Glacies avait froid. Il faisait vraiment très froid. Les dents de la jeune femme claquaient les unes contre les autres. Lentement, elle ouvrit les yeux, étant toujours dans la baignoire, nue. Scrutant les alentours, c'est avec stupéfaction qu'elle découvrit la salle de bain totalement enneigée. Des flocons tombaient lentement sur l'eau glacée dans la baignoire. En pleine crise de panique, Glacies sortit brutalement de la cuve, manquant de glisser par la même occasion.

– C'est quoi ce bordel ?! Lava ? LAVA ?

L'absence de sa meilleure amie augmentait son affolement. C'était la première fois qu'elle se retrouvait totalement seule. Elle qui avait déjà imaginé cette situation, jamais elle n'aurait pensé qu'être réellement seule l'angoisserait autant. Glacies empoigna une serviette avec empressement. Elle se sécha en quatrième vitesse dans l'espoir de se réchauffer un peu avant d'enfiler ses vêtements froids. Dès que ce fut fait, elle sortit de la salle d'eau en trombe. Semblable à la salle de bain, la chambre était recouverte d'un voile blanc. Comme pour ce rassurer, la jeune femme se dirigea mécaniquement vers la fenêtre de la chambre.

À l'extérieur, des milliers de flocons de neige tombaient du ciel ; le vent semblait se déchaîner contre les arbres à l'orée de la forêt. Une tempête de neige maintenant ? Comment était-ce possible ? D'accord, ils étaient en hiver mais ça faisait plusieurs années qu'il n'y avait plus eu de neige ainsi. C'était bien trop étrange pour être réel. Glacies fit quelques pas en arrière, fuyant dans le couloir. Elle avait un mauvais pressentiment qui se confirma rapidement. Le corridor était entièrement glacé. Toujours paniquée, Glacies appelait Lava sans relâche tout en se pinçant la peau dans l'espoir que ce ne soit qu'un rêve. Des larmes commençaient à apparaître au coin de ses yeux qui se gelaient aussi vite.

L'atmosphère devint rapidement pesante, stressante. La jeune femme progressait prudemment dans le couloir. Plus la température chutait, plus elle tremblait. Timidement, Glacies toquait à toutes les portes mais personne n'ouvrait, chose qui n'était pas si étonnante puisqu'il était censé avoir quartier libre. Se voulant rationnelle, Glacies se convainquit que tout le monde devait sûrement s'éclater à l'extérieur, qu'ils faisaient des batailles de boules de neige ou encore des bonhommes de neige pendant qu'elle, elle se transformait en esquimau.

Pourtant, à peine avait-elle pénétré dans le hall que son sang ne fit qu'un tour.

– C'est un cauchemar.

C'est avec effroi qu'elle découvrit des statues de glace plantées face à elle, mais ce n'était pas n'importe quelles statues. Piégé dans la glace se trouvait ses professeurs, les réceptionnistes, tout le personnel de l'hôtel était rendu à l'état d'iceberg. Leur visage affichait toute une expression effrayée, comme si quelque chose de terrible venait de se produire. La peur de découvrir le monde derrière les murs s'empara d'elle et la poussa à quitter le hall en trombe.

Dehors, le vent se déchaînait bel et bien contre les murs de la bâtisse, il soufflait entre les sapins de la forêt, menaçant de les déraciner à tout moment. Mais ce n'était pas tout, là aussi, au milieu de l'allée se trouvaient d'autres sculptures de glace, cette fois c'était toute sa classe sans exception. Il n'y avait plus âme qui vivait.

Une nouvelle crise de larmes envahissait ses joues glacées. La jeune femme tournait sur elle-même dans l'espoir d'apercevoir une personne, une seule personne ayant survécus à cette tragédie. Luttant contre les rafales de vent violentes, un bras devant son visage pour le couvrir de la neige, Glacies plissait les yeux lorsqu'elle distingua, à plusieurs mètres d'elle, une silhouette humaine se déplaçant dans sa direction.

Une personne se présenta, si Glacies avait beaucoup de mal à y croire, la tâche de naissance en forme de pièce de puzzle ne laissait aucun doute sur son identité. Machinalement, Glacies posa ses doigts sur son propre poignet où se situait sa tâche de naissance avec une forme similaire.

