02

Dans un pas lourd et lent, je marchais en direction du jet privé de mon petit ami, la tête encore dans le cul.

- Fatigué chou ? Me demandait la voix rauque de Felix.

- Mort, je rectifiais sous son petit rire.

Il était presque cinq heures du matin mais nous étions déjà sur le pont, prêt à décoller dès que possible. Felix lui, était pimpant, tout à fait apte à parcourir des milliers de kilomètres en avion durant de longues heures. Moi, j'allais plutôt en profiter pour aller m'allonger sur un des lits. Nos vacances étaient désormais terminées et mon travail commençait lundi matin, le premier lundi de septembre. Au début, je n'y pensais plus. Je passais des jours magiques en compagnie de mon homme mais plus le temps déroulait, plus une angoisse se logeait dans mon ventre. J'avais passé les deux derniers jours complètement stressé avec comme seul remède à ça les baisers, les sourires, les yeux et les fesses de Felix. C'était plutôt terrifiant lorsqu'on savait que dans quelques heures, on allait se retrouver face à beau-papa sans savoir quoi faire avec l'intime conviction que ça allait plutôt difficile. J'avais peur de ne pas être à la hauteur, de prouver au père de mon petit copain que j'étais bien aussi nul que faible comme il le pensait, j'avais peur qu'il dise toutes les bêtises que j'allais faire à Felix ou pire, j'étais horrifié à l'idée de faire honte à Felix. Il s'était tant embêté à me dégoter ce boulot, il avait presque supplié son père juste pour que je puisse moi aussi gagner de l'argent et créer ainsi un égale économique dans notre couple (même si je savais très bien que jamais dans ma vie je n'allais gagner autant que ce que gagnait mon petit ami en un shooting photo).

En entrant dans l'avion, mon derrière avait immédiatement trouvé son bonheur dans le gros siège confortable. J'avais soupiré de bonheur alors que je m'accrochais déjà, au cas où je m'endormais, il ne fallait pas que l'avion décolle avec un passager stupide pas capable de s'attacher. À côté de moi, avec la petite allée pour nous séparer, Felix s'était assis sur son siège en lâchant un long soupire de fatigue. Il posait son petit sac à dos par terre pour laisser une hôtesse le ramasser et le ranger sans un mot comme l'avait demandé Felix. Il avait expressément demandé à ce qu'il n'y ait aucun bruit pour éviter de me déranger car j'étais fatigué. J'adorais lorsqu'il faisait attention à moi comme ça, je me sentais tellement important pour lui, c'était probablement la meilleure sensation du monde. Je lui avais lancé un petit sourire avant de retourner dans mon sommeil partit trop tôt.

•••

Felix tenait fermement ma main, nos doigts entrelacés comme pour nous enchaîner l'un à l'autre, alors qu'on fonçait tête baissée dans le tas d'humains face à nous. Les gardes du corps les repoussaient plutôt bien, je pouvais marcher tranquillement alors que mon petit copain continuait de foncer en le tirant pour qu'on puisse se cacher dans la voiture. On avait bien mis nos masques ainsi que lunettes, je me sentais comme Beyonce ou J-Lo, à l'exception que les journalistes venaient photographier Felix et pas moi. Enfin si, mais dans l'unique but de découvrir mon identité que aucun média ne connaissait encore à ce jour. C'était vraiment quelque chose d'unique de sortir avec une star sans en être une. Partout j'entendais "Felix I love you !" ou encore "Who's that guy ? His name !". Ça me faisait doucement sourire mais je continuais de garder la tête baissée, cachée par mon masque, mes lunettes ainsi que ma capuche. J'avais finalement l'impression d'être un espion, c'était plutôt excitant.

Lorsqu'on avait enfin réussi à s'engouffrer dans la belle voiture, le chauffeur nous avait salué avec un sourire poli tandis que Felix retirait ses lunettes ainsi que son masque en soupirant. Je savais que ça l'agaçait de ne plus pouvoir sortir comme il le voulait, mais surtout que toutes ces heures d'avion l'avaient fatigué. J'avais répondu au chauffeur à sa place avant de lui demander de se dépêcher de nous conduire jusqu'à notre appartement. Il nous avait bien fallu cinq à dix minutes pour pouvoir rouler sans avoir peur d'écraser quelqu'un. Lorsque le chauffeur pouvait avancer sans crainte sur une route droite, Felix avait soupiré en posant sa tête sur mon épaule.

