Chapitre 26

L'heure avance rapidement, trop rapidement et je somnole dans les bras de Parker. Je l'écoute quand même me raconter ses souvenirs les plus heureux avec sa mère et arrive même à rire au bon moment. Je me rends compte que ça n'a pas du être facile pour lui. Je suis fille unique mais j'ai toujours été bien entourée que ce soit par ma famille ou mes amis. Camille en est la preuve.

Je finis sûrement par m'assoupir puis je sens la main de Parker me secouer pour me dire de me lever, parce qu'il doit me raccompagner. Un peu perdue, je me frotte les yeux comme une enfant et il me regarde d'un air tendre. Il me pince doucement la joue.

-Tu es adorable, tu le sais ?

Je lui souris en essayant de replacer ma chevelure en bataille, pour pouvoir bien caler le casque. C'est d'une allure tranquille que Parker me ramène et j'en profite pour dormir par intermittence en entourant sa taille de mes bras. C'était une soirée absolument parfaite.

Nous avons beau être deux dérangés, deux âmes désespérées par la vie, nous nous sommes trouvées et peut être vais-je enfin sortir la tête de l'eau. J'espère, bon dieu, j'espère que ce n'est pas encore un mauvais tour et que plus rien ne va me retomber dessus.

Parker me raccompagne juste devant ma fenêtre et je ris en pensant à nos sorties qui sont loin d'être banales. Il se passe la main sur la nuque d'un air gêné, comme s'il hésitait à me demander quelque chose.

-Qu'est-ce qu'il y a ?

Il me regarde d'un air surpris, et je croise les bras attendant qu'il me dise ce qu'il pense. Il ne croyait quand même pas pouvoir être le seul à lire dans mon esprit ?

-Ce n'est rien. Je ne veux juste pas que tu me fasses le même coup que la dernière fois, mon cœur.

Je ne vois pas où il veut en venir jusqu'à ce que je me rappelle que la dernière fois qu'il m'avait emmené faire une promenade je l'avais clairement envoyé baladé le lendemain. Et j'avais fait une énorme connerie après.

- Fais-moi un peu confiance. Je vais bien, Parker, je t'assure. Arrête d'être aussi protecteur.

-Jamais.

Il m'offre une de ces étreintes apaisantes, et brûlantes et tellement protectrices. Il embrasse ma joue, se recule, avant que je ne me décide à l'embrasser moi-même. Je ne veux pas retourner au lycée, je ne veux pas le laisser partir parce que j'ai peur qu'il ne change d'avis, et que ce soit lui qui me laisse tomber. Son front se colle au mien, il effleure doucement ma joue puis il s'évanouit dans le silence de la nuit.

Ce n'est qu'en entendant le vrombissement de son moteur que je me décide à rentrer dans ma chambre. Je m'affale sur mon lit toute habillée en attendant que le sommeil vienne m'emporter.

Le réveil m'est difficile et j'ai bien envie de m'enfoncer sous les draps pour toujours. Mais je suis avec Parker. Je me lève d'un bond en repensant à la soirée d'hier et effleure mes lèvres en pensant au goût qu'avaient les siennes. Si Camille savait ça...

Camille ! J'ai complètement oublié de la prévenir, elle deviendrait folle si elle apprenait que je lui cachais ça. Il faut absolument que je lui en parle. J'arrive normalement en même temps qu'elle au lycée et j'ai hâte de tout lui raconter.

C'est avec un peu d'appréhension que je me rends au lycée, après tout, je ne sais pas comment va réagir Parker et j'avoue que je stresse vraiment.

-Camille !

Je l'ai repéré de loin et elle se retourne en souriant, venant rapidement vers moi. Elle touche le haut de ma tête d'un air étonné avant de me faire la bise.

-C'est quoi ce bonnet ?

Ah oui, c'est vrai que j'ai retrouvé le bonnet de Parker et que j'ai voulu le mettre aujourd'hui. Il est tout simple, il me va et je trouve qu'il fait froid. C'était sans compter sur le sens de l'observation de ma meilleure amie, elle me connaît trop bien.

-C'est à Parker.

Je me mords la lèvre pendant qu'elle cherche sûrement la meilleure réplique pour m'énerver.

-Je vois que ça va mieux entre vous.

-Tellement.

