12

Je courrais presque à quatre pattes les marches d'escaliers qui menaient jusqu'à notre chambre, mon front luisant de sueur alors que deux heure du matin était passé depuis une demie heure. Je m'en fichais, je continuais à courir comme un imbécile, j'avais passé la soirée à angoisser après avoir reçu le message plus que flippant de mon petit ami. J'entrais dans la chambre d'une façon brutale avant de me gifler mentalement, Felix devait sûrement déjà être endormi et je ne voulais pas le réveiller mais à mon grand étonnement, il était assis sur notre lit, son ordinateur sur ses cuisses et son casque sur ses oreilles. Il avait tourné brusquement la tête avant de fermer son ordinateur la seconde suivante. Je soupirais lourdement tout en retirant mon costume ainsi que ma chemise puis mes chaussures et pantalon pour venir m'allonger à mon tour à ses côtés.

- Va te doucher, m'ordonna mon petit copain d'une voix dure. Tu n'es déjà pas rentré la nuit dernière, tu n'as pas pris de douche depuis 2 jours.

- D'abord, je grognais avant de planter mon regard dans le sien, on doit parler.

C'était à son tour de soupirer, puis il déglutit fort. Il glissa son regard ailleurs tandis qu'il acquiesça.

- Tu as raison, m'avait-il soufflé. Je pense...

- Je t'aime, je le coupais immédiatement alors que je me redressais pour le regarder droit dans les yeux, son visage légèrement choqué face au mien. Je ne voulais pas lui laisser le temps de me dire qu'il voulait rompre avec moi, je ne voulais même pas qu'il y pense, je ne voulais pas qu'il continue de croire que nous deux ce n'était plus possible parce que je refuserais d'y croire jusqu'à ma mort. Je t'aime, je t'aime tellement c'est un truc de dingue, je refuse qu'on se sépare, j'arriverais pas à vivre sans toi, je ne veux même pas l'imaginer, putain Felix ne me laisse pas, je t'aime, je t'aime, je répétais comme un désespéré devant sa face plus qu'étonnée.

- Binnie...

- Puis si tu veux que j'arrête de travailler, eh bah ok, je préfère être un gros nul inutile plutôt que de te perdre, si tu veux que j'arrête de faire quoi que ce soit ok, je ne sais pas moi, mais donne moi une seconde chance !

Felix souriait doucement durant tout le long de mon discours nul et ridicule, il avait même poussé un petit rire avant de passer sa main chaude sur ma joue pour caresser tendrement ma pommette. Il s'était penché pour m'embrasser du bout des lèvres.

J'avais gagné ce nouveau combat.

Je voyais déjà tous mes ancêtres me taper dans la main pour me féliciter, jamais je n'avais aussi bien posé mes sentiments sur table, mes couilles juste à côté. J'étais un homme, un vrai.

- Tout ce que je désire, c'est toi.

- Tu m'as déjà, je lui certifiais en souriant légèrement alors que je l'embrassais furtivement.

- Non, ce que je veux dire c'est que je te veux. Pour toujours, je veux que tu ne sois qu'à moi jusqu'à la fin... J'ai tellement besoin de toi à mes côtés, et en ce moment tu disparais petit à petit. J'ai peur.

Je déglutissais face à ses paroles tandis que ses yeux scrutaient les miens avec attention, il mordillait sa lèvre inférieure, l'obscurité m'empêchait de le regarder nettement mais tant pis, je le trouvais quand même magnifique.

- Changbin, continuait-il. Tu ne rentres plus ou alors tu rentres trop tard. On ne se parle plus, on ne se voit plus, on ne mange plus ensemble, on ne fait plus l'amour. J'ai l'impression de te perdre petit à petit, que ton absence va causer notre fin et j'ai tellement peur, je ne veux pas ça...

- 'Lix... Je soufflais contre ses lèvres. Il n'y aura pas de fin entre nous.

Il s'était brusquement éloigné de moi sans pour autant détacher son regard du mien, il semblait presque choqué que j'ose dire des choses ainsi pourtant je le pensais réellement. Felix était l'amour de ma vie, j'en étais sûr à présent. C'était à son tour de déglutir puis lorsqu'il avait vu que je le pensais, que je ne blaguais pas, mon petit copain se jeta sur moi pour m'embrasser fougueusement avec toute la passion du monde.

***

Je tâtonnais laborieusement sur ma table de nuit, mon téléphone n'arrêtait pas de sonner depuis bien trente secondes, c'était insupportable. Dès que je l'avais trouvé, j'avais pu couper l'alarme et constater avec dégoût qu'il était cinq heure, il fallait que je me lève pour aller travailler alors que j'avais pu fermer les yeux vers trois heure et demi du matin, lorsque mort de fatigue, je n'avais malheureusement pas pu satisfaire pleinement mon petit copain avec un second round. Je regrettais mais d'un côté, passer une nouvelle nuit blanche m'aurait coûté la vie ou en tout cas un évanouissement, j'en avais bien peur. Je commençais à lentement me glisser hors du lit lorsque la petite main chaude de mon compagnon m'agrippa sauvagement le bras pour m'obliger à rester encore.

