14
Gravissant une énième dune, Glacies se retourna pour la troisième fois afin d'observer le village au pied du volcan.
– Au faite, Joshua... il s'appelait comment le village déjà ?
– C'était comment déjà ? Glacies ? Tu es complètement pâle... ça va ? La chaleur te tape sur le crâne ?
La jeune femme ne répondit pas. Lentement, elle leva son bras droit pour désigner la silhouette en bas de la colline de sable.
– C'est qui ?
L'humaine sentait ses poils s'hérisser, un sentiment d'étouffement lui prenait à la gorge tandis que sa respiration s'accélérait de plus en plus à la recherche d'oxygène. Ses jambes se mirent à trembler progressivement ; pour ne pas tomber, elle s'agrippa à son compagnon de voyage. La chaleur étouffante du désert remplissait l'air aux alentours et des gouttes de sueur perlaient sur son front et le long de son échine.
– La mort. La mort arrive.
Joshua scrutait la jeune femme paniquée puis à nouveau la silhouette en bas. Saisissant délicatement le bras de son amie, il la tira en arrière.
– On doit avancer Glacies. On y va, aller.
La concernée hocha la tête et se laissa entraîner, les yeux rivés sur la silhouette qui disparaissait derrière l'énorme butte de sable. Progressivement, la sensation qu'elle avait ressenti à l'apparition de la personne se dissipa, la sensation de mort avec. Glacies se tapota les joues brusquement, refusant de se laisser abattre de la sorte. Elle savait inconsciemment que cette femme encapuchonnée n'arrêterait jamais de la chasser et si elle se mettait dans cet état là a chaque fois qu'elle la croisait, elle deviendrait la bombe humaine qu'elle redoutait. Même si la présence de l'inconnue là déstabiliser, elle devait avant tout penser à sa quête et ne pas prêter attention à cette sensation.
Ainsi les deux adolescents continuèrent leur voyage vers la contrée nuageuse, au Sud-Est de leur position. D'après Héri, un vendeur de Sayada vagabondait près de l'ancien chemin menant aux îles par-dessus les nuages.
Joshua s'empara de la carte fournie par la Thérianthrope. Glacies suivait le jeune homme silencieusement, observant les alentours avec émerveillement. Des créatures toutes plus différentes les unes aux autres crapahutaient dans l'immense désert.
– Woooaaah ! Un Sablion ! C'est la première fois que j'en vois un !
Glacies sourit face à l'émerveillement de la petite citrouille.
– Et qu'est-ce que c'est exactement ?
– Un sablion ? C'est un majestueux félin comme vous pouvez le voir avec une magnifique fourrure dorée Mademoiselle Glacies. Grâce à cette couleur, il peut facilement se fondre dans les dunes de sable. Sa rapidité et son agilité sont énormes mademoiselle ! Très peu de créatures peuvent se mesurer à lui tant sa force et sa précision sont inimaginables ! C'est l'une des créatures les plus violentes et dangereuses du désert ! C'est magnifique...
Les deux adolescents stoppèrent leur avancée. Comme un miroir, les deux humains se retournèrent vers la petite citrouille qui, en les regardant, pencha la tête d'incompréhension.
– Ai-je dis quelques choses de mal ?
– Pum. Qu'est-ce que tu as dis ? En dernier ?
– Que c'était magnifique ?
– Avant Pum. Renchérit Joshua en se rapprochant rapidement de la petite créature pacifiste.
– Que c'était l'une des créatures la plus violente et dangereuse du désert ?
Sans répondre, le jeune homme tourna la tête vers la créature semblable à lion. Celui-ci les avait repéré et, comme l'avait mentionné Pum, filait à toute vitesse vers le petit groupe. Dans un mouvement de panique, les deux compagnons firent des pas en arrière, rien qui pourrait les sauver évidemment. Cependant, comme si leur destin était de survivre, un immense oiseau aux plumes de feu s'attaqua au félin. De son bec jaillit de puissante et dévastatrice flammes. Mais le Sablion était une créature rapide et agile, sans problème, elle esquiva la rafale de feu.
Le petit groupe d'amis profita de ce conflit pour fuir derrière une autre dune, là où le félin ne les verrait plus. Un spectacle incroyable se déroula alors devant leurs yeux. Un essaim de petite libellule virevoltait en rythme.
– Pum ? Qu'est-ce que c'est ?
