Chapitre 4

Mon mal de tête n'a fait qu'empirer pendant la nuit et je n'ai réussi à dormir que par bribes. J'ai fait cauchemar sur cauchemar, et aujourd'hui, je suis plus stressée que jamais. J'ai vraiment le trac. En ce moment, je suis à cran et je n'ai pas envie de craquer dans mon nouvel établissement, au milieu de tous ceux qui constitueront ma nouvelle classe. Sinon, je sais bien que je serais leur sujet de discussion favori pour les mois à venir et je n'ai pas envie de ça. Je ne veux pas me faire remarquer, j'ai à peine envie de parler à d'autres personnes qu'à ma meilleure amie.

Je sais bien que quelques personnes de mon collège se trouveront dans la même classe que moi mais je ne peux pas dire que j'ai de véritables affinités avec eux. On a beau s'entendre avec quelqu'un, rester avec les mêmes personnes pendant presque trois ans nous rapprochent considérablement d'elles. Et c'est ce qui c'est passé avec celles dont je suis le plus proche aujourd'hui. J'ai l'estomac noué et quand je déverrouille mon portable et que s'affichent des encouragements de toutes parts, ça ne s'améliore pas vraiment. Mais il faut bien affronter cette journée, effrayée ou pas alors je descends pour m'habiller et me préparer.

C'est mon père qui me dépose devant mon établissement, étant donné qu'il travaille dans la même ville. C'est en partie pour ça que je suis à ce lycée là. Peut être que sinon, j'aurais été dans le même que mes autres amies. Ce n'est absolument pas la solution à tous mes problèmes mais ça aurait sûrement aidé. Malgré tout, je sais que Camille tenait à aller ici, et je ne pouvais pas me permettre d'aller dans un autre établissement qu'elle. Je pense que je l'aurais perdue. Je lui souhaite une bonne journée et il fait de même avant de s'éloigner, me laissant face à cette grande bâtisse inconnue.

Je rentre doucement par la porte entrouverte et observe un attroupement d'élèves près des listes de classe. Les secondes sont sûrement privilégiées étant donné que j'ai déjà eu le nom de ma classe principale par la poste. Je sais que Camille a déjà du réserver notre casier commun et j'attends qu'elle me le confirme par message pour savoir où je dois me rendre. Je ne dois pas attendre beaucoup puisqu'elle m'envoie rapidement le numéro par message. Je m'empresse de me rendre dans l'autre cour et la vois au loin, me faisant de grands signes.

Je ne me presse pas et me contente d'observer toutes les classes qu'il peut y avoir. Je ne sais pas combien d'élèves il y a au total ici mais je n'aimerais pas me retrouver au milieu d'un grand rassemblement. Je finis par rejoindre ma meilleure amie qui m'embrasse sur les deux joues. Je sais qu'elle est sûrement encore triste pour hier mais elle se tient quand même près de moi, m'apportant son soutien. Elle a simplement accepté que je n'en parlerais pas.

-On oublie pour hier, d'accord ? J'étais énervée et je suis désolé de te l'avoir rappelée. Je ne voulais pas te blesser.

Son petit ton immature me fait sourire et je la rassure en lui disant que tout est déjà oublié. Elle me montre notre casier et je m'empresse de vider mon sac, bien trop lourd à mon goût. Ensuite, on se redirige vers l'entrée principale, près de là où se trouve notre premier cours de la journée. Les deux cours sont petites, munies de bancs. Quelques arbres ont été plantés il y a longtemps pour parfaire la décoration. Le lycée paraît ancien, ce qui me fait penser qu'il doit exister depuis un bon moment déjà. Des visages me paraissent familiers et je m'aperçois que ce sont les anciennes collégiennes. On s'empresse de les rejoindre, pour pouvoir se raconter les dernières nouvelles.

Même si ça me fait réellement plaisir de les voir, je ne peux pas m'empêcher d'avoir une petite pensée pour celles qui se retrouvent dans une autre ville que moi en leur souhaitant que tout se passe pour le mieux. Résister à une demi-journée de cours ne me paraît plus si insurmontable et mon sourire paraît plus vrai que d'habitude. L'émotion me fait toujours tourner la tête, si bien que je ne sais plus quoi penser. La sonnerie retentit fortement et je me laisse emporter par les élèves de ma classe jusqu'à celle-ci justement. La prof ouvre la porte d'un air mécontent. Il fallait que l'on tombe sur quelqu'un de mauvaise humeur. Un peu avant de rentrer, Camille essaie de m'encourager.