- 'Lix... Je dois y aller... Je baillais.

- Hors de question que je te laisse y aller, tu as dormi 2 heures ces deux derniers jours tu dois encore te reposer.

- Je ne peux pas, je dois aller travailler. Jisung doit sûrement m'attendre, il a déjà été gentil de me laisser rentrer alors qu'on est de plus en plus débordé avec la fête d'halloween et encore plus avec celle du nouvel an. En plus je dois préparer et organiser un évènement prévu pour début décembre, je dois traiter encore 5 dossiers qui portent sur la gestion de l'exportation d'une certaine gamme de la marque vers l'Europe, je dois encore m'occuper du dossier sur la plainte alors que bien sûr, ce n'était pas à moi de le faire. Puis on va encore avoir pleins de nouveaux dossiers que tous ces incapables ne veulent pas faire, je soupirais lourdement.

Felix m'avait peu à peu lâché le bras durant mon discours inutile mais au moins, je pouvais y aller. Mon petit copain n'avait plus rien dit, j'étais content qu'il prenne conscience que je ne faisais pas que boire du café à mon travail. Je commençais à sérieusement saturer d'être dans cette boîte de merde mais je n'étais là que depuis deux mois, je continuais d'espérer grandir et changer de poste rapidement. D'après Jisung, il fallait encore attendre longtemps mais l'espoir était sûrement ce qui me gardait encore debout aujourd'hui.

En arrivant au bureau ce matin, je constatais que Jisung ne s'était pas trop embêté en m'attendant au bruit des bisous baveux qu'il échangeait avec Minho, sur mon bureau. Gêné ou énervé, j'hésitais encore, j'avais raclé ma gorge avec un visage blasé. Immédiatement, Minho avait poussé Jisung en s'excusant, le feu aux joues, c'est vrai qu'il était mignon ce petit. Il s'était encore excusé mille fois puis il avait fini par disparaître du bureau. Je m'étais approché de Jisung qui se tenait encore à mon bureau tout en mordillant sa lèvre inférieure, un rictus collé à celle-ci. Il regardait l'endroit par lequel Minho était sorti avec toute l'attention du monde, sa lèvre inférieure prisonnière de ses dents, j'étais sûr qu'il se faisait un porno complet dans sa petite caboche ce pervers, alors pour sauver le peu d'innocence qu'il lui restait, je lui avais donné un violent coup derrière la tête.

- Arrête de rêvasser, petit cochon.

- Roh ça va... J'ai travaillé toute la nuit.

J'avais arqué mon sourcil, peu convaincu par cette version.

- C'est pour ça que la moitié de tes boutons de chemise sont défaits, que tu es complètement décoiffé et que, je reniflais avec une grimace l'odeur lourde qui trainait dans l'air, cette pièce pue le sexe, bordel Jisung aère un peu, c'est pas le Sodomie Warrior ici ! Je râlais alors que je me dépêchais d'ouvrir la fenêtre. T'es au courant qu'il y a des caméras partout ?

- T'inquiètes, je m'en suis chargé, il me certifiait d'un clin d'oeil.

J'arquais mon sourcil quand il me montrait le plafond d'un coup de tête puis mes yeux s'étaient écarquillés quand j'avais vu toutes les caméras cachées par des chiffons, empêchant ainsi de se faire voir. J'allais gueuler que c'était complètement irresponsable, qu'on pouvait avoir de gros problèmes mais après réflexion, ce n'était pas si stupide que ça. J'allais enfin pouvoir bosser sans avoir l'impression d'avoir des regards braqués sur moi. Je m'étais donc contenté de soupirer avant de pousser un petit rire.

- Au moins tu t'es bien amusé.

- Ah ça... Ricana-t-il avec son petit rire coquin. Mais j'ai aussi beaucoup avancé, ne t'inquiètes pas. J'ai bouclé sept dossiers en retard, puis j'ai un peu avancé la liste des invités pour la fête nationale. Et surtout, grâce à Minho, j'ai réussi à nous faire inviter à la fête du nouvel an !

Il tapait dans ma main, j'étais fatigué mais j'étais sûr que nous étions déjà invités... Apparement non. Au moins, grâce à Jisung, c'était bon. Je le remerciais tout en m'asseyant sur ma chaise de bureau. Je vérifiais qu'aucune trace de SBNV (Sperme ou Bave Non Voulus) se trouvait ici mais non, tout semblait plutôt clean. Je commençais à travailler, dans un premier temps lentement pour me réveiller, les gens arrivaient petit à petit vers 07 heures ou 08 heures, le bâtiment reprenait son train de vie quotidien lorsque quelqu'un, Andréa, était arrivée en courant à l'étage en criant "LA QUEEN ARRIVE". Comme la dernière fois, tout le monde s'était empressé de ranger ses affaires, de masquer tout ce qu'un mauvais employé faisait, chacun s'était mis à travailler après s'être pouponné. Mais moi, j'avais les poings tremblants, les sourcils froncés. Je détestais ce surnom, chaque fois que quelqu'un le mentionnait, je me retenais de leur hurler dessus ou bien de frapper quelqu'un. Je savais que Felix n'en aurait sûrement rien à faire mais ça me blessait que des abrutis pouvaient dire ça d'un petit ange comme mon petit copain. De plus, je détestais qu'on lui manque de respect. Cette fois-ci encore, je m'étais contenté de ravaler ma rage pour faire comme les autres même si j'en avais un peu rien à foutre.

