03
J'étais en train de faire de petits sauts sur place tandis que Felix était toujours en train de nouer ma cravate autour de mon cou à me répéter de me calmer. Je déglutissais sans arrêt malgré les petites plaintes de mon petit copain.
- Tout va bien se passer chéri, ne t'inquiète pas, il avait râlé avec un petit rictus. Pour ta première journée, je vais t'accompagner. Il y a un parking privé dans l'entreprise alors il n'y aura pas de soucis avec les photographes ou autres. Puis je n'aurai qu'à dire que tu es un employé qui me montrait le chemin ou n'importe ! Il avait bégayé en se sentant partir trop loin tout en continuant de nouer ce foutu nœud de cravate trop compliqué à faire. Putain pourquoi ça ne tient pas cette merde ?! S'écriait mon petit ami en fronçant les sourcils, ses yeux plantés sur la foutue cravate qui allait sûrement m'étrangler si il continuait à serrer ainsi.
J'avais remis le même costume qu'à l'entretien, j'étais horriblement mal à l'aise. Mes bras, mes cuisses et mes testicules se sentaient toujours autant serrés que la première fois où j'avais enfilé ce costume de malheur. J'avais fait un peu de sport hier mais pas au point de me sentir encore plus boudiné dans cette veste et cette chemise qu'à mon entretien. J'allais être la risée de tout le bâtiment, je sentais déjà tous les regards accusateurs autour posés sur moi. Je sentais aussi mon cœur battre très fort puis mon corps avait eu la bonne idée de se mettre à transpirer d'angoisse. Il n'était pas plus de sept heures du matin pourtant, je m'étais levé il y a plus d'une heure tellement j'étais inquiet pour ma première journée. J'avais bien mangé, j'avais même regardé un épisode de dessin animé lorsque Felix était sous la douche, désormais je ressentais l'envie pressante de vomir tous ce que mes tripes contenaient et de retourner sur le canapé pour regarder des conneries toute la journée sur la télévision.
- Je ne veux plus y aller, 'Lix... J'avais marmonné en le regardant essayer désespérément d'accrocher cette cravate de merde.
J'avais l'impression qu'on nouait une corde à mon cou pour me prendre. J'étais ingénieur moi, de base. On bossait trois jours au bureau puis on venait en tee shirt et jean, nos habits nous importaient peu. Me retrouver coincé comme un oiseau en cage dans ce costume ne me plaisait pas du tout. En plus je le trouvais moche.
- Mais si, bien sûr que tu veux y aller, c'est normal d'être un peu stressé pour ta première journée mais je suis persuadé que tu vas adorer ça, il m'avait dit en mordant sa lèvre inférieure pour terminer le noeud. Eh voilà ! Il s'écriait avec un petit sourire alors que ses mains glissaient sur mes épaules. Tout beau !
En me retournant pour me regarder, j'avais bien plus l'air d'un clown triste que d'un homme qui s'apprêtait à faire ses débuts dans une des plus belles marques du monde. Je soupirais lourdement tout en grimaçant.
- On ira t'en acheter un autre dès ce soir, promis, avait continué Felix. Puis je suis sûr que mon père s'en fiche complètement de ta tenue, il sait comme tu es beau même sans rien.
- Ton père me déteste, évidemment qu'il va me faire une remarque dessus.
- Mai non il ne te déteste pas, soupirait Felix en roulant ses yeux. Il est un peu méfiant, c'est normal. C'est mon père.
- Je ne la sens pas cette journée. Je suis ridicule, j'ai envie de vomir, je ne connais rien sur cette marque, ton père va me faire un croche-pied devant tout le monde et je vais être la risée de l'entreprise pour les dix prochaines années.
Felix pouffait alors que ses mains se posaient sur mes joues pour m'obliger à le regarder dans les yeux. Il était resté silencieux durant un long moment jusqu'à qu'il ne se décide à m'embrasser. Doucement, ses lèvres se mouvaient aux miennes. Un geste tellement attendrissant et envoûtant que j'en aurai presque oublié toutes mes peurs. En revanche, je n'oubliais pas que j'étais déjà compressé au niveau des testicules, il ne fallait surtout pas que Felix fasse gonfler mon sexe ou bien mon pantalon explosera à ce niveau là, sans rire. Alors à contre cœur, j'avais posé mes mains sur ses hanches pour l'obliger à reculer de quelques centimètres et ainsi, mettre fin à ce baiser. Il avait pouffé puis avait fini par me faire un gros câlin.
- Tu vas faire tout défoncer, je crois en toi mon cœur.
- Tu restes avec moi toute la journée, hein ?
- Non, je vais simplement t'accompagner jusqu'au bureau de mon père pour qu'il te dise quoi faire. Et n'oublie pas, personne ne doit être au courant pour nous. OK ?
