Part 4 融汇

     Dans la chambre, à nouveau, Lan Zhan invita son blessé à se rendre dans la salle de bain. L'énorme baignoire en bois n'avait plus rien à avoir avec celle qu'ils partageaient ensemble, autrefois.

— Déshabille-toi, déclara Lan Zhan en versant plusieurs seaux d'eau chaude dans le bassin.

     Wei Ying s'exécuta sagement et abandonna avec joie ses guenilles souillées. La chaleur de l'eau lui tira un soupir ; ses muscles contracturés se détendaient déjà. Il frissonna de réconfort.

— Lan Zhan, je peux le faire moi-même, dit-il en sentant son ami éponger ses plaies.

— C'est à moi de m'en occuper.

— Ta femme ne va-t-elle rien dire ? À prendre soin d'un vagabond ainsi...

— Tu n'es pas un vagabond, tu es un dieu. Et je n'ai pas de femme.

     Wei Ying se redressa brusquement, suffoqué.

— Tu... tu n'es pas marié ?! Mais qui est cette jeune femme ? Et cet enfant ?

— Elle est ma sœur et il est mon neveu.

     Le soulagé en perdit ses mots. Un immense sourire s'étira jusqu'à ses oreilles.

— Pourquoi es-tu si heureux, tout à coup ?

— Rien, vraiment rien, gloussa Wei Ying.

— Mh. Parle-moi de toi, de cette ancienne vie. Je veux tout savoir.

— Alors, je devrais te parler de nous...

     Lan Zhan arqua un sourcil.

— Qu'entends-tu par « nous » ?

     À cet instant, Wei Ying hésita. Dans ses souvenirs, il n'avait jamais vu son être de rêve en quelconque compagnie, trop occupé à gérer ses affaires et ses propriétés, sans aucun doute. Allait-il bien réagir ? Il se pinça les lèvres, en proie au doute.

— Wei Ying, dis-moi. Nous étions proches, n'est-ce pas ?

— Oh, oui...

— Meilleurs amis ?

— Plus proches...

— Frères ?

— Ahem... plus proches.

     Un long silence s'installa. Wei Ying se laissa glisser dans l'eau jusqu'au menton, lançant quelques œillades à son âme sœur. Lorsque l'unique et dernière réponse lui vint à l'esprit, Lan Zhan posa un regard agrandi sur lui. Le sang empourpra son visage. Les vapeurs du bain lui parurent soudain bien trop chaudes pour la situation actuelle.

— A-amants ?!

     Attendri - bien qu'inquiet -, Wei Ying passa aux aveux.

— Lan Zhan, nous étions mariés...

     Le choc fit basculer le concerné de son tabouret. Il se rattrapa au rebord en bois de la baignoire et se leva maladroitement, ébranlé. Ainsi, il avait été uni à un homme... Il déglutit avec peine. Si dans cette vie leurs deux cœurs devaient se retrouver, bien des choses trouveraient leur explication. Sa sœur passait ses jours à le tanner au sujet de son célibat et de son désintérêt pour la gent féminine ; sa solitude proviendrait-elle d'un autre genre d'attirance ? Incapable de prononcer un mot, il quitta la salle d'eau en trombe.

     Wei Ying baissa la tête. Les âmes étaient les mêmes, à travers le temps, mais elles différaient selon le présent, s'adaptaient et épousaient les vagues de leurs diverses existences. À plus forte raison sans souvenirs de sa vie antérieure, Lan Zhan ne serait jamais vraiment son Lan Zhan d'antan. Peu de chances, donc, de retrouver leur précieux lien. Mais qu'importe. Là n'était pas sa priorité ; rester auprès de lui l'était. Quelle que soit leur relation, elle serait merveilleuse.

     Ne constatant pas le retour du maître de maison, Wei Ying sortit du bain lorsque l'eau devint trop fraîche à son goût. Humide et grelotant, il pénétra dans la chambre, bras croisés sur sa poitrine froide, et découvrit son ami, planté devant la grande fenêtre.

— Oh ! Je ne t'ai pas donné de change, excuse-moi, bafouilla Lan Zhan en lui apportant une robe de nuit bleu. C'est un peu désuet, mais en attendant que je te trouve autre chose...

     En s'approchant de lui, sa nudité dégoulinante le frappa de plein fouet. Il déglutit. Ses yeux agrandis coulèrent le long de son corps svelte, capturèrent chaque goutte qui roulait comme la rosée sur sa peau de soie, jusqu'à son entrecuisse... Le feu lui monta aux joues. Jamais il n'avait ressenti pareilles émotions pour une femme ; toutes le laissaient de marbre. La conclusion était sans appel : il était donc bien de cette trempe d'hommes...

