Chapitre 1 ~ Lilou
Face à la lumière du clair de lune, une cigarette à la main, nous nous retrouvons seuls tous les deux sur cette pelouse humide et froide. Une musique en bruit de fond rythme cette fête à laquelle on s'est éclipsé. Ne sachant quoi dire en sa présence, je me tais et regarde le sol. Dans un murmure, il effleure de ses lèvres mon prénom. Je le sonde surprise de ce chuchotement. Ses magnifiques yeux me fixent d'une douceur que j'ai rarement vue chez lui. Je reste tétanisée, ne comprenant pas ce revirement de situation. Se rapprochant tout doucement de moi, il jette sa cigarette à peine entamée et d'un geste lent, il pose ses mains sur mes hanches et réunit au ralenti nos deux corps déjà impatients de ce contact. Un rapprochement tellement près que j'ai l'impression que mon cœur va exploser en mille morceaux. Cela fait longtemps que j'attendais ce moment de sincérité de sa part, ce retour de flamme. Toujours avec ses yeux pétillants d'admiration et de passion, il avance sa bouche contre la mienne... Mon souffle se coupe et... DRIIIIINGGGG !
Dans un sursaut, je me réveille complètement perdue. J'observe les murs autour de moi et comprends d'emblée que je suis dans ma chambre. Seule. Sans lui. Et merde, ce n'était qu'un rêve ! Au bout de quelques secondes, secouant ma tête encore endormie, je prends conscience que ce bruit déplaisant qui irrite mes oreilles provient de ma sonnette. Je me lève précipitamment de mon lit, me prends les pieds dans les draps et me cogne l'épaule contre l'armoire située en face. Aïe. J'arrive devant la porte, titubante, essoufflée, grognon. La journée commence bien ! J'actionne la poignée, ouvre la porte et trouve le facteur sur le palier, surpris par la brutalité de mon geste.
— Madame... ? J'ai un recommandé pour vous ! confirme-t-il en me fixant bizarrement à mon goût.
— Ah... ! répondis-je froidement en attrapant le courrier.
Rien qu'à sa tête, je devine que je dois avoir la tête de Cruella, mais sans les dalmatiens autour, les yeux d'un panda et certainement les marques de l'oreiller d'un côté. Baissant le regard de honte, je découvre mon accoutrement. Dans toute sa splendeur, trône sur mon corps, mon beau vieux pyjama pilou rose bonbon agrémenté de petits lapins blancs, tout délavé et sans forme. D'une vitesse surprenante, je sens mes joues rougir me souvenant de ma soirée d'hier. Ayant froid et désespérément seule, je m'étais installée confortablement dans mon canapé, tenant d'une main un verre de vin blanc et de l'autre la télécommande, parée pour une soirée à pleurer et rêver devant un film romantique. Voyant ma gêne, le facteur ne s'attarde pas, me fait signer le reçu et s'éclipse en me souhaitant une belle journée. Je lui souris bêtement refermant la porte tout en m'appuyant le dos contre celle-ci. Je ferme les yeux, déçue, la tête qui tourne, les pensées en boucle de ce fameux rêve, rien qu'un rêve...
Et, si c'était prémonitoire ? Et, si cela se passait réellement ? Non, impossible ! Il faut que j'arrête avec cet homme. Depuis des mois, il profite de moi et joue avec mes sentiments à son égard. Une colère monte en moi. Comment puis-je être aussi stupide ? Des larmes commencent à couler, une nostalgie s'installe... Merde !
Secouée par tout cela, lassée, je m'assois sur le canapé fixant la télévision même pas allumée, me demandant ce que j'allais faire de ma journée de congé.
