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。chapitre 2。


Avril 2020

Hôpital de Gamsam


Cela faisait deux mois.

Deux long mois que j'étais à l'hôpital, incapable de bouger à cause de mes blessures, immobile dans mon lit. Pendant deux mois le seul paysage que j'avais pu voir était celui de la fenêtre de la chambre que l'on m'avait donné, où je n'apercevais qu'une minuscule partie du ciel.

Aussi petit qu'il soit, ce carré était devenu l'attraction de tout mon monde. Qu'il soit bleu, gris ou même noir parsemé d'étoile, je ne pouvais détacher mon regard de lui. Peut-être j'espérais que Chanmi me fasse un signe de là où elle était ?

Sa mort m'avait abattue et j'étais passé par plusieurs étapes durant ces deux mois.

Le dénie s'était d'abord installé, je ne pouvais pas y croire, c'était hors de ma portée de croire qu'elle n'était plus là. Puis finalement l'incompréhension avait pris place. J'avais passé la plus grande partie de ma vie à ses côtés. Elle avait été présente à toutes les grandes étapes de ma vie, c'était inconcevable que nos chemins se séparent maintenant. Nous avions à peine 23 ans, l'avenir nous réservait tellement de choses encore.

Je ne pouvais pas comprendre comment cela avait pu arriver. Ma mémoire me jouait encore des tours et j'avais l'impression que tout cela était une mauvaise blague. Pourquoi je ne pouvais pas me rappeler de cette fête d'anniversaire ? Pourquoi je ne pouvais pas me rappeler de l'accident ?

Tout cela était trop irréel pour que je l'accepte. J'avais besoin de preuves concrètes, de souvenirs. Mais à chaque fois que j'essayais de forcer ma mémoire, je ne n'y voyais que du noir.

Finalement, après avoir insisté longuement, mon père avait fini par accepter que je me rende sur la tombe de Chanmi.

C'est ainsi que j'ai réalisé que tout ce que j'avais du mal à accepter était vrai. J'avais eu le droit de vivre après cet accident mais pas Chanmi. Mon esprit s'était alors doucement laissé porter vers la dépression.

J'avais perdu la seule personne qui me comprenait dans ce monde, la seule personne qui arrivait à calmer toutes mes mauvaises émotions. Elle m'était nécessaire, parce qu'elle savait tout de moi, comprenait toutes mes craintes. Elle était plus qu'une amie, elle était une sœur.

L'incompréhension était pire que tout. J'avais été présente à ses derniers instants mais je ne m'en souvenais plus, je ne pouvais même pas me rappeler l'expression de son visage alors que nous fêtions mon anniversaire. Apparemment.

Peu à peu, j'ai décidé de renoncer à tout.

J'avais juste envie de regarder le minuscule carré de ciel, rien d'autre.



- 火 -


- Somin.

La voix d'Areum, mon infirmière attitrée, résonna dans la pièce mais cela ne me fit pas bouger.

- Je t'apporte à manger.

Le plateau fit du bruit sur la petite table qui servait aux malades. Comme tous les jours à la même heure, Areum m'apportait un plateau rempli de petits plats, mais je n'avais envie de rien.

- Aujourd'hui, le plat est spécialement conçu pour toi, Somin. Dit-elle.

Le bruit des plats et des couverts tintaient jusqu'à mes oreilles, mais même si le bruit me tentait de regarder de quoi elle parlait, je ne pouvais pas enlever mon regard de la fenêtre.

- Ton père nous a dit ce que tu aimais manger donc j'ai demandé au chef de l'hôpital de cuisiner quelque chose rien que pour toi.

Je pouvais deviner son sourire alors qu'elle parlait. Areum était une personne enjouée, mais même elle, n'arrivait pas à me redonner le sourire. M'arracher une parole de la bouche était sûrement devenu sa mission principale, je ne voyais qu'elle lorsqu'il fallait m'apporter quelque chose ou faire des soins.

- Tu ne veux toujours pas me parler, hein ? Demanda-t-elle en s'asseyant sur le lit. Ecoute, je sais que tout ce que tu as traversé est dur à comprendre. Je comprends que tu sois perdue et triste, mais s'il te plait ne gâche pas ta vie comme cela. Ton père s'inquiète pour toi Somin.

Elle resta un moment à mes côtés, sûrement pour attendre que je lui réponde. Mais mes yeux étaient encore fixés sur la petite fenêtre et je n'avais aucune envie qu'ils la quittent.

- Très bien, si tu ne veux pas parler, c'est ton choix. Mais s'il te plaît, nourris toi. dit-elle en se levant. Ton père est vraiment inquiet pour toi. Mange un peu, fais le au moins pour lui. Tu es sa seule fille.

L'expression triste de mon père me vint à l'esprit un instant. En l'espace de quelques mois, j'avais l'impression qu'il avait pris de l'âge tellement que son visage était marqué par les événements récents. Des cernes entouraient maintenant ses yeux, les rides avaient colonisé son visage et ses joues s'étaient creusées un peu plus.