- Fatigué ?

- Plus que ça. Mort, je dirais, m'avait il répondu dans un petit rire.

- Pourquoi tu n'as pas dormi dans l'avion ?

- Il y avait une suite de films tellement bien, je me devais de tout regarder ! Il s'était écrié en relevant la tête pour me regarder dans les yeux avec un petit sourire.

Lorsqu'il avait constaté que j'étais toujours complètement caché, son regard avait descendu jusqu'à mon masque. Dans un geste habile, toujours avec son petit sourire, il l'avait descendu jusque sous mon menton pour venir m'embrasser sur les lèvres. Immédiatement, un sourire s'était installé sur mon visage puis à mon tour, je l'avais embrassé de nombreuses fois. Il retirait mes lunettes puis retirait mon masque sans pour autant enlever ma capuche. Il en avait pris les extrémités pour obliger mon visage à se rapprocher mon visage du sien.

- J'adore quand tu ressembles à un méchant comme ça, il avait murmuré près de mes lèvres avant de m'embrasser.

Et moi, j'adorais lorsqu'il se montrait soudainement complètement dépendant à moi, lorsqu'il voulait que je l'embrasse sans arrêt, que je le câline jusqu'à pas d'heure.

- Un méchant ? Comme un loup ?

- Ouais... Il avait murmuré dans un soupire. Un méchant loup qui va me manger tout cru, il gloussait en passant ses bras autour de mon cou.

Je ricanais alors que mes bras s'enroulaient autour de sa taille malgré nos ceintures de sécurité qui m'empêchaient d'être totalement libre de mes mouvements. On rigolait comme deux cons en oubliant totalement que le chauffeur devait très sûrement se sentir plus que mal à l'aise à conduire une voiture où son jeune maître richissime allait peut-être se faire prendre par son souillon de petit copain. Après une courte réflexion, je me souvenais que Felix était pudique et que ce genre de chose, c'était hors de question pour lui, ce que je pouvais facilement comprendre. Se faire épier par un domestique n'était pas forcément le fantasme de tous, encore moins le nôtre. Encore heureux qu'il ne comprenait rien de ce qu'on disait, Felix et moi avions l'habitude de parler en coréen entre nous même si nous étions tous les deux bilingues anglais. Ainsi, on pouvait se dire un tas de choses sans que personne ne comprenne, on pouvait se confier des tonnes de secrets ou se dire des choses cochonnes à côté des oreilles des domestiques sans qu'un seul ne tique.

Après de nombreux baisers langoureux, Felix avait fini par me calmer sans oublier de me promettre qu'on remettra ça une fois de retour à la maison. Mon petit copain s'était même endormi dans la voiture, j'avais fini par regarder le paysage défiler avec mes écouteurs sans rien dire. J'avais tellement dormi dans l'avion que je n'avais plus du tout sommeil même si la nuit tombait bientôt ici, je sentais encore une nuit blanche arriver et ça n'était vraiment pas le moment avec mon début dans l'entreprise du papa de mon petit copain qui se profilait à l'horizon. Il fallait vraiment que j'arrête d'être autant inquiet face à ce boulot, si ça ne me plaisait pas je n'avais qu'à démissionner et chercher ailleurs de moi-même. Mais si je faisais ça, mon futur beau-père allait sûrement être vexé et il voudra encore moins de moi à l'avenir... Je soupirais en passant ma main sur mon front, il me restait encore deux jours pour me préparer autant mentalement que physiquement. Tout ira bien, il fallait que je me détende.

