Chapitre 1


Je n'ai jamais aimé les histoires d'horreur. Tout simplement parce que dès que je me permets d'en écouter une ou bien encore de regarder un film d'horreur, je n'en dors pas pendant des mois après. J'ai peur du noir et j'ai tendance à croire en tout ce qui est surnaturel, malgré le fait qu'aucune preuve ne démontre l'existence de quoi que ce soit. L'ironie, dans tout ça, c'est que ma propre vie s'est transformée en cauchemar depuis peu.

Je suis en train de détruire ce qu'il reste de moi. Je suis en train de me détruire définitivement, il n'y aura pas de retour en arrière possible. Je pense qu'il faut que j'abandonne toute idée de futur pour moi. Tout simplement parce que je n'en veux pas. Je ne veux pas d'une vie sans lui.

Je sais que je ne suis qu'une pauvre égoïste, qui a besoin qu'on lui rappelle qu'elle a tout pour elle et que bien des personnes envieraient sa situation actuelle mais je n'y peux rien. Actuellement, je me contente de survivre et d'essayer d'oublier. J'aimerais qu'on retire toute la douleur présente dans mon cœur, même si cela doit effacer les plus beaux moments que j'ai vécus. Je veux que la douleur parte, j'ai tellement, tellement mal. Un de ces jours, j'aurai tellement tenté de disparaître, d'oublier tout y compris moi-même que je vais m'éteindre. Comme par magie, d'un seul coup. Plus de douleur, plus jamais. Je dis ça mais la minute d'après, quand j'y repense, je ne veux plus oublier. Parce que les souvenirs sont tout ce qu'il me reste dorénavant. Et oublier serait pire que tout.

Je n'ai pas à me plaindre, me diriez-vous. J'ai une vie, qu'on pourrait juger banale mais qui est très satisfaisante pour quelqu'un de mon âge. Ma famille m'aime et me respecte comme je suis. J'ai une bande d'amis que je n'échangerais pour rien au monde. Et la vérité, c'est que je n'avais jamais connu la perte de quelqu'un, le devoir de faire un deuil. Tout irait très bien si je n'avais pas ce défaut qui me rend assez particulière. Je n'arrive tout simplement pas à me détourner du passé. Ni à profiter du moment présent. Je me contente de ressasser sans cesse les instants vécus en emplissant mon cœur de nostalgie parce que j'aimerais revivre ce qui se trouve derrière moi, à présent.

J'ai toujours été comme ça, mais ça n'a jamais été si fort. Quand je suis entrée au collège, en sixième, je ne m'attendais pas du tout à passer les quatre plus belles années de ma vie. Et vers la fin, je me suis bien dis à quel point ça serait difficile de quitter mon collège, de tous les quitter, de le quitter. Il m'a brisé le cœur, il m'a anéantie alors qu'il savait à quel point il était important pour moi qu'il reste présent dans ma vie, même si nos chemins, scolaires dis-je, devaient se séparer un moment. Mais ce n'est pas le pire. Parce qu'évidemment, il pouvait me faire pire que ça. C'était trop facile de n'être qu'à une dizaine de kilomètres de moi chaque journée. Quand il m'a annoncé qu'il partait loin, loin de moi, j'ai serré contre moi la photo récemment prise de nous deux en priant pour que tout ça ne soit qu'un cauchemar. Mais je ne me suis jamais réveillée, même si parfois, j'avoue que je l'espère encore. C'est à partir de là que ma vie s'est brisée en mille morceaux, et je travaille encore pour essayer de réassembler toutes les parties. Je n'y arriverais sûrement jamais.

Malgré tout ça, je continue à feindre le petit bonheur complet pour ne pas perdre la face devant mes parents et ma meilleure amie, fichue fierté. Je devrais leur dire, je devrais me confier pour leur expliquer que quelque chose s'est emparé de moi et que je suis maintenant incapable d'y échapper mais je ne peux pas. Je ne veux pas que qui que ce soit ait pitié de moi, même eux. Ils ne comprendraient pas non plus. Il comptait tellement pour moi.

J'inspire de grandes goulées d'air en me tenant fermement aux draps et en finissant de me réveiller. Je le revois, lui et son putain de visage qui me hante encore après presque deux mois de séparation. Et c'est toujours le même cauchemar, inlassablement, me rappelant chaque jour un peu plus la douleur, m'enfonçant chaque fois un peu plus. Ça ne rate jamais, dès que je ferme les yeux, je peux être sûre qu'il reviendra me hanter, même dans mes heures qui sont censées être les plus tranquilles.