- Qu'est-ce qu'il vient faire foutre ici... Râla Jisung. Il n'y a pas de shooting avant deux semaines pourtant.

J'avais simplement haussé les épaules, je n'en savais pas plus que lui là dessus, jamais Felix ne m'avait dit qu'il viendrait. Il fallait avouer qu'on ne se parlait plus trop ces derniers temps. On essayait mais j'étais tout le temps accaparé par ce foutu travail, heureusement que j'avais pu me libérer cette nuit...

L'étage était devenu bien silencieux, c'était bien plus agréable pour se concentrer. Puis une heure après le passage d'Andréa en furie, l'ascenseur s'était ouvert pour laisser place à Adam, un des secrétaires du grand patron. Il était plutôt cool et sympathique, lorsqu'il était venu dans notre bureau j'étais content de le saluer. En revanche, je n'avais pas compris pourquoi monsieur James Lee voulait me voir immédiatement dans son bureau. Je n'avais rien fait de mal pourtant. Je déglutissais donc bruyamment puis je le suivais après un dernier regard vers mon compagnon d'armes qui lui, n'en avait rien à faire. Merde putain, qu'est ce que j'avais bien pu faire de mal, ou peut-être que Felix était venu pour lui parler de moi ?! Oh mon dieu, qu'est ce qu'il avait bien pu lui dire ? Que je le traitais mal ?! Mais non ! Je ne le traitais pas mal, je gagnais simplement de l'argent pour subvenir à nos besoins, JE NE LE TRAITE PAS MAL !

En entrant dans le bureau, mon beau-père avait rapidement levé son regard vers moi.

- Changbin.

- JE NE LE TRAITE PAS MAL ! Je m'étais soudainement écrié sous son air confus.

Mon patron avait cligné des yeux puis il soupirait lourdement, probablement fatigué de savoir son fils chéri en couple avec un abruti comme moi.

- Asseyez-vous.

C'était un ordre qui m'était destiné mais il ne me regardait toujours pas, j'avais l'impression d'être une horrible tâche qu'il ne voulait pas regarder tellement j'étais horrible. Je voulais pleurer ou dormir, je ne savais pas encore très bien. Mes cernes criaient dormir mais mon cerveau pleurait de désespoir, comme lorsque le concert de mon groupe favori était fini et que je savais que je n'allais probablement plus jamais les voir. Oui, ce genre de pleures qui transpercent le coeur. J'étais crevé.

- Très bien, j'ai vu mon adorable fils tout à l'heure et... Soupirait-il tout en mordillant le bout de sa branche de lunettes alors qu'il s'asseyait un peu plus confortablement dans son lit. Il m'a affirmé que vous travailliez trop. Est-ce vrai ?

Pris au dépourvu, j'avais d'abord commencé par bégayer. Pourquoi avait-il fallu que Felix ne se mêle de ma vie professionnelle ? J'allais continuer à chercher mes mots lorsqu'un soupire agacé sortit de la bouche de mon patron. J'avais donc dégluti avant d'acquiescer rapidement, un peu timidement.

- Bien, vous êtes donc renvoyés. Ou peut-être voulez-vous donner votre démission ?

- Que- pardon ?! Je m'exclamais. Mais pourquoi ça ?!

- Je n'emploie pas des flemmards qui viennent se plaindre à la première difficulté. Si c'est trop compliqué pour vous, faîtes vos affaires et laissez votre place à quelqu'un qui veut vraiment travailler.

- Je travaille vraiment ! J'enchaîne 30 heures de travail sans dormir, parfois plus de 50 heures, je ne fais que ça ! Je fais le travail des autres en plus du mien qui m'est attribué, je suis épuisé, je ne vois presque plus Felix ! Je m'énervais.

Mon patron, qui me regardait enfin dans les yeux, avait soufflé. Il avait levé les yeux au ciel. Je le détestais encore plus.

- Organisez-vous dans ce cas.

- Mais je-

- Fin de la discussion. Je ne veux plus jamais que Felix ne vienne dans mon bureau pour se plaindre de votre absence.

J'allais répondre mais son regard noir qui glaça mon sang m'en empêcha. J'étais comme terrorisé par ce vieux crouton, alors je m'étais contenté de me lever pour le saluer poliment en lui affirmant que ça n'arrivera plus et que je m'excusais.

- Et prenez soin de votre apparence. Vous êtes encore plus repoussant qu'à votre arrivée. Maigrissez au moins, Felix ne mérite de traîner avec un gros sac comme vous.

- Oui.

Puis j'étais encore plus fatigué que d'habitude. Je n'avais même pas la force de me défendre, ces quelques minutes avec le père de mon petit ami m'avaient définitivement achevé.

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