Chapitre 5 : la psychologie

Plusieurs jours ont passés et je n'ai toujours pas revue Georges et Mercy. Il doit sûrement être en colère contre moi et ne doit avoir aucune envie de me parler. A y réfléchir ce n'est pas plus mal. Après notre dernière entrevue, je n'ai pas non plus très envie de le voir.

J'ai rendez-vous chez le psychologue aujourd'hui à dix heures et c'est papa qui m'emmène là-bas.
Il est déjà huit heures trente et je ne suis toujours pas prête, je ferais bien de me dépêcher.
Je vais de suite à la salle de bain et je commence par me brosser les dents. Je tends le bras pour attraper le dentifrice vide. 
- Papa ? Où sont les nouveaux dentifrices ?
- Dans le placard sous le lavabo Anya. 
Je m'empresse de prendre un nouveau tube avant de filer sous la douche.
Gel douche au citron et shampoing aux huiles, ça sent très bon. Je me rince, tire sur la serviette qui repose sur la paroi de la douche et m'enroule dedans avant de sortir.
Je me frictionne le corps et les cheveux et saute dans ma jupe plissée noire. J'enfile en haut blanc avec une tête de tigre en mandala dessinée dessus, me brosse les cheveux et pars en direction de ma chambre pour me chercher une paire de chaussures.
J'opte pour les ballerines noires à paillettes que mamie m'a acheté chez CCV la semaine dernière.
Je suis enfin prête. Je descends les escaliers quatre à quatre en sentant l'odeur du petit déjeuner.
Papa a cuit des croissants et m'a préparer un bol de chocolat chaud.
- Bonjour papa, merci pour le petit déjeuné. 
- Mais de rien ma puce, comment tu vas aujourd'hui ? 
- Bien, je n'ai plus mal au ventre du tout !
- En voilà une bonne nouvelle. La mauvaise c'est qu'il est déjà 9h20 et que tu devrais te dépêcher de déjeuner pour que nous puissions partir dans 10 minutes. 
Il sourit et s'en va vers le salon pour enfiler sa veste de costume et ses chaussures noires brillantes.
Comme prévu, à 9h30 nous prenons la route.
A la radio passe un air de Wathever It Takes du groupe Imagine Dragons que papa aime tant.
Quand maman lui à annoncé que j'avais un rendez-vous chez le psychologue, il n'était pas vraiment ravi. Il disait que ça n'en valait pas la peine et qu'à mon âge il était normal d'avoir des amis qui n'existent pas. Pour autant, il a écouté maman et il est tout sourire ce matin.

Vingt minutes plus tard nous arrivons sur le parking, papa se gare. Il prend tous les papiers que maman lui a dit de ne surtout pas oublier et on entre dans le bâtiment.
C'est un immeuble très chic dans lequel se trouve des appartements et cela ne ressemble en rien à un cabinet, ça me rassure vachement.
On sonne, quelqu'un nous ouvre, on se dirige au bout du couloir jusqu'au bureau de la secrétaire qui prend quelques papiers que papa lui donne et elle nous demande enfin de nous diriger vers la salle d'attente qui se trouve sur notre gauche.
On s'installe calmement, d'autres personnes attendent également de rencontrer le psychologue. Mon rendez-vous est dans moins de dix minutes et papa s'impatiente.
- Je trouve vraiment pas que ce soit une bonne idée. Pourquoi a-t-il fallut que tu racontes ça à maman ? Pour qui est-ce que l'on va nous prendre maintenant ? Tu n'es pourtant pas folle Anya... 
Et la porte du cabinet s'ouvre en interrompant papa.
Une dame demande :
- Anya Jake, s'il vous plaît ?
Alors on se lève et on se dirige vers le cabinet.
C'est très beau, il y a un bureau marron au milieu de la pièce avec deux sièges devant. Sur la droite une table avec des legos, des feuilles et des crayons de couleurs. Et derrière le bureau se trouve un fauteuil noir avec plusieurs coussins de toutes les couleurs.