- Oui oui... Je soupirais avec un rictus. Mais ça ne m'empêchera pas de te kidnapper pour t'embrasser dans les toilettes quand tu passeras me saluer.
Felix gloussait en retroussant son petit puis avait posé ses mains sur mon torse.
- On évitera. Il y a des caméras un peu partout.
- Même aux toilettes ?!
- C'est pour s'assurer que les gens à l'esprit pervers comme toi ne profite pas des pauses pour aller s'envoyer en l'air dedans. Ou au cas où quelqu'un se fait tuer, il faut trouver le meurtrier rapidement !
Trop rassurant, merci mon cœur.
- On ne peut même pas faire caca tranquillement dans la mode ? J'avais ronchonné avec une petite moue.
Mon petit copain avait explosé de rire avant de me dire que j'étais bête, son petit sourire était bien trop mignon. Ses canines pointues qui lui avait valu le surnom de vampire lui donnait un sourire que j'adorais, j'aurai aimé le voir à chaque moment de ma misérable vie.
- Mais si vraiment tu es impatient... Il avait glissé en laissant ses yeux tomber sur mes lèvres. Il y a deux pièces sans caméra. Le bureau de mon père et le bureau de ses assistants, qui est juste à côté.
Mes sourcils s'étaient froncés alors que je continuais de le regarder triturer sa petite lèvre inférieure. Je rêvais de les remplacer par mes dents mais je n'oubliais pas le pantalon prêt à craquer à la moindre déformation trop imposante.
- Pourquoi les assistants ?
- Parce que mon père passe toujours dedans pour aller dans son bureau et qu'il déteste se sentir observé pendant qu'il travaille.
- Je ne vais pas te rouler une pelle avec ton père qui travaille à côté quand même... J'avais soupiré avec un rictus. Quoi que...
- Non Binnie. C'est bon, tu es prêt ? On va y aller !
Je soupirais tandis que je continuais de grommeler qu'il était bien trop tôt pour partir travailler. Dans la voiture, ma jambe gauche tressautait sur elle-même bien que j'essayais de la calmer, ce fut finalement Felix qui s'en chargea en posant sa main sur ma cuisse en me souriant doucement. C'était incroyable ce qu'il était beau, il avait des habits qui le mettait bien en valeur, un maquillage qui faisait ressortir les paillettes que ses pupilles gardaient prisonnières. Il avait mis un parfum mais je ne l'aimais pas tellement, je préférais largement son odeur naturelle. J'adorais la humer lorsqu'il revenait fatigué de son travail. Il avait mis un petit truc sur ses lèvres, elles brillaient discrètement. Ça sonnait presque comme un appel pour les embrasser, je n'avais pas pu résister à lui en voler discrètement avec mes propres lèvres. Ça n'avait pas de goût particulier, peut-être un très léger arrière goût de pastèque. J'avais eu besoin de goûter une seconde fois pour m'en assurer, puis une troisième fois parce que j'aimais bien la pastèque. J'aurai voulu embrasser encore une fois les belles lèvres de Felix mais celui-ci avait estimé que trois baisers suffisaient, autrement j'allais finir par ruiner son maquillage et sa coiffure. C'était vrai, mais il était bien plus joli avec les cheveux en pagaille et j'adorais le voir haletant avec quelques cheveux collés sur son front. Merde, il ne fallait surtout pas que je pense à quelque chose qui pouvait m'exciter ! Je ne voulais surtout pas passer ma première journée avec le sexe à l'air, ça m'arrivait lorsque j'étais à la maison mais j'étais seul sans personne pour me juger (à l'exception des domestiques mais je m'étais un draps lorsqu'il toquait à la porte, j'étais plutôt ingénieux dans ce genre de moment). On avait roulé sans problème durant les cinq premières minutes puis soudainement, on s'était retrouvé bloqué dans des bouchons.
- Merde ! Avait juré Felix en regardant un peu partout dehors avant de soupirer. À ce rythme, on va arriver en retard... Vous pensez qu'on y sera avant 7 heures 30 ?
Le chauffeur avait haussé les épaules avec une petite grimace.
- Je ne sais pas, ça m'étonnerait.
J'avais mordu très fortement l'intérieur de ma joue alors que je m'étais soudainement mis à prier n'importe quel dieu pour me venir en aide. Putain, allez, s'il vous plaît, pas aujourd'hui... Je sais que j'aurai dû prier pour ma grande tante malade mais elle ne m'aimait pas et moi non plus... Allez s'il vous plaît, n'importe qui dans ce foutu ciel...
