I. Impératrice des mers (partie 2)
Je ne vous demande pas de retenir tout les noms, je le dis au cas où. Mais ça évite des répétitions désagréables dans le texte.
Est ce qu'il faudrait un chapitre avec tout les personnages importants ? Il y en aura quand même pas mal, je vous le dit déjà. Mais sans plus bien sûr.
Tiago soupira comme s'il supportait tout les malheurs du monde. L'Impératrice tenait toujours ses promesses, il devait bien l'admettre. Le jeune conseiller n'échapperait donc pas à son châtiment.
Le grincement strident de la porte retentit dans l'immensité de la salle luisant parmi la noirceur. Tous les regards se tournèrent vers la source du bruit, certains étonnés, d'autres irrités. Les yeux de Tiago, eux, brillaient de colère. Ses élèves vantaient à qui veut bien l'entendre sa patience légendaire. Mais, elle n'était pas éternelle. Et cette fois-ci, il avait les nerfs à vif !
Ce petit tyran va ravaler son arrogance, se promit-il en serrant les poings.
Il trouverait bien un moyen de lui rendre la vie infernale comme elle le faisait pour les autres. Il lui collerait dans les pattes un de ses larbins. Oui, c'est ça ! Il saurait également tout ce qu'elle manigancait !
— Qui sème le vent récolte la tempête, murmura-t-il.
En attendant, Lira décida enfin d'apparaître, accompagnée de son énorme loup gris. Comme à son habitude, elle rayonnait telle un petit soleil. La jeune femme avait hérité de la robe de dorée de sa mère mais arborait les yeux de chat de son père. Vraiment, personne n'était insensible à sa beauté sauvage. Malgré tout, un détail gachait l'harmonie. Une fine et longue cicatrice occupait la place de l'oreille droite, souvenir douloureux dont peu connaissaient la cause. Tiago lui-même, qui pouvait se vanter de faire parti de ceux qui la connaissaient, ne possédait pas la raison. Elle se serait apparament battu avec un monstre des cavernes. Mais rien n'était moins sûr.
La princesse s'avança d'une démarche fluide tout en adressant un rictus provoquant à sa mère. Celle-ci ne réagit pas mais Tiago sentait bien qu'intérieurement elle bouillonait. Un léger changement dans sa posture confirma ses pensées. Elle avait enroulé ses doigts autour des accoudoirs et les enserrait avec la force d'un ours. Lira se posa sur le fauteuil en velour pourpre au bout de la pièce, devant les immenses fenêtres humides. Son loup, à ses pieds, s'allongea, prenant ses aises sur la moquette moelleuse. La lynxorasse détailla les membres présents et lâcha sa première pique de la journée :
— Vous m'attendiez ? Il ne fallait pas, voyons ! affirma-t-elle, feignant l'étonnement.
Lira prit un air triste exagéré au possible. L'oreille gauche couchée et les sourcils légèrement froncés, elle frôla de sa main le doux vêtement près du cœur. En vérité, elle s'en réjouissait. Elle jouait avec eux comme avec des pantins sans qu'aucun d'eux ne puisse réagir. Cela l'amusait !
— Il est indispensable que tout les membres du conseil soit présent lors des réunions, Seïnara, murmurra Alondra, l'une des juges aux yeux rouges.
— Bien sûr, maître. Mais cela valait-t-il la colère de votre Impératrice ?
— Commençons donc ! Ce qui est fait, est fait. Nous ne pouvons pas modifier le passé alors passons ! pria l'Ancien, coupant la parole à la première.
Tiago s'agita dans son inconfortable siège pour trouver une meilleure position et croisa ses mains, posant ses coudes sur la table. Ses griffes, à la hauteur de ses yeux, étaient rongées, perdant autant leur éclat que leur utilité. Il tenait ce tic de ses jeunes années. Toujours en état de stress perpétuel, Tiago cherchait toujours à dépasser ses limites pour briller aux yeux de ses pairs. Il se racla la gorge et soutenu le lynxoras tigré d'un signe de tête. Il était en total accord avec ce dernier, la réunion avait plus que traînée à commencer ! Sa nervosité lui gachait suffisamment la vie comme ça. Pas besoin d'en rajouter une couche.
