Emmitouflé dans une grosse couverture et blotti dans les bras de Joshua, Glacies continuait à dormir. Le jeune homme s'était placé devant l'énorme cheminée allumée présent dans la chambre à coucher. Afin de garder le plus de chaleur, le sage avait conseillé à Joshua de se mettre, tout comme Glacies, nu sous la couverture. Embêté du non-consentement de sa partenaire, Josh avait tout de même retiré son sweat pour éviter de mettre mal à l'aise sa protégée.

L'une de ses mains caressait délicatement les cheveux de son amie tandis que son regard était perdu sur les flammes hypnotisantes de la cheminée. Il ressassait tous les événements qui se sont passés depuis son arrivé au lycée. Sa nouvelle classe, la course d'orientation, son rapprochement avec elle. L'agression que Julien avait osé faire. Si à ce moment-là, il n'avait pas vraiment ressenti grand-chose, à l'heure actuelle, il souhaitait plus que tout revenir en arrière pour lui péter la gueule. À Julien, mais aussi à Héri pour s'être rapproché d'elle, au vendeur pour avoir osé poser son regard de pervers sur elle. Fermant un instant les yeux, il se remémora la scène.

«– Allez mon garçon, trêve de plaisanterie et choisis la meilleure bestiole ! Seuls les hommes grands et forts peuvent choisir la meilleure monture ! Les femmes, elles, sont bonnes qu'à servir les gens comme nous et à être prise !

Joshua attrapa brusquement le col de l'homme. Le regard malsain qu'il venait de lancer à Glacies le mettait hors de lui.

– Écoute moi bien petit merde, lance encore un seul regard du genre à ma copine et je t'explose la tête sans une once d'hésitation, tu captes ?

L'homme ne répondit pas, repoussant simplement le bras du Lidéo.»

Contre sa volonté, ses joues prirent une teinte rouge en se souvenant avoir prononcé les mots "ma copine". C'était sorti si naturellement, sans réfléchir. Est-ce qu'il avait des sentiments à son égard ? Ses pensées se dirigèrent à l'arrivée d'Astraea, le baiser de celui-ci, la crise de Glacies, sa réponse à lui puis la sienne. Il avait été con. Lentement, il glissa ses doigts sur le cou de la jeune femme, effleurant doucement la marque que cet enfoiré de Julien lui avait fait. S'il était arrivé plus tôt ce jour-là. S'il n'avait pas essayé de faire taire les voix à ce moment-là, elle n'aurait jamais été marquée. Jamais il n'aurait dit ce qu'il avait dit et jamais elle ne lui en aurait voulu.

Mordant doucement sa lèvre inférieure, il n'avait pas le choix. Il devait se rendre à l'évidence que leur aventure les avait rapprochés au point que ses sentiments envers Glacies ne soit plus simplement qu'amical.

Lorsqu'il sentit la jeune femme bouger contre lui, il baissa finalement la tête. Celle-ci ouvrit lentement les yeux, laissant son regard dériver sur les côtés.

– Josh...?

– Je suis là. Tu es en sécurité.

Glacies leva légèrement sa tête, observant le garçon à ses côtés. Lentement, elle se pressa un peu plus contre lui.

– J'ai super froid. Murmura-t-elle en caressant doucement la tête de Pum endormi contre elle.

– Glacies... tu peux me dire ce qu'il s'est passé ?

Avant qu'elle ne puisse répondre, la porte s'ouvrit sur le sage qui avait toqué au préalable.

– Vous êtes réveillée ? C'est parfait. Est-ce que vous allez bien ?

La jeune femme observa le sage et hocha simplement la tête. Le sage reprit :

– Je suis désolé de vous brusquer mais, seriez-vous en capacité de nous éclairer, vos compagnons et moi sur l'accident d'hier ?

Glacies hocha doucement la tête une seconde fois.

– Je vous laisse me rejoindre dans la salle du conseil à l'étage.

Le sage se retira. Joshua regarda Glacies se lever. Aussitôt, il détourna le regard pour ne pas voir le corps nue de celle-ci. Glacies, en apercevant sa situation, se mit à rougir brutalement, balbutiant des mots d'incompréhension. Joshua tenta de lui expliquer.

– L-le sage m'a conseillé d-de te laisser.... tel quel et de retirer mon tee-shirt pour que euh... tu... tu puisses avoir plus de chaleur ou je sais pas quoi, je... tient !