On prend place devant le bureau et elle dit :
- Bonjour, je suis le docteur Collins. Vous êtes ici pour Anya c'est ça ?
Papa lui répond :
- Bonjour, oui c'est pour Anya. Je suis son père mais c'est ma femme qui a prit le rendez-vous. Malheureusement elle n'a pas pu se libérer aujourd'hui. 
- Pas de soucis. Expliquez moi ce qui arrive à votre petite fille pour que je comprenne votre venue. 
- Elle a cru apercevoir, plusieurs fois, un homme qu'elle prénomme Georges. La dernière fois que c'est arrivé elle était traumatisée et ma mère, donc sa grand-mère l'a retrouvé en pleures, persuadée qu'ils étaient là. Evidemment elle n'a vu personne. »

- Je vois. Monsieur Jake je vais vous demander de me laisser seule avec Anya. Vous pouvez nous attendre dans la salle d'attente le temps de notre entretiens. 
Papa sort alors du cabinet, me laissant avec Madame Collins.
Elle s'adresse à moi :
- Alors Anya, je t'explique comment ça va se dérouler. Nous allons nous asseoir à la table qui se trouve derrière toi, tu vas me parler de Georges et je te demanderai de me faire quelques dessins. Ça te va ? 
- Oui Docteur Collins. 
- Appelle moi Emma, je préfère.
Je souries et on va s'asseoir à la table.
- Parle moi de Georges, décris le moi physiquement et je vais le dessiner. Tu me diras si ça lui ressemble, d'accord ?
J'acquiesce et je dis :
- Georges est vieux. Il a au moins 85 ans. Il a les cheveux gris et un gros bouton à droite au dessus de sa lèvre. Il me fait un peu peur parce qu'il a toujours l'air en colère. Il ne sourit pas beaucoup et fronce souvent les sourcils. 
Elle dessine pendant une dizaine de minutes avant de me montrer son dessin.
- Alors ? Qu'en penses-tu ? Il lui ressemble ? Me demande-t-elle.
- Oui enfin pas vraiment, Georges a le visage plus dur. Il a l'air beaucoup moins gentil. Et son front est un peu plus dégarni. 
Elle modifie son dessin, et là j'y vois vraiment Georges.
- Bon parfait. Maintenant que je sais à quoi ressemble ton ami tu vas m'expliquer d'où il vient. 
- Je ne sais pas d'où il vient. Enfin il m'a dit qu'il venait de Saint-Dizier comme moi, mais je ne l'avais jamais vu. Il est apparu un soir où il pleuvait devant mon armoire. 
- De Saint-Dizier ? Tu viens de si loin ? Il est entré par la porte de ta chambre ce soir là ? Tu as pu le toucher ? 
- Oui on a déménagé il n'y a pas longtemps. Et non il est arrivé d'un coup devant l'armoire. Quand je me suis approché de lui il a disparu. 
- À ton avis, Georges est-il réel Anya ? 
- Bien sûre ! Il a sonné à la porte une fois. S'il n'était pas réellement là, la porte n'aurait pas sonné, je me trompe ? 
- Non non effectivement. Et tu n'as vu que Georges ? 
- Non, j'ai vu Mercy aussi. Mais depuis ce jour là je n'ai plus revu Georges. 
- Parle moi de Mercy. 
- Je n'ai rien à dire, elle est comme moi. Mais elle ne parle pas, elle regarde ses pieds tout le temps. 
- Comme toi ? C'est à dire ? 
- Elle a le même physique moi. On est des jumelles. 
- Et tu as une jumelle ? 
- Non. Je n'ai même pas de frère et sœur. 
- D'accord. Maintenant prend une feuille et les feutres devant toi, et tu me dessine la première chose qui te viens à l'esprit. 
Je me mets à dessiner une petite fille qui pleure. Je dessine Mr Moustache aussi.
- Pourquoi pleure-t-elle ? Me demande Emma.
- Parce que Georges lui en veut d'avoir révélé son existence. Il ne va plus jamais lui parler. 
- Tu penses cela Anya ? 
Je ne réponds pas. C'est alors qu'elle dit :
- Bon, ça ira pour aujourd'hui. On va appeler ton père d'accord ? 
Alors je vais dans la salle d'attente chercher mon papa.

