Chapitre 40
Parker est dos à moi et sa respiration est saccadée. Je referme lentement la porte, en essayant de faire le moins de bruit possible.
- Casse-toi Juliette, s'il te plaît.
Sa voix est plus grave que d'habitude et il me fait peur, parce que je sens qu'il ne va pas bien. Mais si je dois m'en aller, ça s'empirera. Il pose son coude contre le mur en y appuyant son front dessus et le silence retombe.
-Qu'est-ce qu'il t'a dit ?
Je ne réponds rien et il insiste, me faisant sursauter.
-Juste qu'il ne fallait pas que je te parle, mais je m'en fou.
-Tu devrais.
-Arrête de dire des conneries, Parker.
Je m'approche doucement de lui et essaie de poser ma main sur son dos, pour tenter de le calmer. Mais avant que je ne le touche, il attrape mon poignet dûrement, au point de me faire peur et me repousse, me faisant trébucher et tomber à terre.
Je sens les larmes me monter aux yeux en observant les siens noirs de colère, j'ai envie qu'il me revienne, parce que je sais bien que ce n'est pas lui. Peu rassurée, je me relève en m'appuyant contre le mur, pour m'aider.
Je fuis son regard, bien qu'il continue à me fixer. Bon dieu, il me fait peur. Rapidement, il s'approche de moi et je me colle contre le mur en espérant de tout mon cœur qu'il n'osera pas lever la main sur moi. Son bras se lève et frappe le mur juste à côté de ma tête, et je ferme les yeux en expirant lourdement. Un sanglot s'échappe de ma bouche.
J'arrive à me faufiler pour passer derrière lui, et m'éloigne de cet endroit de malheur. Le pire, c'est que je n'ai personne pour me raccompagner, et qu'on est au milieu de nulle part. Et je ne me vois absolument pas demander à mes parents de venir me chercher ici. Je marche un peu, en jetant des regards furtifs derrière moi. Je n'aurai jamais pensé qu'il puisse être comme ça.
Je finis par m'asseoir sur le sol, le froid finit par m'atteindre. Je m'emmitoufle dans mon manteau et ferme les yeux en priant que ça ne soit qu'un mauvais rêve. Parker n'aurait pas pu s'énerver comme ça, et encore moins s'en prendre à moi.
-Juliette !
Je sursaute et l'aperçoit non loin de moi. Je me remets rapidement debout et recule en mettant clairement les mains devant moi pour l'empêcher d'avancer. Ses poings se serrent et se desserrent et je constate que ses phalanges sont rouges et entaillées. Il m'a l'air cependant plus calme, et ses yeux ont repris la couleur que j'aime tant. Je soupire, si je continuais, je n'arriverais même plus à lui en vouloir.
Malgré mon air désapprobateur, il avance un peu, et ça a le don de me faire peur, alors je lui demande de rester là où il se trouve. Mais il a l'air apparemment décidé à ne pas m'écouter.
-Parker, s'il te plaît, arrête-toi. Arrête.
Il entend sûrement ma supplique puisqu'il s'arrête à quelques pas de moi, et s'assoit comme je l'ai fait quelques minutes auparavant. Je voulais qu'il s'arrête, mais bon dieu, j'ai tellement envie de le prendre dans mes bras en lui assurant que tout ira bien maintenant. Même si c'est faux, même si ça ne peut pas le calmer, ce ne sera pas faute d'avoir essayé.
Son regard se plonge dans le mien, et il se passe la main dans les cheveux. Son air navré me touche plus qu'il ne devrait parce que je sais qu'il ne se contrôlait pas, et que ça pourrait bien arriver n'importe quand.
-Je suis désolé.
Et il ne peut rien me dire d'autre. Il est juste désolé, et je le crois, bien sûr que je le crois. Mais c'est tellement difficile de soutenir quelqu'un quand on a nous même une fragilité évidente.
-S'il te plaît, parle-moi, je t'en prie.
J'inspire l'air pur et je me lève pour me diriger vers lui. Je m'assois près de lui, en faisant en sorte de frôler sa jambe, pour qu'il comprenne que ça va, je ne m'enfuirais pas. Il soupire à son tour et s'autorise à effleurer mon bras.
J'observe d'ailleurs l'état de sa main, qui n'est pas très belle à voir. Mes yeux se perdent dans les siens.
-Qu'est-ce que tu t'es fait ?
-Je n'ai frappé personne.
-Je le sais, bien sûr que je le sais, Parker.
Il a l'air sur la défensive et je me demande pourquoi alors j'essaie de ne pas être blessante.
-Je suis désolé.
Il fixe le sol d'un air blessé et je pose ma tête contre son bras.
-Je sais.
-Mais rien n'effacera ce que je viens de faire. Je suis un abruti. J'ai eu besoin de frapper contre un mur sinon je sentais que j'allais faire du mal à quelqu'un, je suis un taré. Et je l'ai entendu, au fait. Mon père. Qui énonçait les précautions qu'il prenait avec moi. Tu connais la troisième ? Je suis un monstre et personne ne devrait m'approcher.
Je ne sais pas pourquoi mais à ce moment là, un déclic a lieu dans mon esprit. J'essaie de capter son regard qui reste fixé sur le sol et je me sens remplie d'une bouffée d'amour qui ne me fait pas hésiter une seule seconde pour le lui dire.
-Je t'aime.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top