Chapitre 7
- Dis moi Reb, qu'est-ce qu'il y a eu entre Malcolm et Agatha ? Lui demandais-je en sortant de notre dernier cours.
- C'est si évident que ça ?
Je grimace malgré moi en me rappelant l'expression paniquée d'Agatha face au garçon.
- On aurait dit qu'on venait de lui annoncer le décès de son chien tout à l'heure.
À son tour, Rebecca grimace. Ce pourrait-il que ce soit si moche que je l'imagine ?
- Ouais...ça c'est passé l'année dernière, Agatha venait d'entrer à l'université et elle était un peu comme toi tu vois ?
- Comme moi ? M'étonnais-je en me tournant vers mon amie qui regarde droit devant elle l'air sérieux.
- Tu sais...un peu prude.
- Merci Reb.
- Ne m'en veux pas, glousse-t-elle mais avoue que t'es pas la plus grande dévergondée du campus. Mais c'est bien ! Ne te méprend pas !
-...
- Ouais... donc pour en revenir à Agatha, elle venait de faire sa rentrée et elle ne connaissait personne ici à part son frère, Dante.
- Dante est son frère ?!
- Impossible que tu n'ai pas remarqué la lueur meurtrière qui brille dans son regard dès qu'un mec s'approche un peu trop près d'Agatha, ricane Reb visiblement sincèrement étonnée par ma question.
- Si, mais je pensais qu'il...tu sais, qu'il en pinçait pour elle.
- Qu'il en pinçait pour elle ? Ça se dit encore ça ?! S'esclaffe-t-elle cette fois au comble de l'hilarité.
- Tu veux bien continuer ?!
- Oui, oui, tu vois Agatha est du genre super naïve, à toujours ne vouloir voir que le meilleur chez toutes les personnes qu'elle côtoie, tout le contraire de son frère qui est très...terre à terre. Bref, deux semaines avant son entrée à l'unif, Dante a eu une altercation avec Malcolm et sa bande.
-...
- Je pense qu'au fond Malcolm n'en avait rien à foutre, mais tu sais comment sont ces genres de mecs Non ? Convaincu que tout leur est dû, que tout est acceptable. Ils ne sont pas habitué à ce que quelqu'un leurs résiste et leurs tienne tête. Ce connard a donc tenu à lui faire passer un message et
- et Agatha était pile poil ce qu'il recherchait, terminais-je pour elle.
- Oui, souffle Rebecca en baissant les yeux, elle ne nous a jamais dit qu'elle le voyait, tu penses bien.
- Et qu'est-ce qui s'est passé ensuite ?
- Il lui a sans doute fait croire qu'il l'aimait, je n'en sais rien, encore aujourd'hui elle refuse d'en parler. Ce que je sais en revanche c'est que ce connard lui a pris sa virginité et qu'il a tout filmé pour avoir une preuve quand il irait s'en vanter devant Dante.
Sous le choc je m'arrête avec l'envie furieuse de rendre tout mon sandwich sur le sol.
Cette histoire fait remonter des vieux souvenirs auxquels plus jamais je ne veux penser, l'idée que cette fille ait eu à vivre cela m'est insupportable.
- Quand il a vu ça, Dante est devenu fou, il a défoncé la gueule de Malcolm, tellement fort qu'après ça ce sale con était indifférenciable d'un cadavre.
- Il a été arrêté ?
- Si tu parles de Dante, oui mais il a aussi vite été relâché, son dragon de mère est avocate.
- Et Malcolm ?
- On a jamais su prouver que c'était lui, sur la vidéo on la voit elle...mais jamais lui. Et sa famille étant pour le moins influente, il n'a même pas été soupçonné.
- C'est horrible... et Agatha ?
- Elle est partie, tu penses... mais cette année elle a décidée de recommencer l'université, ce midi s'était la première fois qu'elle le revoyait.
- Je comprends mieux... c'est tellement...
- Immonde ? On te l'avait dit, ces types sont des monstres déguisés en petits bourges, de vrais ordures. Si ton pote en fait partie, crois moi c'est une très mauvaise chose.
Il fallait absolument que je parle à Decklan de tout ça, mais m'écouterait-il ?
Bien sûr que oui ! Il m'avait toujours écouté.
