Orage
Attention, cette histoire contient du lemon (le tout premier que j'écris d'ailleurs)
Allongée sur mon lit, je fixais le plafond de ma chambre, tandis que les gouttes de pluie martelaient les fenêtres.
En cette nuit d'orage, je ne parvenais pas à trouver le sommeil.
Non pas que je fusse troublée par les éclairs et le tonnerre, ou bien par l'obscurité quasi-totale qui m'entourait : j'avais l'habitude de ces choses-là.
Cependant, ce qui me maintenait éveillée était un mélange de sentiments qui m'étaient inexplicables.
D'un côté, l'impatience : je ne m'empêchais de dormir que parce qu'au fond de moi, j'avais l'intuition que quelque chose allait se passer cette nuit, et que je ne devais pas le rater. Pourtant, cette nuit n'avait rien de particulier, qui puisse la différencier des autres.
Mais qu'est-ce qui pouvait alors me maintenir éveillée ?
De l'autre côté, je ressentais de la peur. Je me sentais nerveuse, tendue, à l'affût du moindre bruit suspect. J'avais l'impression que quelque chose allait tôt ou tard me sauter dessus, lorsque j'aurais baissé ma garde.
Je dormais dans un lit double que je partageais auparavant avec ma sœur, jusqu'à ce qu'elle parte vivre à l'étranger et me le laisse à moi toute seule. Aujourd'hui, je ressentais la place inoccupée à les côtés comme un vide froid et béant. J'étais seule.
Pas de frère ou de sœur pour me tenir dans ses bras, pas de petit-ami pour m'entourer de ses bras réconfortants. Seule.
Je ne tenais pas à réveiller mes parents en allumant la lumière de ma chambre, je renonçai donc à lire un livre jusqu'à m'endormir dessus.
Hors de question de toucher à mon téléphone, je sais qu'il m'empêchera de dormir et que je vais m'abîmer les yeux.
Je décidai alors d'employer la bonne vieille méthode, celle que j'appliquais lorsque je ne trouvais pas le sommeil. Je glissai une main sous ma couette, puis sous mes sous-vêtements, pour enfin atteindre mes parties intimes.
Au fur et à mesure que le plaisir montait, alors que mes doigts traçaient des cercles de plus en plus rapides autour de mon clitoris, la peur se faisait de moins en moins présente, jusqu'à s'effacer. Je fermai les yeux, m'abandonnant aux sensations de mon corps, pour oublier que j'étais seule.
Après quelques minutes, j'atteignis le point de non-retour : tel un barrage qui cède d'un coup, je sentis l'orgasme arriver brusquement, me submerger pour ensuite me laisser pantelante, mais débarrassée de mon angoisse.
Effet secondaire bien connu et recherché, je sentais une douce torpeur m'envahir, m'entraînant dans le royaume des songes. J'aimais bien ce moment, où tout semble léger, doux, et où plus rien n'a vraiment d'importance.
Mais alors que mon esprit devient brumeux, un éclair s'abat dehors et illumine ma chambre.
C'est à ce moment précis que je la vois.
Sur le mur, redevenu blanc pour une fraction de seconde, se détache une silhouette humaine.
Je dis bien une silhouette, car ses contours sont flous, brumeux, limite mouvants, ne me permettant pas d'être entièrement sûre de sa nature. La description la plus fidèle serait de le comparer à une ombre en trois dimensions, sans couleur ni organes, mais avec les reliefs du corps humain.
La lumière d'un autre éclair me permet d'apercevoir des orbites vides, un nez sans narines, une fente courbée en guise de bouche. Pas d'oreilles, ni de cheveux. Une silhouette à peu près masculine, ou ce qui s'en approchait.
J'étais pétrifiée par la peur. Je ne savais pas ce que j'avais en face de moi, si parler ou crier pouvait servir à quelque chose, ou s'il y avait un moyen d'y échapper.
Devais-je parler à la créature, au risque de ne pas être comprise, ou pire, de la provoquer ?
Ou bien était-il plus judicieux d'appeler mes parents, qui ne sortiraient peut-être pas de leur profond sommeil ?