Pour m'échapper un minimum de ma solitude, je décide d'aller acheter la dernière saga de livres à la mode. Je me force à m'habiller, me coiffer et me maquiller pour être un peu plus présentable, quoique cela ne me dérange pas d'aller en pyjama pilou, au point où j'en suis... Enfin, prête, je descends les étages par les escaliers, ce qui me donne l'impression de faire un peu de sport. Je manque de peu de me prendre la porte en pleine face, quand le voisin arrive à l'opposé. Étonné et affolé, il bafouille des dizaines de mots d'excuse. Au bout de cinq minutes, il me laisse enfin continuer mon chemin, après lui avoir répété un nombre incalculable de fois que ce n'était pas grave. La journée risque d'être compliquée à cette allure ! J'arrive finalement à ma voiture sans encombre. Malgré la fraîcheur extérieure, le ciel est bleu et le soleil réchauffe un peu malgré tout. Installé au volant, je respire profondément et me répète comme un mantra que ça ira, que j'ai juste à prendre mon livre et rentrer.
***
Arrivée à destination, j'entre dans la Fnac à la recherche de ce fameux roman. Regardant les allées et mon téléphone en même temps, je ne m'aperçois pas tout de suite que je zigzague et que si je continue comme cela, je vais me prendre la première étagère venue. Heureusement, je trouve sans tarder ce que je voulais. J'empoigne l'ouvrage sans me poser de questions, le retourne et observe instinctivement le prix, quoique je m'étais renseigné auparavant. Je lis vaguement le résumé pour me mettre dans l'ambiance. Tellement hâte de le lire. Étant célibataire depuis plusieurs mois, je me nourris de livres romantiques ces derniers temps, rêvasse en parcourant les pages, renfermée dans ma bulle d'amour, de simplicité et de rêves. Les soirées étant longues, souvent seule, ces bouquins me font passer le temps, mais surtout je les adore. Me mettant à tour de rôle dans la peau de mes protagonistes préférés, je vis à travers eux par procuration et j'aime ça. En espérant qu'un jour, je trouverai celui qui deviendra mon évidence.
Tout en étant dans mes pensées, je ne calcule toujours pas mon chemin et l'impensable se produisit. Je percute quelqu'un, enfin, je crois... Une étagère ? Surprise, la tête baissée, je me sens confuse et perds l'équilibre. Une main prend la mienne pour me retenir. Dès ce contact, je ressens une sorte de chaleur parcourir mon corps tout entier. Cette sensation est indescriptible, inconnue, mais pourtant si familière.
— Vous allez bien ?
Comment peut-on avoir une voix aussi ferme et douce à la fois ? Encore un peu secouée, je lève doucement la tête et mes yeux croisent le regard de mon sauveur ou la victime de ma maladresse. Au choix... À cet instant se tient devant moi un homme irrésistiblement plein de charme, sexy, qui me jauge du regard, déstabilisé, lui aussi. Je ne sais pas si c'est mon imagination, le choc ou lui, mais j'ai l'impression que l'on est plus que deux dans le magasin. Plus aucun bruit autour de nous, aucun mouvement, mise à part le battement de ses cils. Le battement de mon cœur... ? Impossible, on l'a piétiné, il y a quelques mois. Subitement, mes jambes sont en mousse et je reperds l'équilibre. Je dois encore rêver, car il a cet effet sur moi. Un charme inhumain. Cette fois-ci j'espère que ce n'est pas le facteur sinon je lui fais bouffer son courrier !
— Vous êtes sûr que ça va ? me demande-t-il inquiet.
— ... Oui, merci...
Ne sachant que dire, je rajoute spontanément :
— Pincez-moi s'il vous plaît...
Hein ? Mais, pourquoi j'ai dit ça ? Me regardant surpris, son sourire s'élargit.
Ouf !
Je me rends compte qu'il ne me lâche pas la main et cela ne me dérange pas bien au contraire. Nous restons plongés les yeux dans les yeux sans dire un mot, sentant mon visage rougir, ne sachant plus où me mettre. Je baisse ma tête par timidité et le monde se remet à tourner autour de nous. Avec une voix suave et sensuelle, il me demande :
— Que puis-je vous offrir pour me faire pardonner ?