Hécate se dressa, face à sa fille, plongeant son visage dans les ombres. Son diadème de cristal, lui, chatoya d'un splendide éclat. Le lustre de dentelles d'or au centre de la pièce projetait des couleurs froides sur toute la longueur des lieux vides de décorations. Toute l'attention s'en retrouvait concentrée sur la seule chose intéressante, le souverain. Rien de distrayant ne remplissait la pièce, mise à part l'Histoire retracée sur les murs. Sa Majesté annonça d'une voix forte le sujet de leur convocation :
— Nous sommes réunis aujourd'hui pour prendre une décision des plus importante. Il s'agit de la déclaration de guerre envers Mirill !
Pile à cet instant, un serviteur sortit des ombres silencieuses, apportant sur un plateau d'argent deux lettres qui y étaient disposées. L'une entrouverte, l'autre scellée. Toutes deux froissée telle de vieille feuilles parcourues par de fines veines vides et déséchées. Le domestique, portant une simple tunique bleue sur un pantalon bouffant noir, s'inclina bien bas et présenta les documents à sa hauteur. Le chien de Sa Majesté se volatilisa dès que Hécate s'en empara. Il avait terminé sa mission et retournait dans les ténèbres, d'où il venait.
L'Impératrice posa délicatement la missive cacheté et le rapport déplié, laissant à découvert une partie de son contenu. L'ambiance d'abord électrique était devenue pesante et à présent les lieux n'avaient jamais été aussi solennels. La plupart regardait avec attention les parchemins, essayant dans deviner l'importance. Que contenaient-ils ? Quelles étaient les nouvelles ? Des questions tourbillonaient dans leurs pensées.
Sa main, décorée de purs saphirs, survola les papiers et se saisit de celui qui avait été ouvert, méfiante. Non seulement le rapport avait été passé en revu mais, les bords mouillés ressemblaient à de pâles limaces de mers ! Elle guetta une quelconque réaction de gêne chez ses sbires, toutefois, aucun n'eu un comportement étrange. Hécate pensait tout de même connaître l'identité du coupable. Elle épia les faits et gestes de sa fille avec suspicion, plantant deux lances d'acier sur celle-ci. Oui, elle en était sûre ! Lira devait être la fouineuse. Elle mettait toujours son nez dans les affaires des autres, une sale habitude d'après sa mère.
En attendant de prouver sa théorie, elle lu, d'une voix acide, le rapport de son général et amant :
— La mission commandée par le général Goar, envoyé par Belinda, a parfaitement réussi. Le drakkar marchand a récolté les informations voulues, dévoila-t-elle, un franc sourire aux lèvres.
— Toutes nos sincères félicitations, Belinda ! C'est vrai, pour une fois que vous réussissez la tâche confiée ! s'extasia son confrère avec cruauté.
La concernée bondit comme une furie sous l'effet de la pique et vissa son regard d'un feu brûlant sur son maudit voisin. Une colère noire pulsant contre ses tempes, elle gronda :
— Taisez-vous donc serpent ! Apprenez le respect. Ensuite, osez parler !
— Oh, mais je connais le respect très chère, je n'en use pas avec vous. C'est aussi simple que cela ! sourit-il en croisant les jambes, détendu.
Sa victime s'apprêtait à répliquer d'un ton mordant quand l'Impératrice leur intima le silence sous peine de sanctions exemplaires. Aucun n'avait le droit de se plaindre, le véritable auteur de cette réussite se nommait Goar ! Et c'était elle qui avait eu l'idée. Belinda n'avait été qu'un outil. Hécate poursuivit alors sa lecture, le calme étant revenu :
— Arrivé au port de Diroorte non loin de notre baie, les deux espions du général se sont fondus dans la masse et ont obtenus les informations que j'ai exigées.
