Chapitre 42

Je finis par m'écarter de lui en essuyant mes yeux d'un revers de ma manche et le sourire de Parker me permet de me détendre un peu.

-Disons que ça m'aura fait un beau cadeau.

-De quoi tu parles ?

Il sourit de toutes ses dents, sûrement en se rappelant que je viens de lui dire « je t'aime ». J'ai le cœur lourd et mes yeux me piquent mais je commence à me sentir mieux. Comme si à chaque fois qu'une nouvelle crise s'annonçait, il sortait une baguette magique de sa poche et la faisait disparaître. Bon j'avoue que l'image d'un Parker déguisé m'arrache un sourire.

-A quoi tu penses ?

-De quoi tu parles ?

Il fronce les sourcils, sûrement agacée à l'idée d'avoir à me laisser encore et toujours le dernier mot mais met son orgueil de côté.

-C'est mon anniversaire, en fait.

J'ouvre grand les yeux en essayant de cacher mon embarras.

-Juliette, arrête de culpabiliser, comment aurais-tu bien pu le savoir ? Même mon père a oublié alors je n'y pense pas vraiment. Mais tu viens de me faire un joli cadeau, mon cœur.

-Et ça te fait quel âge ?

-Dix-sept ans !

Je réprime un rire face à son air si fier. Il se tient bien droit comme s'il allait recevoir une médaille et j'ai bien envie de l'embêter un peu.

-Dix-sept ans de conneries ? Et bien, ça ne doit pas être facile à vivre pour tout le monde.

Il plisse les yeux, essayant de doser ma sincérité et il doit voir mon léger sourire puisqu'il se précipite vers moi et me plaque contre lui.

-On t'a déjà dit à quel point tu étais drôle, avec ton humour cynique, mon cœur ?

-Plein de fois, ouais.

Il lève les yeux au ciel avant de s'asseoir brutalement, moi sur lui, me faisant pousser un petit couinement de surprise. Il me sourit innocemment et je suis bien contente de le dominer d'une bonne tête, en ce moment.

-Joyeux anniversaire, Parker.

-Et ?

-Et plein de bonheur ?

-Et ?

-Et plein de conneries ?

-Et ?

-Et je t'aime.

Il écrase sa bouche contre la mienne et je souris avant de répondre à son baiser bourré d'amour. Je passe mes mains dans son dos et il fait de même avant de me relâcher. Son regard se voile un instant et je sens sa tristesse.

-Je suis désolé pour Aaron, tu sais. Je suis désolé que tu aies aussi peur de me perdre mais ça ne doit être rien face à la mienne. Je t'aime aussi. Je ne peux pas te promettre que ça ira, parce que ça sera difficile et que je ne peux rien garantir. Mais tout le monde est derrière toi, et tout le monde t'aime, d'accord ? Il faut que tu tiennes le coup, ma grande, parce que, sans toi, on n'est plus rien. Sans toi, ce serait nul. Surtout pour moi.

Mon chagrin revient au grand galop mais le réconfort que m'apporte l'étreinte de Parker le compense et un instant, j'essaie d'oublier tous mes problèmes. J'essaie d'imaginer un monde où je ne serais plus là, je m'imagine le chagrin de ma famille, de Camille, de mon Parker et c'est ce qui me pousse à me relever, une lueur nouvelle dans les yeux, que Parker observe avant de soupirer de soulagement.

-Est-ce que j'étais trop heureuse, Parker ? Est-ce que la vie a voulu me le faire payer ?

Il se relève à son tour, vient encadrer mon visage de ses mains et me regarde tendrement.

-Je n'en sais foutrement rien, mon cœur. Mais tu peux toujours lui faire comprendre qu'elle s'en est pris à la mauvaise personne. Et le destin et toutes ces conneries, tu les emmerdes aussi. Parce que c'est toi qui as le contrôle, c'est toi qui décides, quoiqu'il arrive, ne laisse jamais personne te dicter ce que tu dois faire.

-C'est marrant mais j'ai souvent eu un grand mec brun, un peu baraqué avec un insupportable caractère en travers de mon chemin ?

Je réussis à le faire sourire. Décidément, je me surprends.

-Même moi, d'accord ? Ne me laisse jamais te dicter ta conduite. Et si je vais trop loin, n'hésite pas à t'éloigner de moi mais, pas trop hein ? Tu es un peu celle qui me retient de tout faire péter donc reste dans les parages, on ne sait jamais.

-Ça me paraît bien. Tu me raccompagnes chez moi ? J'ai quelque chose à faire.

Il paraît un instant intrigué, et une infime lueur d'espoir brille dans ses yeux. En espérant ne pas le décevoir parce que mon père a beau être plus agréable que le sien, savoir que sa fille sort avec un garçon plus âgé qu'elle ne va pas le ravir. Et il ne faut jamais, au grand jamais qu'il apprenne qu'il peut parfois être légèrement taré. Je pense que sinon, il fera regretter à Parker d'être né.

La route est calme et me berce, comme toujours. Mais je garde un œil éveillé, juste au cas où.

Il finit par entrer dans mon quartier et le silence de fin d'après midi me surprend. Ma conscience me fait me demander si c'est vraiment une bonne idée de présenter maintenant Parker à mes parents. Parce qu'après la journée qu'il a eu, je ne pense pas qu'il pourra digérer un manque de respect de qui que ce soit, et je n'ai pas envie que mon père le déçoive. J'ai envie que ça se passe comme dans les films, qu'il trouve une deuxième famille avec la mienne et que mon père le considère comme un mec bien.

Mais la vie n'est pas un film, ça je l'ai compris depuis bien longtemps. Et c'est pleine d'appréhension que je lui tends le casque de protection pour qu'il le range avant de lui demander de me suivre. Devant la porte, je me tourne vers lui.

- Dis-moi, tu pourrais être un peu moins fier ? Et un peu moins cru aussi ? Avec un humour moins cynique ? Même si le mien est parfois pire, je le sais mais...

Il me coupe la parole et pose la main sur ma bouche, avant de l'écarter, en voyant mes yeux fulminer de colère.

-Je sais que tu détestes que je fasse ça. Mais ça va aller, je vais savoir me tenir. J'ai dix-sept ans, tu sais.

Je soupire avant d'appuyer sur la poignée de la porte d'entrée.

-Justement, évite de parler de ce sujet là, aussi.

Et c'est en retenant un gloussement qu'il entre à ma suite. Je lui demande gentiment de m'attendre et je vais trouver mes parents à la cuisine.

-Euh, bonjour ?

Ils me demandent comment je vais, si ma journée s'est bien passée, encore une fois si tout va bien et je balbutie quelques mots, bien consciente que Parker écoute et se régale de ma gêne.

-Je... J'aimerais vous présenter quelqu'un, il peut venir ?

-Oui, bien sûr.

Ma mère me jette un regard complice que j'évite. Je retourne précipitamment dans l'entrée et retourne dans la cuisine, Parker à côté de moi. Ma mère retient sûrement un petit cri d'enthousiasme et mon père hausse les sourcils, surpris.

-Bonjour ?

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