45
Ce matin-là, j'étais sorti avec une casquette qui appartenait à Felix visée sur le crâne, le regard planté sur mes pieds qui fuyaient l'hôtel, une cigarette au bec, trop préoccupé pour admirer l'aube qui n'allait plus tarder.
J'avais passé la nuit à faire l'amour avec Felix et me voici en train de m'échapper comme un vulgaire coup d'un soir alors que bordel c'était la plus belle nuit de ces huit derniers mois.
Durant de nombreuses heures, Felix n'avait été qu'à moi, nous avions ri, parlé, nous nous sommes embrassés à ne plus pouvoir respirer. C'était magique.
Pourquoi à mon réveil ai-je eu peur au point de me barrer de la suite avec les chaussures et mon slip sous le bras alors qu'il dormait toujours ? Je n'en savais rien mais j'étais toujours terrorisé à l'idée de notre avenir.
Est-ce que Felix allait en profiter pour repartir aux États-Unis ? Prenait-il notre relation comme acquise une fois de plus ? Allais-je finir avec un nouveau cœur brisé ? Pitié non, c'était trop douloureux.
Est-ce que Felix avait aimé ? Après ces nombreux mois d'abstinence, je n'avais pas été aussi performant qu'à mon habitude, j'osais espérer qu'il n'en avait pas trop tenu compte.
J'étais passé devant une boulangerie. Curieux en sentant la bonne odeur qui y émanait, j'avais relevé la tête puis je m'y étais vu, dans le reflet de la vitrine.
Putain quel con.
J'étais le roi des cons, c'était officiel.
Felix et moi avions passé la nuit ensemble et mon premier réflexe était de m'enfuir comme un bandit. Nous avions passé des années en couple, nous nous connaissions par coeur, c'était l'amour de ma vie, ça n'était pas qu'un mec rencontré dans un bar que j'avais baisé pour décompresser.
Quel cooooon, putain.
J'avais pris de quoi faire un bon petit déjeuner puis je m'étais empressé de retourner vers l'hôtel, poussé par le désir et l'envie de retourner dans les bras de Felix. J'étais rentré comme une furie, les gardes du corps ne m'avaient posé aucune question, juste ouvert la porte en hochant la tête comme s'ils trouvaient que j'avais fait le bon choix en revenant.
Felix était assis sur le lit, les bras autour des jambes, à regarder par la fenêtre le soleil se lever. J'étais venu m'assoir à ses côtés puis j'avais embrassé son épaule dénudée.
- Tu es revenu.
- Ouais... Tiens je t'ai pris des croissants.
Il avait souri tout en tournant la tête pour me regarder dans les yeux.
- Tu as pleuré ? Je lui demandé en fronçant les sourcils.
- C'est débile... J'ai cru que tu étais parti. Que tu regrettais cette nuit.
- Je ne regrette pas Lix.
Il avait souri. Un beau sourire d'ange. Il était magnifique. Mais il méritait la vérité, je lui en voulais de ne pas pouvoir lui faire confiance mais si je ne lui disais rien, comment pourrait-il avoir confiance en moi ?
- Mais c'est vrai, j'avais repris en regardant ailleurs, gêné. J'étais parti. J'ai paniqué. Désolé.
Il était resté silencieux quelques secondes.
- Pourquoi ?
- Parce que j'ai repensé à tous ces derniers mois. J'ai eu peur que tu me considères encore comme acquis, que tu t'en fichais, que c'était juste pour t'assurer que tu me tenais encore.
- Quoi ? il me regardait comme un débile, ça m'énervait. Mais pourquoi tu penses à ça, jamais de la vie je n'ai pensé ça !
- Ah ouais ? Tu ne m'as jamais pris pour acquis peut-être ?
Silence. Au moins, c'était clair.
- Felix, je reprenais plus calmement. Les derniers mois en Australie ont été odieux pour moi mais en Corée c'était une torture. J'étais complètement seul, tu n'as jamais cherché à me joindre, tu n'avais même jamais cherché à savoir si je voulais partir aux Etats-Unis, tu t'en fichais de savoir ce que ça allait me faire de te voir en photo avec pleins de mecs autour de toi, tu étais en colère quand je me tuais au travail parce que je n'étais pas avec toi toute la journée ça a toujours été toi, toi et que toi !