— Lan Zhan ?

— Mh. Couvre-toi.

     Cet ordre mit un terme à toute réjouissance. Le jeune dieu en perdit sa joie. Son ami était rebuté par son corps. Il enfila la robe et tira rapidement ses pans sur son torse, l'oreille basse.

— Je vais te montrer tes appartements.

— Mes... appartements ?

— Eh bien, oui, puisque tu vas rester.

     Un beau sourire se dessina sur les lèvres de Wei Ying. Au diable ! ses rêves d'idylle conjugale. Son bonheur, il le trouverait dans toute attention dont son tendre amour voudrait bien le gratifier.

     Incapable de réprimer son nouveau bien-être, il se jeta à son cou et l'enlaça avec force. Lan Zhan en eut le souffle coupé.

— W-Wei Ying, que fais-tu ?!

— Merci de m'offrir un toit, et merci de m'accorder ta protection, murmura le jeune homme au creux de son oreille.

     La caresse tiède de sa respiration sur sa peau, ainsi que son corps pressé contre le sien, fit tressaillir Lan Zhan. Son océan intérieur se renversait. Il se pétrifia, conquis par une chaleur indomptable, sans cesse croissante. L'envie le gagnait, et elle était dévorante. Le cœur battant à tout rompre, il tenta de le repousser, mais la luxure écarta bien vite sa volonté. Il voulait poursuivre cette étreinte, la prolonger. La faire dévier vers une voie plus audacieuse ; périlleuse. Sans bien le réaliser, ses mains glissèrent au creux de ses reins.

     Wei Ying prit son acte pour une approbation et s'en délecta, le nez titillant innocemment son cou. Le geste qui suivit ne fut pas volontaire, tout droit sorti de son inconscient. Un baiser papillon au coin de l'oreille. Doux et naturel, dénué de toute perversion - à peine revenu sur Terre après des millénaires de pureté, comment aurait-il pu en être autrement ? Dans cette tendresse, non conforme à l'Éros des hommes imparfaits, il avait mis toute sa reconnaissance. Mais Lan Zhan ne le saisit pas ainsi. Ses flammes se décuplèrent ; l'embrasèrent. La tempête qui grondait déjà en lui gorgea ses voiles et érigea sa virilité à son firmament. Le sort de la beauté divine était jeté, la raison peu à peu l'abandonnait.

     Ses doigts se refermèrent sur le fessier de Wei Ying. Médusé, ce dernier releva la tête. C'est là qu'il découvrit le désir voguant dans son regard brumeux.

— Lan Zhan, tout va bien... ?

     Comment aurait-il pu aller bien ? Le monde marquait sa pause. Chaque instant battait son rêve au ralenti. Cette bouche entrouverte, arabesque de tendresse, promesse du plus beau vertige ; ces grandes amandes irisées, tirées d'une réalité trop fantasque pour exister ; ce visage séraphique à la candeur tentatrice... Le diable lui-même s'en serait damné. Comment résister aux voluptés de la chasteté ?

     Sans crier gare, Lan Zhan lui déroba un fougueux baiser. Wei Ying en resta sans voix. Ne le trouvait-il pas répugnant, l'instant d'avant ? La barrière de ses lèvres fut vite forcée et son souffle chaud conquis. La main de Lan Zhan remonta le long de son dos, jusque dans sa nuque, tandis que l'autre pétrissait ses fesses à pleine paume, les malaxait pour en palper la moindre parcelle bombée. La langueur impatiente, mais savoureuse de leurs volutes convint Wei Ying de fermer les yeux et de se laisser porter par sa valse. Cela faisait une éternité qu'il n'avait pas été embrassé ni touché avec tant d'ardeur. Chang'E avait connu plus de violence que d'affection. Aussi, cette attention soudaine le surprit, tant elle était lointaine.

     Des feux anciens s'éveillèrent dans son bas-ventre. Mille et un chatoiements, flopée de fourmillements. La redécouverte des bienfaisances charnelles était un régal. Toutefois, quand, lui, se familiarisait tout juste avec sa renaissance masculine, son humain fulgurait de passion et semblait prêt à le dévorer sur place.

     Il le freina gentiment et murmura contre ses lèvres :

— Lan Zhan, doucement...

— Je te veux.

