Prologue
Anumati | Jo Blankenburg
Le silence est assourdissant.
Je marche sur la route encore mouillée par la pluie récente. Une fine brume couvre la ville, d'une aura mystérieuse. Le ciel est sombre, il n'y a aucune étoile, et, malgré ce qu'on en dit, je suis certain qu'elles n'ont jamais existé. Il n'y a qu'une profonde abysse bleue, au dessus de nos têtes.
Il n'y a plus rien. Il ne reste que ceux qui vivent, et ceux qui survivent. Les paysages sont de poussière, le ciel est vide. On sait désormais, se concentrer sur l'essentiel. Manger, dormir, aimer et mourir. Chaque geste, chaque sensation, chaque mot est précieux.
Et je pense, que je préfère vivre dans ce monde sans étoiles et sans avenir, plutôt que celui qui se cache sous les Dômes.
J'inspire une goulée d'air froid, découvrant comme la première nuit, les ruines d'une ancienne vie, aux lueurs du soir, laissant mes yeux, vagabonder, se poser sur la beauté de ce décor solitaire. Je distingue un bâtiment, parmi les autres, ayant un toit en bon état et en fais le tour, cherchant un moyen d'y grimper. Trouvant quelques pierres irrégulières, sortant d'un mur, je prends appui, sans hésitation, et à l'aide de mes mains me hisse tant bien que mal, sur les restes de tuiles humides couvrant la bâtisse. Oubliant le froid, Je laisse mon monde m'engloutir, de pensées au fond tristes et amères.
Des milliers de lumières s'agitent dans tous les sens, aussi rapides que la foudre, sous le Dôme, ses arcs électriques formant une bulle protectrice autour de la ville, unique lumière dans les profondeurs noires.
Je n'ai jamais su trouver de mots. Le seul livre que j'ai pu lire, il y a bien longtemps, c'était un dictionnaire datant d'une autre vie, des mots méconnaissables y figuraient. J'étais passionné par la mélodie de ces sonorités, et ce fut bien la seule chose que j'ai pu gardé en mémoire de mon passé, il fut rapidement brûlé comme tous les livres interdits. Malgré cela, ma passion pour les mots, il m'était impossible de décrire ce paysage, avec justesse.
Le vent, impitoyable, vient secouer mes cheveux un peu trop longs, m'empêchant de voir au delà. Levant la tête, pour y échapper, je ne peux m'empêcher de penser que nous sommes de petites créatures impuissantes, mourant à petit feu, souffrant en silence, des choix de ceux ayant vécu avant nous.
Ceux qui ont mené le monde vers l'Apocalypse.
Et nous, enfants du Nouveau Monde, vivons sur les restes qu'ils nous ont laissés.
Non.
SURvivons.
J'aimerais me sentir héroïque. Être fier, de vivre.
Je ne veux pas sauver un monde qui ne veut pas de moi.
Vouloir un avenir, c'est avoir trop d'espoir.
Comme beaucoup d'enfants, je rêve de l'Ancien Monde.
C'est peut-être la seule chose qui me différencie des adultes, encore, la seule qui me rends surement moins aigri.
Je me laisse le droit d'imaginer un ciel d'étoiles, des lumières, parsemant le ciel. La simple idée que le monde est put un jour être moins sombre, me parait impensable, pourtant j'ai envie d'y croire. Mais comment ? Cela reviendrait à penser que nos ancêtres ont pu effacer d'un coup de gomme les astres de nos abysses.
Mes paupières alourdies de sommeil et de froid, se ferment sur le néant, bercé par le silence. cherchant refuge, là où même les cauchemars, ne nous atteignent pas.
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