Chapitre 5 : A propos d'un livre (1/2)

14 octobre 1995.

Le regard sévère et la mine désapprobatrice, Géraldine Grant fixait par-dessus ses lunettes à monture fine les cinq adolescents en haut de la rue, occupés à se chamailler gentiment en poussant de grands cris. Passant une main dans sa permanente impeccable – elle sortait tout juste de chez le coiffeur -, elle pinça ses lèvres minces jusqu'à ce que sa bouche ne soit plus qu'une fente au milieu de son visage grimacier et précocement ridé.

« Quels sales gamins », ne put-elle s'empêcher de penser.

A chaque fois qu'elle passait par-là, elle les retrouvait dehors en train de chahuter. Ne travaillaient-ils donc jamais ? Au lieu d'être sagement chez eux, ils trainaient tout le temps dehors, en train de préparer de mauvais coups ou de faire les idiots. Parfois, comme cet après-midi-là, elle les surprenait même alors qu'il y avait école ; cette bande de voyous préférait faire le mur, ne pensant qu'à s'amuser. Une chose était sûre, ce n'était pas son petit Cédric qui ferait preuve d'un comportement aussi irresponsable. Comme quoi, ce n'était pas que la faute des mômes. L'éducation des parents était primordiale ; si l'un de ces insupportables vauriens avaient été à elle, aucun doute, il aurait filé droit, mais leurs véritables parents leur laissaient beaucoup trop de libertés. Elle n'aurait pas été surprise de les voir encore plus mal tourner dans quelques années.

Déjà, ce Nicholas Lefebvre. Les parents étaient riches – très riches, probablement la deuxième fortune des environs, derrière celle du Marquis – et le gamin arrogant et imbu de sa personne. C'était la première chose qui sautait aux yeux en le voyant : le regard fier, le port altier, il se pavanait au milieu des autres comme un petit roi parmi ses sujets. Quand il aurait l'âge, il hériterait de la fortune de ses ancêtres rien qu'en claquant des doigts ; pas étonnant qu'il pense l'école dispensable. A la place des Lefebvre, Géraldine ne lui aurait pas donné le moindre centime, histoire qu'il se rende compte qu'un joli minois et un titre d'héritier ne suffisaient pas pour se prétendre supérieur aux autres.

Et la petite Moreau, avec ses cheveux courts et ses pantalons troués. Elle était aux antipodes de Nicholas, aussi débraillée qu'il était sophistiqué. Un vrai garçon manqué, qui jurait comme un charretier et s'asseyait en écartant les jambes. Du temps de Géraldine, les filles savaient se tenir, et elles ne fréquentaient pas les garçons comme la Moreau ; Madame Grant avait vu la jeune fille grandir dans le village depuis son plus jeune âge, et elle ne l'avait pour autant jamais vu se lier d'amitié avec d'autres jeunes filles, si l'on faisait exception de cette péronnelle de Natasha Chevalier.

Si Moreau n'avait rien de mignon et féminin, Géraldine aurait encore préféré voir son fils fréquenter cette dernière que cette petite pimbêche aux allures de poupées. Pour qui se prenait-elle, avec ses jupettes à volants et ses moues aguicheuses ? Aucun doute, c'était le genre de nana à se retrouver mère de deux gosses à dix-sept ans. Pourtant, la mère Chevalier lui faisait l'effet d'être une femme droite dans ses bottes ; comme quoi, même si le rôle des parents était important, il ne faisait pas tout. Certains gamins, comme cette Natasha, étaient voués à devenir des dévergondés dès leur plus jeune âge. Ils l'avaient dans le sang.

Il y avait deux autres gamins avec eux ; à plusieurs reprises, au cours du dîner, Cédric lui avait parlé de cette petite bande, avec dédain (et aussi avec un peu d'envie), et il lui semblait qu'ils étaient cousins, ou quelque chose comme ça. Même si elle ne les connaissait pas personnellement et étaient incapables de les différencier, elle savait de source sûre que l'un d'entre eux était le neveu du croque-mort de Guéret. Quant à l'autre, il avait un nom terriblement commun... Quelque chose comme Johnny, ou Eddie. Elle n'en savait pas plus, mais pour être amis avec les trois autres, c'est qu'ils ne valaient pas mieux.

Alors qu'elle s'était arrêtée pour épier le petit groupe, Géraldine Grant se sentit observée à son tour : le fils Lefebvre avait baissé les yeux sur elle et la dévisageait avec son habituel regard méprisant. Vexée d'avoir été prise sur le fait, elle remit de l'ordre dans ses boucles factices et traversa la rue en contrebas, poursuivant sa route la tête haute, mais hâtivement.

