Image de nahsiah sur Deviantart.

— Qu'est-ce qui va arriver si on n'est pas réparties dans la même maison demain ?

La voix de Padma rompit le silence qui régnait dans la chambre sombre. Les sœurs Patil étaient serrées dans le lit de Parvati, pour la dernière nuit de leurs vacances d'été. Elles commençaient Poudlard le lendemain, et Padma était bien trop nerveuse pour trouver le sommeil, alors elle s'était glissée dans la chambre de sa jumelle.

Elles avaient éteint la lumière et arrêté de parler il y avait près d'une heure, mais aucune des deux ne s'était endormie. Sans même se regarder, l'une savait que l'autre était réveillée aussi. Alors Padma avait décidé de parler de sa plus grande peur pour la rentrée.

— Pourquoi on ne serait pas ensemble ? répondit Parvati, se tournant sur le dos. Il y a deux autres paires de jumeaux à Poudlard en ce moment, et elles sont dans la même maison. Ça sera pareil pour nous, non ?

— Ouais, j'imagine..., dit Padma. C'est juste que... je sais pas, on a été ensemble toute notre vie, juste nous deux. Ça serait étrange si on devait se séparer pour l'école.

Parvati se mordit la lèvre avec hésitation, avant de décider de foncer.

— Eh bien, est-ce que ce serait si affreux ?

Sentant sa sœur se crisper à ses côtés, elle continua de parler à toute vitesse.

— Je veux dire, on serait quand même dans la même école, on pourrait continuer à se voir tout le temps, rien ne changerait de ce côté-là, mais, je sais pas, ça pourrait être intéressant de vivre à part des fois, tu crois pas ?

Padma ne dit rien, et le malaise de Parvati grandit. Après un moment, sa main trouva celle de sa sœur sous la couverture et a serra.

— Mais je suis sûre que ça n'arrivera pas. Pourquoi ne serait-on pas ensemble ?

— Ouais, répondit Padma après un instant. Ça n'arrivera pas.

Quand Parvati sentit Padma sombrer dans les bras de Morphée, elle se tourna pour être dos à sa sœur, les yeux toujours grands ouverts. Ce n'était pas qu'elle ne voulait plus être avec Padma, au contraire, elle adorait sa sœur et ne pouvais pas imaginer sa vie sans elle. Mais tout ce qu'elle avait dit était vrai : elle aimerait être simplement Parvati, pour une fois, et pas simplement une moitié d'un tout.

Toute leur vie, Parvati et Padma avaient été définies par leur statut de jumelles identiques. Toute leur famille – et elles étaient Indiennes ; de la famille, elles en avaient à revendre ! – les traitait comme deux moitiés. Elles recevaient des tenues identiques, des poupées jumelles, des meubles assortis. Leurs chambres à coucher avaient toujours été comme des images miroirs l'une de l'autre.

Alors Parvati avait vu leur répartition à venir comme une chance de montrer aux Patil que Padma et elle étaient deux personnes différentes. Uniques. Elle n'aimait pas particulièrement l'idée de ne plus être avec sa sœur en permanence, mais si c'était le prix à payer, elle survivrait.

Éventuellement, en s'endormant, elle se dit que de toute manière, le choix final ne lui revenait pas. Ce serait au Choixpeau magique de décider. Son destin était entre ses mains.

***

— GRYFFONDOR !

Dès que la professeure McGonagall lui enleva le chapeau de la tête, Parvati se tourna vers la table de Serdaigle, où sa sœur venait de s'asseoir avec ses nouveaux camarades. Padma croisa son regard inquiet et incertain, et lui sourit de toutes ses dents.

Ce fut donc le cœur léger et souriant que Parvati rejoignit la table rouge et or.