– Tu-

– J'ai très peu de temps avant qu'elle ne s'en rende compte alors écoute moi attentivement. On est dans un espace temps différent. Ici la temporalité est figée mais ce que tu vois là, c'est la terre dans un mois. Dans cette temporalité, tu as trop attendue. Tu... Glacies, tu dois te dépêcher, tu es destinée à sauver l'univers. Elle revient. Écoute moi, tu dois l'arrêter. D'accord ? Tu dois l'arrêter peu importe les conséquences et sauver la terre mais aussi Etherna. Rien n'arrive au hasard. Tu dois absolument m'a-

Sans avoir le temps de terminer sa phrase, une puissante bourrasque de vent poussa Glacies à se cacher à nouveau le visage. Lorsqu'elle regarda la silhouette, celle-ci avait totalement disparu. La jeune fille essaya d'avancer dans la neige, essayant de trouver la personne mais plus elle avançait, plus elle reculait.

– Glacies ? GLACIES !

La concernée se retourna après quelques secondes d'hésitation. Son regard se plaça immédiatement sur Joshua qui était là, en tee-shirt. Il la fixait, inquiet.

– Glacies réveille toi bon sang !

La jeune femme tomba brutalement en arrière sans possibilité de se redresser. Se débattant, l'adolescente s'enfonçait dans la neige comme dans un marécage. Puis tout changea autour d'elle, elle sombrait dans un gouffre sans fin jusqu'à tomber à nouveau dans la salle de bain, coucher sur le sol. Joshua était au-dessus d'elle, la secouant légèrement.

–... Toi.

– Glacies bon sang ! T'aurais pu te noyer !

Elle se redressa doucement en toussant. Serrant la serviette autour de son corps, Glacies tourna la tête vers la baignoire, tentant de se souvenir de ce qu'il s'était passer mais plus elle essayait de se rappeler de cette femme, plus ses souvenirs disparaissait au point d'être incapable de dire si la personne était une femme ou un homme. Regardant doucement Joshua, elle demanda.

– Qu'est-ce... qu'il s'est passé ?

– Tu t'es endormie... dans l'eau, et t'as sûrement dû glisser sous l'eau j'imagine.

– Je vois... merci, de m'avoir sortie de là...

– Pas de quoi.

Se redressant doucement en même temps que le jeune homme, Glacies s'écarta du garçon en cachant le plus de parcelle de peau possible avec sa serviette. Aussitôt, elle se referma sur elle-même, un peu perdue.

– Pourquoi t'es là ? La pancarte "ne pas entrer" est-elle si compliquée à lire ?

– Quoi ? Non ! Je t'ai appelé, j'ai toqué mais tu répondais pas, alors je me suis inquiété.

– Ah ? Et l'objet de ta visite ?

– Il est dix-huit heures trente-cinq. C'est bientôt l'heure de manger mais les profs veulent faire un point sur la course d'orientation un peu avant et puisque personne ne voulait venir te chercher... bah je me suis dévoué.

– Tu t'es dévoué hein, c'est trop d'honneur, tu veux une médaille ?

– Non c'est pas... je ne voulais pas...

– Ne te fatigue pas, les choses n'arrivent pas par hasard... Tu pensais ce que tu disais.

– Non pas du tout, je-

– Tu permets j'aimerais m'habiller.

Le jeune homme hocha la tête et sortit de la salle, peinant à cacher sa déception. Glacies soupira doucement en saisissant les vêtements posés sur le lavabo. Elle les observa silencieusement, essayant de comprendre pourquoi Joshua faisait tout ça. Pourquoi était-il venu la chercher, pourquoi l'avait-il sauvé ? Il aurait pu profiter d'elle, de sa faiblesse, s'amuser avec son corps d'une quelconque manière mais il ne l'avait pas fait, il l'avait simplement sortie de l'eau et avait essayé de la réveiller. Inconsciemment, ses joues prirent une teinte cramoisie. Pour penser à autre chose, elle tenta une nouvelle fois de se souvenir de son rêve. La personne qui était face à elle, cette personne qui semblait si familière avait besoin d'aide, elle avait besoin de Glacies mais pour quoi ? Pour quelle raison ? Que devait faire Glacies déjà ?

" Tu es une imbécile Glacies ! Je me suis inquiétée moi ! Et je ne pouvais même pas t'aider !"

La jeune femme tourna sa tête vers le miroir pour observer Lava, des larmes mouillaient les joues de celle-ci. C'était la première fois que Glacies voyait sa meilleure amie aussi paniquer et soulager en même temps.

– Pardon Lava, je suis désolée, je ne voulais pas t'inquiéter ainsi.