« Sales gosses. »

Non, décidemment, son cher Cédric ne se comporterait jamais de la sorte.

- Hey, ce n'était pas la mère de Cédric, là-bas ?

La main en visière, Katie plissa les yeux pour tenter d'apercevoir la silhouette floue qui s'éloignait précipitamment.

- Si, c'est bien elle, répliqua Nicholas en agitant nonchalamment sa tête de droite à gauche.

- Quelle commère, grimaça Natasha en serrant ses bras autour d'elle.

- Toujours à se mêler de ce qui ne la regarde pas, convint Larry. Vous avez vu comment elle nous espionnait ? Je suis sûr qu'elle va aussitôt filer droit chez ses godiches de copines du salon de thé pour tout aller leur raconter !

- Hey ! protesta Eddie. Ma mère est membre de ce salon de thé !

- Eddie, je ne veux pas te faire de la peine, mais Tantine Brigitte est un peu une godiche.

- Vous croyez vraiment que Madame Grant va tout aller raconter à ma mère ? Parce que si elle apprend que j'ai séché les cours...

Nicholas leva les yeux vers le ciel gris et menaçant.

- Pas avec ce temps. Elle va filer chez elle, de peur de ruiner sa nouvelle coupe.

- Je trouve qu'elle ressemble à un caniche tout frisé, comme ça.

- Un caniche tout frisé qui se mêle de ce qui ne le regarde pas. Je trouve que ça lui va bien.

Mais les moqueries sur Madame Grant ne suffirent pas à faire revenir le beau temps.

- Il ne va pas tarder à pleuvoir... nota Nicholas. Katie, tu prends ta revanche et on se rentre ?

- Ma revanche ? rétorqua la brunette d'un ton malicieux. Je ne me souviens pas que tu aies gagné...

- Vous avez fait égalité. Mais Nicholas est trop macho pour le reconnaître.

- Pff, même pas vrai. Allez, Katie, en piste. Nat, tu nous donnes le départ ?

Les deux enfants se lancèrent un regard de défi et se préparèrent à livrer leur dernière course de l'après-midi. Natasha se plaça entre eux deux, les bras levés.

- Trois, deux, un... partez !

Les deux concurrents s'élancèrent sur la route glissante à toute allure, et les trois autres se mirent à leur courir après pour ne pas les perdre de vue, encourageant leur champion à s'en briser les cordes vocales.

- Allez Katie !!!

- Nicolas, ne la laisse pas te battre ! Pour l'honneur !

Pour sa part, Eddie avait préféré s'encourager lui-même, suivant les autres à une bonne distance de peur de se casser la figure dans la rue en pente.

- Katie ! Katie ! scandait Natasha, et Eddie calquait sur ce rythme soutenu ses propres foulées en marmonnant « Eddie, Eddie... »

- Allez Nico ! hurlait Larry en agitant les bras.

Il y avait presque davantage de rivalité entre les supporters qu'entre les deux sportifs en herbe, mais au bas de la rue, ce fut les filles qui levèrent les bras en signe de victoire.

- J'ai gagné ! s'écria Katie, les joues écarlates. Et cette fois, tu ne peux pas nier l'évidence.

- Elle avait au moins une seconde d'avance sur toi, témoigna Natasha en hochant fermement la tête.

- Ne cherchez pas, les filles, Nicholas l'a laissée gagner par galanterie. C'est un gentleman.

Le gentleman en question, ruisselant de sueur et à bout de souffle, eut du mal à confirmer les dires de son partisan.

- De toute façon, maugréa-t-il en essuyant son front humide d'un revers de la main, Katie court bien trop vite pour une fille.

La jeune fille souriait de toutes ses dents, visiblement contente de sa performance. Eddie ne les rejoint qu'à ce moment-là, presque aussi trempé que les deux concurrents.

- Il va falloir te remettre au sport, mon gros, ironisa Larry.

Le benjamin était trop occupé à essuyer ses lunettes gouttées de sueur pour répondre.

- Bon, dit-il finalement en tentant tant bien que mal de dissimuler son essoufflement, il est peut-être temps de rentrer, non ? J'ai de la pluie plein les lunettes.

Les quatre autres échangèrent un sourire entendu, mais acquiescèrent.

