Chapitre 21
-Je peux le voir ?
-Qui ça ?
-Aaron, mon cœur. Montre-moi une photo de lui, je suis sûre que tu en as plein sur ton téléphone.
-Parker...
-S'il te plaît.
Je cède en lui tendant mon téléphone pour qu'il cherche par lui-même. Il trouve rapidement ma galerie, y trouve notre photo dans mes favoris et sourit. Il ironise.
-Je suis sûre que tu contemples mon magnifique visage tous les soirs, j'ai raison ou pas ?
En faisant une grimace, je le fais rire et il continue à faire défiler mes photos. Il en trouve rapidement une d'Aaron et moi. J'ai l'honneur de le voir tous les soirs dans mes rêves mais ça ne m'empêche pas d'être émue en le voyant. Il faisait une moue adorable et avait collé son visage contre le mien, ce qui m'avait fait éclater de rire : on le voit nettement sur la photo. Je souffle un coup, pour essayer de me détendre, d'arrêter les battements trop rapides de mon cœur angoissé.
Cela faisait longtemps que je n'avais pas fait un tour dans ma galerie et ça me fait encore trop mal. Je détourne les yeux, mais je vois que Parker reste fixé sur la photo. Je me demande ce qui lui arrive, si c'est l'image qui le dérange ou pas. Je lui pose la question et il met du temps à me répondre.
- Il t'aime, ça se voit...
Son ton est bizarre mais je comprends vite qu'il est jaloux. Je lève les yeux au ciel, attrapant son bras pour attirer son attention.
-Il m'aimait, ouais.
Il paraît comprendre que ce n'est pas le moment d'être être si possessif et se reprend aussitôt.
-Désolé, mon cœur. Je peux être vraiment con, parfois.
-Parfois ?
C'est à lui de me donner un léger coup sur l'épaule, comme pour se montrer vexé. Je ris à son air renfrogné et j'oublie vite cette histoire de photos. D'ailleurs, je me dépêche de ranger mon téléphone dans mon sac pour ne plus y penser.
-Tu es sûre que ça ira ?
J'allais répondre positivement mais lui mentir me coûte vraiment maintenant alors je finis par secouer encore et encore la tête.
-Non, comment ça pourrait aller ?
Et je m'en vais avant qu'il ait pu me répondre parce que je n'ai pas envie d'en parler, ni d'y penser. Pas maintenant. Je rejoins Camille pour entrer en cours en évitant de penser que tout était mieux avant. Mon téléphone vibre et je regarde Parker, certaine que c'est de sa part.
« Courage, s'il te plaît mon cœur, courage. »
Si tu savais comme c'est facile à dire Parker. Mais je croise son regard une dernière fois avant de suivre la classe pour y puiser tout le courage dont j'ai besoin. Mais au fond de moi, je sais malgré tout que ça n'ira pas.
Et la fin de la journée arrive rapidement, trop rapidement. Camille m'annonce qu'elle nous rejoindra plus tard, sa mère devant venir la chercher après. Et moi je me demande si tout se passera bien avec les filles, si notre relation ne se sera pas trop détériorée par la distance. J'arrive vite devant l'établissement, je détache ma ceinture pour pouvoir descendre. Ma mère m'annonce qu'elle viendra me chercher quand je lui enverrai un message.
Les souvenirs me submergent quand j'entre à l'intérieur de mon ancien collège et ça me fait chaud au cœur. J'entre dans la salle de sport, bondée, apparemment prête à recevoir énormément de personnes. Je tente d'apercevoir Emmy et Romane dans la foule mais je n'y arrive pas et hésite à leur envoyer un message. Puis, quelqu'un me saute dessus pour me faire un câlin, je perds l'équilibre et tombe par terre en éclatant de rire. Romane. Elle relève la tête avec un sourire éclatant et je peux voir que ses boucles ont poussé. Je l'étreins à mon tour, apaisée par sa présence après qu'elle m'ait tant manqué.
-Je me sens tellement délaissée les filles, c'est vraiment abusé...
Je tourne la tête vers Emmy, qui a les points sur les hanches et est légèrement plus maquillée que d'habitude. Je me détache de Romane et cours vers Emmy qui rit devant tant de démonstration de ma part. C'est vrai que je ne suis pas réputée pour être très affective. Mon étreinte devient vite un câlin groupé, Romane y ayant prit part.