"Imbécile."

Glacies baissa les yeux quelques instants puis s'habilla silencieusement. Elle n'osait pas parler du peu de souvenir qu'elle avait de la silhouette dans son rêve étrange. Elle ne voulait pas l'inquiéter plus qu'elle ne l'était déjà.

– Dépêchons nous.

Lava hocha la tête et suivit Glacies vers la chambre une fois que celle-ci fut totalement vêtue. Assis sur le lit, Joshua était sur son téléphone, tournant la tête vers la jeune femme.

– Je ne voulais pas dire ça tout à l'heure... Quand j'ai dis que je me suis dévoué, c'était plus dans le sens où je me suis proposé puisqu'aucune fille ne voulait y aller... c'est tout.

– Mmmh... Si tu le dis, aller on y va.

L'adolescente quitta sa chambre, le garçon à ses trousses. Il tentait de s'expliquer plus clairement mais la jeune femme l'écoutait que d'une oreille trop occuper par ses pensées. La vision qu'elle avait eu prenait beaucoup de place dans sa tête, plus elle oubliait, plus elle voulait se souvenir jusqu'à ne plus avoir aucun souvenir de cette entrevue. Une phrase restait ancrée dans son crâne : Glacies, tu dois te dépêcher, tu es destinée à sauver l'univers.. Mais d'où venait cette phrase ? Qui l'avait prononcé ? Ne sans souvenant pas, elle préféra se concentrer sur l'homme derrière elle.

Bien qu'elle le cachait, savoir que c'était lui qui l'avait aidé, que c'était lui qui était venue la chercher lui avait fait plaisir, elle se sentait bien, limite contente et ça l'a dérangeait, elle en était toute perturbée et n'aimait pas ce sentiment là.

– Dit... Tu trouves pas qu'il fait beaucoup plus froid tout à coup ?

Glacies se tourna face à Joshua, surprise. Elle l'observa silencieusement, cherchant ses mots.

– Si...

– On se croirait en hiver !

– Ouais...

Joshua la regarda à son tour, lui offrant un léger sourire amical. Rapidement, elle détourna le regard, gênée.

– O-on doit aller où ?

– Dans la grande salle, suis moi.

Joshua avança devant elle. Hésitante, Glacies lui emboîta le pas.

– Aaaah, les retardataires, enfin ! S'écria le professeur de sport.

S'il semblait soulagé de les voir, Glacies, elle, était mal à l'aise. Les projetés sous le feu des projecteurs, au centre de l'attention faisait augmentés le malaise de la jeune femme. Les regards moqueurs sur elle, la poussa pour la première fois à baisser les yeux de honte. Les chuchotements lui firent monter les larmes aux yeux. Tous ses enfoirés lui avaient tellement de mal, pourtant, au fond d'elle, elle avait le sentiment qu'elle allait devoir les sauver à un moment ou à un autre.

– Bien, allez vous asseoir.

Glacies obéit hâtivement, se dirigeant vers la table restante. Elle chercha une autre table du regard mais elles étaient déjà toutes prises, elle se retrouva donc coincée avec Joshua. Ça devenait un peu trop récurrent à son goût.

– Bien. Donc pour rappel, la course commence demain matin à sept heure trente. Avec votre binôme, vous serez lâché dans la forêt derrière l'hôtel pendant une bonne dizaine d'heures. Pour maximum quatre heure et demi de l'après-midi, vous devrez être rentrer sous peine de perdre des points sur votre note finale. C'est compris ?

Un "oui" général se fit entendre tandis que Monsieur Hertz prit la parole.

– Parfait. Comme Monsieur Jeunit vous l'a dit durant vos cours de sport précédent, cette course d'orientation est la dernière de votre année. Celle qui comptera pour votre Baccalauréat puisque c'est la dernière de votre année. Puisqu'elle dure toute la journée, vous devez récupérer dix balises à noter et poinçonner sur les feuilles qu'on vous donnera demain lors de la course.

Au même moment, Joshua se tourna vers sa voisine de table.

– Tu peux m'expliquer c'est qui ce type qui se répète ? Chuchota-t-il à l'égard de Glacies.

– Prof de maths.

– Pourquoi il est venu ? Il va servir à quoi ?

– Pour calculer le nombre d'heures passées dehors ou le nombre de balises à récupérer ? Chuchotait-elle à son tour.

Il haussa les épaules et recommença à écouter le professeur.