Ils les ont obtenus d'un enfant, un émissaire d'après eux, qui venait de Jurfid. Celui-ci détenait tout ce que nous recherchons ou presque. Mirill a essuyé une attaque du royaume sacré. Ils ont ainsi perdu une de leurs villes. Nir a donc déclaré la guerre à la si... belle république.
Nous pouvons en profiter pour passer à l'action. Étant donné que le conseil n'est pas encore au courant, le gamin partait pour Versla, nous pouvons en profiter et envoyer notre puissante armée sur le continent. Ainsi, l'Alliance pourrait renaître et réformer les deux royaumes volés d'autrefois !
L'Impératrice s'arrêta, décidant de laisser les maitres réagir à leur guise. La suite pouvait attendre. Elle replia la lettre et patienta. Selon elle, déclarer la guerre n'était pas forcément une très bonne idée. La souveraine préférait bien plus la seconde partie de la lettre. Détruire de l'intérieur en premier lieu donnait de meilleurs résultats. C'était ce que la république avait fait aussi au commencement, alors que les hommes ne représentaient qu'une toute petite minorité. Ces envahisseurs s'étaient dispersés puis, ils avaient commencé à prendre le pouvoir sur le continent, sans que personne ne fasse quoique ce soit. Les Ombres avaient bien fini par réagir avec leur reine, mais il était bien trop tard ! Elles avaient perdu et s'étaient repliées loin dans le nord avec les Glaceras.
Ses ancêtres, eux, s'étaient tout simplement retirés sur les îles, comme des lâches ! Ou ils avaient pactisés avec les humains, formant un nouveau groupe...
Une seule fois, ils avaient attaqué de front, une seule, et tout ce qu'ils avaient eu, c'était la perte de Mortèle.
Elle ne ferait pas la même erreur. Celà non !
Pendant ce temps, les réactions des conseillers ne se firent pas attendre. Des murmures retentirent dans l'immense salle vide. Cela faisait si longtemps que la paix durait !
Cristobal, Alondra et Tiago s'inquiétaient. La république demeurait la plus puissante encore aujourd'hui. Ils devraient non seulement briser un pacte vieux de plusieurs siècles, mais aussi détruire la confiance mutuelle entre eux ! Une confiance que tous jugeaient sacrée !
Le trio, groupé du côté de la porte, grincaient des dents. Ils seraient contre la guerre.
Quant à la plupart des autres, la nouvelle paraissait les laisser de marbre. Ceux-ci allaient assurément suivre le plus convainquant. Mais qui le serait ?
Belinda la noire, elle, restait cloitrée dans son silence rageur et son confrère, Absalon, demeurait pensif, les yeux rivés au bord de la table. Il attendait, placide, le début du débat qui risquait fort de finir en règlement de comptes si certains s'y mettaient.
Enfin, l'un d'eux avança des arguments. Cristobal et ses compagnons venaient de construire leur position. Penchés les uns vers les autres, ils chuchottaient à voix basse en comploteurs.
Maintenant, il fallait persuader tout les membres de les rallier ! Plus facile à dire qu'à faire malheureusement.
— Je pense que nous ne devrions pas entrer en guerre, commença-t-il en se dressant. Le prix à payer serait trop important !
L'Ancien se stoppa, cherchant l'approbation de sa souveraine, nerveux. Il détestait prendre la parole devant de nombreuses personnes. Ses mains tremblaient et des frissons lui parcouraient l'échine tandis que sa gorge se serrait. La peur du ridicule le paralysait.
L'invitant d'un geste de la main à continuer, l'Impératrice s'intéressa à l'explication que celui-ci allait fournir et espérait qu'elle serait bonne.
— Si nous déclarons la guerre, reprit-il plus serein, nous devrons dépenser énormément d'argent pour les armes, les soldats, la nourriture et le transport. Il faudra également entraîner plus de lynxoras. Depuis trop d'année, notre véritable armée est mise de côté, il faudra beaucoup trop de temps pour que l'on puisse la faire renaître de ses cendres ! C'est du suicide d'attaquer de front !
