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Bien que jeune adulte indépendant qui cumulait deux emplois pour monter à la capitale, je devais bien l'admettre, j'étais en manque de tendresse.
Hier soir, j'avais passé bien une heure au téléphone avec ma sœur pour qu'elle me remette les idées en place mais plus les jours passaient, plus je craquais. Comment ne pouvais-je pas ? C'était Felix ! The Felix, l'amour de ma vie, l'homme de mes rêves, il était devant moi à me tendre ses lèvres et je devais refuser par principe et fierté. C'était trop difficile. J'aurais aimé dormir avec lui, le câliner, l'embrasser, repartir avec lui, tant pis si je n'étais qu'un bagage. Mais si cela venait à se reproduire, à quoi aurait servi tous ces efforts ? Toute cette souffrance endurée ? Si je l'avais ressenti, ça n'était pas pour rien. Felix m'avait brisé et il était hors de question que je lui pardonne aussi facilement. Mais c'était difficile.
Déjà, j'avais dit à Felix que je l'aimais encore, en plus nous avons parlé d'un futur commun.
Je l'avouais, j'en rêvais. Mais si je voulais poser de nouvelles bases pour notre relation, je devais tenir encore un peu, au moins le temps de me remettre sur pieds, de trouver un travail par moi-même, d'être stable financièrement parlant, d'assumer d'apparaître en publique à ses côtés et tout ce que ça engendre. Je ne voulais plus être le copain caché un peu joufflu toujours présent pour une bonne baise. Je voulais lui prouver que je ne voulais plus revenir en arrière, que j'étais capable d'avancer avec ou sans lui, qu'il comprenne que je ne suis pas à acheter et à placer où il veut comme un bibelot.
Après avoir longtemps cogité, je m'étais dit qu'il méritait au moins que je lui explique clairement tout ça.
Ce soir, quand il m'attendra à la sortie de mon travail, je lui en parlerais.
Pourtant ce soir là, Felix n'était pas venu.
Il n'y avait aucun garde à l'horizon, aucune tête violette, aucun masque et lunette de soleil bien qu'il faisait désormais nuit. J'étais seul comme un con à l'attendre au même endroit où il avait pris l'habitude de le faire. Après avoir poireauté un long moment dans le froid, je m'étais décidé à partir, je ne voulais pas tomber malade. J'avais marché jusqu'à chez moi en traînant des pieds, priant pour que Felix apparaisse derrière moi en me criant qu'il m'aimait. Il n'était pas venu me retrouver, il n'avait pas crié, j'étais seul, débile, le cœur brisé.
J'avais passé la soirée à regarder mon téléphone sans trop d'envie, plutôt occupé à comprendre pourquoi il n'était pas venu. Était-ce parce que je le rejetais ? Ou justement parce que je lui avais dit que je l'aimais alors il était reparti, content et satisfait de savoir qu'il me tenait toujours par les couilles ? Je n'en savais rien, plus j'y pensais plus je m'énervais. Je n'avais plus qu'à espérer qu'il vienne demain.
Felix n'était pas venu. Je l'avais encore attendu mais non, aucun message, aucun garde du corps, aucun Lix. Bordel de merde.
Sur les nerfs, j'avais décidé de l'appeler sans bouger de notre lieu de rendez-vous habituel.
"Changbin ?" avait répondu mon ex avec la voix enrouée. "Tout va bien ?"
"Pourquoi tu ne viens plus me voir ?"
Ma voix sonnait un peu trop sèche et brutale mais je n'arrivais pas à me détendre, encore plus maintenant que je pouvais lui dire ce que je ressentais.
"Je suis malade." Il avait reniflé. "Je n'arrive pas à sortir de ma chambre d'hôtel depuis deux jours..."
"Pourquoi tu ne m'as pas prévenu ?!"
"Pourquoi tu t'énerves ?"
J'avais mordu ma lèvre inférieure en restant silencieux quelques secondes.
"J'ai cru que tu étais reparti..." J'avouais, honteux. "J'ai eu peur. C'est tout."
C'était à son tour de laisser planer un silence gênant.
"Wow ok, désolé. La prochaine fois je t'enverrais un message."
"Laisse tomber, c'est stupide. Tu as de quoi te soigner ?"
"En fait non, je n'arrive pas à trouver une pharmacie avec ce dont j'ai besoin."
Jour de chance pour moi, j'avais absolument tout chez moi. J'avais raccroché peu de temps après en lui disant que je le rejoignais dans quelques dizaines de minutes. Il était plutôt content, moi aussi, même si j'étais gêné d'avoir autant été en colère alors qu'il était malade et qu'on ne s'était pas vu juste deux jours. Bordel je l'aimais trop.
J'avais foncé récupérer absolument toute ma trousse à pharmacie avant de me précipiter vers son hôtel. Un garde du corps était venu pour m'accompagner jusqu'à sa chambre, que dis-je, sa suite, puis il nous avait laissé seuls.
- Déjà là ? avait souri Lix sans se lever de son immense lit.
- Ouais c'est pas très loin...
Je n'avais pas du tout marché aussi vite que possible. Bon, si. J'avais un bon cardio maintenant.
Ça me faisait bizarre de me retrouver dans une chambre d'hôtel avec mon ex petit-ami, lui à moitié nu sous les draps propres et moi en sueur, malheureusement tout habillé.
- Tiens, j'avais lâché mon sac sur la table avant de lui sortir tout ce que j'avais. Tu as quoi comme symptôme ?
- J'ai juste attrapé un gros coup de froid, rien de grave ne t'inquiètes pas.
- Tu as vu un médecin ?
- Oui, oui.
J'avais jeté un coup d'œil vers sa table de nuit avant de soupirer en voyant le sac de la pharmacie rempli.
- Pourquoi tu m'as dit que tu n'avais pas de médicament ?
- Je n'ai pas dit que je n'avais pas de médicament, il haussa les épaules tout en se redressant pour s'assoir.
- Te fous pas de moi Lix, tu m'as dit au téléphone il y a vingt minutes que tu ne trouvais pas de pharmacie avec tes médicaments.
- J'ai dit que je ne trouvais pas de pharmacie qui avait ce dont j'ai besoin.
- De quoi as-tu besoin ?
- De toi.
Oh putain, le cœur, le cœur va lâcher là.
J'avais bégayé quelques secondes tandis que mes joues s'était mises à rosir comme des débiles. Je l'avais entendu rire, ça aurait pu m'être fatal. Il me faisait perdre la tête, le peu de raison qu'il me restait m'empêchait de le demander en mariage maintenant tout de suite.
- Je suis malade, j'ai le droit à un peu de tendresse, non ? Demanda-t-il.
- Euh ouais ouais...
Je n'avais pas bougé d'un centimètre jusqu'à qu'il me dise clairement de venir avec lui dans le lit. Bien sûr pour des questions d'hygiène, j'avais fini aussi nu que lui.
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