Je reste muette, mais mon imagination par contre déborde ! Écoute, chéri, embrasse-moi, montons sur ton cheval blanc et allons-nous marier sur-le-champ ! D'accord, c'est un peu rapide, mais pourquoi pas... Tentant de sortir de ma bouche des mots cohérents qui malheureusement échoue lamentablement, je bafouille et deviens de plus en plus rouge. Retirant ma main de la sienne, je commence à triturer mes doigts. Ayant vu certainement mon malaise, il pose sa main sur mon épaule d'une délicatesse assurée.
— Ne bougez pas s'il vous plaît, promis ? me demande-t-il avec un sourire à en couper le souffle. Je reviens...
— D'accord... répondis-je surprise et obéissante.
Puis, il me laisse là, seule, pantelante, tout en s'éloignant de moi d'un pas décidé. D'une démarche et d'un charisme qui ne laisserait personne indifférent, je ressens comme un effet étrange. Bordel, même de dos, il est sexy ! La preuve, deux femmes le croisent et font aussitôt demi-tour, se recoiffant et le regardant de haut en bas, prêtent à bondir sur leur proie. Cette scène me met en rogne, j'ai envie d'arriver derrière elles et les assommer une par une à coups de pelle ! Calme-toi Lilou, il t'a dit qu'il reviendrait... Reposant mes yeux sur lui, je m'aperçois qu'il s'est arrêté au premier stand vendeur et qu'il n'a visiblement pas remarqué les deux pétasses à côté de lui. Je distingue le vendeur lui tendre un morceau de papier et un crayon. Étant trop loin et n'entendant rien, je remarque quand même qu'il lui dit quelque chose et lui sourit. Mon téléphone sonne. Un SMS d'une de mes meilleures amies qui me réclame ce soir un apéro/potins en extrême urgence. Missy a le don de me faire sourire en toutes circonstances. Cela fait cinq ans que je la connais, comme moi une trentenaire célibataire, exubérante, complètement folle et je l'adore pour cela. Elle me fait rappeler dans un second message qu'elle apporte une bouteille de vin blanc et me supplie de lui faire ma recette de cupcake banane/chocolat, qu'il en est pour sa survie. Quand je me mets à éclater de rire, la femme à côté de moi sursaute, me regarde interloquée et se met à rire également. C'est contagieux, à croire ! Tout en répondant à Missy, la tête baissée sur mon téléphone, je ressens une présence tout près de moi. Il est là, devant moi. Les yeux brillants et sourieurs. Je replace illico mon portable dans mon sac sans me donner la peine de finir mon message. Tan pis, elle comprendra quand je lui expliquerai. Toujours en me fixant et sondant ma réaction, il me tend le fameux morceau de papier et y découvre une fleur dessinée avec un mot en dessous :
« Le pardon permet de créer une atmosphère propice à un nouveau départ, à une nouvelle chance. » Martin Luther-King
Mille excuses pour ce hasard un peu brusque... Vous me pardonnez ?
Ethan
J'en reste bouche bée ! Ne sachant que répondre, mon cerveau bouillonne, puis me vient une idée. À mon tour de lui demander de ne pas bouger. Il me sourit, joueur. Je m'écarte un peu plus loin, fouille dans mon sac et en sort un carnet et un crayon. Je m'installe dans un coin et commence à écrire.
« Qui du hasard ou du destin est le maître du jeu ? »
Guillaume Musso
« À tout instant, le hasard vous envoie promener. En profitez-vous ? » Paul Morand
Lilou
Par euphorie, je conclus mon mot en lui adressant mon numéro de portable. Qui ne tente rien, n'a rien... Toute fière de mes citations, bien sûr, trouvée dans mes innombrables livres, je me dirige vers lui. Une panique m'envahit soudain ne sachant plus si j'ai été trop directe ou pas. Mon regard croise le sien et je me vois à nouveau marcher au ralenti. Tout est lent autour de nous et nous sommes encore une fois seule au monde. Arrivée à sa hauteur, je lui tends mon papier, toute tremblante. Il l'intercepte avec plaisir. Prenant mon courage à deux mains, je m'exclame tout en m'éloignant :
— Bonne journée...