-Ne t'inquiète pas, ça va vite se passer. Je suis sûre que ça va aller.

Je hoche la tête, la gorge trop serrée pour lui répondre. Notre prof nous laisse nous placer à notre guise et Camille comprend que j'aie besoin d'être seule. Elle s'installe à côté d'une de nos anciennes connaissances pendant que je reste seule, au fond de la classe, ce qui ne me dérange pas du tout. Nous sommes une bonne trentaine dans la classe et un léger brouhaha se fait entendre. Il y a un peu près autant de filles que de garçons, et ils paraissent s'agiter un peu plus que nous, les filles. Et moi qui pensais que les garçons auraient au moins mûri. Je me faisais des idées, comme toujours.

Je me sens observée et je n'aime pas ça du tout. Je fronce les sourcils, bien décidée à faire comprendre à cet opportun que je déteste que l'on me fixe ainsi. Mon regard se pose sur un garçon qui m'a l'air plus âgé que moi et qui est en train de me regarder. Je lève les yeux au ciel. Il veut peut être que je lui prête des jumelles. Voyant mon changement d'expression, il ricane légèrement et se retourne pour écouter ce que la prof va nous dire. Je l'oublie vite et continue de balayer la classe du regard. Certaines inconnues me paraissent fort sympathiques. Je sens la prof se rapprocher de moi et elle tape plusieurs fois ma table de son cahier pour retenir mon attention. Des rires se font entendre mais je m'en fiche. Plus rien ne m'atteint vraiment. Elle a fait du bruit, ce qui a réveillé mon mal de tête. Je marmonne doucement, de manière à ce que la classe m'entende mais pas elle.

-Ce n'est pas la peine de rajouter du bruit dans la classe que vous ne savez pas tenir.

Je peux entendre quelques éclats de rire, moi qui ne voulais pas me faire remarquer, c'est réussi. Mais je sais au moins qu'elle ne m'a pas entendu puisqu'elle n'ajoute rien. Je n'ai cours qu'avec elle ce matin et ça serait bête de la mettre en colère dès le premier jour de l'année scolaire. Je me lasse vite de ce qu'elle dit, comme tout le monde je crois et finis par m'ennuyer ferme. La sonnerie arrive finalement, nous délivrant tous de ce discours interminable. J'attends quelques minutes sur un banc, consciente que mon père n'arrivera pas tout de suite.

-Tu veux bien me dire ton prénom ?

Je lève les yeux sur l'interlocuteur et ne suis pas surprise d'observer ce même garçon qui me fixait sans gêne tout à l'heure. Non, je ne veux pas lui dire mon prénom, je ne veux même pas que quelqu'un me parle, en fait. Je secoue légèrement la tête.

-Tu es timide alors ? Tu ne le paraissais pas quand tu as murmuré ta phrase contre la prof. Une vraie petite rebelle !

-Laisse moi tranquille, tu es lourd là.

Je me lève du banc, agacée mais il me retient fermement par le bras. Est-ce que ce garçon est fou ? On ne retient pas les gens contre leur gré, il devrait le savoir quand même. Alors que je m'apprêtais à lui dire nettement ma façon de penser, il prend la parole, m'incitant à réfléchir à ses propos.

-Juste ton nom et je te laisse tranquille. Je ne suis pas méchant, tu sais.

-Juliette.

J'ai craché amèrement mon dernier mot, voulant absolument qu'il me lâche. Il serre ma main dans la sienne, comme si on se connaissait depuis toujours et se présente.

-Enchanté Juliette. Je suis Parker.

Et il me lâche doucement la main puis se dirige vers la sortie. Oui, il s'appelle Parker, et alors ? Il veut qu'on prenne un apéro ensemble, tranquille ? Non mais je rêve. Dans quel monde suis-je tombée ? Malgré ça, ma main frémit encore après qu'il l'ait serré dans la sienne. Il faut avouer qu'il n'est pas trop moche. Il est même vraiment beau. Mais ce n'est pas une raison pour traiter les gens de cette manière. Et de toute façon, je n'ai pas que ça à penser en ce moment.

Camille me rejoint précipitamment, en retard, comme d'habitude. Je ne lui dis rien sur Parker, il ne mérite même pas cette attention. Je reprends donc rapidement mes esprits.

-Heureusement qu'elle ne t'a pas entendu, étant donné avec quelle affection tu parlais dans son dos.

Elle adopte un air malicieux qui nous fait éclater de rire. Ce qui n'était pas arrivé depuis bien longtemps.

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