– Puisque vous ne revenez que le soir puisqu'elle dure toute la journée, des paniers repas vous seront aussi donnés demain matin à sept heures pour que vous puissiez tout de même manger le midi pendant la pause repas.

– Heureusement que c'est un prof de math et pas de français vu son vocabulaire peu varié et ses répétitions...

Glacies pouffa de rire à la remarque de Joshua, essayant de rester concentrer.

– Les explications données, les serveurs vont vous servir, puisque c'est leur métier. Si vous avez des questions sur la course d'orientation qui durera une journée complète demain, venez nous les poser, les questions.

Suite à ses paroles peu variées, il se réinstalla sur sa chaise avec les autres professeurs. Des serveurs vinrent les servir comme annoncé quelques minutes avant. Silencieuse, Glacies observa ses cinq nuggets de poulet se battre en duel dans son assiette, ainsi que ses frites.

– Si tu les veux pas moi je les veux bien hein. Lâcha Joshua tandis qu'il avait déjà attaqué ses morceaux de poulet.

– Touche même pas à mes nuggets, c'est à moi !

Il pouffa de rire et continua à manger.

– Dis, tu la sens comment la course d'orientation qui dure toute une journée. Fit-il en imitant le professeur de mathématiques.

– Nan stop, l'imite pas, il tape assez sur les nerfs comme ça à se répéter encore et encore.

Il ria doucement à nouveau.

– Plus sérieusement, tu la sens comment ?

– Mal.

– Ah.. super... ça fait plaisir...

– C'est pas ça, c'est pas par rapport à toi. J'ai un mauvais pressentiment, quelque chose de gigantesque va arriver, gigantesque et dévastateur.

– Oh... Non mais c'est bon, je poserais plus de questions comme ça, tu me fais un peu flipper, on va pas mourir hein ?

– Si... Tu vas finir griller par un feu de bois. Répondit-elle en baissant les yeux, désolée.

– ... Tu te fous de ma gueule ?

– Évidemment espèce de...

– de ?

– De PNJ

– Tu viens de m'insulter là ?

– Totalement.

– Drôle d'insulte. Grommela le jeune homme tout en secouant la tête, amusé.

– Non tu ne vas pas mourir, enfin je l'espère mais quelque chose se trame et pas quelque chose de joli.

Des fragments de la vision qu'elle avait eu lui reviennent en mémoire. Mourir congelé. Glacies devait empêcher cela à tout prix. Pourquoi elle, l'adolescente ne le savait pas, mais cette femme encapuchonnée avait besoin de son aide.

Finalement, le repas se termina une bonne heure après dans le calme. Enfin, le calme était un bien grand mot puisque les autres élèves parlaient tous plus fort les uns que les autres, ils ne s'entendaient même plus penser.

"Oh là là j'te jure, ils savent pas communiquer dans le calme ses gosses là."

La jeune femme esquissa un sourire aux paroles de Lava. Elle terminait de manger la mousse au chocolat qu'un des serveurs lui avait apporté. Glacies quitta ma table pour rejoindre le hall principal, Joshua sur les talons.

– Tu comptes me suivre encore longtemps ?

– Bah oui, tu es mon a-

– Tient tient, Ne serait-ce pas ce cher Joshua qui colle la salope de service.

Glacies observa le groupe de garçon face à elle. Matt la dévisageait de haut en bas avec mépris. Finalement, Glacies reprit sa course en passant à côté d'eux.

– Il veut la mettre dans son pieux c'est sûr, regardez moi ce pétard, qui ne voudrait pas la sauter comme une chienne ?

Glacies sentait le regard pervers de Julien sur son corps mais elle ne répliqua rien, se contentant d'avancer en essayant d'avoir une démarche normale.

Joshua bégayait, probablement pris de court. Son regard se posa sur le dos de la jeune femme qui ne s'arrêtait pas pour autant, progressant jusqu'à l'ascenseur qu'elle enclencha. Ce fut à se moment qu'elle se retourna et leur offrit son doigt d'honneur avec un petit sourire méprisant. Enragé, Julien se mit à galoper jusqu'à l'ascenseur qui se refermait. La jeune femme se contenta d'agiter légèrement sa main pour lui dire au revoir.

Une fois la porte du monte-charge sceller, la jeune femme soupira doucement et se tourna vers le miroir présent.

– Je viens de signer mon arrêt de mort.

"Bienvenue en enfer."

– Je les déteste sérieux.

