7 - De nouvelles rencontres...
Comme Len'Serafen, Len'Darken avance à longues enjambées décidées dans les couloirs, même si les siennes sont plus élégantes. Et j'ai autant de mal à suivre. Pourquoi faut-il que tout le monde soit plus grand que moi sur cet engin ? Si seulement je pouvais sortir mes alaées... Mais il n'est pas indiqué de s'en servir dans un lieu clos. Vu l'énergie qu'elles concentrent, elles pourraient faire de terribles dégâts matériel... voire blesser quelqu'un. Je baisse la tête en soupirant, en trottinant pour rester à la hauteur de la conseillère de l'Agathos.
Enfin, elle ouvre un sas et s'efface pour me livrer passage. Je demeure bouche bée sur le seuil...
La pièce est très grande et face à moi, se trouve une vaste verrière incurvée qui laisse entrer à plein la lumière du jour. Mais contrairement à ce que j'attendais, il n'y a aucune commande reconnaissable, ce qui est sans doute normal : les seules personnes capables de diriger un croiseur mécamens sont les membres de la lignée liée à l'engin, qui possèdent une connexion psychique naturelle avec celui sur lequel ils sont nés et ont été élevés.
Une galerie en hauteur longe l'avant du croiseur, juste en dessous de la verrière. En son centre, elle devient plus large ; au milieu de cet espace se dresse un siège ergonomique. Au-dessus de l'appuie-tête, je distingue un montant qui soutient une sorte de couronne ouverte où pulsent des lumières qui s'allument à tour de rôle. Pour le moment, le fauteuil est désert. L'Aïrin se tient juste à côté, appuyé sur la rambarde. À côté de lui, j'aperçois deux personnes que je n'ai pas encore rencontrées, même si leur tenue bleue et le symbole qu'ils arborent les identifie comme des membres du conseil de l'Aghatos.
À la droite de Taral, se dresse un homme que je n'aurais certainement pas remarqué au milieu d'une foule. De taille moyenne, il grisonne au niveau des tempes. Il possède ce genre de physionomie discrète, mais agréable, qui évoque immédiatement la douceur et l'honnêteté. L'inconnu doit avoir à peu près l'âge de mon père. Sa tenue reste simple et classique : une veste croisée par-dessus une chemise blanche à col montant et un pantalon assorti. Après avoir rencontré tant de personnages singuliers à bord de l'Agathos je dois avouer que son côté « ordinaire » m'intrigue.
Quand je me risque à détailler la jeune femme à la gauche de l'Aïrin, je ressens une légère jubilation : petite – plus encore que moi – et mince, elle doit avoir le même âge que Dan'Talar. La structure de leur visage est si semblable que je me demande s'ils sont parents, de près ou de loin. Ses yeux perçants, d'une étrange couleur dorée, me vrillent sans aménité. Malgré ses cheveux coupés court, d'un gris argenté, elle n'a rien d'une Alate. Il y a chez elle quelque chose de trop rationnel et terre à terre pour qu'elle ait pu un jour fendre le ciel. La combinaison constellée de poches et sa ceinture chargée d'outils laissent peu de doutes sur sa fonction à bord de l'agathos. Mais pourquoi portait-elle une sorte de gantelet à la main droite... ?
Se sentant regardée, elle bouge d'un pied sur l'autre, croisant les bras. Quand sa manche s'écarte légèrement, révélant son poignet et une partie de son avant-bras, je réalise qu'elle possède plus vraisemblablement un membre artificiel. Je me demande ce qui avait bien pu lui arriver.
« Len'Kirrista, entrez l »
La voix courtoise de l'Aïrin me prend de court. Je réalise qu'encore une fois, j'ai dû paraître terriblement impolie en dévisageant les deux inconnus. Atina pose brièvement la main sur mon épaule avant de se retirer. Je suis touchée par son attitude amicale, et je me sens d'autant plus coupable de ressentir cette gêne inexplicable en sa présence.
Je m'avance dans la salle, où se dressent des sièges disposés en demi-cercle ; je m'arrête juste derrière le plus proche, mal à l'aise. Je suppose qu'il serait malvenu de s'asseoir avant l'arrivée du colonel. L'Aïrin se dirige vers les marches qui relient la galerie et la pièce en contrebas, suivi des deux inconnus. J'essaye de ne surtout pas fixer mon attention sur la main synthétique de la jeune femme, mais la dévisager serait tout aussi suspicieux. Je ne veux pas me montrer irrespectueuse envers l'Aïrin, même s'il ne semble pas du genre à s'offusquer facilement. Cela ne laisse que l'homme mûr qui les accompagne ; je lui lance un regard interrogateur, espérant qu'il se présentera. Il m'adresse un sourire rassurant :
« Vous êtes Len'Kirrista ? Izel m'a prévenu de votre présence parmi nous. J'espère que vous avez repris vos forces. »
Sa gentillesse et sa simplicité me vont droit au cœur.
« Tout va bien, je vous remercie... Dan'... ? »
Il rit doucement :
« Pardonnez-moi, j'aurais dû me présenter. Je suis Faïn Korill, intendant et conseiller de l'Agathos. »
Il s'incline légèrement ; je réponds à son salut, rassurée de sa réaction. Il semble bien plus abordable que le reste de ses collègues.
« Je me trouvais retenu par mon devoir et je n'ai pas pu vous accueillir comme il se devait... Mais sachez que si vous avez besoin de quoi que ce soit, je reste à votre disposition !
— Merci beaucoup, Dan'Korill.
— Vous pouvez m'appeler simplement Faïn. Nous n'employons pas trop de formalités à bord de l'Agathos. Sauf, bien sûr, ajoute-t-il en constatant ma gêne, si cela vous met mal à l'aise. »
Je lève les mains, affolée à l'idée de l'avoir offensé :
« Non, pas du tout ! C'est juste que... tout ceci est très nouveau pour moi...
— Bien sûr, je comprends... »
Une vibration aiguë annonce que quelqu'un se trouve à la porte.
« Ouverture ! » prononce l'Aïrin.
Aussitôt, le sas glisse, laissant le passage à Len'Drasne, accompagnée d'un homme grand et large d'épaules, dont les cheveux coupés court alternent le gris-bleu et le blanc. Une moustache barre son visage. Ses yeux presque incolores posent sur moi un regard sévère, avant de se reporter sur l'Aïrin qui lui fait face :
« Talar. Il y avait longtemps... »
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[Faïn Korill – Conseiller et intendant de l'Agathos
Age : 46 ans
Taille : 1,75 m
Cheveux : châtains avec les tempes blanches
Yeux : bruns
Groupe sanguin : AB+
Type : neutre]
Oui, encore des gens à connaître, mais je promets qu'il n'y en aura pas (beaucoup) plus. Je sais qu'il y a une demoiselle qui ne s'est pas présentée – elle est un peu contrariante et fait de la résistance ; mais pas pour longtemps !
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