En rentrant dans l'appartement parfaitement rangé, les domestiques nous avaient tous salué poliment. Felix ne leur avait même pas lancé un regard tandis que moi, gêné par son attitude hautaine, je les avais salué puis remercié un à un. Felix était encore trop fatigué pour des politesses, j'avais donc demandé à chacun des domestiques de ne pas prendre en compte son attitude désagréable, ils m'avaient promis qu'ils comprenaient parfaitement et qu'ils veilleraient à ne pas le déranger. Je les avais remercié une fois de plus avant de me diriger vers notre chambre, j'avais failli glisser dans les escaliers mais j'étais arrivé en un morceau sur le lit. Felix grognait lorsque j'essayais de l'approcher de moi.

- Changbin, je suis crevé laisse-moi tranquille, il avait marmonné avec ses petits yeux fermés.

- On devrait aller se doucher, on a beaucoup transpiré.

Felix avait soupiré avant d'acquiescer. Je me trouvais déjà dans la belle douche italienne, complètement nu comme au jour de ma naissance, lorsque mon petit ami m'avait finalement rejoint. Ses cheveux blonds électriques en bataille mélangés à ses cernes lui donnaient un petit air effrayant que je trouvais hilarant. L'eau chaude nous procurait un bien fou, chacun de mes muscles se détendaient. Il s'était mis dos à moi pour que je puisse le savonner mais j'avais préféré y coller mon torse avec un petit sourire en coin.

- Qu'est-ce tu veux ? Avait baillé Felix sans réagir à mon toucher.

- Bientôt je vais devoir travailler, il ne nous reste plus beaucoup de temps ensemble...

- On se verra tous les matins et soirs, puis les jours où je ne travaille pas je pourrais venir te voir, ne t'inquiète pas.

Il m'avait répondu en me repoussant pour finalement se laver seul. Une petite moue sur mon visage se dessinait.

- Je le sens mal.

- Pourquoi ça ? Changbin, ne pars pas perdant alors que tu n'as même pas encore commencé. Oui, au début ça sera compliqué, tu vas vouloir arrêter mais ensuite, je suis sûr que tu sauras prendre tes marques et tu seras parfait !

- Je ne sais même pas ce que je vais faire concrètement. "Assistant du personnel", c'est quoi ? Le chien de tout le service ?

Felix avait soupiré alors que ses yeux se levaient jusqu'au ciel. Je savais que j'étais légèrement chiant mais désormais, plus les heures passaient plus j'avais l'impression de me rapprocher des enfers. Je ne connaissais rien à la mode, de plus je savais que ça n'allait pas être une partie de plaisir d'être assistant. Pourquoi devais-je assister les gens ? Si j'avais fait des études d'ingénieurs, c'était pour bosser avec un ordinateur. Pourquoi assister les gens, ils sont grands, ils peuvent se débrouiller seuls.

- T'es chiant Changbin, je me suis démerdé pour te trouver un boulot dans une entreprise prestigieuse, puis "assistant du personnel" veut dire que tu vas suivre les autres, ceux qui ont de l'expérience, puis ensuite tu pourras changer de post. Mais tu ne connais rien à cet univers, normal que tu commences en étant supervisé par d'autres, il soufflait avant de me faire dos.

Je sentais que Felix commençait à s'énerver. Je m'étais donné une gifle mentale, quelle idée de l'embêter avec ce genre de discussion alors qu'il était fatigué. J'avais dégluti sans rien ajouter d'autre dans la douche. Lorsqu'il était parti pour aller se coucher, j'avais fait en sorte de tout ranger dans la salle de bain avant de venir m'allonger à côté de lui sans oublier d'embrasser son front. Il n'était même pas neuf heures du soir, j'avais encore faim malgré tout ce qu'on avait mangé à la fin du vol, et on était déjà au lit pour dormir alors que j'avais déjà trop dormi dans l'avion. J'avais donc regardé Felix s'endormir avant de m'endormir cinq heures plus tard après avoir regardé un horrible film sur mon ordinateur. Le film durait moins de trois heures mais j'avais eu si peur que je n'avais pas réussi à m'endormir avant deux heures du matin. J'avais même réveillé Felix lorsque j'avais cru sentir quelqu'un tenir mes pieds.

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