06
Le regard de Amanda passa en détail tout le long de mon costume jusqu'à qu'un soupire suivi d'un levé de sourcil alors qu'elle daigna regarder ailleurs vint casser cette ambiance.
- O-Ouais... Désolé, mon copain n'avait pas d'autre costume et il était trop tard pour m'en acheter un autre et... Je tentais avec une légère grimace.
- Ton copain ? Avait-elle insisté.
Merde, je m'étais dit tout en mordillant ma lèvre inférieure. Mais un léger rire de sa part me rassura légèrement.
- T'en fais pas, ici la minorité ce sont les hommes hétérosexuels, je veux dire... On est dans la mode, dit-elle en haussant les épaules comme si c'était évident.
Elle n'avait pas tord, les gays avaient souvent plus de gout en matière de fringues. Je ne savais pas pourquoi d'ailleurs, était-ce quelque chose de trop féminin pour les hétérosexuels d'aimer bien s'habiller ? Bon, il fallait avouer que j'étais la plus grosse crotte du monde en matière de couleurs, maquillage et habits mais j'estimais tout de même que ça n'était pas uniquement pour les femmes et les gays.
- Le patron n'est pas gay, j'avais répondu sur le même ton alors que je mettais mes mains dans les poches de mon pantalon trop serré.
En réalité, si je faisais ça c'était pour essayer discrètement de laisser mes testicules ainsi que ma verge respirer un minimum, je les sentais hurler à l'étouffement dans mon caleçon qui semblait les envelopper comme si il était le papier et mes attributs, des momies.
- Son fils l'est, dit elle avec son rire.
Ah ça, je le savais bien. Ce n'était pas comme si le fils de mon patron me suçait la bite ou que je dévorais son cul dès que l'envie nous prenait. J'étais un pervers. Un nouveau soupire m'avait sorti de mes pensées, je n'en pouvais plus de les entendre soupirer comme si le monde n'était pas assez bien pour eux.
- Sinon, si tu veux j'ai un super magazine minceur, tu devrais suivre un peu.
- Je suis musclé, normal que je sois épais ! Je m'exclamais pour me défendre.
- Oui, c'est ce que tous les gros disent, m'avait-elle répondu en me lançant un regard.
Puis elle m'avait laissé en plein milieu du couloir, la mâchoire serrée tout comme les poings. J'avais envie de pleurer comme un bébé dans les bras de mon petit copain mais je devais garder en tête que j'étais le dominant du couple. Mais merde, ça blessait mon égo ! On subissait déjà assez de pression sociale en Corée du Sud, pas besoin d'importer ça ici ! Non, le réel problème était l'ambiance dans cette entreprise. Tout le monde se souriait, s'appelait par son prénom et se tutoyait, mais tous se lançaient des pics à n'en plus finir, combien de conversations que j'avais entendu étaient hypocrites ? Il n'y avait que Jisung, le type avec qui je bossais, qui était un bon vivant, qui avait l'air de se foutre un peu de tout.
Je m'étais donc dirigé jusqu'à mon bureau où j'y avais trouvé Jisung sur le sien, le nez collé à son ordinateur. Il m'avait lancé un rapide coup d'oeil avant de retourner sur son écran.
- Le patron veut te voir.
- Quel patron ?
- Bah, avait-il dit en arquant un sourcil comme une évidence. Le patron, James Lee.
Merde. J'avais dégluti bruyamment avant d'acquiescer.
- Il m'a demandé quand ?
- Y a un quart d'heure environ, je dirais.
- QUOI ?! Je m'écriais les yeux écarquillés. Mais pourquoi tu ne m'as pas prévenu ?
- Bah t'étais pas là.
Je m'apprêtais à étrangler Jisung de mes propres mains mais je me rappelais que mon cher beau-papa m'attendait depuis quinze putain de minutes. J'avais regardé une dernière fois mon collègue avant de serrer mes mains puis j'avais presque couru jusqu'à l'ascenseur. La journée commençait déjà vraiment mal, j'allais devoir monter tous les étages et espérer ne pas avoir soudainement une peur du vertige.
En arrivant devant le bureau de mon patron, j'avais vérifié ma tenue. J'avais jeté un regard paniqué à Adam qui avait tenté de me rassurer avec un petit sourire compatissant. Non ça ne m'avait pas rassuré mais merci. Bon, tant pis j'allais faire avec. J'avais toqué à la porte puis j'avais attendu une minute avant qu'un "entrez" ne résonne jusqu'à mes oreilles.
- Après tout ce temps, vous osez vous présenter ainsi devant moi ? Me demanda-t-il de sa vieille voix dédaigneuse.
- Excusez-moi, on ne m'avait pas prévenu que vous m'aviez appelé.
- Ça m'est égal, quand je vous appelle vous devez être là avant même que je vous demande, m'enfin ce n'est pas bien compliqué non ? Soupira-t-il en regardant ailleurs. Il faut croire que tout est plus lent venant des gens comme vous.
Vieux croûton tu m'as pris pour Akinator ou quoi ? Je pensais avant de me reprendre. Il ne fallait pas que je pense du mal de celui qui me payait. C'était grâce à lui que j'allais pouvoir reprendre un peu de crédibilité dans mon couple.