Son regard s'assombrit et il me crie presque d'une voix attristée :
— Attendez... Je...
Me retournant, je lui montre des yeux le papier qu'il a entre ses mains. Immédiatement, il se met à le lire. Je continue mon chemin jusqu'à la caisse, m'apercevant que les deux pétasses de tout à l'heure sont à côté me fixant comme si j'avais la peste. Sûrement vexées qu'Ethan ne les ait même pas regardées, sauf moi. J'en jubile ! Ethan... Cela lui va bien, je trouve. Mon téléphone qui sonne m'indique que c'est Missy qui s'impatiente.
*Avec ou sans ton accord, je débarque chez toi, m'en fous si tu n'es pas là, j'irai boire ma bouteille chez le voisin ! Il est beau au moins ?*
J'éclate de rire. Les gens me regardent surpris. Décidément... Pourtant, je n'ai plus mon pyjama pilou. Je vérifie quand même !
*Tu sais qu'à cause de toi, je viens d'éclater de rire à la Fnac et que les gens me regardent bizarrement depuis ? Mais tu vas l'avoir ton verre, tu débarques à quelle heure ? J'ai du potin, j'ai rencontré quelqu'un...*
Un autre « Ping » retentit. C'est lui.
*Si vous vouliez m'échapper, c'est raté... Enchanté Lilou*
En effet, vu le monde et la rapidité de la caissière, je n'ai bougé que de trois petits pas depuis tout à l'heure. Missy revient en force.
*Quoi ? Et, ce n'est que maintenant que tu m'en parles ? C'est qui ? Prénom, âge, taille ? Décidé je prends un cubi ! Vingt heures chez toi ma belle*
*Je viens de le rencontrer, je t'expliquerai tout ce soir...*
Il faut que je me prépare mentalement à l'arrivée de la tornade Missy ! Je décide de répondre à Ethan.
*Je n'ai pas choisi le bon timing... Enchanté Ethan...*
Je me retrouve enfin au niveau de la caissière. Elle prend mon livre, m'indique le prix et rajoute que cela lui change de voir des personnes avec un tel sourire. Je ne comprends pas son allusion... Juste avant de sortir du magasin, je me retourne tout en marchant voir si je l'aperçois et vu le monde, ce serait un miracle, mais à peine avais-je décidé de lâcher l'affaire que je le vois, appuyé contre une table attendant son tour. Ses yeux s'illuminent, ses lèvres s'étirent, je lui souris en retour. En fait, je n'ai pas perdu mon sourire depuis lui... Je comprends mieux désormais les paroles de la caissière.
« Ping »
*Attention, regardez devant vous, on peut par mégarde se prendre quelqu'un en plein fouet ! Et j'avouerai que j'aimerai être le seul...*
Surprise, je relis le message plusieurs fois. Un petit pincement au cœur se fait sentir. Cet homme me trouble. Comment est-ce possible en si peu de temps ?
*Promis, je lèverai la tête dorénavant*
M'avançant vers ma voiture, je manque de peu de me faire rouler dessus. Bordel ! La femme descend, choquée, en pleurs. Elle s'excuse comme elle peut. Je décèle qu'elle va mal et que ce n'est pas totalement à cause de cela. Je la rassure aussitôt que tout va bien, qu'il y a eu plus de peur que de mal. Elle a l'air à présent soulagée, mais son regard est triste, elle me fait de la peine. Remontant dans sa voiture, confuse, elle articule pour l'énième fois un désolé. Je lui souris tout en me dirigeant vers la mienne. Installée sur le siège conducteur, je souffle et respire un bon coup pour vider la pression. Je vérifie qu'Ethan n'a pas vu la scène et visiblement non. Ouf... Je démarre, direction mon appartement.