— Nous devrions tout de même reformer la première armée. Mais en prenant le temps nécessaire, proposa l'un des deux questeurs. Nous aurons ainsi résolu le problème des finances et nous serons en mesure d'attaquer ou de se défendre au mieux.
Tous ses compatriotes acquiescèrent, considérant cela comme la décision la plus sage.
Finalement, il n'y aura pas de débat, souffla Absalon. Dommage.
C'était toujours distrayant quand ils ne s'entendaient pas. Cela donnait lieu à des moments épiques selon lui. Il aurait évidement pu y mettre son grain de sel mais l'envie n'y était pas.
— Bien, la première question est résolue, se réjouit l'Impératrice avant de conclure par la dernière partie. Les espions ont également découvert que la république à demander aux huit seigneurs de lui envoyer de jeunes hommes pour les enrôler dans l'élite de leur armée. Les Protecteurs. Il nous serait facile d'envoyer un individu qui une fois infiltré dans les hauts rangs pourrait nous donner tout ce que nous voulons.
Lira sourit. Elle n'attendait que ça. Bien qu'elle détestait ces séances de politiques et leurs effets sporifiques, celles-ci avaient tout de même des avantages. La jeune femme pourrait enfin mettre son plan à exécution ! Elle se pencha vers son voisin de gauche, profitant de l'innatention des conseillers. La lynxorasse agrippa de ses serres la manche de celui-ci pour le forcer à se retourner. Absalon planta son regard d'acier dans les yeux, à la lueur malveillante, de celle qui avait osé le distraire. Un rictus étira ses fines lèvres quand il vit la princesse le fixer. D'un simple coup d'oeil appuyé, elle donna l'autorisation à son acolyte de passer à l'action.
Le consul savait pertinemment ce qu'elle voulait faire. Ils en parlaient à la moindre occasion comme deux brigands manigancaient un mauvais coup. Elle lui avait enjoint de requérir la permission d'organiser lui-même les préparatifs, et tout ce qui s'en suivait, afin d'être la seule maîtresse à bord. Même sans lettre, ils se doutaient qu'une guerre ou une simple manipulation aurait lieu.
Absalon reporta son attention sur l'Impératrice. Derrière elle, un pan entier du mur était décoré de fresques. Les nombreuses conquêtes représentant leur histoire y était gravées. Ici, des soldats sur un navire guerre chevauchant la mer et là, une cité en proie aux flammes. Le tout enluminé. Un bleu sombre pour l'océan, un orange pâle pour le ciel et un arc-en-ciel de couleurs pour les détails. Sa Majesté semblait être un joyau tout droit sorti de ce tableau. Magnifique, mais dangereuse comme une succube. Le maître se leva, posa les paumes, aux poils roux et lisses, sur la table d'ébène et réclama le silence.
— J'ai une recommandation sur le sujet, tonna-t-il, sûr de lui et de ses idées comme à son habitude.
Tous se tournèrent vers le consul, s'attendant au pire. Au fil du temps, celui-ci avait acquis une très mauvaise réputation de manipulateur sournois et assassin. Attendant quelques instants, il laissa son public s'impatienter. Alondra, la plus vive, érafla le bois de ses griffes, énervée par cette mise en scène inutile. Seul le crisement provoqué brisa le lourd silence qui pesait sur la salle.
— Je propose, si Sa Majesté le veut bien, de choisir cet individu moi-même. Je connais nombre de personnes prêtes à tout pour leur empire.
— Un assassin, rien de plus oui ! grogna Alondra, sceptique.
— Nous ne devrions même pas nous mêler des affaires du continent et de ses guerres incessantes, gémit un autre.