     Le maître agrippa ses fesses dans sa poigne et le souleva comme une plume pour s'échouer avec lui sur le grand lit.

— Attends, tu sais, je ne suis plus...

     Lorsqu'il retira les pans de sa robe bleue, Lan Zhan sentit le brasier cheminer de son épine dorsale à ses cuisses. Sur son ventre, la masculinité de Wei Ying gisait à moitié raide, aussi incertaine que son propriétaire. Sa chair la plus sensible perlait de rosée, appel silencieux à faire jaillir sa blancheur. L'envie d'effleurer son méat devint obsession. Lan Zhan s'empara de son sexe et chatouilla son orifice humide du bout du pouce. Wei Ying aspira un petit cri de sursaut. La sensation l'avait pris de court, elle s'avérait aussi perturbante qu'agréable. Il s'en pinça les lèvres, les yeux rivés sur la large main de son humain, soupirant déjà. Sa hampe grandit rapidement entre ses longs doigts, de plus en plus rigide et épaisse, en quête de caresses plus vigoureuses. Il ne put réprimer un gémissement lorsque sa paume l'enserra avec plus de force ; il avait le sentiment de s'envoler à nouveau vers les cieux. Et les nuages se rapprochaient, à mesure que la vitesse augmentait. Déjà, il haletait, sentant croître dans son ventre des ondées merveilleuses.

     Lan Zhan se pâmait de le voir se contorsionner, la lèvre mordue et le regard mi-clos d'ivresse. Il devait s'emparer de lui, maintenant. À la hâte, il baissa son propre pantalon blanc et écarta ses cuisses avant de saisir son imposante érection pour la guider entre ses fesses de velours. Égaré dans ses hautes brumes, Wei Ying n'en occulta pas moins la chose étrangère et solide comme l'acier qui se heurtait à ses murs, vierges de toute intrusion. Il grimaça, tiraillé par sa précipitation et sa poigne ferme sur son fessier. Son grand manque de délicatesse en tentant littéralement de le perforer lui arracha une plainte. Si son humain était bon et attentionné, pourquoi avait-il l'impression, en ce moment, d'avoir devant lui ce chasseur aliéné ?

     Inquiet, il déglutit et stoppa son ami, les deux paumes sur ses épaules.

— Lan Zhan ! Je... je ne suis pas prêt...

     Lan Zhan s'arrêta pour le transpercer de son regard embrasé. Un instant, l'envie faillit le consumer. Le pousser à forcer ses chairs pour s'emparer de sa virginité et goûter aux plus suaves délices de son existence. Mais par l'angoisse de son tendre dieu, le désir de le préserver tempéra ses flots. Lui-même avait décidé de tenir tête à Chao afin de le protéger des supplices qui lui étaient jurés. Quel genre d'hommes aurait-il été de le violenter maintenant ? À plus forte raison dès son retour sur Terre, et pour sa première fois. Leur première fois. Sa pureté était un trésor à tenir loin de la cruauté de ce monde, et il en serait le gardien. Jamais plus ce garçon n'aurait à se faire brusquer ; jusqu'à son dernier souffle, il y veillerait.

     Du bout des doigts, il caressa le visage de Wei Ying, alangui sous son toucher. Son index s'inséra entre ses lèvres et glissa sur la tendre rugosité de sa langue. Le désir de s'y engouffrer entier jeta son ancre dans son esprit. Son but premier occulté, il s'installa au-dessus de sa poitrine tout en ouvrant sa bouche entre son index et son pouce.

—  Tu vas ouvrir bien grand.

—  P-pardon ?

—  Tu vas me prendre dans ta bouche.

    Les yeux de Wei Ying s'écarquillèrent alors que Lan Zhan le contemplait de toute sa hauteur musculeuse. Ainsi érigé, sa virilité imposait sur son visage ses moindres collines indécentes, dressait une supériorité exaltante. Le chemin de ses veines autour de sa verge enflée se dessinait sous son nez ; elle était alléchante. Mais l'objet qu'il devait engloutir était d'une épaisseur considérable et sa longueur ne permettrait pas de l'emplir en entier - à moins de chercher à l'étouffer.

     Il eut un mouvement de recul contre le matelas, quelque peu effarouché, quand Lan Zhan pointa son gland contre ses lèvres.

— Lèche-la.