"On est deux. Si je pouvais les toucher ou je sais pas, je les castagnerais, ils ne s'en relèveraient jamais !"

Glacies la regardait s'énerver, contemplant à nouveau son corps. Ses mi-longs cheveux noirs, ses yeux corail et océanique entourés de sa peau claire. Ses vêtements constamment noirs avec sa ceinture rouge, sa prestance, son charisme et son aura lui donnaient l'allure d'un dragon, voire même d'un démon. Glacies n'avait jamais réellement vu son amie en colère et ne souhaitait pas la voir sortir de ses gonds. Le jour où ça arriverait, l'adolescente savait que sa colère serait dévastatrice et que sa haine arriverait sûrement à traverser la barrière entre leurs deux mondes.

Lorsque la porte du monte-charge s'ouvrit, les deux femmes s'avançaient dans le couloir pour rejoindre la chambre. Pourtant, des bruits de pas courant dans les escaliers la stoppa net. Tournant sa tête, Glacies aperçut Julien monter les marches deux par deux, lançant un regard colérique vers la jeune femme. Celle-ci profita de la pause que le garçon s'était accordé pour prendre ses jambes à son cou et traverser le corridor pour regagner sa chambre le plus vite possible. À peine était-elle rentrée que Julien s'acharna sur la poignée de la porte. Fermant à clé, Glacies s'éloigna rapidement, le regard apeuré. L'adolescent tambourinait si fort que la jeune femme doutait de la résistance de la barrière en bois qui les séparait. Les insultes volaient aussi, Si elle ne savait pas qu'à ses yeux elle était une pétasse suceuse de bite au cul avantageux, maintenant elle était au courant.

Le silence revint finalement, laissant la jeune femme prendre une grande bouffée d'air pour se calmer. Lava, qui ne savait pas comment réagir face à ça, préféra changer aussitôt de sujet.

"Dis, c'est quoi ton mauvais pressentiment ? De tout à l'heure ?"

– Je sais pas, je sais pas comment expliquer, je...

"Tu ne me dis pas tout."

– C'est vrai. J'ai eu une vision tout à l'heure, dans le bain.

Glacies se glissa lentement dans son pyjama tout en racontant les fragments de prémonition qu'elle avait encore en tête. Elle raconta les événements, les sentiments qu'elle avait ressentis, la silhouette de la personne, elle lui racontait tout ce dont elle se souvenait. Lava l'écoutait avec attention, restant silencieuse. Une fois le monologue terminé, Glacies s'allongea sur le lit, sous sa couette. Elle observait le plafond.

"Je vois. Je comprends mieux le mauvais pressentiment. Tu crois que c'était quoi du coup ?

– Le futur. Je pense que c'est le futur de la terre si je n'aide pas la personne. Mais je ne sais pas comment l'aider.

"Les choses n'arrivent pas par hasard, le destin existe. C'est ça qu'elle t'a dit ?"

– Plus ou moins oui.

"Dans ce cas, je pense que tu vas bientôt trouver comment sauver le monde. Je pense que te torturer l'esprit maintenant ne sert à rien donc repose toi, prends des forces, dort tôt, demain on se lève très très tôt donc vis ta vie sans te soucier de cela maintenant d'accord ?

– Tu as sans doute raison oui. Je pense que je vais lire un peu, je suis fatiguée à vrai dire, bien que j'ai dormi plus de temps aujourd'hui qu'en général.

Comme elle l'avait annoncé, Glacies attrapa le livre qui était dans son sac. Le Royaume Oublié. C'était le livre qu'elle avait commencé à lire pour la première fois à Matthieu la veille. Elle le tenait de sa vraie mère, il était dans son berceau quand elle avait été recueillie par Alexya. Depuis, elle le gardait constamment avec elle. C'était un peu son doudou à elle.

"C'est dommage que les dernières pages du livre ont été arrachées."

– C'est vrai, mais ça laisse place à notre imagination et puis c'est plutôt pas mal pour mes frères et sœurs, aucun n'a la même version, c'est un peu leur histoire à eux aussi.

"C'est vrai oui."

Glacies sourit légèrement puis retira le marque page du livre, reprenant sa lecture du début. Elle se posa tranquillement sans voir le temps passer. Lorsque sa lecture fut terminée, elle attrapa une feuille et un crayon afin d'écrire les mots clés qui lui serviraient à créer la fin pour Matthieu. Après une bonne heure, Glacies déposa tout son bazar dans son sac et ferma les yeux.