On s'assoit devant le bureau et Emma fait un compte rendu à papa.
- Monsieur Jake, je ne vois que deux explications à ce que vit Anya. Soit elle s'est fait des amis imaginaires, soit votre maison est hantée par des entités qui n'ont pas l'air dangereuse. Mais je pense plutôt que ce sont des amis imaginaires. C'est tout à fait normal de se créer un monde lorsqu'on a dix ans. Il n'y a pas de quoi s'alarmer. Si à l'avenir les crises de paniques recommencent, qu'elle se met à pleurer, je vous suggère alors d'aller voir votre médecin traitant ou un psychiatre et de lui expliquer la situation pour qu'il vous prescrive des calmants. Quelque chose qui l'apaisera, comme de l'homéopathie par exemple ou alors quelque chose de plus fort. A voir selon la gravité de la situation. Mais j'espère qu'on n'en arrivera pas là. 
Papa lui dit qu'il a bien compris et que c'est exactement ce qu'il avait dit à maman avant qu'elle prenne rendez-vous.
On sort du bureau, on passe par l'accueil qui nous rend les papiers qu'on avait donné à notre arrivée et on reprend la route en direction de la maison.
- Tu vois, je te l'avais dit ma chérie. Aucune raison de t'inquiéter. Tout va rentrer dans l'ordre. Dit papa au téléphone à maman.

Vingt minutes plus tard nous voilà de retour à la maison. Il est presque midi et papa doit retourner travailler cette après-midi.
- Je vais faire des pâtes pour ce midi Anya. Je n'ai pas le temps de jouer les cuistos et puis de toute façon je risque de brûler la maison si j'essaie. 
- Je pourrais avoir du Ketchup avec les pâtes ? 
- Oui, et même du jambon si tu veux. Tant que je ne dois pas le préparer ça me va. Me lance-t-il de la cuisine, en train de se battre avec les couets.

Quinze minutes plus tard on passe à table et vingt minutes plus tard papa s'en va travailler.
- Anya je repars au travail. On est jeudi, demain soir c'est les vacances alors exceptionnellement tu peux rester à la maison ces deux derniers jours. Mamie va pas tarder à arriver, soit sage et maman passera à l'école demain soir pour avoir les devoirs pour les vacances.

Il m'embrasse sur le front et part.

Je me mets dans le fauteuil et j'allume la télé. C'est les Simpson sur W9. Mais je me rends compte que Mr Moustache est resté à l'étage.
Je me lève et en arrivant en bas de l'escalier je lève les yeux et je vois sur le mur des centaines de petits scarabées noirs grimper partout. Je fais un bond en arrière en criant.
Mais c'est quoi ça ? D'où viennent-ils ? Je secoue la tête et ils disparaissent. Non ! Ne me dites pas que ça va recommencer !
Je montes les escaliers en toute vitesse et cours jusque dans ma chambre en claquant la porte derrière moi.
Ma respiration est saccadée et j'essaies de reprendre mes esprits. Je me dirige vers mon lit, attrape Mr Moustache et je reste immobile. Je sens une respiration dans mon cou. Qui est-ce ? Georges ?
Je n'ose pas me retourner mais je sais que ce n'est pas Georges à cause de l'odeur que dégage la chose qui se trouve derrière moi. J'ai envie d'hurler, j'ai peur et j'ai aussi envie de vomir à cause de cette odeur nauséabonde. Il sent le pourri ! La chaire putréfiée, la mort. En tout cas, il n'est pas très jeune !
Je prends mon courage à deux mains, je respire un bon coup et je me retourne...

Je hurle ! 
- Qui es-tu ?
Je me retrouve face à face avec cette chose. Ses gros yeux jaunes rivés sur moi, mon visage a quelques centimètres sur sien, je me retiens de respirer.
On dirait un homme entièrement brûlé. Sa peau suinte encore, et du liquide coule sur son corps. Il est dépourvu de tous poils et cheveux. On dirait un énorme bout de viande hachée.
Je hurle encore et je me dirige en courant vers les escaliers. La chose m'attrape par la cheville et je tombe, dévalant les escaliers.
J'essaie de me relevé, j'ai mal partout. Je dirige mon regard sur le palier du haut et je le vois. Il est fixé là-haut, il respire si fort qu'on pense voir ses poumons à travers sa peau qui dégoulinante. Il croise mon regard et ouvre grand la bouche laissant échapper des milliards de mouches par un son si aigüe que je me bouche les oreilles, me retrouvant collée au mur sous la pression que dégage son ultrason.

Je savais que Georges me le ferait payer d'une façon ou d'une autre, mais je n'imaginais pas qu'il voudrais me terrifier à ce point.
Je ferme les yeux et je prie très fort que mamie ne tarde pas à arriver.

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