C'était bien mon jour de chance décidément. Chaque voiture faisait trois centimètres toutes les cinq minutes, Felix commençait à sérieusement s'énerver alors que moi, je voyais ma crédibilité auprès de mes futurs collègues s'envoler en même temps que les minutes, c'est à dire très vite. Je mordillais ma lèvre inférieure en continuant de regarder dehors sans un bruit, j'écoutais juste Felix s'énerver avant qu'il ne se saisisse de son téléphone. Je n'avais même pas réagi lorsqu'il avait dit à son père qu'on était bloqué et en retard, je n'avais rien dit lorsque Felix s'était énervé contre son père qui devait sûrement encore dire que c'était de ma faute ou autre. Je voulais m'enterrer, revenir des mois en arrière pour ne jamais laisser Felix me traîner à cet entretien.
Après des dizaines de minutes interminables, la circulation redevenait petit à petit fluide. J'avais vingt-deux minutes de retard d'après le planning de Felix, j'avais très sûrement réduit à néant le peu de maquillage que j'avais accepté de me mettre à force de passer mes mains sur mon visage, je devais sentir la transpiration à des kilomètres à la ronde. Je n'avais même pas commencer que je détestais déjà ce travail. La voiture s'était garée, le parking était plutôt éclairée. Autour de nous, il n'y avait que des voitures de luxe, toutes magnifiques et propres, heureusement que les voitures de Felix pouvait rivaliser parce que si j'étais venu avec mon petit vélo j'aurai perdu le peu de fierté qu'il me restait. Felix avait pris ma main alors qu'on se dépêchait en entrant dans le bâtiment. Il était passé devant les hommes de sécurité sans problème, juste un sourire et ils nous avaient laissé passer. Il y avait également des tourniquets, les mêmes que pour entrer dans le métro. Beaucoup de personnes entraient et sortaient en passant une sorte de badge, j'étais en train de me demander si c'était une sortie d'une station particulièrement bien entretenue ou l'entrée de l'entreprise. Felix avait finalement lâché ma main, je n'aimais pas tellement ça. Je préférais largement quand ses petites mains s'emboîtaient avec les miennes, je me sentais beaucoup mieux, mais non il préférait une relation secrète alors pas de contact en publique. J'entendais des "Salut Felix", "Oh Felix, comment tu vas ?", "Coucou Felix, tu vas voir ton père ?", "Bonjour Felix, tu t'étais fait rare ces derniers temps". Pleins de conneries de ce genre auxquels mon petit copain ne répondait que par des sourires.
On avait pris l'ascenseur, monté une fois encore jusqu'au dernier étage sans un mot, juste mon cœur qui battait si vite que j'en aurai fait une attaque. Je voulais tenter une petite approche vers mon petit ami mais il m'avait repoussé en murmurant "caméra". Ces caméras me soûlaient déjà. En arrivant au dernier étage de cet immense bâtiment, nous avions traversé avec un pas rapide le couloir. Il y avait des tableaux de peinture partout, tout était propre. Felix avait toqué dans le bureau des assistants avant de le traverser, suivi de très près par moi, pour toquer à la porte du bureau de son père.
- Felix ! S'était écrié son père en se levant de sa chaise pour venir prendre son fils dans ses bras, m'ignorant complètement au passage.
Je ne savais pas tellement comment manifester ma présence, je ne savais même pas si je devais parler ou baisser la tête. J'avais donc dégluti avant de racler tout doucement ma gorge. Mon nouveau patron avait relevé la tête, son sourire se fanait immédiatement. Son regard me sonda le visage avant de glisser le long de mon apparence. Je passais sous ses lasers, je me sentais fondre. Je n'avais pas osé dire quoi que ce soit tandis que ses yeux continuaient de passer jusqu'à mes jambes, je venais de repenser à mes testicules moulées. J'avais envie de pleurer alors que merde, ça ne me correspondait pas du tout. Un nouveau coup d'œil hautain vers la personne quand il prit ses lunettes dans sa main avant de souffler en se tournant pour ne plus me regarder.
- Je ne comprends pas comment tu peux laisser sortir ton compagnon vêtu ainsi, dit-il à l'attention de Felix en se rasseyant.
- Papa, s'il te plaît, fronça les sourcils mon petit ami alors que je ne souhaitais qu'être une petite souris pour m'enfuir rapidement. Il a déjà fait un effort énorme en enfilant ce costume.
- Achetez quelques tailles au dessus la prochaine fois, soupira-t-il en fouillant sur son bureau parfaitement rangé. Un long silence avait duré jusqu'à qu'il ne se mette à souffler encore. Je ne comprends pas pourquoi c'est trop difficile de poser sur ma table un café, je ne demande pas la lune pourtant.
Il avait une voix détachée, arrogante. Précipitamment, un des assistants était arrivé avec un café brulant dans les mains qu'il posa sur le bord gauche du bureau.
- Adam, souffla-t-il en regardant le pauvre jeune homme tout tremblant. Je le veux à droite, vous n'avez pas de mémoire ou quoi ? Ce n'est pourtant pas bien compliqué.
Je fermais mes yeux pendant que je passais mes mains sur mes jambes. Ça s'annonçait encore pire que prévu.
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