Chapitre 20

Le reste de la nuit m'a enfin permis de me reposer, ce qui n'était pas arrivé depuis des jours. Arrivée au seuil de ma porte, je vois qu'une rose a été déposée. Je souris sans pouvoir m'en empêcher, puis je porte la fleur à mon nez, respirant sa douce odeur. Un morceau de papier est enroulé autour, je le déplie rapidement pour pouvoir le déchiffrer. « Sois forte, mon cœur ».

Ne t'inquiète pas Parker, je suis déterminée à tenir ma promesse, aussi bien pour toi, que pour moi ou ma famille. Je n'imagine même pas leur réaction si mon acte avait abouti hier soir. En fait, si je me l'imagine très bien, j'ai été tellement égoïste...

Ils auraient été dévastés, je le sais très bien, et Camille m'en aurait tellement voulu. Il faut absolument que je lui en parle, d'ailleurs.

En attendant, je vais déjeuner avec mes parents, profitant de ce week-end pour me détendre enfin. Mon esprit est apaisé mais j'ai toujours cette douleur sourde dans la poitrine, qui me rappelle sans cesse qu'un jour, je vais rechuter, encore. Je me prends une tasse de chocolat chaud, brûlant, et me cale dans un fauteuil avec un bon livre. Il faut que je m'occupe. Mais ma mère m'interpelle.

Je corne ma page pour m'en souvenir plus tard et tourne la tête vers mon interlocutrice.

-Oui ?

-Demain, tu as ta remise de diplôme, au collège, tu te souviens ? Il me semble qu'elle se déroule le soir ; je te déposerai là-bas quand je serai rentrée du travail, d'accord ?

Je baisse la tête, la gorge serrée. Il fallait forcément ça, pour me déprimer encore une fois. J'aurais dû me rappeler cette cérémonie, mais le temps passe vite, je n'avais pas réalisé qu'on était déjà mi-octobre.

-Bien sûr que je me souviens. C'est d'accord, merci.

Je me replonge dans mon livre, enfin j'essaie. J'essaie d'oublier mes doutes quand au fait que ça pourrait me faire plus de mal qu'autre chose, même si, avant, j'aurais tout donné pour y retourner. Je sais que les filles seront là, mes deux plus proches amies, si on écarte Camille que je considère plus comme ma sœur.

Mais je vais y faire face, je n'ai pas envie de leur faire faux bond et je sais que ça sera l'occasion de pouvoir revoir mes anciens professeurs, dont mon professeur principal que j'adorais.

J'ai encore le temps, même si c'est demain. Je souffle bruyamment, évacuant mes mauvaises pensées. Je passe une bonne journée, malgré tout, en profitant du soleil pour essayer de bronzer un peu. Mais la réalité me rattrape vite quand nous devons rentrer pour que je retourne en cours.

Le lendemain arrive rapidement, même si j'ai encore passé une sale nuit. I faudrait que je trouve une solution à ça, parce que je pourrais finir par m'endormir en cours. Il faut absolument que je me confie à Camille, si Parker se décide à lui en parler, ça va vraiment me retomber dessus et elle m'en voudra.

-Camille !

Je l'interpelle puisqu'elle marche dos à moi. En souriant, elle vient me faire la bise et je l'emmène plus loin pour me confier à elle.

-Écoute Camille... J'ai fait une connerie.

Ses sourcils se froncent, pendant qu'elle tente de penser à ce que je pourrais faire de si terrible. Puis ses yeux s'écarquillent en comprenant sûrement. Je tente de m'expliquer.

-J'ai déraillé, je n'étais vraiment pas bien, et je n'ai pas pensé aux conséquences. Je voulais t'en parler, avant que tu ne l'apprennes par quelqu'un d'autre.

Je me mords la lèvre en prenant conscience de la bêtise que je viens de dire.

-Quelqu'un d'autre ?

Elle a l'air fâchée. Je souffle, m'empêchant de me claquer ma main sur le front.

-Oui, Parker. Il est venu, et il m'a empêché de me noyer. Je ne voulais pas qu'il vienne, en fait. Je l'appelais juste pour lui demander pardon. Je ne pensais pas qu'il viendrait.