Tout ceci était de ma faute en réalité. Mon père n'était pas feignant, son corps était habitué aux travaux manuels. Il travaillait dans le même garage automobile depuis qu'il avait commencé sa carrière. Mais je me rendais compte maintenant que tout ce que j'avais vécu, le coma, les blessures, l'immobilisation et l'hospitalisation, toutes ces choses ne se répercutaient pas seulement sur moi.

Comme l'avait dit Areum, j'étais sa seule fille. En vérité j'étais sa seule famille. Depuis le départ de ma mère quand j'avais onze ans, je n'avais plus que lui dans ma vie.

Mon regard quitta exceptionnellement la petite fenêtre et je regardai un instant le plateau repas sur la petite table. Le Japchaebap était royalement posé dans son compartiment au milieu du plateau.

Soudain, l'odeur arriva à mes narines, m'enivrant de tous les souvenirs qui était rattaché à ce plat que mon père cuisinait à chaque grandes occasions. Je le voyais me servir les nouilles de patate douce pour fêter mon baccalauréat, mon permis de voiture, mes anniversaires et j'en passais, parce qu'il y en avait tellement.

Je sentais mon ventre se contracter sous la faim, heureuse de ne pas avoir perdu tous ses souvenirs là.

Finalement je tirais la table de mon bras valide et attrapais mes ustensiles. Très vite, la texture délicate des nouilles de patates douces se firent sentir contre mon palais. Je me sentais sourire en regardant par la petite fenêtre de ma chambre, comme le disait souvent Chanmi, ce plat avait des pouvoirs magiques.



- 火 -


Mai 2020

Hôpital de Gamsam.


- Encore un aller-retour Somin et après tu pourras te reposer.

Le kinésithérapeute de l'hôpital se tenait devant moi, entre les deux barres parallèles qui me servaient pour me tenir.

Marcher n'avait pas été possible pendant la convalescence et je devais suivre tout un programme de rééducation.

J'inspirais fortement avant de me déplacer vers l'extrémité des barres, en prenant soin de ne pas me faire mal. Mes pas étaient lents, mais d'après les docteurs c'était normal, le temps de guérison d'une fracture de la hanche était long. J'arrivais enfin au bout, essoufflée. Mon corps était encore faible et les muscles de mes membres avaient du mal à me soutenir.

- C'est bien Somin, maintenant demi tour et va rejoindre Areum de l'autre côté.

Appuyé sur une barre, je me retournais vers l'infirmière Areum, qui, souriante comme à son habitude, me tendait les bras. J'inspirais de nouveau profondément et entrepris le dernier trajet de la journée, essayant de ne pas penser aux douleurs de mes muscles, aux étirements de mes articulations.

- C'est très bien. Dit Areum. Je te tiens maintenant.


- 火 -


- Eh bien, tes résultats sont plutôt bons, Somin. Déclara le docteur Kim Seokjin en regardant mes clichés radiographiques. Tu as encore un peu de poids à prendre mais honnêtement, il n'y a rien d'inquiétant dans tout ce que je vois.

Assise sur son fauteuil d'auscultation, je le vis traverser la pièce pour se mettre devant moi. Ses mains attrapèrent gentiment mon coude en premier puis ma jambe.

- Est-ce que tu as des douleurs particulières ?

D'un signe de tête je lui faisais savoir que non. Il souffla légèrement à cause de mon mutisme, et se retourna vers mon père, assis devant son bureau.

- Pour moi, tout va bien. Lui dit-il en s'asseyant. Elle peut rentrer chez vous sans problème, à condition qu'elle fasse deux à trois séances de rééducation par semaine et qu'elle n'essaie pas de marcher seule, c'est encore un peu tôt. Je vais vous prescrire un fauteuil pour qu'elle se déplace en attendant et quelques médicaments en cas de douleurs.


- 火 -


Domicile des Choi

Je n'avais pas vu passer le retour jusqu'à la maison. Comme à mon habitude de ces derniers mois, j'avais enfilé ma paire d'écouteurs, la seule chose que j'avais trouvé pour éviter de me lier aux gens autour de moi. Je savais que mon mutisme faisait du mal à mon père, je savais qu'il aurait largement préféré que je m'ouvre à lui, que je lui explique ce que je ressentais. Il avait failli perdre la seule personne qui lui restait et pendant plusieurs mois il avait enduré mes hospitalisations et opérations sans connaitre dans quel état j'allais lui revenir. Parce que d'après les médecins, c'est un miracle que je tienne debout, sans réelles séquelles physiques après l'accident que j'avais subi. Pour eux j'étais en pleine forme, même si ma convalescence n'était pas encore finie. J'avais été le sujet de conversation préféré de tout l'hôpital pendant plusieurs mois. La jeune miraculée du service des soins intensifs.