     Cette obscénité fit jaillir l'étincelle. Le jeune dieu souhaitait de tout cœur se plier à cet ordre, briser les portes de son innocence et nourrir ses flammes. Mais il désirait avant tout lire le bien-être sur le visage de son être d'amour, lui faire du bien. Depuis toujours, telle était son unique ambition. De plus, lui, n'avait pas contraint son corps. Il était à ses côtés, sécurisé, et souhaitait à présent se livrer à tous ses fantasmes.

     Sa langue vint titiller la fente crémeuse, avant d'y déposer un délicat baiser, timide, mais pulpeux. Lan Zhan expira sa lasciveté. Soupir qui motiva Wei Ying à entourer peu à peu son extrémité entre ses lèvres.

— Dépêche-toi de me prendre avant que je ne perde le contrôle...

     Wei Ying s'adonna à son injonction avec plaisir, un fier sourire en coin. Ses doigts remontèrent le long des cuisses charpentées de son maître, en guise d'accord. Le membre gonflé glissa aussitôt sur sa langue pour s'insérer dans sa bouche. Son épaisseur en combla chaque recoin.

     Lan Zhan émit un premier et long gémissement, la tête balancée en arrière, en totale plénitude. Délivrance. Enserré dans sa chaude humidité, il entama de lents va-et-vient, la main plongée dans sa chevelure tandis que l'autre froissait les draps pour contenir ses ardeurs. Mais le rythme ne put qu'accélérer. Il écarta un peu plus ses cuisses noueuses pour s'engouffrer en lui par de nouveaux mouvements amples et plus rapides, au plus près de son visage. Bientôt, ce furent des allers-venues plus sèches, une brutalité difficilement réprimée qui prirent possession de la bouche de Wei Ying. Ce dernier ferma les yeux, larmoyant face aux à-coups de plus en plus profonds et vigoureux qui le pénétraient et heurtaient sa gorge. La sensation était à la fois effrayante et exaltante. Incapable de reculer la tête - plaquée contre le matelas -, ses ongles se plantèrent dans la peau de Lan Zhan qui, excité plus qu'autre chose par cette agression, redoubla d'intensité, propulsé sur le seuil de l'orgasme.

— Wei Ying... je vais jouir...

     Ses muscles bandés se crispèrent, parcourus de frétillements divins. Entre deux halètements gémissants, il s'agrippa avec une fermeté douloureuse à ses cheveux pour mieux se projeter en lui et le percuta en son fond jusqu'à la garde. Dans cet ultime et brutale plongée, il fit jaillir sa semence dans sa bouche dans un râle animal, durant de longs instants. Wei Ying en eut le souffle coupé. Son liquide chaud l'emplit et il n'eut d'autre choix que de le laisser couler le long de sa gorge. Enfin, le membre se retira et il se décala sur le flanc pour toussoter et reprendre sa respiration. Le sel imprégna sa langue. La saveur de son humain.

     En constatant que le plaisir qu'il venait de lui offrir l'avait lui-même fait grossir, Wei Ying fixa son ami avec des yeux ronds, comme pour attendre un éclaircissement de sa part. Lan Zhan contempla sa moue innocente, sa bouche bée, humectée de son lait. Il essuya sa lèvre visqueuse d'un long revers de pouce. La jouissance était double, le spectacle inégalable.

     Il se positionna entre ses jambes après avoir récupéré un petit flacon, et ouvrit ses cuisses pour répandre l'onction huileuse entre ses fesses. Wei Ying frémit en le sentant appuyer doucement sur son orifice étroit pour le masser avec lenteur, inquiet à propos de la suite - mais impatient, au fond, de la connaître aussi.

— Lan Zhan... je ne suis pas sûr...

— N'as-tu pas dit que nous étions mariés, il y a longtemps ? Je suis certain que nous faisions souvent l'amour...

— O-oui... très souvent, avoua-t-il, gêné. Mais cela fait une éternité que je n'ai plus rien ressenti... Et dans ma précédente vie...

     Il détourna le regard, n'osant pas révéler sa nervosité. Le vécu de Chang'E, hanté par la violence, était son souvenir le plus vif, et son séjour aux cieux l'avait rendu aussi sensible qu'un nouveau-né - il allait d'ailleurs devoir corriger ce tort.

     Dans son air fuyant, Lan Zhan lu son appréhension. Il appliqua une main douce sur son ventre et remonta lentement le long de son torse opalin. Une main rassurante qui posait son empreinte et signifiait « je serai le seul à te toucher ».

— Wei Ying, je ne te connais que depuis quelques heures et déjà, je serai prêt à tuer pour toi. Je te fais la promesse que plus personne ne te fera jamais de mal.

