Chap 2
Breadcrumbs | Jacob Lee
J'observe cette étrange fille, apparut de nulle part et scrute ses moindres réactions. Elle hausse un sourcil et s'apprête à dire quelque chose, je la coupe :
- Est-ce que tu es réelle ? Tout ça est réel ?
Elle me regarde avec de grands yeux et éclate de rire.
- Je suis très sérieux, dis-je en fronçant les sourcils.
- Je vois bien ! Comment tu t'appelles ?
- Alex.
Elle me tends la main pour m'aider à me redresser mais lorsque je regarde mon bras tendu, je reste fixé sur la tache noire qui s'étend sur mon poignet. Je lâche un hoquet de stupeur, et sursaute en secouant ma main gauche, essayant de la faire disparaître, dans un réflexe. Une serrure, se forme et noircie sur ma peau, ses coulures d'encre, entourant mon poignet.
Je détaille la marque, abasourdi, et alterne mon regard entre les yeux d'Honey et mon poignet, me demandant, d'où vient cette chose.
- Qu'est-ce que...?
Je la regarde, les yeux écarquillés et la bouche ouverte, me rapprochant plus du poisson rouge, que de l'humain sur le moment, attendant une réponse.
Elle me sourit, une petite fossette apparaissant au coin de ses lèvres. Elle croise les bras devant elle et me lance, le regard rieur :
- Et bien, reprenons les choses dans l'ordre, Alex, je vais répondre à toutes tes questions. On est tous passé par là. Respire un bon coup, inspire...voilà, maintenant viens.
- On-on ? je demande, hésitant.
Sans prendre la peine de répondre, elle attrape ma main tatouée, toujours tendue et me relève d'un coup sur mes deux pieds. J'essaie de ne pas me concentrer sur le flot de questions qui se cognent dans ma tête et la suit en titubant un peu.
Je remarque à présent seulement, que nous nous trouvons dans une petite clairière, entourée de grands arbres, plus que je n'avais jamais vu. Les dernières couleurs du crépuscule se mêlant aux lueurs du soleil couchant, rebondissant sur les feuilles verdoyantes et la terre brune. La cabine avait disparu, il ne restait que ce paysage tout droit sorti d'un livre pour enfant, de ceux qui coûtaient un mois de nourriture pour toute notre famille.
J'entends de plus en plus de bruits, étranges, des craquements, des piaillements, une mélodie inconnue à mes oreilles, mais pas désagréable, plutôt intrigante.Tachant de ne pas me faire semer, je suis rapidement la jeune fille, la main en visière, afin de la voir à travers les rayons du soleil. En m'approchant d'elle, la lumière aveuglante finit par disparaître, me permettant d'y voir plus clair.
Honey s'arrête face au vide, et je réalise alors où la clairière se trouve. Je ferme les yeux quelques instants, avant de les rouvrir.
Je reste bouche bée devant ce que je vois.
Où suis-je ?
Les pieds au bord de la falaise, la vue que j'ai est incroyable. Le paysage qui s'offre à moi est indescriptible. Un mélange de tous les univers, tous les plus beaux endroits de l'Ancien Monde. Mes yeux se perdent dans le décor, tant il y a de choses.
Des building aux néons multicolores, des jardins japonais avec beaucoup d'arbres roses, la Tour Eiffel, iconique de ce qu'on appelait "La France", un début de désert avec des pyramides, une forêt tropicale, des chutes d'eau, une chaîne de montagnes enneigées, gravissant le ciel, des maisons de toutes les couleurs. Mais aussi, la grande muraille de Chine, la statue de la Liberté, la savane, une mer bleue et verte avec des palmiers, et tant de choses dont je ne connais pas le nom. Les merveilles de l'Ancien Monde, rassemblées sous mes yeux.
Il y a cependant une singularité, très étrange, il n'y a pas un seul soleil et une seule lune, mais plusieurs ! Certains soleils se lèvent, d'autres se couchent, il fait nuit sur les montagnes et les buildings, mais jour sur le désert et la grande muraille. Un mélange de couleurs dans le ciel, tout simplement, incroyable.
Je pourrais passer des heures à regarder et décrire l'immensité de ce monde qui s'étend au loin à l'horizon, mais mes yeux ne parviennent pas à voir ce qu'il y a au-delà.
- Je te présente la Cité d'Éther, me dit d'une voix douce Honey, qui venait de prendre un objet particulièrement bizarre dans une main.
Je m'arrête un instant de contempler la vue, et l'observe discrètement. Un visage aux traits fins et doux, des cheveux bruns clairs, bouclant légèrement jusqu'en bas de ses épaules, des yeux bleus profonds. Les lumières qui proviennent d'en bas dansent sur son visage, créant des contrastes saisissant, une part d'ombre qui s'accentue à mesure que le soleil le plus proche disparaît, laissant place aux douceurs du soir. Vêtue d'un un Tee-shirt blanc, d'un jean bleu troué et d'une chemise à carreaux sur des tons verts en guise de veste, elle reste parfaitement normale. Les mots "surnaturelle" et "intouchable" s'inscrivent pourtant dans ma tête inconsciemment. Elle tenait de ses doigts une caisse en bois faisant à peu près la longueur de mes bras, aussi large qu'elle, il paraissait creux, percé d'un trou, de longues cordes étaient tendues sur l'artefact, qui se rétrécissait en une longue planche de bois dans ses mains.
Un sourire s'étend doucement sur ses lèvres.
- Pourquoi, tu me regardes comme ça ?
Elle pose ses yeux sur moi et durant une seconde, je crois apercevoir des paillettes d'or briller dans ces pupilles, mais c'est si éphémère que j'ai sûrement dû l'imaginer.
Voyant qu'elle attend toujours ma réponse, je me reprends rapidement.
- J'attends que tu m'expliques. Qu'est-ce que je fais ici ? Où on est ? J'ai l'impression que tout cela est irréel, mais je sais que ça ne provient pas de mon imagination. Il est impossible que mon esprit ait créé ça, je montre de la main.
Elle se tourne vers l'horizon et s'assoit sur le bord, laissant ses jambes pendre dans le vide en les balançant, tapotant de sa main libre, la place à côté d'elle. Je m'assois, pas moins rassuré, et lui lance un regard inquisiteur.
Elle prend à deux mains, la chose étrange, collée contre son torse, et pince quelques cordes une à une, le regard au loin.
Un son étrange et incroyablement doux et intense s'échappa des doigts de la jeune fille, en même temps que ses mots murmurés, accompagnant sa voix suave.
- Nous sommes dans le monde des Rêveurs. Accroche-toi bien, petit, à partir de maintenant, ta vie va changer.
Un doux sourire s'étire sur ses lèvres.
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