Chapitre 36
C'est sûrement ça le principal problème. Je n'ai aucun souvenir me permettant de tourner une fois pour toute la page. Rien qui puisse me dire ce que j'ai pu faire pour qu'il me laisse tomber ainsi. Et je préférerais le contraire, je n'ai rien à lui reprocher et c'est absolument frustrant.
Depuis le jour de notre rencontre, il a été irréprochable et j'ai beau chercher, encore et encore, je ne trouve pas le problème à notre histoire. Et ça me tue. Il faut que mon esprit me laisse tranquille mais même mon cœur ne veut pas que j'abandonne. Ne veut pas que je l'oublie.
J'aimerais tellement lâcher prise.
Mais il faut pourtant que je m'accroche à la vie, parce que, bon sang, je sais qu'elle vaut la peine d'être vécue. C'est parfois tellement confus dans ma tête que j'ai l'impression que je ne m'en sortirai jamais. Et j'espère sincèrement que je me trompe, je crois avoir mérité une seconde chance. Tout le monde est là pour moi, Parker est là pour moi, et il faut que je m'accroche, pour eux.
J'espère que ça passera, parce que ça fait déjà plusieurs mois que ça dure, et je ne sais pas si je vais le supporter encore longtemps. Je tâtonne pour trouver mon portable et hésite à appeler Parker, j'en ai tellement, tellement envie. J'ai l'impression d'être une gamine à qui il faut toujours tenir la main, mais j'ai besoin de lui à un point que ça en devient oppressant à certains moments.
C'est comme s'il m'apaisait. Je n'arrive à me sentir réellement bien que lorsqu'il est à mes côtés, insupportable, parce que c'est ce dont j'ai besoin. C'est comme ça qu'Aaron aurait été et ce n'est pas sain pour moi.
Ils se ressemblent trop, ça va m'achever, je n'ai pas envie de comparer les faits et gestes de Parker à ceux de mon Aaron, il ne le faut pas. Mais pourquoi est-il parti ? Je compose le numéro de Parker.
-Tu ne dors pas, mon cœur ?
J'inspire lentement au doux son de sa voix et c'est comme si un souffle d'air chaud venait d'entrer dans mon ventre et bon sang, bon sang, c'est incroyable. Sa voix ensommeillée est absolument adorable et j'ai vraiment envie de le voir demain.
-Si, c'est pour ça que je t'appelle.
Je le sens lever les yeux au ciel à l'autre bout du fil devant ma réplique et je souris.
-Je dormais, qu'est-ce qu'il y a Juliette ?
Je l'entends étouffer un bâillement et je sens mon cœur fondre parce que je l'aime, je l'aime bien trop.
-Rien. Ma tête tournait à plein régime, et j'ai eu envie d'entendre ta voix, c'est tout Parker.
-Attends, attends. Tu peux me répéter ça ? Je vais activer l'enregistreur pour pouvoir me l'écouter quand on s'engueulera.
Je pousse un éclat de rire en même temps que lui.
-C'est certain que tu vas faire ça. Mais pourquoi on s'engueulerait ?
-J'en sais rien. Tout le monde s'engueule.
Derrière sa banale réplique, je sens un sous-entendu et il m'a l'air tout à fait réveillé, d'un seul coup. J'agrippe un peu plus fort mon téléphone portable en essayant vainement de ne pas m'inquiéter.
-Parker ?
Il a dû entendre l'inquiétude dans ma voix, puisqu'il paraît plus détendu, comme par hasard.
-Il n'y a rien, désolé, je suis juste crevé et je dis n'importe quoi. Oublie ça.
-Ça va, tu peux me parler, je suis là pour ça.
-Non, tu... Laisse tomber. Je vais raccrocher, à demain.
-Je quoi, Parker ? Bon dieu, réponds-moi, je ne supporte pas quand tu fais ça !
-Tu ne peux pas encaisser d'autres problèmes, d'accord ? Tu en as bien trop pour te préoccuper des miens. Mais laisse, je peux gérer.
Il raccroche sans me laisser la chance de répondre. Je sens que je vais m'énerver contre lui demain, il m'insupporte, ce gosse. Je vais le faire asseoir sur un banc et l'obliger à me parler. Ne rien me dire est encore pire, il pourrait le deviner quand même.
Le sommeil finit par m'emporter et c'est de mauvaise humeur que je me réveille le lendemain. Je me prépare à la va-vite, ayant vraiment hâte de pouvoir engueuler Parker. Je ne vais pas le laisser me traiter comme une petite chose fragile. Peut-être que je n'arriverai pas à régler ses problèmes mais ça n'est pas une raison pour fuir. Rien ne m'énerve plus que ça.
Quand je le vois, ce matin, j'ai davantage envie de le prendre dans mes bras que de lui demander des explications mais je me force à froncer les sourcils pour me donner une certaine contenance, en totale contradiction avec mes pensées.
-Viens me faire un câlin, mon cœur, je te jure que je ne voulais pas te blesser.
Je hoche négativement la tête, encore et encore et me recule d'un pas pour l'empêcher d'approcher un peu plus. Je me racle la gorge et prononce distinctement mes mots.
-Explique-moi, imbécile.
-Et, tu sais ce qu'il te dit l'imbécile ?
-Il approuve ce que je viens de dire. Allez, dis-le moi, Parker ! Je ne supporte pas quand tu fais ça !
-Okay, okay ! Calme toi, s'il te plaît, ce n'est pas comme si j'avais envie que tout le monde soit au courant de mes foutus problèmes !
-Alors, tu as des problèmes ?
Il souffle et met ses mains dans ses poches, en baissant la tête, comme un gamin. Attendez, il a presque deux ans de plus que moi, et il boude ! Je dois rêver, ce n'est pas possible. Je vais m'accrocher à son bras pour tenter de le faire sourire et je vois qu'il se retient.
-Arrête de me fixer comme ça.
-Et toi, arrête de tout vouloir me cacher. Ce n'est pas en m'éloignant de toi que je vais avoir moins de problèmes. S'il te plaît.
-Attends, attends. C'est toi qui me dis ça ? Alors que tu étais la première à ne pas vouloir t'attacher pour ne pas retomber encore plus bas, comme à cause de l'autre abruti ? Sérieusement ? Laisse-moi rire, Juliette, c'est exactement comme ça que tu procèdes. Tu te caches pour ne pas te dévoiler et avoir mal, bon sang, tu es pareille que moi, comment va-t-on faire, mon cœur ?
Sa main vient effleurer ma joue et je cède à son premier caprice. Je colle mon front à son épaule, en respirant doucement son odeur enivrante. Je sens sa respiration saccadée s'apaiser, et ça me fait du bien de le faire se sentir bien.
-Je suppose qu'on se débrouillera. Allez, Parker, raconte-moi.
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