Acte IV, scène 2.
Ar et Tyvan.
La Madame entraîne les Princes à sa suite vers les fauteuils et débutent un récit détaillant les qualifications de sa Majesté en tant que Roi. Seuls le second et troisième frères demeurent à l'écart du groupe, bras croisés, visages fermés.
AR, dubitatif — C'est étrange... Elle parle de père avec trop d'admiration.
TYVAN, opinant du chef — Des étoiles dansent dans ses yeux.
AR — On dirait que les Anges l'ont bénie.
TYVAN — Elle est tellement heureuse dès qu'elle le voit.
AR — Il semblerait même qu'elle ait pleuré toute la nuit.
TYVAN — Les gardes de la chambre de père ont affirmé qu'elle avait voulu entrer.
AR — Ils auraient dû l'y autoriser. Elle était si inconsolable.
TYVAN — D'après les dires, ses pleurs auraient résonné dans les cuisines.
AR — Personne n'a su la calmer. Elle était anéantie par la nouvelle.
TYVAN — Elle est très attentionnée envers père, par ailleurs.
AR — Elle lui apporte toujours son repas dans ses appartements.
TYVAN — Comme si elle ne souhaitait pas qu'il discute avec d'autres. Également, elle lui adresse des mots protocolaires, mais sur un ton familier.
AR — Comme si elle ne craignait pas de représailles. De plus, elle voue une haine sans faille pour la Reine-mère et ne s'en est jamais cachée.
TYVAN — Comme si elle savait que père ne lui en tiendrait rigueur. En outre, la Reine-mère ne rétorque que très rarement et elle hésite à le faire.
AR — Comme s'il soutiendrait toujours la Madame.
Les deux frères se fixent un instant, incrédules. Ils se toisent agressivement.
AR — Ceci me fait étrangement penser à une autre femme.
TYVAN — Ne trouvez-vous pas que la Madame est, à l'extrême, proche de sa Majesté ?
AR — Nous parlons d'une cuisinière ou de mon épouse..? Je suis confus !
TYVAN, étonné et bouche bée — Croyez-vous qu'ils ont eu une liaison ? Certains le présumaient et on raconte que notre père avait une maîtresse. Peut-être que c'est le cas présentement !
AR, courroucé et sourcils froncés — Eriel n'a d'yeux que pour vous. Quoi que je fasse. Quoi que j'entreprenne. Elle ne verra, éternellement, que vous. En revanche, je ne comprends pourquoi !
TYVAN — Un souvenir me revient. Lorsque la seconde Reine, ma mère, est morte, sa Majesté ne la pleurait point. Une larme lui a échappée, mais rien de plus. Il ne l'aimait, ni elle, ni la Reine-mère.
AR — Vous êtes un coureur du jupon. Vous vivez pour la brûlante et fascinante séduction du premier soir, vous embarquez les femmes dans vos couches et ne les regardez plus l'aube levée.
TYVAN — Un homme ne peut survivre sans amour. Surtout pas père. Il aurait été excessivement malheureux. Tout me pousse à présumer qu'il possédait ou possède une favorite.
AR — Comment ma belle Eriel fait pour vous trouver attirant ?! Je ne saisis pas ! Je suis cent fois mieux que vous. Moi, au moins, je l'aime !
Cette dernière réplique a enfin l'effet escompté. Le troisième Prince sort de sa transe, abandonne ses questionnements et pivote lentement vers son frère, énervé.
TYVAN — L'amour ne se contrôle pas. Celui d'Eriel et celui de père ne sont des exceptions. Ne me rejetez pas la faute, mon frère. Votre épouse est, certes, infidèle avec mon aide, mais je ne parviens plus à la repousser bien que j'aimerais. Elle me colle davantage qu'une sangsue. Je ne peux m'en défaire.
AR — Vous n'auriez eu à vous en débarrasser, si vous ne lui aviez accordée votre lit !
TYVAN — Vous savez pertinemment qu'elle m'adorerait malgré mon interdiction. Vous vous torturez à l'aimer. Négligez cet hymen et vous irez parfaitement bien.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top