Chapitre 9
Quand j'aperçois enfin l'appartement, je souffle de soulagement en essuyant du dos de la main la peau moite de mon front.
Bon sang, on a mis dix minutes en voiture et moi, j'ai presque pris une heure pour rentrer à pied !
Quand j'arrive devant la porte du studio, j'entends de l'autre côté le son de la TV toujours allumée, il ne dort pas et il est une heure passée.
Doucement je pousse la porte et rentre, ici il y a l'air conditionné et seigneur ça fait un bien fou.
Je retire mes chaussures qui me scient les pieds et m'approche du canapé ou Deck est assis. Il a les yeux rivés sur l'écran mais je ne doute pas qu'il m'a entendu rentrer.
- Salut, chuchotais-je doucement pour tester son niveau de colère.
- Salut.
- Tu ne dors pas ?
- J'attendais que tu rentres.
- Pourquoi ?
- Parce que je sais très bien qu'il ne t'a pas reconduit et que je n'aurais pas été dormir sans savoir où tu étais.
- N...non je...
-...
- T'as raison, je suis rentrée à pied, j'admet finalement.
- Pourquoi tu m'as menti ? Me demande-t-il en éteignant la TV.
- Je ne sais pas, je voulais être un peu seule.
- Qu'est-ce que t'as Mag ?
- Comment ça qu'est-ce que j'ai ? Lui demandais-je en fronçant les sourcils.
- Depuis qu'on est arrivé ici t'es bizarre.
-...
-Mags...
- Désolé si je te semble bizarre mais c'est nouveau pour moi tout ça Deck...Essaie de comprendre, je m'imaginais terminer ma vie dans notre ville comme ma mère et mes sœurs et ça m'allait très bien. Mais au lieu de ça, je suis ici, dans cet appartement avec toi, à aller à l'université et à des soirées. J'y connais rien, je ne sais pas comment ça marche tout ça...
- Alors pourquoi t'es venue ? J'essaie de comprendre Maggie mais j'y arrive pas ! S'écrie-t-il de plus en plus furieux. Si tu détestes vraiment tout ça pourquoi t'es venue ici ?!
- Je...j'en sais rien.
Pour toi, c'est pour toi que je suis venue ici, je crie intérieurement, là où il ne peut pas l'entendre.
- Quand tu sauras, t'auras qu'à venir m'éclairer, déclare-t-il finalement en se levant.
- Où vas-tu ?
- Me coucher, il est presque deux heure.
- Tu...tu ne viens pas dormir avec moi ? Je demande la voix tremblotante d'appréhension.
Je me dégoûte moi même, si faible à toujours rechercher son affection, comme un chien attendant les félicitations de son maître.
- Non, pas ce soir.
- Oh...d'accord.
C'est plus fort que moi, j'ai les larmes aux bords des yeux. Je n'arrive pas à m'en empêcher.
Je retourne dans ma chambre en traînant des pieds et me prépare à dormir. Je ferme les rideaux sur la ville encore bien éclairée pour une heure si avancée et songe tristement qu'à la maison, tout le monde doit dormir depuis bien longtemps.
******
Je commence tout juste à m'endormir quand je sens derrière moi le matelas s'affaisser sous le poids de Decklan.
- Deck ? Murmurais-je dans un demi sommeil.
- J'arrivais pas à dormir...
Cette simple petite phrase a l'effet d'une explosion de joie dans mon cœur, quoiqu'il se passe entre nous, on est incapable de rester loin l'un de l'autre.
Ses deux grands bras s'enroulent immédiatement autour de ma taille et il m'attire vers lui, le plus proche possible.
C'est donc serrée contre Decklan que je m'endors, un petit sourire satisfait collé sur le visage et l'esprit complètement vide.
******
Dans un sursaut je me réveille, tremblante de peur, la bouche grande ouverte sur un cri d'effroi qui ne sortira pas.
La nausée me prend soudain, les jambes tremblantes je sors vite du lit où dort Deck et me précipite dans la salle de bain.
Dès que j'arrive au dessus des toilettes je me penche et sens mon estomac se tordre encore plus, je vomis, de peur et de dégoût...
Je sens soudain une main se poser doucement sur le haut de mon dos et je sursaute.
- Maggie, calme-toi.
Decklan est réveillé, il s'assied derrière moi et me prend dans ses bras. Je sais ce qu'il essaie de faire. Chaque nuit c'est la même chose, j'aimerais lui dire que ça ne sert à rien mais la perspective qu'il ne soit plus là pour me protéger de mes propres souvenirs me glace le sang.
- Il n'est pas là, tu es en sécurité ici, avec moi.
-...
- Respire mon ange .
Quand enfin mon estomac est vidé, je m'adosse toute tremblante contre son torse et chuchote
- Je t'ai menti, je n'y arrive pas.
- Je sais.
- Tu penses que ça finira par s'arrêter ?
Il ne répond rien. Pourquoi ne dit-il rien ? À quoi pense-t-il ?
- J'en suis sur, finit-il par murmurer si bas que je ne suis pas sure de bien entendre.
- Je pense que non, je murmure les yeux remplis de larmes.
- Maggie...
- C'est rien, je suis fatiguée, je raconte n'importe quoi, va te recoucher, j'arrive, dis-je en me levant précipitamment et en séchant vite mes larmes du dos de la main.
Je m'avance vers le lavabo et je m'y appuie pour éviter d'avoir à croiser son regard que je sais rempli de pitié.
Quand après quelques minutes sans l'entendre, je me dis qu'il est parti, je sens sa tête se déposer doucement sur mon dos. Je me tends quand je l'entend souffler tristement.
- Je suis désolé Mag..., chuchote-t-il. Tellement désolé...
Je voudrais n'en avoir rien à faire de ses excuses, je voudrais arrêter de faire ces cauchemars, je voudrais tellement de choses...
Mais au lieu de ça, je sens à nouveau les larmes dévaler mes joues...
Sentant les tremblements qui me secoue, il répète
- Je suis désolé.
Pourquoi ? Pourquoi es-tu désolé Deck ? Dis-le ! Dis-le !
Mais je n'arrive à rien, je sanglote comme un bébé sans rien dire.
Parce qu'après tout ça, qu'est-ce qu'il me reste ?
Il ne m'a rien laissé et ça, Decklan l'a aussi compris.
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