- La porte, avait-il dit sans toujours me regarder.
J'avais donc fait ce qu'il m'avait demandé, ou plutôt ordonné, puis je m'étais assis sur le même siège qu'hier matin.
- Qui vous a autorisé à vous asseoir ? Peut-être n'ai-je plus une bonne ouïe, avait-il dit comme si il était agacé ou dépassé.
C'était vraiment insupportable de se faire traiter comme un gosse ou un attardé, vraiment. Je prenais sur moi parce que c'était mon boss mais aussi le père de mon amoureux mais si il n'avait été aucun des deux, il n'aurait pas fallu me prier pour que je lui déboîte la mâchoire à coups de poings.
- Pourquoi n'êtes vous pas venu ce matin ?
- Comment ça ?
- Votre collègue... Hum... Commença-t-il avant de claquer des doigts pour me dire de répondre.
- Han Jisung ?
- Oui, peut-être. Il vous a appelé, c'est votre supérieur.
- Il était cinq heures !
J'avais senti mon téléphone vibrer dans ma poche. Ce n'était pas le moment de décrocher mais j'étais soudainement curieux. Je voulais fuir cet endroit.
- Je vous paie à ne rien faire ?
Alors que je tentais tant bien que mal à ne pas m'énerver sur le fait qu'il avait claqué ses doigts devant moi, je devais maintenant me contenir aussi pour ses phrases sèches aux allures supérieures. J'avais dégluti avant de me forcer à sourire. C'est bon Changbin, prends sur toi, tu ne veux pas décevoir Felix.
- Non. Ça ne se fera plus.
Il m'avait fait un très léger sourire forcé qui ne laissait que ses pommettes relevées très doucement. Un long silence gênant s'en était suivi.
- Sortez, m'avait-il ordonné.
- Très bien, merci de m'avoir reçu, je souriais hypocritement en me relevant.
Pas un regard ou un mot, mon patron replaçait ses lunettes en lisant un journal, comme si j'étais invisible. Je détestais ce mec putain, encore plus depuis que je travaillais pour lui alors que ce n'était que ma deuxième journée. En redescendant dans l'ascenseur, j'avais pris mon téléphone pour lire la notification reçue. C'était un message de Felix.
"J'ai un interview de dingue aujourd'hui, diffusé en direct dans plusieurs pays ! ** Tiens toi prêt mon chéri, je vais sûrement devoir parler un peu de toi... ;)"
Un fin sourire heureux se dessinait sur mes lèvres tandis que je tapais sur l'écran de mon téléphone.
"Bravo mon amour, je suis super méga supra giga fier de toi !!! N'hésites pas à faire part de mes splendides muscles 100% naturels et de mon charisme imposant héhé."
C'était vrai, j'étais plus que fier de mon petit copain. Il explosait les records depuis quelques temps, il enchaînait les podiums, les publicités de luxe, les couvertures de magazine réputés, les interviews, mon amoureux était une vraie star. De plus son influence sur les réseaux sociaux était énorme, un truc de dingue. Rien que son compte Instagram était suivi par presque 30 millions de personnes, il gagnait des milliers de followers chaque jours. J'étais fier et un peu impressionné, il fallait l'avouer.
"Lol."
Ah.
***
J'étais assis sur la chaise de mon bureau, affalé sur mon bureau à regarder l'interview de mon homme. Il était putain de beau, un truc de malade. Déjà qu'au réveil ou avant de dormir ou n'importe quand il était magnifique, là j'en avais le souffle coupé. Pourtant je savais qu'il ne fallait pas que je fasse ou pense n'importe quoi auquel cas mon pantalon allait exploser et ça, c'était inconcevable. Moi vivant, jamais.
"- Sinon, plan carrière, avec qui aimerais-tu faire un shooting à l'avenir ? avait demandé la voix aiguë de la jeune femme."
Un fin sourire se dessinait sur les belles lèvres charnues que je rêvais de mordre à cet instant de mon petit ami. Putain non Changbin, le pantalon merde !
"- J'adorerais en faire un avec mon petit copain. C'est le plus beau du monde, je suis sûr que tout le monde serait jaloux de moi après parce que c'est mon homme, gloussa-t-il alors que je laissais un léger sourire traverser mes lèvres. Mais je ne veux pas qu'il subisse la pression, le taf perpétuel et surtout, la célébrité. C'est un mec qui aime vivre, il aime se balader en se faisant oublier par le reste du monde et malheureusement avec moi, c'est impossible... Dit-il en arborant une petite moue. Alors, pour revenir à la question, je dirais Cara Delavigne ou Gigi Hadid. J'en ai déjà fait plus d'un avec Cara mais je l'adore, coucou ma belle si tu me regardes ! S'écria-t-il avant de lancer un bisou vers la caméra sous le rire de la jeune intervieweuse."
Quelques questions carrière continuèrent, je continuais de le regarder sans penser au fait que ça commençait à bouillir dans mon slip.
- Tu fous quoi ? Avait demandé la voix détachée de mon collège.
- Rien, rien.
