulement Alexandre et Margot étaient juste deux idiots entêtés pour réussir le comprendre.

Surtout Alexandre pour Jules.

Et une fois qu'il a parvenu à calmer les sanglots de Margot il s'empressa d'appeler Alexandre, d'habitude il lui demandé toujours si il pouvait l'appeler. Mais cette fois il en avait rien à faire de l'interrompre si il était en répétition. Jules savait bien que non en plus, lui aussi devait être en train de cogiter comme un fou : il faisait tout pour éviter Margot et pourtant elle était parvenue quand même à apparaître devant lui malgré tout.

Cet abruti faisait vraiment n'importe quoi et il méritait bien que quelqu'un le lui dise franchement.

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