– Ce sont des Miravoles Mademoiselle Glacies. Ce sont de petites créatures volantes qui vivent habituellement seules mais à certaines occasion, elles se rassemblent pour créer des illusions avec leurs magnifiques ailes translucides. Le soleil se reflète dessus et provoque ses jolies petits rayons de lumière. Parfois, elles peuvent même tournoyer autour d'une personne qu'elle juge spéciale.
Suivi de cette parole, l'essaim se mit à tournoyer autour de Glacies. L'enveloppant dans leur douce lumière. À l'extérieur de ça, Joshua observait le spectacle. Les yeux brillant, il regardait attentivement la jeune femme piégée. Son regard pétillant, son sourire illuminant, rien ne laissait Joshua insensible. Elle était magnifique. Ses cheveux blancs étaient parsemés de différentes couleurs et ses yeux vermeille semblaient tout à fait normaux dans cet univers fantastique. L'instant d'après, l'essaim de Miravole se dispersa et s'éloigna, laissant les deux humains fascinés face à la beauté de la scène.
– Mademoiselle Glacies ! Monsieur Joshua ! Derrière vous ! Le vendeur de Sayada ! Il est là ! Nous l'avons trouvé !
Surpris, les deux adolescents progressèrent vers le vendeur ambulant. Les fameux Sayada ressemblaient trait pour trait à des pégases. De magnifiques ailes de la couleur de leur pelage étaient recroquevillé dans leur dos. Pourtant, bien que les créatures semblaient bien entretenues et nourries, elles étaient toutes attachées à des fils tenus par le vendeur. Les chevaux ailés n'étaient pas malheureux mais Glacies pouvait voir à travers leur yeux qu'ils seraient bien mieux en liberté. La jeune femme se sentait triste pour eux mais elle n'était pas dans son monde, elle ne pouvait pas libérer les pégases comme ça.
À la vue du petit groupe, l'homme stoppa sa marche. Il restait muet, laissant les trois individus le rejoindre. Joshua fronça légèrement les sourcils. Si de loin, l'homme semblait grand, plus ils avançaient, plus le vendeur semblait perdre de la grandeur. Face à lui, Joshua resta silencieux, scrutant la chose : l'homme était un peu plus petit que lui mais plus grand que Glacies. Il ressemblait beaucoup à un gobelin que Joshua avait pu apercevoir dans les nombreux livres qu'ils avaient lu. De très grandes oreilles, le dos un peu courbé, sa peau était bleue cependant. Un sac sur le dos, son regard vicieux le mettait un peu mal à l'aise.
– Que puis-je faire pour vous, mon bon monsieur ?
– Nous sommes des vagabonds. Nous passons d'île en île pour...
– Pour vendre nos services ! Continua Glacies en lançant un petit regard à son ami.
– Nous souhaitons nous rendre dans la contrée nuageuse mais les pont reliant les îles ont été... et bien... détruit ? Termina Joshua.
– Tu n'es pas d'ici n'est-ce pas mon garçon ? Il n'y a pas de pont ici ! Simplement une échelle qui vous permet, à vous visiteur, de monter tout là haut ! C'est cette échelle qui est brisée. C'est pour ça que je suis là ! Avec mes Sayara, je passe de contrée en contrée pour permettre au petit jeune comme toi de découvrir le paysage !
Glacies fut déstabilisé. Cet homme ne parlait qu'à Joshua sans lui adresser un seul regard. Légèrement agacée qu'il réponde à ses questions en s'adressant uniquement à son ami, elle répondit aussitôt.
– Parfait ! Pouvons-nous vous en louer monsieur ?
L'homme dévisagea Glacies de haut en bas avec dédain. Bien qu'il ne disait rien, son regard en disait beaucoup sur sa façon de pensée. Se tournant vers Joshua à nouveau, le vendeur ambulant prit soin d'ignorer la jeune femme.
– Alors mon garçon. Qu'est-ce qui t'intéresse ? Un Sayada noir ? Gris peut-être ? Ou marron ? Choisis celui qui te conviendra le mieux !
Embarrassé, le concerné se glissa derrière Glacies, posant ses mains sur ses épaules.
– Mon amie sera mieux choisir que moi, je n'y connais rien du tout là dedans.
Dans un rire jaune, le vendeur écarta sans douceur la jeune femme pour se planter face au jeune homme. Tapotant amicalement ses épaules, le nomade reprit.
– Une femme choisir, C'est la première fois que je l'entends celle-là ! Elle est bien bonne ! comme si cette petite Solisée était capable d'émettre un vrai avis sur la question.
Se tenant le ventre, l'homme s'esclaffait d'un rire gras. Finissant par se calmer et, en essuyant ses larmes, il entraîna Joshua à sa suite.
