Chap 11

J'ouvre les yeux, mon corps étendu sur le sol, et réalise que je ne suis plus chez moi, dans ma vieille battisse. Je me redresse en tenant ma main d'une main, les pensées brouillées et aperçois un petit chat noir en face de moi, au bout de la ruelle où je me trouve. Il reste un moment assit, à m'observer, battant la queue derrière lui, attentif. Je reste immobile de peur de le faire fuir. Cette créature à l'air tout droit sortie des livres, je n'en avais jamais vu, seulement dans les rares ouvrages de mon enfance à l'orphelinat Desroses, lorsque je vivais encore sous le Dôme, avant qu'ils ne soient tous brûlés. D'un pelage brillant, où transpercent deux yeux verts, il émet un petit bruit, et se retourne en bondissant, disparaissant de ma vue. Je me relève brusquement, manquant de tomber et part à sa poursuite. Galopant à une vitesse incroyable, le petit animal de mes rêves change de ruelles, comme s'il connaissait le chemin par cœur. Je sais que je suis perdu de toute manière sans Mike et Honey, alors autant le suivre, peut-être qu'il connait le chemin vers le centre ?

En parcourant les rues, le bruit qui n'était qu'en fond, prend de plus en plus d'ampleur à mesure qu'on avance se transformant rapidement en un brouhaha indistinct. Soudainement le petit félin tourne dans un virage très serré entre deux étroites ruelles de Paris et m'oblige à freiner la cadence de mes pas pour ne pas me prendre le mur de la rue d'en face. En me tournant, je le vois disparaitre entre les jambes des passants parmi la foule qui se trouve dans la Grande Avenue à quelques pas.

- Mais qu'est-ce qu'il se passe ici ? dis-je à voix haute en fronçant les sourcils.

Je m'avance prudemment et pénètre dans la foule mouvante qui se dirige vers la Tour Eiffel. Autour de moi, les gens tiennent des lumieres dans leurs mains, des sortes de lampions colorés allumés d'une bougie, faits de papier aux motifs saisissants. Vêtus de long peignoirs, couverts de couleurs et dorures, ils déambulent dans l'avenue un grand sourire aux lèvres, le soir descend doucement dans le ciel, et le bruit de la foule mélangé à la musique que produisent des gens dans des objets étranges, certains soufflent dans des troués, d'autres tirent leurs cordes et en retentit une mélodie joyeuse, enivrante, gonflant mon cœur d'un bonheur inexprimable, incapable de retenir le sourire qui s'étire sur mes lèvres et l'euphorie qui m'atteint. Une clameur s'élève autour de moi et les gens s'écartent autour des, hum.. Souffleurs et Tireurs de cordes ?  Brusquement des applaudissements résonnent, des hurlements de joie, et alors apparaissent, des hommes immenses, marchant sur des grand bout de bois, presque en lévitation au dessus de nos têtes, produisant des figures invraisemblables. Complétement émerveillé, je ne remarque qu'après quelques instants, le temps de cligner des paupières, qu'une armée de femmes en peignoirs, au visage d'un blanc immaculé, un cercle de bois tendu par un peau frappés par leurs mains, elles tournent sur elles-même laissant s'échapper le tintement des clochettes, dans un rythme effréné, parcourant mon corps d'une envie inexplicable de bouger. Un sentiment que je n'avais jamais ressentis. Brusquement, un homme en peignoir rouge et noir, couvert d'un serpent écaillé doré, attrape ma main et celles de ces voisins et se met à courir autour des Souffleurs et de L'Armée aux Clochettes, prit d'un rire tonitruant, il gambade joyeusement nos mains dans les siennes et nous demande d'en attraper dans la foule. Sans comprendre, je m'exécute et souris d'un air surpris, par la joie que ce geste me procure. Nous tournant ainsi le temps d'un infini sourire, claquant les pieds sur le sol, passant sous les bouts de bois des hommes aux pieds immenses, et riant en éclats. C'est alors que tout le monde s'enfuit en hurlant d'une peur enjouée de rire, et je comprend en me retournant pourquoi tout le monde s'est écarté. Un immense serpent à moustaches d'un rouge écarlate, illuminé d'une lumière incroyable dans la lueur du soir, ondule ses yeux bleus posés sur moi, et se met à tourner, autour de moi,

tourner,

tourner,

tourner plus vite, dans un tourbillon de couleurs chatoyantes,

Me perdant de lumières, de rire, et les yeux dans la vagues, remplit de larmes solitaires, dures de vertiges, douloureuses de significations, je crie, sans qu'un son n'atteigne mes oreilles, désespéré, seules mes pensées hurlent d'une voix sourde :

- Emmène moi avec toi, dans les cieux, Créature de Feu.

Le sol se brise soudainement sous mes pieds, brisant la clameur aux alentours. Un silence mortel suivit de cris de terreurs fait bientôt place à l'assourdissement de mes oreilles suite au choc. Les passants se bousculent horrifiés pour partir au loin, et le sol continue de se fissurer, laissant des mottes de terre s'échapper et retomber avec vacarme. Le Serpent Rouge qui était maintenu par des piquets en bois dans les mains d'hommes et de femmes cachés sous le costume, se décolla brusquement d'eux dans un rugissement de fureur et s'envola dans le ciel, recouvert de flammes, pour le moins, réelles, et s'enroula sur lui même avant de retomber vers le sol, à vive allure, dans ma direction. Sortant de ma léthargie je me met à courir, plus que la force de mes jambes ne me le permette, le sentant gagner du terrain et me prends dans ma course effrénée, les pieds dans une brèche, je tombe brusquement au sol, les yeux et le corps plein de terre échappée du goudron, les mains écorchées, je regarde par dessus mon épaule et le vois arriver sur moi. Dans un geste instinctif, je protège mon visage de mes bras, mais je suis brutalement arraché du sol, accroché à la créature entre ses pattes batonneuses. Soulevé dans les airs, le vent et la vitesse vertigineuse, m'empêche de voir clair. Je me sens partir, lorsque les bâtons de la bête qui me tenait fermement s'ouvrent d'un coup me faisant  tomber vers le sol, les larmes dans les yeux, j'ai l'impression de revivre cette scène, seulement au moment même ou je vois un trou béant noir attendre de me recueillir, la Créature me rattrape violemment, ne tenant qu'un de mes bras, m'arrachant un cri de douleur et plonge dans le vide, se refermant autour de moi comme une carapace de flammes et de tissus. Dans un ultime rugissement, nous atteignons le sol, mais le choc que j'aurais dû ressentir est vite remplacé par une explosion de coton tout autour de moi. En ouvrant les yeux difficilement, j'aperçois entre mes cils, une jeune fille à la longue chevelure noire, vêtue d'un peignoir rouge et blanc, la main tendue en l'air vers le champs de coton sur lequel je suis allongé. Sous le choc, je tente de lever ma main et de dire un mot, lorsque la jeune fille s'approche vivement de moi et qu'une vive douleur assaille mon crâne.

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