Chapitre 31
Un jour, Camille s'en était mêlée. Ça n'avait pas plu à Aaron, à moi non plus d'ailleurs. Mais comment aurais-je pu continuer à écouter les conseils de ma meilleure amie alors qu'elle détestait Aaron, sans le connaître ?
Ce qui m'avait fait rire, c'était que Monsieur Aaron, comme je m'amusais souvent à l'appeler, était attaché à moi ; et j'allais remarquer qu'il devenait surprotecteur quand on s'approchait trop à ce qui lui tenait à cœur. Suite aux coups qu'il avait reçus, je m'étais attendue à ce qu'il se prenne quelques jours de repos, comme d'habitude, mais non. Quand j'étais arrivée à mon casier, il m'attendait, nonchalamment adossé sur celui-ci. Il m'avait souri, et j'avais dû faire une drôle de tête, parce que je l'avais vu réprimer un rire moqueur.
-Depuis quand tu m'attends, Aaron ?
-Depuis que j'en ai envie. Bonjour.
J'avais haussé un sourcil, ne comprenant pas ce qu'il voulait. C'était incroyable à quel point il pouvait être lunatique.
-Quoi, tu veux un bisou ?
Il n'avait pas eu le temps de me répondre : Camille était arrivée, et le fusillait du regard. Elle s'était postée bien en face de lui, chose à laquelle je ne me serais jamais attendue de sa part.
-Écoute-moi bien, toi. Laisse ma meilleure amie tranquille !
Aaron avait serré les poings, et m'avait jeté un coup d'œil.
- Dis-moi, Beers. Qu'as-tu dit de si horrible à mon sujet, pour que même ta meilleure amie se méfie de moi ?
J'avais levé les yeux au ciel. Tout le monde se méfiait de lui.
-Elle s'appelle Juliette, pauvre abruti.
Le regard d'Aaron était devenu noir, je savais qu'il ne supportait pas qu'on l'insulte, j'en avais même fait les frais. Alors je m'étais interposée, en posant la main sur le torse d'Aaron pour qu'il recule, et qu'il se concentre sur moi. J'avais ignoré Camille qui tentait de me tirer en arrière pour m'éloigner de lui et qui n'arrêtait pas de me parler pour attirer mon attention.
-Arrête Aaron. Tu ne vas pas faire ça, okay ? On se voit en classe.
-Ouais.
Son ton était sec, même si son regard s'était adouci et il m'avait enlacée, vraiment rapidement. Je devinais que c'était uniquement pour montrer à Camille que j'étais également son amie à lui. Elle s'était ensuite tournée vers moi, d'un air sévère.
-Sérieusement, Juliette ? Tu ne peux pas choisir pire ami.
-Arrête Cam', s'il te plaît. Tu ne le connais pas.
-Ouais, et au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, personne ne le connaît. On ne sait même pas son prénom, enfin ! Et tu as vu les marques sur son visage ? C'est certain qu'il se bat, et je doute que ça soit dans une position d'infériorité.
-Arrête, maintenant. Il s'appelle Aaron, si tu veux tout savoir, et il n'est pas si horrible que ça.
-Mais qu'est-ce qui t'arrive enfin ? Je croyais que tu étais d'accord avec moi ? En plus, tu ne lui as pas beaucoup parlé.
-C'est vrai. Mais je l'aime bien.
Son regard avait changé, j'y avais vu briller une lueur de pitié, et ça m'avait mise légèrement en colère. Je comprenais qu'elle s'inquiétait pour moi, mais c'était trop. Et je savais gérer. Elle avait posé sa main sur mon épaule, en tentant de m'apaiser.
-Je suis désolée, mais je ne pense pas que ça soit réciproque. Il m'a l'air d'avoir tous les défauts du monde.
Et c'était peut être vrai, oui. Mais je m'en fichais. Il y avait des choses que j'étais la seule à savoir et j'en étais vraiment fière. Alors qu'il restait un peu mystérieux aux yeux des autres ne me dérangeait pas.
-Camille, je vais juste te demander de ne pas t'en mêler. Ca ne te regarde pas. Je t'assure que je sais ce que je fais, et s'il devient vraiment méchant, je le laisserais tomber, promis.
Elle avait compris et s'était excusée d'avoir réagi excessivement, prétextant s'inquiéter véritablement pour moi. Et je l'avais enlacée, comme Aaron quelques minutes auparavant avec moi. Il fallait juste que je trouve un certain équilibre entre l'amie qui me connaissait le mieux et celui qui allait devenir le frère que je n'avais pas.
-Alors, ta pote t'as pardonnée de traîner avec un être infâme ?
Numéro d'Aaron qui essayait de se dévaloriser pour obtenir mon attention en classe.
-Arrête Aaron. Ne joue pas à ce jeu avec moi. Elle s'inquiète pour moi. Et vu tout ce que tu m'as raconté, il y a de quoi.
-T'aimes pas les mecs mystérieux toi ?
Il s'était un peu penché vers moi avec un faux air dramatique, et avait mis son bras devant son visage, comme un masque, ce qui m'avait fait éclater de rire.
-Tu viens chez moi, après les cours, princesse ?
Et j'avais dû refuser, parce que je savais d'avance que mes parents n'auraient pas voulu si je le leur avais demandé. Il n'avait pas insisté, et j'avais vraiment cru que c'en était fini de notre début d'amitié. Mais j'avais reçu le soutien de ma mère, à qui ça ne dérangeait pas que j'aille chez un garçon, même plus âgé que moi. Et quand Aaron m'avait refait une proposition peu de temps après, j'avais pu accepter.
Le soir même, je l'accompagnais, à pied, puisqu'il habitait non loin du collège. Je ne savais pas quoi dire, j'étais gênée, et je ne comprenais pas ce qu'il lui prenait. Je ne comprenais pas pourquoi il voulait me voir. Puis j'avais vu sa main s'agiter devant mes yeux, depuis certainement quelques secondes. J'avais secoué la tête, pour tenter de m'éclaircir les idées.
-Beers, ça va ? T'as pas l'air bien.
Le pire, c'est qu'il avait l'air vraiment inquiet, et ça me faisait bizarre. Il s'était arrêté, m'attrapant le bras pour me faire face.
-Ne me dis pas que t'as peur de moi, maintenant ?
Il m'avait aboyé dessus, et j'avais eu un mouvement de recul, ce qui l'avait mis en colère, je l'avais vu. Il avait soufflé, avait semblé compter jusqu'à dix, avant de me jeter un regard interrogateur.
-Qu'est-ce qu'il y a, Beers ?
-Je ne sais pas. Je me demande juste pourquoi tu tiens tant à m'avoir comme fréquentation, Aaron. Tu ne veux voir personne. N'essaie même pas de nier, je le sais. Tu ne supportes pas qu'on te touche, qu'on te parle, qu'on te réponde. Or, j'ai apparemment osé faire tout ça. Alors quoi, tu as prévu de me tuer chez toi ?
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