- Tu as raison, répondit Larry en jetant un regard sur sa montre argentée flambant neuf – un cadeau reçu quelques jours auparavant pour son treizième anniversaire. Les cours finissent dans quinze minutes, si on rentre un peu en avance, les parents ne feront même pas la différence. Et puis, j'ai promis de ne pas rentrer trop tard. On va à Guéret ce soir, manger chez mon oncle.

- Le croque-mort ?

- Lui-même.

- Charmant.

- Je suis tellement content de ne pas faire partie de ce côté-ci de ta famille, Larry, souffla Eddie.

Les cinq adolescents rassemblèrent leurs affaires et commencèrent à se dire au revoir, lorsqu'ils furent interrompus dans leurs rituels compliqués par un groupe de leur âge qui arrivait dans leur direction.

- Je croyais que les cours ne finissaient pas avant un quart d'heure ? Larry... ?

- Je confirme, dans exactement douze minutes maintenant.

- On est juste pas les seuls à avoir mieux à faire que d'aller en cours, c'est tout, fit Nicholas.

- Oh mince... souffla Larry.

- Quoi ?

- Devine qui c'est, répondit le jeune homme en désignant les six silhouettes qui venaient à présent à leur rencontre.

- Ne me dis pas que c'est la bande de Cédric, grommela Nicholas qui commençait déjà à retrousser ses manches.

- Qu'est-ce-que tu fiches ? répliqua Eddie qui avait remarqué le geste de son ami. Tu ne vas pas aller chercher des embrouilles, hein ?

- Ne t'en fais pas, Eddie, les ennuis vont venir tous seuls.

A son tour, Katie s'avança de quelques pas, prête à en découdre.

- Sérieusement, les gars, argumenta le benjamin d'une toute petite voix très peu rassurée, vous ne voulez pas qu'on fasse un détour ? On a qu'à passer par le haut de la rue, et puis voilà...

- Arrête de faire le bébé, fit Larry. On va descendre la rue comme prévu, et on va passer.

- Avec un peu de chance, le réconforta Natasha, ils n'en ont pas après nous, et on va juste se croiser...

- Ou alors... continua Larry.

La blondinette le fit taire d'un regard et les enfants rejoignirent le bas de la rue, sur leurs gardes. Ils passèrent à côté de la bande rivale sans leur accorder le moindre regard, et ils l'avaient presque dépassée quand une voix déformée par la puberté les accosta.

- Hey, les losers !

Au son de la voix de Cédric, Eddie sursauta et enfouit son visage dans ses mains.

- Oh non, ça va encore mal se finir...

- Ignore-les, répondit Natasha en chassant l'air de la main d'un geste méprisant.

Mais il était difficile de passer à côté des insultes et des moqueries sans y prêter attention, et les jeunes gens furent contraints de s'arrêter, échauffés par l'altercation.

Au milieu d'une petite tribu de gros bras, Cédric les toisait, un rictus mauvais dessiné sur ses lèvres gercées. Il se tenait les bras croisés, son désagréable faciès de rongeur tordu dans une mimique provocatrice. Autour de lui, quatre gars un peu plus âgés et Nancy – qui rentrait sans problème dans la catégorie des gros bras – affichaient des mines menaçantes. Du haut de leurs quinze ou seize ans, ils auraient presque pu paraître risibles, si leur petit chef n'était pas connu dans le village pour sa fâcheuse tendance à faire casser la figure de tous ceux dont la tête ne lui revenait pas. Géraldine Grant aurait probablement été traumatisée par le comportement agressif de son fils, mais comme elle se plaisait à le répéter à ses amies du salon de thé, les parents avaient une grande influence sur leurs enfants. Moins de temps au salon de coiffure et plus de temps auprès de son fils lui auraient peut-être permis de voir que celui-ci filait un mauvais coton.

La méthode de Cédric était simple : d'abord les insultes, puis il se servait de ses sbires taillés comme des armoires à glace pour effrayer ses victimes ; si elles opposaient une quelconque résistance plutôt que de prendre leurs jambes à leur cou, il les faisait ruer de coups.

- Hey, blondasse !

L'insulte agit comme une décharge électrique sur Nicholas. Il retroussa un peu plus ses manches et se planta à quelques centimètres de Cédric, malgré les protestations sourdes de Natasha qui essayait de lui faire comprendre qu'elle se fichait des invectives du jeune homme.

- Répète un peu ce que tu viens de dire ? le défia Nicholas, les mains sur les hanches.

- Ce n'est pas à toi que je parle, riposta Cédric, un sourire malsain sur les lèvres. A moins que tu ne te sentes concerné, Lefebvre ?