Ou bien fallait-il que je me précipite vers la sortie la plus proche et courir, jusqu'à la distancer ?
Au fond, tout cela ne servait à rien : mes muscles étaient complètement décontractés, mon corps déjà endormi, et mon esprit était paralysé par la peur, m'empêchant de réfléchir posément.
J'étais bloquée, je ne voyais aucune échappatoire.
Je faisais alors ce que fait tout enfant qui ne veut pas se faire remarquer : je fermai les yeux.
Ce comportement était dicté par une pensée fausse, mais rassurante :
Si je ne te vois pas alors tu ne peux pas me voir.
Fermer les yeux revient à se refermer sur soi, à s'enfermer dans son monde, pour essuyer la tempête de l'extérieur, comme un sous-marin s'enfonçant dans les profondeurs de l'océan pour éviter le tumulte de la surface en temps orageux ou lors de conflits navals.
Je retiens ma respiration et tends l'oreille.
J'entends alors des légers bruits de pas. La créature semblait se diriger vers mon lit. Elle s'arrête. J'expire. Je sens le matelas s'affaisser du côté vide : la créature était assise au bord du lit.
Qu'est-ce que je devais faire ?
J'entends le bruit de la couette qui bouge, et la masse de l'autre côté du lit s'intensifier. Il s'était allongé à mes côtés.
Des frissons me parcourent l'échine. J'ai peur, mais je ne sais pas quoi faire.
Commençons par regarder les choses en face.
Je me couche sur le côté, de façon à être face à lui, et ouvre les yeux.
Je ne vois rien, la pièce est plongé dans une obscurité totale. Même si je peux encore les entendre, les éclairs n'illuminent plus ma chambre.
Il semble que l'être en face de moi ait des pouvoirs... Ou alors c'est quelque chose qui nous dépasse tous les deux qui manipule l'Univers à sa guise.
Je sens soudain une main se poser sur mes hanches, et une autre se glisser derrière ma tête, la tenant doucement.
Il m'attire à lui et m'enlace, doucement, sans violence, mais sans que je puisse échapper à cette étreinte.
Presque par réflexe, je glisse une main dans son dos et pose l'autre sur son torse -ou du moins l'équivalent d'un torse.
Sa peau est lisse et parcourue de multiples fissures, comme de la pierre, mais elle est chaude et élastique.
Je mets quelques minutes à me rendre compte que je suis le tracé des fentes de sa peau avec mes doigts. Cela me détend.
Je n'ai étrangement plus peur. Il ne semble pas agressif. Je ne sais pas quelles sont ses intentions, mais je pense que c'était lui dont j'attendais la venue.
Ses doigts parcourent mon corps, caressent mon cou, ma taille, mon dos. Ils frôlent mes seins, d'une manière si délicate, si sensuelle que je ne pouvais m'empêcher de frissonner.
L'être en face de moi touche mon corps, nu, comme si j'étais le premier humain qu'il pouvait contempler, et il paraissait découvrir en les caractéristiques.
J'entremêle mes jambes aux siennes. Je ne peux m'empêcher d'éprouver un élan de désir, me poussant à me rapprocher le plus de lui.
Je sens sa peau devenir plus chaude, ses bras me serrer davantage contre lui, et comme une bosse poindre contre ma jambe.
Apparemment, il n'est physiquement pas si éloigné de l'Homme...
Une des ses mains descend jusqu'entre mes jambes. Je ne l'en empêche pas.
Il glisse deux doigts dans mon vagin, me faisant sursauter. Je suis encore humide, à cause de mon aventure solitaire de tout à l'heure.
Par réflexe, je bouge mon bassin. Il semble comprendre ce que je ressens, puisqu'il entame un mouvement de va-et-vient avec ses doigts.
La chaleur de son corps près de moi, de ses doigts en moi, le bruit de la pluie, le mouvement de va-et-vient de plus en plus rapide, le tonnerre, ma respiration de plus en plus irrégulière...D'une certaine manière, tous ces choses m'excitaient, me menant très rapidement à l'orgasme.