J'enfile des vêtements amples et me passe de l'eau sur le visage pour tenter d'atténuer mes cernes marquées. Mes cheveux bruns sont ébouriffés et mes yeux bleus sont rouges de fatigue. Sachant que mes parents partiront bientôt, je descends rapidement les saluer et ils s'étonnent de me voir éveillée si tôt. S'ils savaient ce que leur fille avait comme pensées dans la tête ! Parfois, j'ai envie de hurler, de leur dire d'ouvrir les yeux, qu'ils sont idiots de ne pas voir ce qui se trame dans leur propre maison. Cela me peine qu'ils ne voient pas à quel point je me sens mal. Bien sûr, je ne dirai rien et garderai toujours le silence, ayant trop honte pour dire quoi que ce soit.

Pendant qu'ils s'affairent à préparer leurs sacs pour partir travailler, je fixe le verre d'eau que je me suis servie et laisse mes pensées vagabonder malgré moi. Je retrouve un souvenir bien particulier et trop amer à mon goût. C'était il y à peine une semaine, simplement son anniversaire. Il n'a pas daigné répondre à mon message, non bien sûr, ça aurait sûrement été une belle perte de temps. Assez ironique que je pense à l'anniversaire de quelqu'un qui m'a brisé le cœur, non ?

J'avoue quand même que le weekend dernier m'a tout fait oublié pendant un moment. J'ai revu mes amies du collège. C'était merveilleux si je puis dire. Elles sont dignes de confiance, et je sais que je peux compter sur elles quoiqu'il arrive. Elles savent à quel point il comptait pour moi mais n'ont pas placé un seul mot là-dessus, respectant mon silence. Respectant le fait que je n'avais pas envie d'en parler. Je ne les reverrais pas avant un bout de temps, avec la rentrée au lycée, mais cette soirée restera gravée dans mon esprit.

D'ailleurs, la grande rentrée, c'est demain. Nouveau bâtiment, nouveaux professeurs, nouveaux élèves. Je n'aime pas changer de mode de vie. Avant, tout était plus simple. L'enfance est un passage furtif dans notre vie, qui s'en va aussi vite qu'elle apparaît. Quand j'étais enfant, j'avoue que je m'émerveillais de tout, j'étais heureuse à toute heure de la journée, et je ne me posais pas de questions quant à l'avenir. C'est ça, être insouciant et ne rien faire d'autre que de profiter de ces journées sans jamais se demander si la vie a vraiment un sens, ou si toutes les personnes que l'on aime finiront pas nous quitter. Ça, c'est moi, maintenant. On peut dire que j'ai bien changé.

Je n'ai plus le goût à rien. J'aime quand même voir ma meilleure amie, qui réussit à se faire une conversation à elle seule, quand je n'ai pas très envie de parler. Elle a toujours cette lueur inquiète au fond des yeux comme si elle se doutait que je n'étais plus la même mais qu'elle n'osait pas m'en parler. Elle a peur et je la comprends. Peur que je ne lui dise rien, peur que je m'enfonce encore un peu plus dans cette maladie qui me traîne vers le fond. Dépression. Dépression. Dépression.

Je pourrais bien vous raconter à présent toutes ces petites choses qui faisaient mon bonheur d'autrefois : sortir avec mes amies, lire, écouter de la musique, regarder encore et encore mes films préférés... Ou encore ces banalités que l'on juge parfois importantes, comme la couleur que l'on préfère ou le nom de son animal domestique.

Mais je suis désolée, ma vie n'est plus comme ça. Et je vais peut être vous décevoir en vous disant que ça n'est pas vraiment important dans mon histoire. Vous serez peut être étonnés en apprenant que la vie n'est pas un petit paradis où il suffit de croire très fort à quelque chose pour que ça se réalise. Apprenez surtout qu'il ne faut pas compter sur un prince charmant pour venir vous sauver.

Mon nom est Juliette Beers, j'ai quinze ans, et j'aimerais tellement que quelqu'un s'intéresse assez à moi pour me lancer une bouée de sauvetage et me sauver de la noyade.


Il y a en média un trailer réalisé par Lizou21, en espérant qu'il vous plaise !

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