Resté un peu en retrait, Eddie poussait de petits couinements de souris qu'on étrangle, en tordant ses mains moites dans tous les sens.

- Tu te crois malin, peut-être ? intervint Katie, le regard féroce. Tu es pitoyable. Regarde-toi, obligé de t'entourer d'une bande de gros débiles pour te sentir intelligent. Nicholas, lui, n'a pas besoin de ça.

La bande de gros débiles ne percuta pas tout de suite, mais quand, après de longues et laborieuses secondes de réflexion, leur visage s'illumina enfin d'une lueur de compréhension, les insultes reprirent de plus belle.

- Ferme-là ! cracha Nancy entre ses dents.

Elle parlait assez fort pour se faire entendre par-dessus les grognements des autres, et sa voix ressemblait au crissement d'une craie sur un tableau noir. Son timbre n'allait pas avec son physique épais, mais les deux étaient fortement déplaisants.

- Katie Moreau, chevalier servant des blondasses en détresse. C'est quoi, la prochaine étape ? Tu comptes épouser ce fifils à papa ?

Elle éclata d'un rire gras.

- On sait tous que tu es raide dingue de lui, mais tu sais quoi ? Laisse tomber. Il ne voudrait jamais d'une minable comme toi.

Eddie couina de nouveau tandis que Katie prenait une splendide teinte pivoine. Natasha lâcha une insulte, chose assez surprenante venant d'elle.

- Fifils à papa, répéta-t-elle, sauvant son amie d'une humiliation certaine. Interdiction d'utiliser ce terme quand on traîne avec un type qui court se réfugier dans les jupons de sa maman au moindre problème.

- D'ailleurs, ajouta Larry, qui estimait qu'on avait rogné sur son temps de parole, ta mère est tellement grosse que toute ta bande pourrait se cacher dans ses jupes.

Ses quatre amis le regardèrent d'un air furieux, et son sourire béat disparu aussitôt.

- Règle numéro un, rappela Nicholas en aparté. On ne s'attaque pas aux mamans.

Mais, dans son élan, Larry semblait avoir fait abstraction de la règle fondamentale des duels entre rivaux. Le faciès de fouine de Cédric se contracta ; et presque instantanément, son poing se leva pour s'abattre entres les deux yeux de Natasha. Larry était le principal responsable de la situation, mais malheureusement, la jeune fille était la seule à portée du coup de l'adolescent. Surprise, celle-ci trébucha et tomba à la renverse dans une flaque d'eau. Le groupe de gros bras éclata d'un rire stupide, mais les sourcils de Cédric étaient toujours froncés.

- Alors là, t'es mort, menaça Nicholas.

Aussitôt, il s'élança et percuta de plein fouet le jeune garçon ; avec un hurlement de rage, les deux adversaires tombèrent à leur tour dans la gadoue tandis que Natasha se reculait sur les fesses et les talons pour éviter de prendre un mauvais coup. On ne distinguait pas grand-chose de la mêlée, mais la lutte était virulente et désordonnée. L'absence de technique bien définie était compensée par l'envie de vaincre des combattants, et ils se battaient comme des chiffonniers. Galvanisés par la hargne de leurs chefaillons respectifs, les deux camps se lancèrent à corps et à cris dans une bataille générale où tous les coups étaient permis.

- Tu vas bien ? s'inquiéta Eddie au sujet de Natasha.

Toujours au sol, la jeune fille roula sur le côté pour éviter un projectile lancé à pleine vitesse – apparemment, une chaussure. Le colis incongru atterrit finalement dans les chevilles de Katie, qui sauta par-dessus pour l'éviter, le ramassa et le renvoya à l'adversaire avec une force peu commune. La chaussure volante ne rata pas sa cible une seconde fois et s'écrasa sur le nez de Nancy, qui poussa un grognement inarticulé, ce qui, chez elle, pouvait passer pour une fervente manifestation de colère.

- Ça va, répondit Natasha en attrapant la main du jeune garçon pour se relever. Rien de cassé. Ce type à la force d'une mamie de quatre-vingt-dix ans.

Evitant de justesse un coup porté à l'aveuglette, elle ajouta en haussant la voix :

- Derrière toi !

Presque inconsciemment, le benjamin se retourna et asséna une gifle puissante à son agresseur. L'autre, un grand dadais d'au moins quinze ans plus gros que musclé resta bouche bée, surpris par l'audace de son minuscule agresseur.

