Chapitre 3
La porte s'ouvre, puis se referme dans la foulée, et des bruits de pas traversent la pièce, suivis de chuchotements frénétiques. Je décide de lever le nez pour voir quoi ou qui peut bien provoquer tant d'excitation, et je reste stupéfaite pendant quelques secondes, avant de reprendre mes esprits.
La personne qui vient de faire son entrée n'est autre que la jeune femme brune de tout à l'heure... Sarah, il me semble. Je la regarde plus en détails cette fois-ci : elle est grande, mince et mate de peau. Elle a des cheveux bruns et ondulés qui sont ramenés légèrement sur le côté, ce qui fait ressortir ses yeux vert émeraude qui me font de plus en plus penser à une forêt vierge.
Elle porte un t-shirt blanc avec un imprimé de visage féminin, il me semble qu'il s'agit d'un mannequin connu, mais dans l'immédiat, impossible de remettre le doigt sur son nom. La fille porte aussi une veste à capuche blanche, un jeans noir troué aux genoux avec des baskets assorties. Elle tient son sac à dos par une seule bretelle. Et scrute la salle jusqu'à ce que son regard tombe sur moi. Elle reste figée et me fixe, et son regard perçant me procure des frissons. Je ressens l'envie de baisser les yeux pour rompre la connexion qui semble s'être établie entre nous, mais je m'en trouve incapable.
La prof me sort de ma contemplation lorsqu'elle demande à la jolie brune de se présenter.
« Bonjour, je m'appelle Marièla Sarah Diane Caballo Smith, mais ce sera sans doute plus simple pour vous de m'appeler Sarah, répond-elle d'un ton neutre avant de replacer ses cheveux, ce que je trouve assez séduisant même si ce geste fait un peu peste sur les bords. Je viens d'emménager chez ma sœur avec mon frère jumeau, il y a un mois de ça. Je fais pas mal de sport, surtout du basket, et un peu de boxe à mes temps perdus, finit-elle d'ajouter en regardant tous les garçons de la classe.
_ Pourquoi on devrait t'appeler Sarah et pas Diane ? Râle un élève d'un air provoquant.
_ À toi de tenter, pauvre tâche, lui fait-elle remarquer avec un regard désormais rempli de haine et presque écœuré.
_ Tu es quand même bien foutue, Caballo, raille un autre élève, ce qui me fait rougir. Ça te dirait qu'on sorte ensemble, un de ces quatre ?
_Et toi, ça te dirait d'aller voir ailleurs ? lui répond-elle d'un ton dégoûté.
_Elle a du caractère la petite, ricane l'importun. Mais pas grave, ça ne me dérange...
_J'ai déjà quelqu'un, le coupe-t-elle. Alors laisse-moi tranquille, espèce de pervers.
_ Sarah, ne commence pas s'il te plaît, Va t'asseoir à côté de... ajoute-t-elle en regardant une feuille posée sur son bureau. Mademoiselle Stewart, finit-elle en relevant la tête dans ma direction.
Sarah se dirige vers la table en question puis s'arrête devant mon bureau. Elle me dévisage sans ménagement à plusieurs reprises, et finit par croiser mon regard. Ses yeux verts me paraissent moins sombres que tout à l'heure, je tente alors de lui sourire gentiment. Elle lâche un soupir, et lève les yeux au ciel avant de se tourner assez rapidement vers la prof.
« Il y a un problème Sarah ? demande cette dernière en haussant les sourcils.
_ Oui Madame Smith je... tente désespérément Sarah.
_ Il n'y a pas d'autre place alors à moins que tu ne voies aucun inconvénient à t'installer par terre, je ne pense pas pouvoir te trouver une autre place. Je ne sais pas ce qui se passe entre mademoiselle Stewart et toi, mais réglez cela vite, insiste-t-elle. En attendant, ne fait pas l'enfant et assieds-toi là.
_ Sérieux, qu'est-ce que je fous là ? », Chuchote-t-elle d'un ton à la fois furieux et vexé.
Elle soupire un grand coup avant de s'asseoir, Quant à moi, je la regarde toujours. Elle me paraît mystérieuse mais aussi, au premier abord, un peu prétentieuse et provocatrice. Je reporte mon attention sur le monde extérieur, et à l'instant même où je détourne les yeux, je ressens un point sur ma nuque, comme un regard insistant auquel je décide de ne prêter nulle attention.
Madame Smith commence alors son cours, sans trop prêter attention à Alicia qui pourtant me semble agir de plus en plus bizarrement, même après que la prof ait récupéré nos tests, ce qui exclut l'hypothèse d'une montée de stress à l'approche d'une évaluation surprise.