-Si vous saviez comme vous m'avez manquée les filles...
On s'éloigne les unes des autres en riant. Je suis sûre que mes yeux étincellent pour une fois et ça me rassure de ne pas devoir faire semblant, d'être sur la défensive. Je sais qu'avec elles, je peux être moi-même. Je ne peux m'empêcher de fureter la grande salle du regard, essayant de reconnaître un visage que je chéris tant. Et, pourtant, je sais qu'il ne peut pas être là, ce serait vraiment trop beau pour être vrai. Mais je serais absolument capable de tout lui pardonner.
Parce que sans lui, mon bonheur ne sera plus jamais complet. J'essaie de repousser ces tristes pensées, consciente qu'elles reviendront me perturber plus tard. Ma classe est appelée en dernier et Camille arrive juste à temps pour la remise de son diplôme. Je discute un peu avec mon prof principal, qui a l'air vraiment fier de sa classe, conscient de nous avoir menés jusque là.
Puis c'est au tour de ma mère d'arriver, munie de son appareil photo. On se prête vite au jeu, posant les unes appuyées aux autres. Enfin, une dernière, où Romane essaie de me bousculer, ce qui entraîne Emmy et Camille dans notre chute. Ma mère rit en prenant la photo et tous les professeurs présents nous regardent comme si nous étions devenues folles. Tout est comme avant et ça me permet de me sentir un peu mieux.
Nous déambulons ensuite dans les couloirs, revisitant nos classes dans le noir. C'est notre collège, nos souvenirs, pour toujours. Oui, c'est vrai qu'aujourd'hui, j'ai vraiment ce sentiment d'appartenance à ce bâtiment. Ce soir, c'est notre collège.
Nos discussions dérivent vite vers le lycée, les cours, les profs, et les nouveaux élèves. Romane me pose une question qui se veut désinvolte.
-Tout va bien pour toi, Ju' ? Tu t'habitues bien ?
Cette question mériterait une réponse franche, sans réflexion parce que le lycée est censé constituer la meilleure période de notre vie même si pour moi, c'est franchement le contraire. Mais malgré ma grande tentation de lui répondre positivement, je joue la carte de l'honnêteté.
-Pas vraiment, non.
Un blanc s'installe et je m'en veux d'avoir décidé d'être franche. J'ajoute en riant à moitié qu'elles me manquent trop pour que tout soit parfait, et elles rient à leur tour, rassurées.
Mais une aussi bonne soirée ne peut pas être éternelle et c'est déjà l'heure de leur dire au revoir. Camille s'en va la première, les saluant joyeusement pendant que je résiste à la tentation de ne pas m'accrocher à Romane pour toujours. Ma lèvre se met à trembler mais je suis déterminée à ne pas pleurer. J'étreins Emmy longuement avant qu'elle ne s'en aille et ne reste plus que Romane. J'ai toujours été plus proche d'elle, c'est indéniable.
Un dernier de câlin de sa part m'apaise un peu et elle tente de me rassurer.
-Ça ira, Juliette, j'en suis sûre.
Ses mots font apparaître des larmes dans mes yeux et je ne réponds rien, la saluant juste. J'ai dit à ma mère de rentrer sans moi, préférant faire le chemin du retour à pied. Je ne jette aucun regard en arrière, ce qui n'est pas une mauvaise chose. Il ne faut pas que je craque. Je savais que ça serait difficile mais vraiment pas à ce point là.
Le soleil est en train de se coucher, le silence est présent et quand j'arrive devant la maison, une silhouette bien familière m'y attend déjà. Parker voit sûrement mon air triste, aussi ne s'approche-t-il pas mais se contente d'ouvrir les bras pour m'inviter à m'y réfugier.
C'est sans réfléchir que je me jette à son cou, les larmes ruisselant sur mes joues. Il me murmure des mots apaisants qui finissent par faire effet quelques minutes après. Encore une fois, je suis désolée de lui imposer ça, je suis désolée de lui faire subir une nouvelle crise de larmes mais je le remercie tellement d'être là.
Il est mon pilier, maintenant.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top