Ode au métro


Le métro, ça s'élance, ça brinquebale, ça fait du bruit, ça couine, ça crisse, ça siffle, ça grince, ça pue, ça chlingue, c'est gris, c'est terne, c'est morne, c'est moche, c'est vétuste, renfermé, pas confortable, voire inconfortable, et tout le monde fait la gueule.

C'est un point de vue, en effet.

Mais je préfère de loin le mien.

Le métro, c'est le moment de rêver sans perdre son temps; c'est perdre son temps que de ne pas rêver dedans.

Le métro, c'est comme un petit train dans un parc d'attraction. Mais avec plus de gens et moins de sensations.

Le métro, c'est l'occasion de faire connaissance lorsqu'on est un peu hardi, et même de rater sa station en discutant un peu trop avec sa nouvelle connaissance (ça m'est arrivé, une fois).

Le métro, c'est peut-être voir une personne à la même place, à la même heure, chaque jour de la semaine, toujours au rendez-vous. On la voit à chaque fois qu'on monte dans la rame, pour aller à l'école ou au boulot. On ne la connaît pas, on ne lui a même jamais parlé. Et pourtant ça a un côté si attachant.
Et le jour où elle n'est plus là, ça fait vide. Ça se serre, là, au milieu de la poitrine.

Le métro, c'est une habitude. Une petite habitude qui s'installe, l'air de rien, et qui finit par faire partie intégrante de notre vie, par faire partie de nous.

Le métro, c'est à la fois long et court: on a hâte d'arriver, alors le temps s'amuse à nous faire languir; et pourtant, une fois à destination, on se dit que c'est vite passé, peut-être même trop vite.

Mais pour moi, le métro, c'est surtout là où j'emmène crayon et calepin. C'est là où je croque la vie, je l'esquisse à coup de traits hâtifs, je la pose sur le papier.

Voilà, pour moi, le métro, c'est des croquis.

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