Elle fronce les sourcils en voyant mon air rêveur et serein et plisse les yeux. Elle me pointe du doigt d'un air menaçant.

-Toi tu me caches quelque chose ! Parle !

J'éclate de rire en baissant un peu la tête, pour faire durer le suspens.

-Je l'ai embrassé, tu sais.

Ses yeux ont l'air si surpris qu'un nouvel éclat de rire s'échappe de ma bouche, avant qu'elle ne me saute dans les bras avec un cri joyeux. Elle rit avec moi.

-Donc, vous êtes ensembles ?

Je m'empresse de hocher la tête, les yeux brillants malgré mon léger stress. Je lui raconte les détails de la nuit dernière et elle a l'air vraiment contente pour moi. On se dirige vers la permanence pour attendre le début des cours bien au chaud, et je repère Louis assis sur une table. Je suis contente de le revoir, sa soirée était bien, si on oublie ce qui est advenu ensuite.

-Et, Louis !

Je lui fais un signe de la main, pendant qu'il lève la tête, en souriant, dévoilant ainsi deux adorables fossettes. D'un commun accord, on s'installe à sa table, et il s'affale un peu plus sur sa chaise, dos au mur. Il affiche un air nonchalant, qui me fait sourire.

-Alors, quoi de neuf dans vos vies ? Des préoccupations particulières ?

Camille se lance dans son discours argumenté sur la danse classique et je vois que Louis perd vite pied, son visage se décomposant. Je lui fais un clin d'œil avec une petite moue juste pour le divertir. Puis, je coupe Camille dans son élan, ce qui a le don de l'énerver, je le sais bien. Mais c'est juste ma petite vengeance personnelle.

-Pour moi, je pourrai te la décrire en quelques mots. Grand, brun, adorable mais insupportable.

Louis rit sous cape, et je penche la tête, ne comprenant pas sa réaction jusqu'à ce que deux mains se posent sur mes épaules et qu'un doux parfum me parvienne. Merde, Parker. Je me retourne et me retrouve devant deux yeux étonnés, qui trahissent néanmoins sa jalousie évidente.

J'essaie de me mordre la lèvre pour m'empêcher de rire mais Louis ne se gène pas pour le faire, et je ris à mon tour, m'arrêtant quand même pour poser mes lèvres contres celle de mon amoureux. J'entends un sifflement, et j'ai une soudaine envie de frapper cet insolent.

Je fusille d'ailleurs Louis du regard, et il baisse les yeux, comme apeuré.

-C'est moi, « l'insupportable » ?

Louis se remet à rire, et je finis par lui balancer un crayon dans la figure, ce qui le fait sursauter, n'ayant pas été capable de l'éviter. Parker a l'air satisfait et il effleure son bonnet du bout des doigts.

-J'aime beaucoup te voir avec mes vêtements.

Il a chuchoté cette phrase, de façon à ce que je sois seule à l'entendre. Je souris nettement, pendant qu'il cale une chaise contre la mienne, pour pouvoir s'asseoir. Il me tire vers lui, afin de me faire un câlin et son geste est un peu trop mignon. Sans le regarder, je sais qu'il est en train de fusiller Louis du regard et ça me désespère.

Ce dernier n'a d'ailleurs pas l'air impressionné et se contente de me sourire sereinement. Je suis contente de le connaître, il m'a l'air d'être un mec sympa, qui ne se complique pas la vie et il a la capacité de pouvoir détendre les atmosphères les plus tendues. Mais bon sang, Parker devrait savoir que c'est avec lui que je veux être.

Je me retourne vers lui et prononce avec distinction les mots « arrête ça », de manière à ce qu'il comprenne que ce n'est pas le moment de montrer cette image. Pas devant ma meilleure amie, j'ai envie qu'il monte dans son estime, et ce n'est pas en se comportant ainsi qu'il va y arriver. Clairement.

-Je peux te parler, mon cœur ?

-Bien sûr.

Louis me lance un « bonne chance », et c'est sans hésiter que je bondis sur lui, en lui ébouriffant les cheveux. Je sais par principe, que tous les garçons détestent qu'on leur fasse ça. Face à son air dépité et à ses protestations, je lui tire la langue et m'en vais rejoindre le garçon qui hante mes rêves depuis des semaines.

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