     Il s'étendit au-dessus de son tendre dieu, le majeur s'infiltrant délicatement entre ses parois étroites, et susurra contre ses lèvres :

— Et tant que nos âmes se retrouveront, je serai là pour te protéger.

     Le cœur de Wei Ying s'enflamma en même temps que le doigt plongea dans son corps, lui arrachant un long et bruyant gémissement. Il ferma fort les yeux, la bouche ouverte pour émettre d'autres plaintes languides, mais son amant déroba sa voix par un baiser passionné. Tous ses sens accaparés et exacerbés, il sentit son intimité épouser le majeur dans ses moindres centimètres, happer malgré lui l'intrusion étrangère. Puis l'index le rejoint, précautionneux, pour se mouvoir et détendre ses muscles. Wei Ying frissonna, l'expérience était insolite, plutôt agréable mais perturbante, également, et il n'était pas encore capable de déterminer s'il aimait cela. Malgré tout, pour rien au monde il n'aurait voulu arrêter. Car il désirait ne plus faire qu'un avec cet homme. Vivre la fusion de leurs deux âmes à travers la fièvre de leurs corps. Leurs regards se rencontrèrent lorsque les deux doigts se retirèrent. Le jeune dieu se mordit la lippe, connaissant bien, au fond de lui, ce qui allait suivre.

     À fleur de ses lèvres, Lan Zhan susurra :

— Je veux te faire du bien. Me fais-tu confiance ?

     Wei Ying acquiesça et glissa les mains dans sa longue chevelure pour s'agripper à sa nuque.

— Je te fais confiance depuis des millénaires, Hanguang-Jun...

     Ce nom étranger ne signifiait rien pour Lan Zhan et pourtant, il se détachait de son murmure une complicité lointaine. Le souvenir de celui qu'il avait été, autrefois.

     Il releva ses cuisses et guida son sexe entre ses fesses pour l'insérer avec douceur. Wei Ying grimaça, crispé de tous ses membres, mais se laissa bien vite bercer par les tendres baisers qui parcouraient son cou. Soupirant, il jeta la tête en arrière, gorge offerte à ses lèvres gourmandes, et s'abandonna pour de bon entre ses mains. Après avoir eu son membre en bouche et l'avoir contemplé dans ses moindres dessins obscènes, il imaginait parfaitement chaque centimètre de son épaisseur en train de s'introduire en lui, et à chaque lente avancée, il en ressentait l'abrupte chaleur.

     Entre ses chairs serrées, Lan Zhan se sentait comprimé comme jamais il ne l'avait été au plus sacré d'une femme. Ses vallons gorgés de sang se faisaient absorber, presser par ses parois veloutées. Il se raidit, mâchoire contractée. Ne pas céder à ses instincts primaires devenait une véritable épreuve.

     Lorsque toute sa longueur eu enfin atteint ses profondeurs, il se retira légèrement pour mieux replonger en lui. Wei Ying poussa un gémissement aigu, entre la plainte et le plaisir. Un plaisir à la limite de la douleur qui, à chaque nouvelle entrée, le propulsait vers des contrées oniriques où vrombissaient des milliers de papillons. La souffrance prit rapidement le large, cédant la place à un océan de nuages, au fil des va-et-vient. Noyade aveugle aux confins de leurs vagues amoureuses. Il voulait s'oublier entre les bras de cet homme, se livrer à lui à corps perdu, sans plus connaître de retour. Car là était l'unique épopée dont il rêvait d'éprouver les mielleuses perversions.

     Les mains de Lan Zhan se refermèrent sur ses jambes afin de mieux les écarter et voir sa grosseur entrer et sortir de son cercle de chair, lentement puis avec vigueur ; contempler avec appétit son intimité s'élargir tant bien que mal autour de sa hampe ; se délecter de sa virginité possédée, de son corps sensible et délicat heurté en son fond à lui en briser la voix. Et sa voix se brisa. Bientôt éraillée sous ses pénétrations furieuses, déchirée par les brutales gifles sur ses fesses martelées. L'esprit de Wei Ying dérivait. Le coton fila dans ses veines, délivra son miel et ses soubresauts d'émoi. L'orage grondait au creux de ses reins, vibrant le long de son échine pour frétiller jusque dans ses cuisses complètement écartées.