Dès que Nicholas s'était jeté sur Cédric, Larry avait foncé dans le tas, un large sourire aux lèvres, prenant un évident plaisir à se battre, et à régler quelques comptes qui remontaient aux précédentes altercations. Il profita de l'occasion pour émerger de la mêlée. Son visage était déjà couvert d'égratignures, et il avait le poing droit poissé du sang de l'une de ses victimes.

- Joli coup, Eddie ! nota-t-il. Encore quelques bastons, et tu seras un vrai pro !

Grisé par ce compliment, le presque pro ne vit pas le coup de pied qui fusa et lui percuta la tempe. Il s'affala sur le sol, à moitié assommé.

- Bravo, Larry, commenta Natasha, sarcastique.

La bataille générale atteint son apogée: Eddie était toujours inconscient, le nez de Nancy refusait d'arrêter de saigner, et les autres arboraient divers hématomes et égratignures ; Nicholas semblait avoir pris le dessus sur Cédric, et assis à califourchon sur son torse, il lui ruait le visage de coups de poings. Larry distribuait les coups au hasard, maintenant ses adversaires à une distance respectable de Natasha qui tentait de réveiller le benjamin.

La bataille prenait des allures de massacre quand une silhouette apparut au bas de la rue. Instantanément, les coups cessèrent de pleuvoir et les gamins se regardèrent d'un air effrayé, soudain unis malgré leurs différends.

- C'est la vieille Simon !!! hurla l'un des acolytes de Cédric.

Il avait perdu une dent et s'exprimait en zozotant, mais personne ne rit. On ne plaisantait pas avec la vieille Simon, qui remontait la rue d'un pas aussi rapide que lui permettaient ses jambes arthritiques. Elle tenait dans sa main un vieux balai à la brosse usée.

- Mince ! souffla Nicholas en libérant Cédric de son étreinte vengeresse.

Il se redressa prestement au milieu des autres adolescents qui s'éparpillaient autour de lui comme des moineaux, et attrapa Katie par une main et Natasha par l'autre.

- On s'arrache ! cria-t-il, espérant que Larry et Eddie l'entendraient.

Mais le plus jeune d'entre eux peinait à se remettre assis et Larry le soutenait du mieux qu'il pouvait. Les trois autres se mirent à courir.

- Dégagez d'ici ! hurla Suzette Simon en brandissant son balai. Allez, ouste !

- On devrait attendre les autres, suggéra Natasha.

Mais à son tour, Cédric s'était relevé, et une lueur meurtrière brillait dans son regard. Son visage contusionné et bouffi par les poings de Nicholas ressemblait à un masque d'Halloween.

- Peut-être pas, en fait.

- Ils nous rejoindront ! confirma Katie en prenant déjà de l'avance.

Les trois amis détalèrent aussi vite que leurs jambes leur permettaient, sans même daigner jeter un regard en arrière. Le bruit des chaussures de Cédric et de l'un de ses gros bras suffisait à assurer qu'ils étaient suivis de près.

- Qu'est-ce qu'on fait ?

- On pourrait aller du côté du pont. Cédric est un trouillard, il n'oserait jamais nous suivre !

- Mais ça nous couperait toute retraite. Ce pont, c'est le seul moyen de retourner au village. Ils n'auraient qu'à nous attendre de l'autre côté, et là...

Essoufflée, Natasha ne finit pas sa phrase, préférant économiser sa respiration pour courir.

- J'ai peut-être une idée, proposa Nicholas en tirant la jeune fille par le poignet pour qu'elle garde le rythme. Cédric ne nous suivra jamais là-bas.

Intriguées, les deux filles se contentèrent de suivre leur aîné jusqu'à la sortie du village, sur un sentier de terre battue. Finalement, ils s'arrêtèrent sous un des grands arbres qui bordaient l'allée, hors d'haleine. Cédric et son acolyte ne les avait pas suivis.

- Je crois qu'on les a semés.

- Où est ce qu'on est ? demanda Katie.

Elle leva les yeux sur la grille en fer forgé qui se dressait devant eux.

- Oh...

Natasha siffla.

- Ce n'est quand même pas...

Nicholas hocha la tête, fier de sa manœuvre.

- Si.

Hola todos! J'espère que vous allez bien!

Petit retour dans le passé pour ce chapitre, vous vous doutiez bien que je n'allais pas vous laisser sans nouvelle du club des cinq après ce que je leur ai fait subir au premier chapitre! 

A votre avis : 

Où Nicholas les a-t-il emmené? 

Que va-t-il se passer ensuite? 

Faites moi part de vos hypothèses, et à bientôt pour la suite ! 

Des bisous

Jade (Kkadou) 

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