"- Maintenant nous allons passer à la partie que beaucoup veulent savoir, ton petit copain, chantonna-t-elle.
- C'est dingue c'est aussi ce que je préfère, répondit-il sous le rire de l'assemblée.
- Personne ne le connaît, c'est LE mystère de l'industrie depuis des mois et des mois, ricana-t-elle. Et après de nombreux interviews, on a bien compris que tu voulais garder ce secret. Felix hocha la tête. Mais peut-être pourrais-tu nous faire part de votre rencontre ?"
Felix eut un gros rire gêné alors que sa main s'était mise à frotter nerveusement sa nuque sous les cris de l'assemblée. Je pouvais comprendre que ça devait être bien embarrassant d'être dans ce genre de situation.
"- C'était sur une plage de Corée du Sud, un été il y a quelques années. J'étais avec un ami et j'avais repéré un maître nageur trop sexy et du coup... Argh, c'est un peu gênant... Gribouilla-t-il alors que tous autour de lui lui disait de continuer. Les rapaces, ils voulait notre vie privée pour alimenter la leur inexistante. Eh bien, j'ai fait semblant de me noyer, avoua-t-il en riant, le feu aux joues. Il était trop mignon, je sentais que moi et mon pantalon allions craquer d'ici peu. Et le pire, c'est qu'au début ça devait être son collègue qui fasse le bouche à bouche et je l'avais poussé en disant "non pas toi", la tête qu'ils avaient tiré était épique !"
Je me souvenais très bien de ce moment, j'en riais encore. Je ne comprenais pas trop mais je m'étais retrouvé à faire un bouche à bouche qui s'était vite transformé en grosse pelle en plein milieu de la plage. J'avais fait ce boulot parce qu'il était simple, qu'il payait bien et que y avait du bon à mater. Au final, j'avais terminé la journée par un rendez-vous avec cet étrange petit mec super sexy et l'été en étant en couple. Au début, je n'y connaissais rien, mais alors rien du tout, du monde des stars. J'étais limité aux rappeurs de mon pays et ça m'allait très bien, je n'allais pas chercher plus loin. Puis au fil des mois, j'avais fait le rapprochement surtout quand je lui avais demandé de me demander son Instagram publique. Quelle étrange sensation de découvrir que mon petit copain était déjà suivi par 10 millions de personnes alors qu'il n'était pas encore majeur. Ça m'avait effrayé au début mais j'étais encore plus apeuré à l'idée de vivre sans Felix. Alors je m'étais forcé à accepter cette relation de inconnu à connu parce qu'au final, ça revenait à une relation d'homme amoureux à homme amoureux.
- C'est Lee Felix ? Avait encore demandé Jisung sous mon long soupire pour lui dire de se taire.
"- Tu es amoureux de lui ou Jaden Smith a sa chance ? Demanda la jeune femme.
- J'aime bien Jaden, il a un style incroyable, sa soeur aussi, mais je pense que tout mon être n'appartient qu'à mon petit copain. C'est mon premier amour mais aussi mon dernier, du moins je l'espère. J'adore vivre avec cette petite boule d'énergie pleine d'humour et d'amour, avait-il dit avec un sourire niais mais fier."
J'aimais cet homme, c'était définitif.
"- Tu penses qu'il nous regarde là ? Demanda encore la voix féminine."
Il avait haussé les épaules et je m'étais fait violence pour ne pas hurler "bah oui" avec Jisung concentré sur son ordi à côté de moi.
"- J'espère, je lui ai dit que je faisais cet interview.
- Oh vraiment ? Qu'est-ce qu'il fait en ce moment ?
- Ce qu'il doit faire, sourit Felix."
Une réponse pour lui dire silencieusement qu'il ne dirait rien de plus sur moi. Quelle poigne, ça c'était bien mon homme.
"- Tu veux lui passer un petit message ?"
Le petit sourire qui s'était dessiné sur sa belle bouille ne m'avait rien annoncé de bon.
"- J'aurai tout le temps de le faire ce soir... Ou peut-être que non, on n'a pas le temps pour ce genre de choses.
- Pourquoi vous n'avez pas le temps ?"
Il haussa ses sourcils sans perdre son sourire et toute l'assemblée hurla. Haha, quel beau sous entendu sexuel. Il n'avait pas tord, ce soir j'allais sans doute le faire hurler parce que putain que j'en avais envie. L'entendre déclarer encore une fois qu'il m'aimait, le regarder dans ses beaux yeux maquillés, imaginer tout ce qu'on pourrait faire dans notre grand lit ou même dans la baignoire ou sur le canapé putain... Oh putain de merde, non non non !
- MERDE ! J'hurlais en lâchant précipitamment mon téléphone alors que je me levais pour admirer ce désastre.
- T'as quoi encore ? Avait soupiré Jisung en détachant vaguement son regard de son écran mais celui-ci était vite revenu sur ma personne et en particulier mon entre jambe. Qu'est ce que- Jisung avait explosé de rire.
Mon pantalon avait craqué.
Putain de merde.
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j'y connais tellement rien au monde de la mode, j'espère que ça fait pas trop bancals :')
portez vous bien <3
coucou alex <3
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