Je sens tout mon corps se tendre, mes yeux se révulser, puis toute la tension disparaît pour me laisser à nouveau complètement détendue.
Ce phénomène devait être nouveau pour celui à mes côtés, puisqu'il sursauta lorsque cela arriva.
Après quelques minutes, je sens bouger l'inconnu, qui s'allonge sur moi.
Je sais ce qu'il s'apprête à faire.
Comme pour n'importe quel homme, je prends son membre dans ma main et le guide en moi.
J'enroule mes jambes autour de lui. Je veux m' unir à lui, à la limite de la fusion. Lui, ce complet étranger, même au genre humain, me donnait envie de faire l'amour plus que n'avait pu le faire n'importe quel autre homme.
Il commence par de légers coups de reins, précautionneux, comme si c'était sa première fois.
Puis il accélère la cadence, nous faisant bouger à l'unisson. Nous voici embarqués dans un périple dont la fin est connue.
Alors qu'il avait enfoui son "visage" dans mon cou, il relève la tête et me fixe. Je vois deux points brillants, là où devraient se trouver ses yeux.
Ces points, tout d'abord minuscules, s'agrandissent : ils deviennent deux tourbillons dans lesquels je perds mon regard.
Il pose son front contre le mien.
À ce moment-là, nos esprits sont connectés, nos souvenirs, mélangés, nos émotions, partagées : je sais tout de lui et il sait tout de moi.
Je découvre sa vie, son histoire, ses angoisses, ses joies, ses objectifs. Je comprends d'un seul coup pourquoi il est là, ce qu'il cherche et je ne m'y oppose pas, comprenant les sentiments et les pensées qui l'animaient.
Alors que nos esprits ont fusionnés, les coups de reins s'intensifient. Je le sens en moi, dur, large, remplissant le vide en moi. Le plaisir est tel que je n'entends plus le tonnerre. Je peine à retenir mes cris, mais il place sa main sur ma bouche, ce qui m'excite encore davantage.
Je sens chaque particule de mon corps vibrer d'une énergie phénoménale, à peine contenue. Cette énergie est celle de la vie, de l'âme, celle qui est transmise aux descendants. Je sais qu'elle se libérera au moment de l'orgasme, mais où ira-t-elle se perdre ? Peut-elle seulement être détectée ? Mesurée ?
Le corps de mon amant est brûlant, le contact de sa peau avec la mienne en devient dououreux, voire insupportable. Mais j'ai conscience que cette souffrance prendra bientôt fin. Comparée à la sensation de plaisir que je ressens, elle n'est pas importante. Plus rien n'a vraiment d'importance, seulement nos corps l'un dans l'autre, la sensation de ne plus savoir où se finit le mien et où commence le sien. Nous sommes un.
Je ne parle pas. Cela ne sert à rien : d'une part, nous ne parlons sûrement pas la même langue, de l'autre, nous connaissons chacun les pensées, et donc le fonctionnement de notre partenaire.
De toute façon, ma respiration est devenue trop rapide et désordonnée pour formuler des phrases, ou même des mots. Je ferme les yeux, me focalisant sur ce que je ressens, en particulier la tension qui monte à l'intérieur de moi, comme un élastique qui se tend jusqu'à la rupture.
Celle-ci se produit soudainement, littéralement en un éclair : l'un d'eux illumine ma chambre tandis que je me cambre et laisse échapper un cri.
Je sens mes muscles se contracter autour du membre de mon partenaire, pour qui c'est le coup de grâce.
Il libère sa semence en moi. Je sens un flot de liquide, froid comme la mort, envahir mes entrailles et tout ravager sur son passage. La douleur est insoutenable. C'est en train de me tuer.
Mais je le savais : je l'avais vu dans son esprit.
La tension qui se libère d'un coup, la douleur insupportable, le corps chaud contre moi, le poison qui me tue de l'intérieur... Je me sens perdre pied. Je sombre dans un sommeil malheureusement définitif. La mort m'apportera au moins la paix.
La dernière chose que je vois sont ses yeux. J'y cherche encore une quelconque raison logique, un espoir de vivre.
Je n'y vois que le Chaos.
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