Alors l'Impératrice prit réellement la parole pour la première de tout le débat. Tous firent silence, sachant que le futur d'un peuple allait se décider maintenant. La salle immense parut encore s'accroître, l'espace vide devint étouffant et les derniers grincements, frottements ou chuchottements résonnèrent, amplifiés par les lieux illuminés. Seule la musique de la pluie qui tambourinait contre le toit emplissait la pièce. Un cimetière aurait été plus gai.
— Nous allons réorganiser l'armée, en prenant le temps qu'il nous faudra. Mais, nous n'attaquerons pas la république sans avoir mis toutes les chances de notre côté. Absalon, continua-t-elle en se tournant vers le concerné, vous n'aurez pas besoin de préparer quoique ce soit avec votre chère complice.
— Lira sera la gangrène qui rongera la république. Elle partira ce soir. Peut être cela l'aidera pour la suite, ajouta-t-elle, un sourire malsain sur les lèvres. Vous disposerez de la journée pour vous préparer sous la surveillance du maître de défense.
Varlis n'en croyait pas ses oreilles ! Sa mère avait décidé de son propre chef de lui confier cette mission ! Elle garda malgré tout un visage impassible. Intérieurement en revanche, elle était aux anges, son cœur battait la chamade. Par contre, le fait qu'elle ait réussi à déterminer que s'était elle qui se cachait derrière Absalon la surprenait. Elle devrait faire plus attention la prochaine fois, même avec sa génitrice ! Mais savoir que l'Impératrice ne déclarerait pas la guerre la rassurait, son plan fonctionnerait d'autant mieux.
— En parlant de suite, se renseigna la lynxoras albinos qu'était Alondra, de quoi parle la deuxième lettre ?
L'objet de ses désirs, oublié de tous, restait seul sur la grande table. Perdu dans l'immensité de l'espace, la missive, toujours roulée sur elle-même comme un hérisson, contenait un message plein de répercussions sur la régence de l'empire. Cela ne plairait absolument pas à certains mais beaucoup plus à d'autres.
— Ah ! ceci concerne la succession, révéla Sa Majesté, en empoignant le parchemin. Puisque nos potentiels héritiers au trône sont à présent en âge de gouverner, il est temps de choisir le plus digne des deux delfäns* !
Lira sursauta, sa mère avait touché la corde sensible. Elle ne comprenait pas. Les dauphins ? Depuis quand ils étaient à deux ? La lynxorasse n'avait pas de concurrent ! Elle était l'unique fille de l'Impératrice.
Quelle règle Sa Majesté avait-elle donc trafiquée pour qu'il y ait un nouveau parasite ? grinça la jeune femme.
— Nos héritiers ? Comment ça nos ? railla-t-elle, méprisante. J'espère avoir malentendu.
— Ce n'est pas une méprise. Vous avez très bien entendu ma heji*, assura la souveraine. Cette missive n'est rien de plus que la confirmation de ce qui a été décidé avec feu l'Empereur.
Aussitôt, les conseillers répondirent en chœur :
— Qu'il puisse reposer en paix dans les vagues de notre Père l'Océan !
L'Impératrice, qui avait agrippé la lettre, rompit le sceau dans un unique craquement. Rouge sang, le reptile royal, incrusté au centre de la cire, signalait la très grande importance du contenu. Seuls le dirigeant et ses personnes de confiance avaient le droit de seulement y toucher. L'emprisonnement était la peine appliquée à tout autre individu qui aurait essayé de s'en approcher.
— Nous avons choisi avec quelques élus le prochain Seigneur des Mers. Le prince Irving a été désigné comme premier successeur, la cause étant le manque de responsabilités du second. Toutefois, il a été décrété qu'une preuve de fidélité et de bravoure pourrait renverser la situation.
Cette nouvelle avait coupé le sifflet à Lira. C'était un cauchemar ! Ça ne pouvait être réel ! Elle avait toujours été l'héritière légitime. Et maintenant à cause de son traître de cousin, elle perdait sa place. Il n'en était pas question ! Varlis fulminait. La rage l'envahissait et remplaçait toute logique. Un démon ne saurait être plus en colère qu'elle. Mais qu'importe, la lynxorasse s'en tiendrait à son plan. Elle irait sur le continent et gagnerait le respect de tous, comme prévu ! En prime, la jeune femme pourrait récupérer sa place. Elle seule avait le droit de gouverner ! Elle en était digne !
