21
J'avais toujours un sale mal de crâne quand Felix m'avait littéralement traîné jusqu'au salon où mes amis adorés m'attendaient depuis hier soir. J'étais fatigué mais je devais avouer qu'ils m'avaient tellement manqué que je pourrais passer une semaine sans dormir une seule fois pourvu que je passe le plus de temps possible avec eux. Chan et Hyunjin étaient les seuls amis que j'avais, bon maintenant on pouvait compter Jisung, mais avant lui je n'avais qu'eux et Dieu sait comme ils sont importants à mes yeux. Chan s'était rapproché de moi car il avait entendu les rumeurs qui couraient sur moi alors il était venu me demander si c'était vrai que je préférais les hommes. J'avais répondu oui, certain qu'il irait le répéter à tout le monde mais à la place il m'a souri et s'est assis à côté de moi en disant «enfin quelqu'un qui pourra me comprendre».
Ce jour là j'ai compris le véritable sens de l'amitié, c'était deux pédés assis seuls sur un banc à regarder les mecs qui passaient pour les noter sur dix entre nous.
Puis un jour, Chan a arrêté de noter les mecs qui passaient, il a arrêté de se lever tard et même de manger des fast food à 4 heure du matin. Il était tombé amoureux. Un autre gay s'était ajouté à notre petite bande de choc, en plus il était super gentil alors c'était tout benef. Hyunjin était arrivé, et mon statut de chandelle aussi.
- Voilà notre super fêtard ! s'écria Felix en me relâchant.
Chan s'était levé, Hyunjin aussi et j'ai cru pleurer en courant les enlacer. En fait je me suis mis à pleurer mais eux aussi, pour ma défense c'est très dur de ne pas chialer quand tes potes sont en larmes à renifler toute la morve cachée dans leur gros pif. On s'était tous les trois mis à hurler des mots totalement incompréhensibles, pour être franc j'étais encore tellement crevé mais aussi trop heureux pour que ma bouche et ma langue arrivent à former quelque chose de logique, alors j'étais juste là à crier « Ouaaaaaa » et je trouvais ça beau. C'était les émotions des retrouvailles, je retrouvais enfin mes deux amis putain c'était magique ! Chan avait gagné en muscles, je m'étais même cogné contre son biceps, ça l'avait rire cet abruti, par contre il avait toujours la même tête de bébé trop mignon. De son côté, Hyunjin avait mûri, je voyais qu'il avait pris de l'âge. Il était devenu encore plus beau, plus sexy même. Il avait un style différent, il était passé de chaussettes claquettes bermuda a long pantalon large avec des baskets basses et son teeshirt était trop bien, c'était à l'effigie de zelda. Ouais, mon ami était passé de joli à beau, ça m'avait mis une sale claque. Chan et Hyunjin avaient changé, et moi... Bah j'étais moi quoi. Changbin, le petit flemmard qui souriait comme un con tout le temps parce que je ne savais pas quoi dire tellement j'étais bête. Je me sentais trop nul face à mes amis. Soudain, Hyunjin s'était décalé en bougeant dans tous les sens puis il avait regardé Chan. Les deux amoureux s'étaient lancés un regard, je sentais qu'ils allaient m'annoncer un truc, je le sentais venir gros comme une maison. L'asperge m'avait soudainement tendu sa main gauche, puis son mec avait suivi le mouvement. Les deux portaient un sourire fier, peut-être trop fier, honnêtement je ne voyais pas quel était le prodige à avoir sa main gauche, moi aussi je l'avais et c'était la main qui servait à... Enfin bref. J'haussais un sourcil en les regardant sans comprendre puis Hyunjin avait un peu bougé son doigt, je baissais la tête pour voir la superbe bague qui ornait son annulaire.
- Wow, sympa ta bague, tu l'as acheté où ?
- T'es con ou quoi ? soupirait Hyunjin en perdant son sourire.
Je relevais la tête et levais les épaules, j'étais perdu et si personne ne m'expliquait, ça allait être compliqué... Pour ma défense, je voyais encore double et les couleurs changeaient de temps à autre. J'avais la tête qui tournait trop vite.
- Changbin... soupirait doucement mon amoureux en passant doucement sa main sur ma nuque tandis qu'il posait sa tête sur mon épaule. Regarde leurs bagues.
- Ouais, elles sont super jolies, je disais en les regardant à nouveau. Baisser très vite la tête m'avait donné envie de vomir. Ah vous avez les mêmes ? C'est des bagues de couples ? je souriais.
Hyunjin pouffait, il était clairement en train de se foutre de ma gueule. Chan soupirait lourdement, il était chiant à soupirer, il ressemblait au père de Felix. Putain je venais d'imaginer Chan à la place de mon beau-père, la vie serait tellement plus belle. Je m'étais soudainement mis à cligner des yeux, c'était étrange, j'imaginais des trucs trop bizarres et des taches noires étaient soudainement apparues dans les airs.
- Non, chéri... avait repris Felix d'une voix douce. Chan et Hyunjin se sont fiancés...
Je relevais la tête pour le regarder. Il était beau, magnifique même. Ses lèvres bien tracées semblaient un poil sèches, je devais les embrasser.
Attendez.
Je fronçais soudainement les sourcils tout en tournant la tête vers mes deux amis.
- Quoi ?
Le sourire de Chan était revenu, il hochait frénétiquement la tête.
- Je sais que je t'avais dit que ce n'était pas ça mais c'était pour que tu n'aies aucun soupçon ! ricana-t-il. Et on espérait... Il fronçait les sourcils. Il avait l'air bête à me regarder de si près. Ça va 'Bin ?