Mon cœur bat à deux cents à l'heure. C'est quoi cette journée de dingue ?
*Lilou, vous allez bien ? J'ai vu la scène depuis le magasin, j'ai eu peur pour vous. Quand je suis arrivé, vous étiez déjà partie. Faites attention s'il vous plaît... Je m'en voudrais s'il vous arrivait quelque chose.*
Il s'inquiète pour moi ? Cela arrive ce genre d'incident, enfin chez moi, oui ! Devrais-je lui annoncer que je suis miss catastrophe, un vrai boulet à mes heures perdues ? Peut-être pas, il prendrait la fuite, ce qui ne me rassure pas du tout ! Depuis toute petite, je suis maladroite par moments, il m'arrive beaucoup de péripéties dans ma vie. Une sorte de Bridget Jones à la française...
Arrivée sur ma place de parking, je prends le temps de lui répondre. Je regarde autour de moi, plus de danger à l'horizon.
*Ne vous inquiétez pas, tout va bien. Je viens d'arriver chez moi, je suis entière.*
*Je suis rassuré...*
Dix-neuf heures, je m'active aux dernières préparations avant que Missy débarque. Tout est prêt, juste les cupcakes à passer au four. Je passe dans la salle de bains me rafraîchir et m'installe sur le canapé devant une série débile, mais marrante. Cela fait maintenant trois heures qu'Ethan et moi discutons par message de tout et de rien, il me fait rire et rit à mes blagues. Le contact est tellement naturel avec lui que l'on a l'impression de se connaître depuis des années. Il a trente-cinq ans comme moi, célibataire, une sœur de vingt-huit ans, orphelin, il travaille dans une entreprise internationale et me précise qu'il habite Miami et qu'il est en France que pour quelques jours. Et voilà... C'était trop beau pour être vrai ! En fait, il ne doit rechercher qu'une relation éphémère. Mon sourire s'efface instantanément. Il fallait t'en douter Lilou ! Je vois trouble, les larmes montent, une boule se forme dans ma gorge. Pourquoi cela me prend au cœur comme ça ? Je le connais à peine... Mes pensées sont interrompues par la sonnette. Quoi ? Déjà vingt heures ? Missy insiste et sonne au moins dix fois. Qu'est-ce qu'elle peut être chiante et surtout impatiente parfois !
— J'arrive !
À peine la porte ouverte qu'elle me saute dessus et me prend dans ses bras.
— Alors ? Dis-moi tout. C'est qui cet inconnu ? Tiens, au fait, j'ai croisé ton voisin, il n'est pas mal du tout, je l'aurai bien invité à nous rejoindre. Le cubi est frais, plus qu'à ouvrir. Hum, ça sent bon ici.
Tornade Missy en action ! Jamais le temps d'en placer une quand elle est dans cet état, mais j'adore son côté exubérant, qui émane toute sa joie de vivre. Lui prenant le cubi des mains, je lui dis de s'installer sur le canapé. Après avoir servi les verres, nous trinquons.
— Au trentenaire célibataire ! s'exclamons-nous en même temps.
— Bon, alors, raconte-moi... dit-elle toujours impatiente.
Entre deux gorgées de vin blanc, je lui énumère toutes mes aventures, de mon rêve à cette rencontre, lui avouant qu'Ethan m'a envoûtée dès qu'il a posé sa main sur la mienne. Elle en reste bouche bée – étonnamment - et boit mes paroles sans jamais m'interrompre, jusqu'à :
— Tu le kiffes ma belle ! dit-elle enfin.
— C'est vrai qu'il est beau à tomber, on s'entend bien, mais c'est tout...
— Arrête, quand tu parles de lui, tes yeux s'illuminent comme un feu d'artifice du 14 juillet !