Pourtant j'étais loin d'aller bien sur le plan psychologique. Et c'est d'ailleurs pour cela que je ne souhaitais pas en parler à mon père. Comment lui dire maintenant que je n'étais pas sûre de vouloir vivre à nouveau ma vie de jeune femme à peine agée de vingt-trois ans, alors qu'il m'avait vu presque morte quelques mois auparavant. Comment je pouvais lui faire endurer un deuil maintenant alors qu'il avait finalement la possibilité de ramener son enfant à la maison.

Je ne savais pas si j'étais réellement capable de continuer à vivre comme cela. Peut-être que les choses s'amélioreront dans le temps. Peut-être que finalement j'arriverais à me décider, peut-être que je choisirais de vivre, oui l'inverse. Je ne savais pas. Pour l'instant tout était flou, j'avais échappé à la mort et je vivais. Tout le monde s'en réjouissait, sauf moi.

- Tu dois être contente d'enfin pouvoir quitter l'hôpital. Me dit mon père alors que nous rentrions dans notre petite maison.

Comme à mon habitude ces derniers mois, j'humais rapidement pour répondre à sa question et entrepris de me rendre jusqu'à ma chambre. Se déplacer avec un fauteuil roulant était plus difficile que je pensais, et j'étais plutôt chanceuse que notre maison ne comporte aucun escalier, au contraire des maisons du quartier.

Notre maison n'était pas bien grande, une des plus petite du voisinage en réalité, par conséquent les pièces ne l'étaient pas non plus. La petite pièce qui me servait de chambre contenait avec peine mon lit, un petit placard et un petit bureau. Je ne sais comment, mon père avait réussi à y entreposer les trois gros cartons qui comportaient mes affaires qu'il avait récupéré dans l'appartement que je partageais avec Chanmi.

Je regardais avec désespoir les boîtes parsemées là où il y avait de la place. Il m'avait annoncé un matin lorsqu'il était venu me voir qu'il avait débarrassé mon appartement de toutes mes affaires. Maintenant que tous mes cartons étaient devant moi, je sentais ma respiration se faire difficile dans mes poumons. J'avais peur de les ouvrir, peur de revoir tout ce qui s'y trouvait. Chaque objet qu'elles possédaient était lié à Chanmi, à chaque fois que j'en tiendrais un dans les mains, je savais que la verrais.

Mais elle me manquait tellement que finalement ouvrir ces cartons était une nécessité. J'avais besoin de revoir mes affaires, de les toucher, de me remémorer tout ce qu'on avait vécu, toutes les deux, dans cet appartement.

J'ouvrais le premier cartons, alors que j'avais peiné à m'installer sur mon lit. Sur les trois boîtes que mon père avait ramené, j'étais tombée sur la plus éprouvante en premier. Celle qui comportait les affaires de mon bureau.

Toutes les photos de nous s'y trouvaient, tout ce que j'avais gardé de nos sorties. Je regardais avec émotion les photos défiler entre mes mains.

Les soirées étudiantes où nous dansions, les photos que nous prenions quand nous partions en vacances, sur la plage, au ski, en randonnée ....

Mon regard s'attarda sur une photo en particulier. Nous étions dans le café que nous avions l'habitude de fréquenter pour réviser. Chanmi était à mes côtés et après elle, un homme brun, les cheveux tombant en pagaille sur son front, couvrant légèrement ses lunettes rondes. Il souriait à l'appareil de son emblématique sourire rectangulaire.

Taehyung.

Le connaissant, cela devait être dur pour lui aussi. Je n'avais pas récupéré mon téléphone, apparemment détruit pendant l'accident et par conséquent, je n'avais eu aucune nouvelle de sa part. Mais le connaissant, la mort de Chanmi devait l'anéantir presque autant que moi.

Après tout, elle avait ce don d'attirer les gens et de faire ressortir le meilleur d'eux même.

Mes doigts passèrent sur son visage souriant, alors que nous dansions dans ce bar étudiant. Ses cheveux tombaient gracieusement sur ses épaules, elle était belle et c'est ce qui lui valait sa réputation auprès des garçons.

Très vite, ma gorge se noua et les larmes montèrent à mes yeux. Je ne pris même pas la peine de les retenir de rouler sur mes joues. C'était tellement dur de reprendre ma vie, alors que je savais que la sienne était finie. C'était si injuste que j'ai survécu alors qu'elle n'avait pas eu cette chance.

La porte de ma chambre s'ouvrit subitement et avant que j'ai pu essuyer mon visage, mon père entra, un plateau dans les mains.

- Je t'ai fait à man- Tu pleures ?

Son regard se porta sur les photos parsemées de larmes entre mes mains et son visage s'attendrit.

- Chérie, je suis tellement désolé. Dit-il en m'engouffrant dans ses bras. Tout va bien maintenant, je suis là.

- C'est tellement dur. Je dis de ma voix devenue grave sans parler alors qu'il me berçait dans ses bras.

- Je sais, ma puce, je sais. Je te promets que ça ira mieux.


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