     Lan Zhan remonta son bassin pour mieux l'emplir, souleva ses hanches pour maintenir son fessier. Il ne sortirait plus, non. Il voulait faire du corps sain de son dieu l'unique matrice de ses cieux. Capturer ses douceurs chaque nuit, chaque jour, chaque heure. Et parce qu'il s'était abandonné à lui et lui avait confié sa vie, il était sous son aile. Nul n'aurait su le goûter du regard sans connaître le fil de sa lame.

     Wei Ying poussa un cri lorsqu'il se fit re-pénétrer avec force. Ainsi arqué, il découvrait la toile lubrique de leur acte, et pouvait savourer la vision ô combien érotique de son corps envahi. Le sexe détrempé de son amant allait et venait en lui dans une succession de bruits d'une onctuosité obscène, se mouvait dans son ventre en toute liberté sous ses yeux brillants. Il s'agrippa aux draps, hors d'haleine, convergeant vers une formidable impuissance. La lèvre mordue, il se musela pour se concentrer sur l'implosion qui menaçait en lui et vibrait dans ses entrailles à chaque nouvelle pénétration. Il en voulait plus. Encore plus.

     Rendu au point où aucune bride n'aurait su le freiner, Lan Zhan le retourna sur le ventre, le releva contre son bassin et écarta fermement ses fesses pour s'enfoncer en lui sans précautions. Wei Ying poussa un cri larmoyant, malmené par la sauvagerie du maître de son plaisir. Les papillons s'agitèrent, ses yeux s'agrandirent ; les vagues s'élevaient.

— L-Lan Zhan... !

     Ce dernier le plaqua contre le matelas pour mieux exposer sa croupe et se régaler de son ouverture remplie. Ainsi cambré, les muscles fins de son dos bandés, son corps peignait l'égérie parfaite de l'impudeur. Il frappa ses fesses avec une force qui arracha presque à Wei Ying un hurlement. Les flammes se propagèrent dans leurs deux organes, sous un voile de larmes et le couvert d'une brutalité exquise.

— Wei Ying, je veux jouir en toi.

     La tempête déchaîna ses flots violents, à ces mots. La voix de Wei Ying se hacha, grimpant vers ses notes les plus aigües, les plus libérées. L'orgasme déferla ses vibrations dans chaque fibre de son être, ses ravages délicieux à travers sa puissante échappée de papillons. Les ondées le propulsèrent aux cieux. Par la salve de ses spasmes, Lan Zhan fut saisi par l'extase à sa suite, son sexe épousé et resserré à chaque instant. Leurs voix se lièrent à l'unisson au même instant où sa semence se répandit dans son corps, empreinte suprême de son nom. Consécration de leur monde.

     Wei Ying accusait la fièvre de son ivresse, en proie à ses derniers frissons, lorsque Lan Zhan exultait encore des bribes de ses contractions. Leur union allait au-delà même du divin. Parfaite offense à la sainteté.

     À bout de souffle, leurs respirations s'apaisèrent ensemble. Lan Zhan retira son sexe laiteux de son anneau de chair avec une extrême lenteur, leur permettant à tous deux de frémir sous une ultime et moelleuse caresse. Il se glissa dans le lit, attira son tendre amant à lui pour le lover au creux de son épaule, et recouvrit leurs corps moites sous les draps.

— Lan Zhan...

     La voix de Wei Ying était aussi fébrile que celle d'un bambin ensommeillé.

— Lan Zhan...

— Oui.

— Je ne veux pas connaître d'autres vies sans toi, se navra-t-il, peiné.

     Attendri, Lan Zhan déposa un baiser au sommet de sa tête et y enfouit le bout de son nez.

— Wei Ying... je t'aime.

     Le concerné émergea sur-le-champ et plongea un regard étincelant dans le sien.

— C-comment peux-tu...

— Je ne me souviens pas de notre vie commune - un jour, peut-être, si les dieux le permettent. Mais ce dont je suis sûr, à présent, c'est que l'amour, le vrai, transcende les âges et le temps.

     Les larmes échauffèrent les joues de Wei Ying. Lan Zhan fit s'échouer la première sur son pouce et scella ses paroles par un long et chaste baiser, à l'orée de leur idylle. Olympe de l'espoir, l'éternité portait un nom. WangXian.


J'espère que cette petite nouvelle vous a plu et enflammé(e)s ?🌹 Dites-le moi en commentaires, je réponds toujours avec plaisir !

N'oubliez pas d'ajouter cette histoire à une liste publique, s'il vous plaît, c'est très important 💜

A bientôt pour une nouvelle histoire !

 

Coeurs et chocolats 💜


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