Tentant vainement de changer de sujet, elle se jette sur moi et me chatouille sans scrupules, me traitant de menteuse et de lui cracher le morceau sur-le-champ.
— Stop ! Arrête la torture, j'avoue tout... J'ai complètement craqué pour lui !
— Et, bien, voilà ! s'empresse-t-elle de dire, fière d'elle et de sa technique déloyale. Vous allez vous revoir quand ?
— Je n'en sais rien, on n'en a pas parlé, mais j'espère... Tu te rends compte, il habite Miami, c'est mort !
— Arrête tes conneries Lilou, tu vas le revoir et tu verras bien. Tu vas le regretter, je le sais, alors fonce et qui sait ? Qui sait ce que l'avenir nous réserve parfois ?
— Tu as raison... Et toi ? Raconte !
« Ping »
Ce doit être lui. Un sourire s'affiche sur mon visage et Missy me le fait remarquer. Je prends mon téléphone, le déverrouille et...
— Et merde !
— Quoi ?
— C'est Noa...
— Qu'est-ce qu'il veut ce con ?
— Arrête de l'appeler comme ça !
— Connard, si tu veux ? Il t'a assez prise pour une conne, tu ne crois pas ? Ne réponds pas, boit un autre verre avec moi. Dégage ce Noa, place à Ethan et son joli petit cul !
— Tu n'es pas possible toi !
Nous explosons de rire toutes les deux. En réfléchissant bien, elle n'a pas tort. Je la laisse remplir mon verre sans rien dire. D'ailleurs, combien de verres a-t-on bu ? Deux ? Trois ? Peut-être quatre... Après avoir essayé de calculer le volume de liquide ingurgité muni d'une calculatrice, nous avons laissé tomber prétextant que vu que le cubi est largement entamé, monsieur modération s'était fait la malle sans nous dire un mot.
Un peu plus tard, Missy me raconte en détail que l'homme qu'elle draguait depuis quelques semaines est en fait homosexuel. Un fou rire sans maîtrise s'empare de moi, sachant qu'elle me répète sans cesse qu'elle peut lire dans le regard des gens. Pour le coup, elle s'est complètement plantée. Elle m'explique qu'elle a tout tenté. Les yeux doux, les robes sexy et même les mots coquins... Mais il restait insensible à ses avances. Pas étonnant en connaissant ses préférences. Elle a dû passer pour une folle. Jamais elle n'aurait cru qu'il était gay, jusqu'à hier où elle a voulu faire une dernière tentative de séduction et qu'elle l'a surpris dans les bras d'un homme.
Cette bulle de discussion avec mon amie s'éclate dès que je pose les yeux sur mon téléphone qui n'annonce aucune nouvelle d'Ethan. Missy remarque ma déception et s'écrie :
— Cupcake !
— Oui, je vais les chercher... dis-je sans grande conviction.
— Ne t'inquiète pas, il reviendra, j'en suis certaine !
Après avoir englouti la moitié des gâteaux, Missy décide qu'il est temps pour elle de rentrer avant qu'elle ne loupe le dernier passage du bus. Je la raccompagne jusqu'à la porte, la prends dans mes bras et la remercie pour cette soirée.
Plongé dans mon lit et quelques grammes dans chaque poche, je tombe littéralement de sommeil, mais quand je ferme les yeux, je vois les prunelles d'Ethan et son magnifique sourire. Un bruit pourtant familier me fait sursauter.
*Merci pour cette soirée, on remet ça jeudi prochain comme d'habitude. J'espère que cette fois-ci Marion sera dispo. Il y a des mecs pas mal à cette heure-ci dans le bus, la vache !*
*Pas de soucis ! Et arrête de sauter sur tout ce qui bouge ! Bonne nuit ma folle*
Fermant les paupières, je repense à cette journée... Et, si je ne le revoyais jamais ? Et, si ce n'était qu'un rêve ?
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A bientôt !
Lyly <3
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