Je levais un sourcil puis je m'apprêtais à répondre. Les taches noires devenaient de plus en plus énormes, ça me faisait penser à ma grand-mère après les fêtes de fin d'années. Je voulais rire en repensant à mémé qui devenait si ronde qu'on la poussait pour qu'elle roule mais ma gorge n'était pas d'accord pour produire le moindre son. En fait, je n'arrivais plus à parler, ni voir ou entendre, mes jambes n'avaient pas l'air d'avoir envie de travailler aussi puisque je m'étais soudainement senti tomber au sol. Oh putain de sa mère, qu'est-ce que c'était drôle avec la grosse mémé, on riait bien mais je n'avais pas envie de la rejoindre au ciel maintenant.
***
Je ne voyais toujours rien. Est-ce que les aliens m'avaient arraché mes yeux ? Mes beaux yeux ? Je me demandais qu'est-ce que des aliens feraient avec des yeux d'un simple humain comme moi, alors après mûres réflexions, je m'étais dit que j'avais peut-être juste les paupières closes, ça expliquait pourquoi je ne voyais absolument rien. Ou alors c'était la nuit. J'essayais d'ouvrir les yeux lorsque je sentais soudainement une grosse masse lourde trempée sur mon front, ça faisait du bien. C'était frais, ça me rappelait quand je travaillais comme maître nageur sur une plage en Corée du Sud, d'ailleurs c'était là que ma route avait croisé celle de Felix pour la première fois. Je me souvenais, il avait fait semblant de se noyer pour que je vienne le sauver et que je lui fasse un bouche à bouche, il avait même poussé mon collègue qui s'apprêtait à lui en faire un avant de me designer pour que je le fasse. Depuis, on ne s'était pas quitté. Chaque jour il devenait plus beau, plus attirant, chaque jour il me prouvait que tomber amoureux de lui était la meilleure chose qui m'était arrivé dans toute ma misérable vie. Avec lui, tout devenait magique, mon monde gris était arc en ciel et pétillant. Où était Felix ? Je devais lui dire que je l'aimais. Je devais lui dire, ça semblait tellement important, j'avais ouvert la bouche dans l'espoir de dire quoi que ce soit, je devais forcer.
- Lix...
Quelque chose s'était emparé de ma main, c'était chaud, doux, agréable alors que le truc sur mon front commençait à dégouliner. C'était sa main, une petite main. J'aimais bien, ça me rassurait.
- Mon amour... murmurait doucement la plus belle de toutes les voix.
C'était si pure, je voulais entendre encore.
- Lix... je répétais avant de grimacer, j'avais mal à la gorge. Étrange.
- Repose toi m'amour, continuait la voix de l'ange.
Il allait retirer sa main mais je l'en avais empêché en prenant son poignet. Il n'avait plus bougé, j'avais donc posé sa main sur ma poitrine, au niveau de mon coeur pour qu'il se rende compte à quel point ça battait vite. J'ai juste entendu un petit rire.
- C'est la dernière fois que je te laisse boire comme ça, essayait de gronder la voix mais c'était trop mignon pour que ce soit crédible. Le médecin a dit que ce n'était rien, juste une énorme fatigue mélangée à trois grammes d'alcool dans le sang.
J'étais amoureux de cette voix. C'était définitif.
- Tu as encore un peu chaud, grommelait-elle pendant que la grosse masse sur mon front se tapotait doucement à celui-ci. Tu te sens mieux quand même ?
- Lix... je continuais sans répondre à sa question.
La masse mouillée s'était définitivement retirée puis la deuxième mains se plaçaient sur la joue pour caresser tendrement ma pommette.
- Tu veux quelque chose ?
- Est-ce que tu veux bien qu'on retourne en Corée... Et on se refera du bouche à bouche sur la plage... je marmonnais d'une voix pâteuse.
Un rire mélodieux était parvenu à mes oreilles, c'était trop apaisant pour que je ne reste de marbre face à cette attaque en plein cœur.
- Et on refera des dîners dans des restaurants un peu pourris parce que j'ai pas une thune...
Autre rire. Je ressentais le besoin de le voir, d'ouvrir mes satanés yeux pour l'admirer encore. C'était étrange, mon corps se sentait déjà mieux, comme si parler calmement en très bonne compagnie me faisait le plus grand bien.
- On se baladera à une heure du matin sur le bord de la plage et tu me pousseras encore dans l'eau parce que tu seras tellement stressé, dès que je te toucherai la main tu sursauteras...
- Oh non ne me rappelle ça... geignit-il.
- Lix... je continuais avec ma voix gâteau.
- C'est moi, il riait doucement tandis que sa main remontait jusqu'à mon front qu'il caressait tendrement du bout des doigts.
- Je veux plus... J'en ai marre de pas être entièrement à toi...
Mais qu'est-ce que je racontais putain, c'était comme si ma bouche et mes cordes vocales qui, il y a encore quelques secondes refusaient d'émettre le moindre son, dirigeaient ma parole. Tant pis, si mes organes voulaient vivre leur vie, grand bien leur fasse.
- Qu'est-ce que tu racontes... soupirait-il doucement. Tu es déjà entièrement à moi, et pour encore un bon bout de temps.
- Je veux plus... je m'arrêtais soudainement pour bailler.
Pfiou j'étais crevé, c'était bougrement fatiguant de discuter quand je ne savais même plus où j'étais.
- Comment ça plus ?
J'entre ouvrais mes lèvres pour répondre mais j'avais dégluti d'abord.
- Être à toi.. Et que tu sois à moi aussi...
Il n'avait rien répondu, à la place je l'avais senti se faufiler contre moi. Il se blottissait comme un petit bébé, je trouvais ça trop mignon mais j'étais trop fatigué pour faire un nouveau mouvement par moi-même. Mon corps était quand même vraiment louche.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top