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- C'était quoi tes rêves ?
Jisung avait relevé soudainement la tête de son ordinateur pour m'observer comme si j'étais la créature la plus étrange de la planète. Ou la plus moche, ça fonctionnait aussi.
- Qu'est-ce que tu baragouines ? On a du taf.
- Non mais réponds, c'était quoi tes rêves ?
- Avant de venir travailler ici ?
- Si t'as encore des rêves même en travaillant ici tu dois être très très fort.
Il avait ricané avant de se remettre à travailler.
- J'en sais rien. En fait je crois que j'en avais pas. 'Fin y a le classique faire le tour du monde et rencontrer l'âme sœur. Mais bon, j'ai un peu voyagé, ça m'a plu mais finalement je préfère la routine calme et apaisante.
- Wow. Quel papi tu fais.
- C'est vrai. Mais un papi trop sexy.
- Bof.
- Mate mon boule et tu seras d'accord, avait-il répondu avant de me lancer un clin d'œil et un baiser via les airs.
Cette journée était chiante. Felix me manquait, j'avais pourtant pu rentrer hier soir et repartir ce matin mais il me manquait. J'avais besoin de la chaleur de ses bras.
- Et toi ? avait questionné Jisung d'un coup.
- Hein ?
- C'était quoi tes rêves ?
- Vivre avec Felix jusqu'à la mort.
Il avait levé les yeux au ciel avant d'imiter un vomissement. Tellement classe mon ami.
- Tellement niais.
- C'est l'amour. Et fais pas genre que ça te dégoûte parce qu'au fond de toi, tu en rêves aussi.
- Vivre avec Felix ?! Désolé mais coucher avec la descendance du patron, je ne pourrais pas. Trop de mauvais souvenir à enterrer, il grimaça avant de frissonner.
- Abruti, je te parle de Minho. Et Felix n'est pas son père, rien à voir !
Il avait haussé les épaules. J'avais raison héhé. Jisung rêvait d'amour, pas le même que Felix et moi, ça c'était certain mais il avait besoin de construire le sien. Heureusement, avec Minho c'était sur la bonne voie, surtout pour un gars qui se définissait comme hétéro jusqu'à quelques mois auparavant.
- Comment va Minho d'ailleurs ?
- Bah ça va. Je crois ? répondit Jisung sans lever les yeux de son écran.
Ah zut.
- Vous vous êtes disputés ?
Il avait pouffé, le genre de rire bien sarcastique.
- Pfff, n'importe quoi. Qui se dispute avec un gars qu'il kiffe mais qui est qu'un plan cul ? Ridicule.
C'était à mon tour de soupirer en levant les yeux. Ils étaient mignons ensemble mais mon Dieu qu'ils étaient bêtes.
- Ouais plan cul qui s'aiment trop, qui dorment ensemble, qui font des date ensemble.
- Je sais Changbin, je suis débile.
- Tu m'ôtes les mots de la bouche. Il s'est passé quoi ?
Il avait râlé avant de reculer un peu de son bureau à l'aide de sa chaise et de me regarder dans les yeux. Un petit temps de silence régna, le temps qu'il trouve ses mots.
- Minho trouve que je passe trop de temps au travail.
- Il n'a pas tort.
- Oui, je sais. Mais il n'arrive pas à comprendre que c'est grâce à ce travail que je l'emmène dans des restaurants hors de prix, qu'il peut commander ce qu'il veut, qu'on rentre en taxi et qu'ensuite on fait des galipettes dans un immense lit posé dans une grande chambre d'un grand appartement.
- Je pense que même manger dans un fast food, rentrer en métro et faire des câlins sur un matelas ça lui irait.
- Mais pas moi. Il semblait soudainement bien préoccupé par cette histoire. Ce que vous ne comprenez pas, c'est que j'ai envie de lui faire plaisir, j'ai envie de lui offrir des trucs qui sont trop chers pour 90% de la population, j'ai envie qu'il se sente spécial et unique.
- Ah ouais mais tu le kiffes pas t'es carrément amoureux.
Il avait haussé les épaules. C'était quand même le hétéro qui se posait le moins de question possible concernant ses sentiments. Ça faisait du bien, combien de fois j'avais rencontré des heteros curieux qui faisaient tout un patacaisse après avoir roulé une pelle à un autre mec.
- J'en sais rien. Ouais, possible. En tout cas, reprit-il, on s'est pris la tête pour ça, il m'a dit que si c'était possible je ferais l'amour à mon bureau. Non mais tu t'en rends compte ?!
Cette réflexion m'avait bien fait rigolé, encore plus avec l'image en tête. Minho était jaloux du travail de son cher et tendre, ce foutu travail qui lui bouffe tout son temps.
- C'était quand ?
- Y à quatre jours.
- Et t'es toujours pas allé t'excuser ?! je m'étais écrié.
- Bah ... non. J'attends qu'il fasse le premier pas.
- Mais Jisung t'es débile, même moi qui aie jamais eu une conversation de plus de cinq minutes avec lui, je sais parfaitement qu'il ne fera jamais le premier pas !
- Mais et ma fierté ?
- On s'en branle de ta fierté ! Ta fierté c'est ma queue et je la branle OK ?!
Il avait cligné des yeux plusieurs fois, il semblait ahuri face à mes paroles de bon sens.
- Vas-y. Et rentre chez toi, je vais rattraper le taf pour aujourd'hui.
- Alors je veux pas casser ton héroïsme mais même à 15 on aura pas fini avant au moins minuit.
- C'est bon je m'en occupe pour aujourd'hui. Considère que ça paye toutes les fois où je t'ai abandonné pour une urgence.
- Le cul de Felix a donc un prénom. Sympa, remarqua-t-il en se levant. Bon, OK. Mais au moindre soucis, moindre dossier chiant, et si à 2 heure t'es encore là, appelle moi. Promis ?
- Mais oui mais oui, je râlais en lui faisant signe de la main de se casser loin de ce bureau pour aller poursuivre son destin.
- À plus Marcus.
- Ciao blaireau.
Jisung s'était presque mis à courir dans les couloirs et j'aurai juré l'entendre grogné dans sa barbe inexistante « ça c'est de la bromance ». Eh oui mon pote, ça c'est de la bromance.
Une fois qu'il était loin, j'avais choppé mon téléphone pour envoyer un rapide message à Felix pour le prévenir.
« Salut beau gosse,
Je risque de rentrer très tard ce soir, mon collègue avait rdv avec l'amour. J'ai pas résisté, mon âme romantique m'a poussé à lui offrir une soirée tranquille.
On se voit demain.
Dors bien, je t'aime. »
Pas de réponse, peut-être dormait-il déjà.
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