Dans la panique, il balança la couverture sur la jeune femme qui s'empressa de s'enrouler dedans, le visage entièrement rouge. Joshua secoua légèrement Pum qui s'était endormi sur lui. Il attendit que celle-ci descend pour enfiler en quatrième vitesse son sweat.

– Tu... je... il y a des vêtements, sur le lit... Je t'attends derrière la porte... d'accord ?

– Non. Reste. S'il te plaît. Dit-elle en tenant la manche du jeune homme. Celui-ci, les joues aussi rouges qu'une pivoine, hocha la tête.

– D'accord.

Joshua s'approcha de la porte mais ne la traversa pas, dos à Glacies, il l'a laissa se changer. Celle-ci se tourna vers son compagnon lorsque se fut fait.

– C'est bon.

Le concerné se retourna pour contempler son amie. Aussitôt, ses yeux s'écarquilla d'étonnement. Les vêtements offerts par le sage étaient dans un style médiéval. Une sorte de robe verte recouvrait le corps de la jeune femme, le vêtement était serré au niveau du décolleté par un élastique allant du décolleté jusqu'au épaule. La robe possédait aussi de grandes manches évasées semblable à des voiles de bateau. Par dessus se trouvait un corset brun débutant sous sa poitrine et allant jusqu'à son ventre, rattaché à une sorte de jupe n'allant pas plus bas que ses genoux. Un collant noir recouvrait les jambes de la jeune femme. Étonnement, les bottines présentes au pieds de la jeune femme ressemblait fortement à des rangers mais en les analysant un peu plus longuement, Joshua remarqua que c'était des contre-façon.

Son carquois était attaché en bandoulière passant de son épaule droite jusqu'au côté gauche de sa taille. Il avait soigneusement été rempli par de nouvelles flèches. Une petite boucle était également placée dans son dos afin de pouvoir ranger ou saisir facilement son bô.

Joshua était fasciné par la transformation de son amie. Cette tenue à l'allure médiévale mettait en valeur sa détermination, sa grâce mais aussi son côté archer. Il ne pouvait s'empêcher de ressentir une profonde admiration pour la guerrière élégante et intrépide qui se tenait face à lui.

D'une petite voix, la jeune femme demanda.

– Alors ? Ça dit quoi ?

– Tu es-

– Laide ? Mal fringuées ? Horrible ?

– Magnifique, sublime et carrément badass.

La jeune femme lui offrit un sourire radieux et sincère.

– Tu es l'incarnation d'une archère digne des légendes médiévales, Dame Glacies. Je suis honoré de vous connaître.

Le jeune homme fit une révérence, faisant rire la jeune femme de bon cœur.

– Mais je ne suis pas sûr qu'il ai des genre de ranger ici... pourquoi tu-

– C'était des grandes bottes sinon... et je t'avoue que je ne me sens pas à l'aise avec des bottes pareil... je préfère mes bottines à moi...

– D'accord.

Celle-ci après un moment d'hésitation se rapprocha de lui pour l'enlacer.

– Joshua. Merci. Merci d'avoir été un gros lourd qui me collait comme tu l'as fait. Merci de m'avoir suivi ici, merci de m'avoir aidé et fait confiance. Merci d'être toi, Merci d'être là.

Le concerné referma ses bras sur elle, souriant doucement.

– Merci d'être toi Glacies. Intrépide et fonceuse. Gentille mais méfiante. Violente et douce à la fois. Tu es incroyable et pas seulement parce que tu peux contrôler des choses. Tu es une personne extraordinaire qui ferait tout pour sauver les personnes qui lui sont chères. Merci à toi, de m'avoir laissé entrer dans ta vie. Et je suis désolé d'avoir été un gros con tout à l'heure.

– Le simple fait que tu aies embrassé une araignée satisfait mon égo et me permet de te pardonner. D'ailleurs, c'était comment ? Velue ?

– Oh la ferme. Répondit-il en la poussant légèrement, les sourcils froncés de colère. Son sourire trahissait sa soi-disant colère.

La jeune femme emit finalement un rire avant de relever la tête, regardant son compagnon sans répondre. Ses yeux passaient de sa bouche à son regard. Doucement, Joshua rapprocha son visage de la jeune femme qui, en le voyant faire, ne bougea pas d'un centimètre. Leurs lèvres se rapprochaient dangereusement. Glacies paniquait de plus en plus. C'était la première fois que ce genre de chose se produisait. Elle qui n'avait jamais eu de copain ne savait pas quoi faire. Des milliers de questions s'engouffraient dans sa tête alors qu'elle voyait le visage de Joshua être à quelques centimètres de son visage.

