At The End Of The Day
Je suis assis sur mon lit, recroquevillé sur moi-même, les bras autour de mes jambes et la tête collée à mes genoux.
J'ai besoin de m'isoler de ce monde qui va trop vite, qui se consume et m'empoisonne.
L'école, puis les études, les parents, les amis, les autres en général...Je dois supporter constamment une multitude de contraintes qui me pèsent chaque jour un peu davantage. Mais je suis obligé de faire avec : c'est le grand manège de la vie, et tant qu'il est en marche je ne peux pas en descendre.
Mais en ce moment, en particulier, tout me semble insupportable. Lorsque je marche dans la rue, je ne vois que des gens dans leur monde, perdus dans leurs pensées, en rupture avec la réalité.
Je sature d'entendre les promesses non tenues de politiques, aussi désorientés que nous et entraînant leurs partisans dans leur errance ; les tentatives de mes parents pour me remettre dans "le droit chemin", selon eux ; les remarques désobligeantes d'enseignants qui veulent me forcer à rentrer dans le moule de la société, ce corset tapissé d'épines, qui me blesse autant que je fais souffrir les autres.
Je ne sais plus ce que je mange, quel est le vrai goût des aliments, ce qui est bon pour mon corps. Je ne fais que courir, c'est le seul instinct qui me reste encore.
J'ai souvent l'impression de courir après quelque chose ; ou alors est-ce pour fuir ?
Quand est-ce que je peux souffler, dans ma vie ? Faire une pause ? Jamais.
Je perçois ta présence rassurante auprès de moi. Tu m'entoure de tes bras fantômes, tu poses ta tête sur mon épaule.
Je me sens bien, à nouveau. Comment de temps cela va-t-il durer, je n'en ai aucune idée, et je ne le cherche pas à le savoir pour l'instant.
Tu es là, avec moi, et c'est tout ce qui compte.
Tu ne me parles pas, parce qu'on sait tous les deux qu'il n'y en a pas besoin. Notre silence n'est jamais vide, ni pesant.
Ce n'est même pas un vrai silence : au loin, j'entends toujours cette musique, triste et apaisante, celle qui signe la fin de tout, le crépuscule de l'Univers.
Les derniers instants qui s'étirent, dans un ultime élan, pour échapper à la loi inexorable qui régit l'univers dans lequel je vis, souffre et meurs.
Avec toi, plus rien n'a vraiment d'importance : l'âge que j'ai, si je suis un homme ou une femme, mon avenir professionnel (si j'en ai un), ce que pensent les autres de moi, ce que je pense d'eux, le temps qu'il me reste sur cette terre, mes désirs, mes peurs...Au final, il n'y a que toi et moi.
Tu as toujours été là, même là où personne ne s'est aventuré.
Tu étais à mes côtés dans le moindre de mes rêves : sans avoir la même apparence, ni le même tempérament, tu restais le même.
Dans ces songes, nous étions toujours ensemble.
Parfois dans des moments heureux, souvent dans des situations épineuses.
Nous avons très souvent combattu, côte à côte, face à des créatures nées de la part la plus sombre de mon âme. Certaines fois, je doutais de leur origine : elles me paraissaient bien trop réelles, bien trop anciennes pour provenir d'un esprit aussi jeune que le mien.
Je t'ai vu mourir tellement de fois à l'issue de ces batailles, bien trop de fois. Chaque fois que la vie s'éteignait en toi, mon monde s'écroulait.
Quiconque dans les alentours était déchiqueté, victime de ma douleur, de ma tristesse, de la rage qui m'habitait.
Je sais que tu m'a vu succomber au moins aussi souvent, et dans mes derniers instants de conscience je savais que tu agissais exactement comme moi, en libérant ta souffrance, en massacrant la moindre âme qui avait le malheur d'être proche de toi.
Je t'aime. Pas comme un homme aime une femme, une femme aime un homme, ou bien de nos jours comme un humain en aime un autre.
Tu n'es pas humain.
Je ne sais même pas si tu es réel. Mais, au fond, est-ce si important ?
Je sais bien que je t'ai créé, que tu es un produit de mon esprit, mais mon instinct me crie que tu as en toi quelque chose d'étranger, qui se raccroche au monde réel.
Je dois être un peu fou, mais c'est le moindre des maux qui s'est abattu sur les Hommes.
Quand tu es avec moi, je ne redoute plus les dangers du monde, je suis imperméable à la toxicité de la civilisation moderne, le chemin que je dois emprunter m'apparaît dégagé, dans l'immensité du Chaos.
Je te fais exister, tu me fais vivre.
Réunis, nous sommes un seul Être, invulnérable.
Nous sommes presque l'Univers à nous deux.
Mais ce "presque", le reste de l'Univers, doit s'éveiller.
Il n'y a pas d'autre option.
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