- Changbin-
- Non, attends ! Bordel Felix, je t'aime, je suis amoureux de toi mais je ne peux plus vivre comme ça ! Je ne veux plus vivre à ton crochet, être un gros looser aux yeux de tous mes amis et ma famille, je ne veux plus que tu me vois comme un accessoire un peu encombrant mais sympa à trimballer partout ! Je ne veux plus être ce copain caché dont tu es secrètement honteux !
- Jamais de ma vie je n'ai eu honte de toi ! s'était il écrié plus fort que moi.
- J'en sais rien Lix, je ne sais plus ! Je n'arrive pas à te faire confiance !
- Mais putain Changbin je t'aime !
- Moi aussi !
- Alors dis-moi ce que je dois faire pour te récupérer !
- Putain tu ne peux pas me récupérer, je ne suis pas un sac ou une paire de pantoufle que tu as prête à ton pote !
Felix avait soufflé fort en se redressant tandis qu'il mettait sa main dans ses cheveux pour essayer de se recoiffer.
- J'en ai marre Changbin, je suis perdu. Aide-moi, dis-moi ce qui te ferait plaisir. Tu veux que je supprime tous mes contacts ? Tu veux que je m'installe en Corée avec toi ? Dis-moi !
- Ce que je veux c'est être un couple normal !
- On était un couple normal !
- Ah ouais ? Tu trouves ça normal de devoir me cacher pendant presque trois ans ? De partir en jet privé sur une île vers une de tes villas pour des vacances ? Tu trouves ça normal que le monde entier te connaisse mais ne sache rien de l'homme avec qui tu vivais ?
Dieu merci, il n'avait rien ajouté. Au contraire, il semblait comprendre ce que je cherchais à lui dire. Je voulais que le monde comprenne que j'existais. Que Felix était à moi, que j'étais son petit ami et que le prochain qui osait l'approcher pour l'embrasser je lui foutrais mon poing dans le nez.
Il avait doucement acquiescé puis après encore quelques secondes de silence, Felix était revenu à côté de moi pour me prendre dans ses bras.
- Je t'aime 'Bin. Tout ce que j'ai fait, c'était pour toi, même si tu ne me crois pas. Absolument tout.
- Arrête de dire n'importe quoi...
- J'aimerais que tu sois fier de moi comme je le suis de toi. J'aimerais que tu comprennes à quel point je te suis reconnaissant pour tout ce que tu as fait pour nous. Tu es tellement parfait et moi, j'ai dû mal à t'égaler...
J'avais grimacé, là je ne comprenais pas.
C'était lui le monsieur parfait, c'était lui qui avait tout et moi rien.
- Tu deconnes ? J'avais pouffé, sourcils froncés.
- 'Bin, je suis né avec une cuillère en or dans la bouche. Je n'ai jamais rien eu à faire de mes dis doigts, si ce n'est des photos. Et encore, y avait toute une équipe pour me dire quoi faire. Alors que toi... Tu as toujours tellement travaillé, tu t'es toujours donné du mal... J'étais content de pouvoir t'aider quand tu ne travaillais pas, je me sentais un peu moins nul...
- Oh pitié j'aurai donné n'importe quoi pour naître dans une famille avec ton patrimoine.
- Je donnerai n'importe quoi pour être à nouveau avec toi. Dis-moi. Tout ce que tu veux.
Bordel j'étais amoureux.
- Essayons Felix.
- Comment ça ?
- Je veux dire... Ressayons. Ressayons notre histoire. Mais maintenant, je veux qu'on se dise tout. Qu'on prenne du temps pour chacun et pour l'autre, qu'on se retrouve.
Felix acquiesça avant de venir m'embrasser. Nous allons essayer et j'étais heureux. J'avais beau eu tenter de suivre tous les conseils de ma sœur, suivre ma raison, mon cœur rêvait de le retrouver et désormais, j'allais suivre ses conseils.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top