– Monsieur Joshua ! Il y a également des vêtements pour vous, peut-être devriez vous vous dépêcher de les enfiler !

Débarquant de derrière le lit, la petite citrouille sursauta en plaçant ses pattes sur sa bouche.

– J'ai interrompu quelque chose ?

Avant d'avoir pu ne serait-ce qu'effleurer les lèvres de l'autre, les deux humains se séparèrent rapidement, gênés.

– Non ! Non. Ne t'inquiète pas. Tu as raison. Je vais... m'habiller aussi.

Joshua s'approcha du lit tandis que Glacies se mit dos à lui. Les joues rouges pivoines, elle triturait ses doigts. Elle remerciait mentalement le petit familier qui l'avait sortie de cette situation. Bien sûr, elle avait eu envie de l'embrasser réellement, elle était attirée par lui mais ne voulait pas y succomber, surtout pas. Pas tant que Lava et sa famille n'étaient pas sorties d'affaire en tout cas. Elle voulait aussi attendre le bon moment, mais avait-il vraiment un bon moment pour ça ? Elle lança un rapide coup d'œil vers Joshua, son regard rencontrant le dos nu de celui-ci. Rapidement, elle lui tourna le dos à nouveau, regardant finalement la petite citrouille. Finalement un sourire amusé prit place sur sa bouche.

– Tu as une cape Pum ?

– Oui mademoiselle Glacies ! C'est ma nouvelle tenue de super-héros ! Tout comme vous !

Joshua termina de s'habiller et fit signe à Glacies que c'était bon. La jeune femme se retourna et l'observa de la tête aux pieds. Bien qu'elle n'y connaissait rien en matière de vêtements, elle s'étonnait d'être capable de reconnaître ceux-là. Sûrement un effet "indésirable" d'être dans un autre monde.

Tout comme la jeune femme, les vêtements du garçon étaient assez simple. Il portait une solide cotte de mailles en acier surplombé par une tunique en tissu épais de couleur sombre. Celle-ci était ajustée aux épaules et au buste du jeune homme, s'évasant légèrement vers le bas pour lui offrir une grande liberté de mouvement. Une large ceinture en cuir arpentait sa taille. Celle-ci soutenant son fourreau contenant la fine mais puissante épée offert généreusement par Héri. Il avait également des bottes en cuir montant jusqu'à ses mollets.

– Alors ?

Attrapant sa jupe, elle fit une révérence comme le ferait une princesse.

– Mon cher chevalier. Du haut de vos magnifique bottes cuivrées, j'ai besoin de vous dans cette périlleu- Attends, attends, pouce, ça me perturbe... t'as aussi un caleçon en cotte de maille ?

Un grand sourire amusé aux lèvres, Glacies observait son compagnon éclater de rire au point d'avoir les larmes aux yeux.

– T'as qu'à vérifier !

Faussement outrée, la jeune femme se redressa d'indignation.

– Mais enfin ce n'est pas digne d'une dame !

Riant aux éclats, les deux amis finissent par quitter la pièce, Glacies saisit le sac en bandoulière offert par le sage. Elle y rangea ses affaires importantes. Dans le couloir, la jeune femme regardait Joshua du coin de l'œil. Elle ne pouvait s'empêcher de le voir comme un grand et valeureux chevalier. Bien que son ami soit de sexe masculin, Glacies se rendait vraiment compte qu'il était un véritable homme. Son attitude mais aussi ses vêtements l'entourait d'un puissant charisme. Aussitôt, une image de son camarade dans son plus simple appareil lui vint en tête. Si cette image aurait sûrement dû l'émoustiller, l'imaginer avec un caleçon en cotte de mailles la fit pouffer de rire.

– Mademoiselle Glacies ? Vous allez bien ?

– Oui, oui je vais bien, ne t'inquiète pas.

– Qu'est-ce qui te fait rire ?

Observant son camarade, la jeune femme secoua la tête, gardant difficilement son sérieux.

– Mais dit moi !

– Nan c'est bien trop gênant. Et interdiction de lire dans ma tête !

Joshua la fixa, devenant brutalement aussi rouge qu'un coquelicot. La jeune femme qui jusque là ne pouvait s'empêcher de pouffer, arrêta aussi vite.

– T'avais promis de plus le faire !

Se plaigna-t-elle en se cachant ses joues rougies par la gêne ressentie.

– Je suis désolé... souffle Joshua, les yeux regardant partout sauf en direction de la jeune femme.

Un silence pesant se déposa entre les deux terriens. Finalement, ils furent heureux d'atteindre la salle du conseil.