La déchue croisa les bras, labourant la peau du dos de sa main. Sa mère, elle, respirait à présent la bonne humeur. Quand elle mourrait, l'empire resterait stable pendant quelques années au moins. Hécate conclut alors :
— La réunion est à présent achevée ! Vous pouvez disposer, dit la souveraine en partant la première.
Au final, tout avait été décidé par l'Impératrice, soupira Tiago. On ne sert vraiment à rien !
Le maître en défense detailla les autres lynxoras qui sortaient, la séance étant finie. Au nombre de dix comme le voulait la tradition, chacun d'entre eux occupaient les postes les plus privilégiés de toute la nation. Après le sénat bien évidemment. Mais celui-ci a été supprimé par Sa Majesté.
Pour chaque meneur, il y avait un rôle bien défini avec des avantages et inconvénients. Les consuls, Absalon et Belinda, géraient les affaires de l'État avec l'armée. Ils étaient également les plus hauts gradés. Les deux compères maniaient les mots mieux que personnes, les trouver derrière des coups-bas n'était pas le moins du monde étonnant.
En dessous d'eux, les pretteurs, Alondra ainsi que Cristobal se chargeaient de la justice. Ensuite, il y avait les quatre édiles dont Tiago faisait parti qui administraient la ville, la police, l'enseignement et la défense. Et puis, il ne restait plus que les questeurs qui régissaient les finances.
Tiago se trouvait bien malgré lui dans une position peu agréable selon ses dires. Le peuple avait beau les élire, c'était l'Impératrice qui les proposait. Elle avait donc tout pouvoir en y réfléchissant un peu. Tout ces detours pour au final retomber sur une monarchie absolue déguisée !
En attendant, le maître se leva en dernier. Il repoussa son siège dans un frottement étouffé par le tapis rouge sang et tourna les talons, sa toge blanche volant autour de lui. Une forte odeur de violette l'enveloppa lorsqu'il dépassa sa protégée, qui prenait son mal en patience près de la porte. Furieuse face à la mauvaise surprise de sa mère, elle tapait du pied. Elle était sur des charbons ardents et risquait d'y rester pour toute la durée de la journée.
— Vous venez Seïnara ? s'enquérit-il, tendant la main dans sa direction. Nous n'allons pas rester indéfiniment ici.
— J'arrive, j'arrive, souffla-t-elle, soudainement nauséeuse.
Lira passa la porte en bois de chêne ornée de feuilles d'or que Tiago referma derrière eux, sans un bruit. Elle avait eu à la fois ce qu'elle voulait, ce qui était un miracle, mais aussi un très ennuyeux contretemps.
La matinée était à présent terminée. Le soleil avait fini par transpercer les tristes nuages d'un gris sale, ses rayons éclairaient les ruelles de la cité de Joya. Dans le ciel, un magnifique serpent de lumières colorées s'étalait, donnant des airs de paradis à la capitale. Mais au loin, le tonnerre grondait en solitaire, défiant la nature.
*Delfäns = dauphins
Ma heji = ma fille
Pour cette partie, j'ai failli mélanger quelques infos. Mais c'est bon ! Tout tient ensemble.
Si vous voyez une incohérence, montrez la moi parce que j'ai cru en avoir à certains moments. Une m'aura peut être échappée.
À côté, je pense changer le titre pour un autre moins long et qui serait plus pratique pour peut être diviser l'histoire.
Si vous avez des idées vous pouvez me les proposer.
Moi j'en ai autre. Éternel Hiver, L'ombre de la Justice.
Perso je le trouve mieux. Il est encore plus représentatif des sujets abordés. Vous avez un avis ?
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