Chapitre 22

Je n'ai plus envie de bouger, dans les bras de Parker. Heureusement qu'il était là, encore une fois. Je ne veux pas me retrouver seule, j'ai bien trop peur de ce que je pourrais faire.

-Je n'irai jamais mieux. Jamais, jamais, jamais, jamais, jamais, jamais.

Je me prends la tête entre les mains en continuant à murmurer la même chose. L'air peiné de Parker ne m'échappe pas et il n'a pas l'air de savoir quoi faire. A force, il pose sa main sur ma bouche pour m'empêcher de prononcer le moindre mot et ça me met plus en colère qu'autre chose.

-Arrête, je te jure ; arrête parce que ça me fait aussi mal que toi.

-Pardon ?

Mon ton sarcastique le fait légèrement sursauter et je me redresse en le fusillant du regard. Puis, il comprend qu'il a sûrement dit une bêtise.

-Tu penses savoir ce que ça fait d'être moi ? Est-ce que tu te détestes, Parker ? Est-ce que tu refuses de te regarder tous les matins dans un miroir parce que tu ne supportes plus ce que tu es ? Est-ce que chaque jour qui passe est une véritable torture ? Penses-tu vraiment savoir à quel point je me sens mal ? Comment pourrais-tu le prétendre ?

Mon monologue le laisse sans voix, il doit hésiter à parler après ce que j'ai dit. Et je ne le regrette pas du tout, il ne peut pas prétendre savoir ce que je ressens et je ne lui souhaite absolument pas. Je ne le souhaiterai à personne, pas même au pire de mes ennemis.

Parce que même si je m'en sors un jour, quoiqu'il arrive, je ne serai plus jamais la même.

-Tu sais que je ne voudrais pas que ça arrive à quiconque et encore moins à toi ; mais Parker, tu ne sais même pas comment je me sens vraiment au fond de moi. Et personne ne veut le savoir en me voyant ! Tout le monde me trouverait égoïste, me jugerait comme une gamine complètement inconsciente de sa chance et de son bonheur. Personne ne peut penser qu'à mon âge, on puisse être une stupide dépressive. Et je ne mérite aucune compréhension parce que j'ai tout pour être heureuse mais ça ne me satisfera jamais. Tu entends ça ? Jamais !

Il tente de m'attendrir en me prenant la main mais je m'écarte. Je sais qu'il va vraiment finir par s'enfuir si je continue mes petites crises et je ne le souhaite plus. Mais je n'arriverai jamais à arrêter.

-Écoute Parker, je sais que tu es là pour moi, okay ? Mais j'ai besoin d'être seule.

-Je vais finir par camper chez toi, Juliette Beers, je t'assure.

On se fusille du regard pendant quelques secondes avant que je ne baisse les yeux en soufflant. Bien sûr que je peux sembler exaspérante à m'emporter contre lui pour des choses complètement stupides, mais j'ai de moins en moins de mal à me mettre en colère, à savoir réagir aux paroles des autres, et j'aime beaucoup ça.

Et Parker le sait bien.

-Je vais y aller, mon cœur.

Il ne me dit pas au revoir et sa présence me manque déjà. Je peux être tellement stupide parfois. Pendant qu'il marche, je lui crie des excuses.

-Parkeeeeeeeeer !

Mes voisins me regardent d'un drôle d'œil mais je m'en fiche royalement. Parker se retourne doucement, se passant la main sur la nuque, avec un sourire amusé. Il se poste face à moi, les bras croisés, les sourcils froncés comme s'il allait me gronder.

Je ris doucement en pensant à la dispute que nous venons d'avoir. Un vrai petit couple. Je m'approche en traînant les pieds, exagérant la scène et je vois qu'il se retient difficilement de rire. Il réduit la distance entre nous, prenant ma main pour l'embrasser chastement, comme si j'étais une princesse.

Amusée, je tente de faire une révérence mais je me penche trop rapidement et tombe, entrainant Parker dans ma chute. Son poids m'écrase mais je n'arrive plus à m'arrêter de rire. Il se relève doucement, moi avec et on finit par s'excuser en même temps.

Mon sourire s'agrandit quand le pouce de Parker effleure ma joue, et mes yeux se ferment. Je pense que je suis en train de tomber amoureuse de ce garçon parfait.

Et ça me fait peur.

Il est beaucoup trop bien pour moi, et si notre relation évolue, j'aurais trop peur qu'il se lasse de moi, et m'abandonne comme les autres. Peut être qu'il me l'a promis, peut être. Mais Aaron l'avait fait également, et quand je vois où j'en suis aujourd'hui, je ne peux m'empêcher de me méfier.

-Tu ne m'écoutes pas, encore une fois.

Son soupir exaspéré me fait revenir à la réalité et il me dévisage, patient.

-Mademoiselle Beers est-elle revenue parmi nous ?

Son ton ironique me fait sourire et je hoche la tête, comme une petite fille.

-Tu viens faire du scooter avec moi ce soir ? Pour que je te montre ce qu'est la vraie vitesse ? Par contre, je viendrai assez tard, tu pourras dormir avant. Tu viendrais, mon cœur ?

Le « oui » me brûle les lèvres mais je me dois de le faire languir un peu. Il lève les yeux au ciel.

-Laisse tomber, mon cœur. Je sais très bien que tu veux venir et je te pose la question mais de toute façon je viendrai, que j'aie ton approbation ou non. Je voudrais juste ton consentement, pour me comporter comme un gentleman, pour une fois.

Je ricane doucement en voyant son air si sérieux et je sais qu'il n'abandonnera pas son idée alors j'acquiesce, pour lui faire plaisir.

-Je pense que je vais vraiment y aller.

-Merci.

-De ?

-D'avoir été là, comme toujours.

Il remet en place mes cheveux, comme d'habitude, pendant qu'une lueur d'émotion brille dans son regard.

-Tu ne te souviens pas ? Toujours.

Je hoche la tête en me rappelant ces paroles qu'il avait prononcées pour que je puisse m'endormir sereinement. Son doux regard me fait frissonner et je sens qu'il le remarque.

-Tu devrais arrêter de te poser autant de questions, mon cœur. Tu devrais profiter de la vie.

-Je ne peux pas.

Je secoue tristement la tête, en reculant d'un pas. La main de Parker retombe dans le vide et il se passe la main dans les cheveux.

-À chaque fois qu'un rayon de soleil apparaît dans une vie, tout est mit en œuvre pour qu'il soit aussitôt détruit. J'essaie de te protéger, de me protéger parce que le monde est cruel. C'est ainsi fait.

-Mais non, Juliette. Il faut se battre pour ce qui nous rend heureux.

Il reprend ma main pour la poser contre son cœur et je sens ses battements rapides contre ma peau.

-En l'occurrence, tu me rends heureux, mon cœur. La vie t'a prouvé qu'elle pouvait être vraiment affreuse mais tout n'est pas comme ça. Il faut juste trouver le bon équilibre.

Je ravale un sanglot tellement ses paroles sont vraies. Et à quel point elles me touchent.

-Ne pleure pas, mon cœur. Et arrête de te poser des questions, je te dis.

Pendant qu'il me serre dans ses bras pour me dire en revoir, en témoignant toute l'affection qu'il me porte, je ne peux m'empêcher de murmurer une petite phrase qui fait battre son cœur un peu plus vite, je le sens. Je la chantonne doucement en anglais, consciente que ça le marquera.

-You're my little sunshine.

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