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Après avoir pris leur chocolat comme tous les mercredis après-midi, Juliette et son amie trainèrent dans la ville. Elles finirent par se retrouver devant les canaux. Le regard de la brune traina sur ceux-ci. Des dizaines de badauds y patinaient. Si elle n'était pas fan des Pays-Bas, ni de sa capitale, c'était peut-être l'une des rares choses qu'elle aimait ici. 

En effet, c'était un spectacle que l'on ne voyait nulle part ailleurs, et surtout pas dans son Sud tant aimé. 

Tu veux tester ?

Elle resta une seconde silencieuse, ne s'attendant pas à cette question. Et puis elle hocha doucement la tête. 

Mais j'ai pas de patins...

Sa voix était timide, comme si elle était désolée de la situation. La blonde qui l'accompagnait éclata alors de rire. Sa main se posa une seconde sur son manteau, la trainant derrière elle.

On en a je sais pas combien de paires à la maison, je peux t'en prêter une, je suis sûre qu'il doit y avoir ta pointure.

Un sourire franc vint s'installer sur son visage un peu déçu une seconde plus tôt. Elle la suivit pendant une dizaine de minutes avant qu'elles ne s'engouffrassent dans un immeuble. Après avoir gravi deux étages, elle découvrit l'intérieur de l'appartement de la musicienne. Un lieu simple et épuré mais qui semblait confortable. La joie de vivre y respirait. Un immense arbre de Noël coloré de bleu et doré emplissait l'espace. 

Sur le mur, des photos de famille étaient accrochées. Dans un coin de la large pièce pour un appartement en cœur de ville, une photo d'un patineur s'étalait. Il était enveloppé d'une combinaison orange de la tête au pied. Elle laissa son regard courir sur elle et il dériva vers la médaille encadrée à côté. 

Est-ce que c'est... ?

La blonde lui sourit tout en rougissant légèrement, comme si un secret venait d'être révélé. 

C'est mon papa. Mais je ne suis pas aussi douée que lui.

Un léger rire échappa à la néerlandaise. Et Jeanne se sentit moins ridicule à ne pas avoir hérité du talent de ses parents pour leurs sports respectifs. Elle s'approcha légèrement, avançant ses doigts et les arrêtant à quelques centimètres de la plaque de verre. Elle lut les inscriptions avant de se tourner vers l'autre jeune.  

Mon papa aussi en a une. Il faisait du judo. 

L'amsterdallomoise rit une seconde. 

C'est très... français.

Et elle ne put s'empêcher de la suivre dans celui-ci. 

Une petite demi-heure plus tard, elles étaient assises sur le bord d'un canal, laçant leurs patins. Et puis elles s'élancèrent sur la glace. Le crissement de celle-ci sous les lames était doux et Jeanne profitait réellement de l'hiver pour la première fois. Elle avait toujours aimé le patinage même si elle n'était pas particulièrement douée. Et malgré ce qu'elle lui avait dit, la blonde l'était bien plus qu'elle. La française se devait de constater qu'elle avait tout de même un peu récupéré du talent de son père champion olympique de la discipline.

Elles se déplaçaient le long du canal, avalant des mètres et des mètres quand son regard accrocha celui sombre un peu plus loin. Elle vit immédiatement qu'il se figeait et qu'il prenait légèrement peur. 

On fait une pause ?

Elle hocha la tête, allant s'assoir sur le bord au côté de la jeune femme qui l'accompagnait. Bientôt, elle fronça les sourcils. Le joueur de football s'approchait d'elle. Elle ne pouvait s'empêcher de se demander ce qu'il lui voulait bien encore une fois. S'il n'était pas aussi énervant que Kenneth, il n'en était pas moins un de ses amis. 

Pourquoi Lisandro Martinez te regarde ? Et pourquoi il vient vers nous ?

C'était donc ainsi qu'il s'appelait. Elle s'étonna que son amie le connût. Et puis elle se rappela que son beau-père entrainait dans un gros club même si elle l'oubliait souvent. Elle haussa les épaules. 

Aucune idée.

Mais bientôt, il était en face d'elle, l'observant de ses yeux marron. Elle déglutit alors que le silence était gênant à ses yeux. A ses côtés, elle pouvait sentir que la blonde l'observait avec ses yeux bleus complétement ahuris, ne comprenant pas ce qu'il se passait. 

Tu lui diras pas ?

Une moue d'incompréhension se peignit sur son visage tandis qu'elle fronça les sourcils. 

Au coach, que je patine.

Elle battit une seconde des paupières essayant de comprendre ce qu'il voulait. Et puis, elle saisit. Il n'avait certainement pas le droit de le faire. Alors elle hocha lentement la tête. Et il lui fit un léger sourire. 

Merci. J'aurais pas dû, mais je passe tous les jours et j'ai pas pu résister.

Un petit rire lui échappa alors qu'il tentait de se justifier d'une chose qu'elle ignorait quelques secondes plus tôt, semblant réellement apeuré à l'idée qu'elle pût en parler. Mais il n'y avait peu de chances qu'elle parlât de cela avec son beau-père. D'autant plus qu'elle faisait la grève de la parole avec sa mère et son compagnon depuis l'annonce de son Noël avorté. Elle comptait bien leur faire comprendre jusqu'à la fin que cette idée lui déplaisait fortement. 


L'argentin finit par s'éloigner et un regard curieux tomba immédiatement sur elle, suivi d'une question. 

Depuis quand tu connais Martinez ?

— Je le connais pas, on s'est croisés une fois à De Toekomst.

Son amie la regarda avec un regard encore plus arrondi. 

Là-bas ? Tu peux aller là-bas ?

Sa tête s'activa de bas en haut. 

Erik est mon beau-père. 

Un cri échappa à l'autre et cela la fit rire. 

TON BEAU-PERE !!! TON BEAU-PERE !!! ET TU M'AS JAMAIS INVITÉE À UN MATCH ???

À vrai dire, Juliette ne savait pas qu'elle aimait le football, ni l'Ajax. Et étant donné qu'elle-même n'allait pas voir les matchs, elle ne voyait pas pourquoi elle aurait pu vouloir y aller. Parce qu'ils n'avaient jamais trop parlé du sujet, sachant qu'elle n'était pas intéressée, tout comme leur ami ne vivant que pour le hockey sur gazon. 

Je savais pas que tu aimais son club, ni que ce Lisandro était aussi connu.

Un rire sincère s'éleva. 

Mais où vis-tu depuis que tu es là ? Il y a des drapeaux à leurs couleurs dans toute la ville. Ici, ici, ici.

Ses doigts montraient divers endroits de la rue. Et Jeanne comprit que son beau-père avait au moins la qualité de ne pas être vantard. 

Bon allez, assez parlé, on reprend. Mais je compte sur toi pour penser à moi la prochaine fois qu'il te proposera de t'emmener et que tu refuseras.

Le sourire était malicieux et elle ne put s'empêcher de lui dire qu'elle le ferait. Après tout, elle pouvait bien lui offrir ça, si ça comptait tant pour elle. Et ça ne devait pas être si compliqué de survivre à un match de football. 

Je vais voir pour avoir des places samedi.

La blonde lui sauta dans les bras et pendant les quelques minutes qui suivirent, Jeanne se demanda comment elle avait réussi à ne pas s'effondrer sur la glace suite à cela. 

j'espère que ça vous plait toujours :) 

on a dépassé la moitié de l'histoire (et je ne suis pas peu fière d'avoir quasiment toujours tenu le rythme !)

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