Elle a des larmes plein les yeux, et je m'en veux de lui faire subir ça.

-Je suis désolée, vraiment.

-Je sais.

Mais son air peiné me prouve qu'elle est vraiment blessée. J'aurais peut être du me taire. Elle me demande si ça va mieux, et je hoche la tête, ayant peur de ce que je pourrais dire.

-N'en parlons plus alors.

Elle prend sur elle, je le vois mais ça me fait plaisir qu'elle l'accepte malgré tout.

-Tu es prête pour ce soir ?

-Oui, oui.

A vrai dire, j'essaie de ne pas y penser. Malgré mon envie irrépressible de revoir les filles, ce ne sera plus comme avant et ça va me faire mal, je le pressens. Elle finit par me laisser pour aller voir d'autres personnes et je me sens de trop, alors je vais faire un tour.

Deux mains se posent sur mes yeux et une douce odeur parvient jusqu'à moi. Parker.

-Ne me dis pas « devine qui c'est » d'une voix complètement nasillarde, parce que ça ne le fera pas. En tout cas plus maintenant.

Son rire grave apaise un peu mon stress et mon cœur.

-Je n'allais pas le dire, précisément pour ça.

Je me retourne pour passer mes bras autour de son cou, j'ai juste envie d'un câlin. Il entoure mon dos de ses grands bras protecteurs et je pose ma tête dans son cou. Il pose ses lèvres sur ma joue, et je lui offre un sourire sincère.

-J'ai bien fait de m'accrocher à toi. Putain, dire que si je ne l'avais pas fait, je ne serais pas là.

Je pousse un éclat de rire, me décrochant de lui. On se donne quand même en spectacle au milieu de la cour du lycée mais ça n'a pas l'air de le déranger. Il remet en place une mèche de mes cheveux, et je le laisse faire. Je sais qu'il aime bien.

Son pouce dérive sur ma joue qu'il effleure lentement, et je finis par me reculer, le visage en feu. Son sourire en coin ne m'échappe pas et ça m'agace. Je plisse les yeux.

-Arrête ça !

-Arrêter quoi ?

Il fait exprès de ne pas comprendre et je me retiens d'éclater de rire.

-Ton petit sourire craquant, là, arrête !

Il rit ouvertement. Il se fiche de moi, en fait. Je croise les bras, pendant qu'il m'affiche un regard malicieux. Comme outré, il porte la main sur sa poitrine.

-Je ne vois vraiment pas de quoi tu parles, mon cœur ! C'est vrai que j'ai un sourire craquant ? Mais si c'est le cas, je t'assure que c'est naturel.

Je lui donne un léger coup dans le ventre et il fait semblant de se plier en deux pour me faire croire qu'il a mal. J'en ai marre de ce gosse.

-Et arrête de te foutre de moi, s'il te plaît ! Parker !

Il arrête de rire, difficilement. Il m'assure ne pas se moquer de moi, et je secoue négativement la tête, pas convaincue.

-Bon sinon, quoi de prévu pour cette semaine ?

Je fais une grimace en repensant encore à cette stupide cérémonie. Il voit ma mine renfrognée et je vois qu'il s'inquiète déjà. Il me pose des questions, et quand je sors de ma torpeur, je lui demande ce qu'il vient de me dire.

-Je viens de te dire que j'allais me convertir pour devenir un aigle royal.

Je le regarde avec de grands yeux avant de me rendre compte qu'il plaisante.

-Et j'ai aussi prévu de faire du camping ce soir. Dans ta chambre, mon cœur.

Je hausse un sourcil, certaine qu'il n'a pas dit ça.

-Ça va, ne stresse pas, Parker. Je dois juste retourner à mon collège. Pour mon diplôme. Le brevet, enfin peu importe.

Une lueur de compréhension traverse son regard, et il me serre l'épaule pour me réconforter. Puis, d'un air grave, je le prends par le bras pour le faire marcher.

-C'est sérieux, cette histoire d'aigle royal ?

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