– Allez mon garçon, trêve de plaisanterie et choisis la meilleure bestiole ! Seuls les hommes grands et forts peuvent choisir la meilleure monture ! Les femmes, elles, sont bonnes qu'à servir les gens comme nous et à être prise !
Le regard malsain du vendeur sur elle fit frissonner violemment Glacies. Le regard qu'il lui lançait la fit se sentir comme un morceau de viande, un simple objet qui pouvait, en un instant, lui appartenir. Brusquement, Joshua attrapa le col de quarantenaire, semblant le menacer.
Sans faire attention à la scène qui se déroulait, Glacies se tourna vers la petite citrouille.
– Pum. Qu'est ce que c'est une Solisée ?
– C'est une fleur du désert mademoiselle.
– Mais encore ?
– Vous savez, peut-être devriez-vous vous contentée que de cela mademoi-
– Pum !
– D'accord, d'accord ! Une Solisée est une petite fleur d'un jaune pâle grâce au rayon du soleil. Elle vit dans les déserts arides comme ici. Ses pétales sont fines et légèrement ondulés disposés en collerette, elle a l'apparence d'une fleur fragile.
– Et elle sert à quoi ?
– Et bien... à rien. Elle n'a aucune propriété remarquable, elle n'a pas de parfum ou de nectar particulier. Elle ne peut même pas être utilisée dans la médecine ou dans d'autres choses du genre. Elle sert vraiment à rien mis à part faire jolie...
– Donc non seulement, il m'ignore, me reluque comme un gros porc et me compare à une fleur inutile ?!
Si cela aurait suffit, le nouveau regard de mépris ou d'envie qu'il lui adressa après que Joshua l'ai lâché la mise en rogne. Comme un reflex, la jeune femme lui offrit son majeur, chose qui ne plu pas a l'homme. Délaissant Joshua, le vendeur se dirigea vers elle.
– Écoute moi bien petite Solisée, Je ne suis pas n'importe qui. Tu piges ? Je suis supérieur à toi, tu me dois le respect et l'obéissance tu comprends ? Alors tu vas fermer ta belle petite bouche avant que je décide de la bai-
– VOUS allez vous la fermer et m'écouter. Je ne suis pas un chien, et encore moins une soumise sur qui vous pouvez loucher à votre guise. J'ai mon propre libre arbitre et ma liberté. Je ne suis pas à vous, ni à qui que ce soit. J'appartiens à moi et moi seule.
– La marque d'appartenance dans votre cou affirme l'inve-
– MAINTENANT, si vous permettez nous aimerions MOI et mon compagnon nous rendre dans la contrée nuageuse. Tout comme mon ami, JE peux regarder et choisir le meilleur des Sayada. Merci.
Sans laisser le temps de répondre, la jeune femme contourna le nomade pour rejoindre Joshua.
– Je vais le buter.
– On serait repérer en moins de deux.
– Monsieur Joshua ? Pourquoi n'avez vous pas aidé mademoiselle Glacies face à cet homme abject ?
– Pourquoi est-ce que j'aurais fait ça ?
– Et bien... vous êtes l'homme ! Vous vous devez de-
– De rien. Je suis un homme en effet mais Glacies est une archer à présent. Elle a un arc et des flèches mais aussi son bâton et un petit couteau aiguisé dans sa botte. Elle n'a aucunement besoin d'un homme grand et fort pour la protéger.
S'agenouillant, le jeune homme caressa la petite tête orange du familier avant de le prendre dans ses bras.
– Alors mon garçon, tu as choisi ?
– On veut lui.
Glacies se tourna vers le vendeur en montrant du bout de son index le cheval en question. L'homme grogna et détacha le pégase. Il donna la longe a Joshua en échange de quelques Rayons tout en prenant soin de défier Glacies du regard. La jeune femme ne répondit rien, fixant l'homme.
– Merci monsieur. Glacies tu prends les rennes ?
– Non vas-y toi.
– Évidemment, une solisée ne peut diriger ses bêtes majestueuses.
Glacies lui offrit simplement un sourire et prit place derrière Joshua. Le vendeur expliqua comment diriger la créature et s'éloigna ensuite pour laisser le jeune homme décoller.
Une fois en hauteur, le Lidéo prit la parole.
– Pourquoi tu ne voulais pas prendre les rennes ?
– Parce que je n'aurais pas pu faire ça si j'avais les mains prises.
