Chapitre 35
Aaron m'avait ensuite emmenée faire un tour dans le centre, pour qu'on se promène et j'avais laissé mes questions sans réponses sur le côté. Il savait qu'il allait devoir me répondre, mais je m'obligeais à lui laisser un peu de temps. En arrivant devant un estaminet, mes mains étaient absolument gelées et il me fallait quelque chose de chaud. Je m'étais tournée vers lui, sans vraiment réfléchir à ce que j'allais lui dire.
-Paie-moi un chocolat chaud.
-Pardon ?
-Paie-moi un chocolat chaud, s'il te plaît.
Il avait l'air contrarié comme si le fait de lui demander quelque chose était inconcevable. Mais j'avais soutenu son regard sans ciller, j'avais bien mérité ça après la scène qu'il m'avait faite chez lui.
-Je n'ai pas d'argent et je sais que tu en a. Alors non.
-S'il te plaît !
-J'ai dit non, Beers.
J'avais lourdement soupiré en croisant les bras sur ma poitrine pour me donner une contenance, et il avait vainement essayé de dissimuler son stupide sourire sur son visage.
-Tu auras beau me regarder comme ça, tu n'auras rien.
J'avais fait la moue et avais soufflé sur mes mains pour essayer de me réchauffer en le fusillant du regard. On avait un peu continué à marcher, mais il avait vu que je lui faisais la tête. Il avait soupiré, m'avait clamé de l'attendre ici et était parti un peu en arrière. Il était revenu avec un grand gobelet à la main, rempli de chocolat chaud.
J'avais essayé de ne pas sourire en voyant son air renfrogné mais je n'avais pas pu m'en empêcher. Avant de me donner le gobelet, il avait attrapé une de mes mains et sa chaleur corporelle m'avait surprise. Il avait froncé les sourcils.
-Tu veux rentrer ?
Il se forçait à me proposer ça, je le voyais alors j'avais secoué la tête, parce que malgré le froid, ce moment était plus qu'agréable. Il m'avait tendu le verre que j'avais accepté d'un timide « merci ». Ses yeux se sont levés au ciel, l'air de me dire de me taire et j'avais pouffé.
J'avais vite bu la totalité du gobelet et je lui déballais des choses anodines pendant qu'il me regardait d'un drôle d'œil. A la fin, j'avais fini par lui demander si je n'avais pas quelque chose sur le visage et il m'avait souri avant d'essuyer les traces de chocolat autour de ma bouche.
J'avais repoussé sa main en riant, en clamant que je n'étais pas un bébé. En haussant les épaules, il avait feint l'innocence avant de me pincer les hanches pour me faire rire. J'étais partie en courant, consciente qu'il me rattraperait bien vite, que c'était juste un jeu qui ne pouvait que nous faire du bien.
-Je vais t'attraper Beers !
Je m'étais cachée dans une ruelle, en attendant qu'il arrive mais il m'avait surprise par derrière, et avait pris un faux air menaçant. Il avait commencé à pleuvoir, je m'étais abrité sous lui pour me protéger et on avait éclaté de rire.
C'était tellement bien.
On était ensuite retournés à son appart', en riant comme des fous. Les passants se retournaient sous leur parapluie et nous regardaient comme si nous étions devenus dingues. Et c'était le cas. On était tarés. Il était taré et j'étais tarée de traîner avec lui. Mais je m'en fichais. Ça importait peu, à l'époque. Encore aujourd'hui, d'ailleurs.
Arrivée dans le hall, j'avais essoré comme j'avais pu mes cheveux gorgés d'eau et il m'avait regardée d'un œil rieur. Je n'avais pas l'habitude de le voir comme ça et je m'étais retenue de ne pas le prendre en photo pour prouver à Camille qu'il n'était pas si étrange que ça ; qu'il était un peu comme tout le monde même s'il essayait de prouver le contraire et qu'il savait rire, faire des blagues et même accueillir des personnes chez lui.
-Tu veux que je t'accompagne à la salle de bain ?
-Très drôle.
J'avais bien compris l'allusion où la dernière fois, je l'avais littéralement maté torse nu dans ma salle de bain. Je me doutais qu'il ne comptait pas faire la même chose mais là, j'étais littéralement trempée et j'aurais tout donné pour des vêtements chauds.
-Ne bouge pas.
Je ne l'avais pas écouté et l'avais suivi parce que je tenais à voir sa chambre, et le voir râler était devenue une de mes passions favorites. Il s'était retourné et m'avait lancé un coup d'œil menaçant.
-Tu me saoules Beers, vraiment.
-Ouais je sais, tu te répètes.
Je l'avais bousculé et j'étais entrée dans sa chambre. Il avait essayé de me tirer en arrière mais je l'avais esquivé d'un bond en avant. Sa chambre était absolument superbe et j'étais d'autant plus surprise qu'il vivait tout seul.
Je m'étais avancée vers une porte, parce que j'étais certaine qu'elle aboutissait à un dressing et vraiment, je tenais à voir ça. Je le devinais se tenant la tête entre les mains, en se demandant d'où je tenais un tel caractère. Mais c'était lui qui le faisait ressortir.
J'avais effleuré ses vêtements du bout des doigts, vraiment impressionnée, bien qu'inquiète, car ce n'était pas possible de pouvoir s'offrir tout ça, seul. Il m'avait suivie et avait pris un sweat d'un de ces placards avant de me le tendre.
J'avais froncé les sourcils en le regardant, message qu'il avait semblé comprendre puisqu'il m'avait aussi tendu un de ses t-shirts.
C'était l'horreur, j'avais l'air ridicule et même si je m'étais bien réchauffée, je flottais dans ces vêtements trop grands pour moi.
-Eh, je t'interdis de faire la grimace alors que tu portes mes vêtements, Beers !
J'avais souri, avant d'écarter les bras et de faire un tour sur moi-même pour montrer l'ampleur de ma bêtise. Il avait secoué la tête, comme exaspéré.
-Tu es une gamine.
-Mais c'est ce qui te plaît chez moi, je sais.
Je lui avais tiré la langue et il avait levé les yeux au ciel avant de s'affaler dans son grand canapé en cuir noir. C'était avec hésitation que je l'avais suivie. J'avais replié mes jambes sous moi, pendant qu'il me couvait de son regard intimidant.
-Non, je voulais dire que tu es bien trop innocente. Ça va me bouffer de devoir tout le temps m'inquiéter pour toi. C'est ça le problème.
Il était sincère, j'en étais absolument certaine. Rien n'indiquait qu'il allait m'abandonner comme il l'a fait ensuite.
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