Finalement, au bout d'une heure qui me semble durer une éternité, la sonnerie sonne la fin du cours. Tout le monde sort de la classe, et j'en fais de même, suivie de près par Alicia. On finit par rejoindre Hanna et Karla qui discutent toutes les deux sur le chemin, et c'est à cet instant que je décide de parler avec Alicia, dont le comportement absent et anxieux m'inquiète de plus en plus.
« Ça va Al' ?
_ Oui pourquoi ça n'irait pas ? me répond-elle, l'air étonnée par ma question.
_ Ben... tu as agi bizarrement tout le long du cours de mademoiselle Smith. Donc je voulais savoir si tout allait bien, je tente tout de même, malgré le fait qu'elle semble tout nier en bloc.
_ Non franchement ça va, je ne vois pas de quoi tu parles, me répond Alicia, mais je remarque que malgré son air calme elle semble prendre soin de ne pas croiser mon regard.
_ De toute manière je sais quand tu me mens et là je sais que c'est le cas, je lui fais remarquer. Donc bon, si tu ne veux pas me le dire pour le moment ce n'est pas grave. Je sais que tu ne pourras pas le garder pour toi très longtemps ».
Hanna me tire par le bras après avoir fini sa discussion avec Karly.
« Kaitlyn!!! S'exclama la brune à la peau foncée. Alors, tes vacances ? me demande-t-elle ensuite d'un ton surexcité.
_ Je suis allée en Espagne chez Abuela et aussi deux semaines chez une de mes tantes, et vous deux ? je leur demande avec un sourire, heureuse de les retrouver.
_ Ça va, pour ma part je suis partie en Australie avec ma famille et après je suis revenue deux semaines, et j'ai fait quelques soirées avec les filles mais c'était assez nul sans toi, me fait remarquer Karly, une petite blonde aux yeux bleus, avec un air triste.
_ Et moi je suis allée au Brésil pendant un mois voir ma grande sœur, ajoute Hanna. Au fait, vous avez vu la nouvelle ? Elle est quand même bien foutue, remarque-t-elle avec un sourire amusé. Franchement si j'étais un mec, je crois que je banderais pour elle.
_ Ouais grave. Au fait Kaitlyn, tu es toujours avec Steven ? dit Karly après s'être fait une réflexion.
_ Moi je préfère la prof, fait timidement remarquer Alicia pour répondre à Hanna. Même si elle a l'air froide et assez chiante. Son physique et celui d'un mannequin de magazine de mode, ajoute-t-elle sans trop réfléchir.
_ Ouais, d'une certaine manière tu n'as pas tort, déclare Karly en penchant la tête sur le côté comme si elle réfléchissait à quelque chose d'autre.
_ C'est vrai quelle est pas mal dans son genre mais ce n'est pas mon style, je réponds en restant fixée sur les deux femmes en train de discuter devant la salle de classe. Je préfère quand même Sarah... malgré son humeur méprisable qui me met un peu sur les nerfs... je pense sincèrement qu'elle est jolie intérieurement, je termine sous les regards surpris et interrogateurs des filles.
_
Je souris difficilement en guise de réponse.
« Vous la trouvez comment la prof de littérature ? Je demande pour changer de sujet.
_ Je n'en sais rien, mais elle a un air de famille avec la nouvelle... Sarah je me trompe ? demande Hanna.
_ Il semblerait. D'ailleurs en parlant de cette fille, on dirait qu'elle se fait engueuler par la prof de littérature anglaise, dit Karly en me jetant un coup d'œil. Pendant que j'y pense encore tu n'as pas répondu à ma question, ça va comment en ce moment toi et ton pseudo copain ?
_ Quoi ? Dis-je en restant fixée sur la nouvelle. Oui ça va, enfin de toute manière je ne l'ai pas vu cette été. D'ailleurs il est où ? Je demande, vexée par sa question.
_ Ouais... me répond Hanna sans conviction. Il est à son casier avec sa bande comme d'habitude.
_ D'accord. Je vous laisse les filles on se voit à midi ».
Je ne leur laisse pas le temps de répondre que je me dirige déjà vers le casier de mon copain.
Je me sens trahie par la question que ma posé Karly, la première fois je l'ai esquivée sans trop de soucis, mais la deuxième cela aurait paru suspect, du coup j'ai dû répondre à contrecœur. Je sais que les filles me cachent quelque chose par rapport à Steve. Et j'ai un mauvais pressentiment depuis que je l'ai vu ce matin. Je soupire à chaque pas que je fais, comme écrasée par la pression qui semble s'abattre de plus en plus lourdement sur mes épaules.
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