Son arc en place, Glacies visait avec précision l'unique longe maintenant les créatures ailés. Tirant la corde, elle lâcha finalement celle-ci, laissant la flèche enflammée aller à vive allure jusqu'à couper d'un geste net la corde. Aussitôt, les créatures déployèrent leur ailes et s'envolèrent en laissant le marchand surpris et dépassé par la situation. Fixant le vendeur, Glacies plaça son index et son majeur sur son front, éloignant rapidement sa main en signe de salut. Un sourire aux lèvres, elle rangea son arc dans son carquois et s'accrocha à Joshua pour ne pas tomber.
Ils survolèrent le ciel et les nuages, apercevant des créatures aussi sublimes que dangereuses. Depuis leur position, ils pouvaient voir les quatre autres contrées et toutes les îles existantes. Mais pas que, plus loin à l'ouest du royaume se trouvait un autre continent tout aussi grand, voire plus, que le royaume d'Etherna. Un autre Royaume.
Lorsqu'ils passèrent par-delà les nuages, un sentiment d'angoisse envahit le corps de la jeune femme. Son souffle s'accéléra alors qu'elle serrait les vêtements du jeune homme.
– Glacies ça va ?
– Elle est là. Elle est toute proche de nous, je la sens.
Comme annoncé, la jeune femme de la dune apparut une nouvelle fois. Debout au niveau du vendeur ambulant, elle observait le groupe d'amis atterrir sur le premier nuage accueillant une ville.
– La Thérianthrope disait donc vrai. Vous allez bel et bien dans la contrée nuageuse.
Alors qu'elle se mit à rire sadiquement, le commerçant s'approcha.
– Toi là ! Femme ! Récupère mes Sayara si tu souhaites être toujours aussi libre !
Nova coupa son rire et pivota vers l'homme. Le dévisageant surprise, elle se montra du doigt.
– Vous me parlez à moi ?
– Tu vois une autre zéphycha ici ?
– Me comparer à un chaton n'est pas vraiment une bonne idée mon cher.
– Qu'est-ce que c'est un chaton ?
– Tu n'auras plus l'utilité de le savoir petite merde.
D'un mouvement de tête, les pieds du vendeur fut prit dans un bloc de glace.
– Que ?
Le regard que l'homme lui lançait fit sourire Nova. Il avait compris qui elle était. Brusquement, le vieil homme se mit à la supplier de l'épargner, de lui laisser une autre chance, qu'il allait se repentir. Mais la reine ne semblait pas de cet avis.
– Tu préfères mourir de ma main ou de ses pattes ?
Demande-t-elle en pointant, au loin, le Sablion cherchant une proie. L'homme, connaissant que trop bien ces créatures connaissait leur férocité, leur agilité mais aussi leur rapidité. Il savait que si cette bestiole l'apercevait, il ne faudrait même pas cinq minutes pour que le félin soit à sa hauteur, sa gueule autour de sa petite tête de gobelin des neiges. Dans une légère panique, l'homme répondit aussitôt.
– De votre belle et délicate main !
– Bien.
Sans attendre, la jeune femme glaça la main droite du vendeur. Puis, dans un claquement de doigt, la fit exploser. L'homme hurla de douleur. Sans attendre, la reine réserva le même sort à son autre main, à ses pieds et ses jambes. Les cris du vendeur étaient puissants, terrifiants. Sa douleur se ressentait rien qu'à sa voix. La suppliant d'arrêter, le marchand utilisait ses dernières forces pour supplier la reine de l'épargner. Soupirant, la reine se retourna.
– D'accord.
Ainsi, Nova s'éloigna. Un grand sourire au lèvres, elle écoutait attentivement le Sablion, averti par les cris, se jeter violemment sur l'homme qui se mit à nouveau à hurler à plein poumon, servant donc de repas pour le félin.
– Tu es pardonné.
Abordant un grand sourire de sadisme, la reine s'évapora dans un coup de vent.
**********
– Te revoilà. C'est à toi de jouer.
– Toi qui ne voulait pas démarrer cette partie, tu t'es pris rapidement au jeu Lava.
– Arrête de parler et joue.
– J'aurais préféré les échecs, j'avais préparé de magnifiques pièces à l'effigie de nos pions. Je comprends pas que tu aies voulu absolument ce jeu de dames.
– Que ce soit toi ou moi, nous ne savons pas jouer aux échecs. Ça aurait été une perte de temps. Maintenant Nova, avance tes putains de pions.
– Bien, bien. Dans ce cas, je mange ta pièce avec celle-là. Imagine la noir, avec de grande, très grande, patte d'araignée.
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