J'arrive sur le parking et repère très vite sa voiture garée près de l'entrée avec lui adossé contre, je m'avance et l'appelle
- Deck !
Il se retourne et me sourit.
- Ça fait longtemps mon ange.
- On s'est vu ce midi, gloussais-je.
- En parlant de ce midi, t'avais honte de moi ou quoi ?
Honte de lui ? Dieu tout puissant, comment pourrais-je avoir honte de lui ?! Ce garçon était ma plus grande fierté !
- Pourquoi tu dis ça ?
- Je sais pas, me répond-il en haussant les épaules, t'avais l'air d'avoir envie d'abréger au plus vite notre conversation.
- Je suis désolée si je t'ai donné cette impression, ce n'était pas du tout ce que je voulais.
- T'inquiète mon ange, je suis toujours vivant, dit-il en m'attrapant et en me collant contre son torse.
Aussitôt mon cœur s'emballe, stupide cœur !
- On rentre ? Me demande-t-il en murmurant dans le creux de mon cou.
Pour toute réponse je hoche la tête, incapable de sortir le moindre son.
Dans la voiture personne ne dit rien, comme seul bruit, Hung up de Madonna.
- J'adore cette chanson, mets plus fort ! M'exclamais-je.
- Mais c'est qu'on deviendrait presque autoritaire, rigole Deck en tirant sur sa cigarette de fin d'après midi.
- Aller !
- Oui, oui deux secondes.
Il tourne le bouton vers la droite et aussitôt les paroles se font plus compréhensibles me permettant d'accompagner Madonna sur le rythme...à peu près.
- On t'a déjà dit que ta voix quand tu chantes est celle d'un vieux camionneur qui a trop abusé de la cigarette ? Me demande mon ami en souriant.
- Tais-toi tu me déconcentres !
- Excuse-moi !
Il tourne un peu plus le bouton et je suis finalement obligée de hurler pour entendre ma voix, j'adore.
*****
Quand j'entre dans la pièce commune, j'observe quelques secondes Decklan qui lui, regarde le journal télévisé. Je me décide enfin à bouger et vais m'installer contre lui.
Je devrais peut-être lui parler de Malcolm, ce serait le bon moment...
- Decklan, tentais-je.
- Mon ange, me répond-il sur le même ton sans prendre le soin d'éteindre la tv.
- Comment tu trouves Malcolm ?
Il prend bien vingt secondes avant de me répondre, il se redresse et coupe enfin la TV.
- Tu l'as rencontré ?
- Je...ce midi rapidement...
- Et pourquoi tu me demandes ça ? Il t'a dit quelque chose ? Me demande-t-il sur ses gardes.
- Répond moi juste.
Il m'observe, essayant de lire dans mon regard ce qui m'embête mais finit par capituler.
- Il est sympa, on a plusieurs cours ensemble et voilà, je ne le connais pas encore très bien lui et sa bande.
- Il est avec toi dans l'équipe de football ? Demandais-je plus durement que je n'aurais voulu.
- Que...comment tu es au courant ? S'étonne-t-il.
- Un des gars qui était à table avec moi ce midi t'as vu, pourquoi tu me l'as pas dit ?
J'aurais voulu ne pas m'énerver mais c'était plus fort que moi. Face à une telle situation j'avais deux choix, pleurer ou hurler. Et pour le moment je n'avais pas le moins du monde envie de chialer.
- Je...je voulais pas que...enfin tu sais.
- Merde Deck, je ne suis plus une gosse ! Arrête de toujours vouloir me préserver de tout ! C'était il y a quatre ans ! Je vais mieux, alors arrête ! Mentis-je en sentant la colère monter lentement.
- Non toi arrête, arrête de faire semblant que tout va bien ! Je ne t'ai pas dit que j'intégrais l'équipe parce que je savais que ça te ferais souffrir inutilement ! Tu crois que je t'entends pas te lever la nuit pour vomir ou pleurer ?! Je veux juste que tu te sentes bien, je veux ce qu'il y a de mieux pour toi ! Tu mérites de vivre et d'être heureuse et tant que tu ne saisiras pas ça, tu n'iras pas mieux !
-...
- Je ne veux pas que ça recommence, souffle-t-il finalement abattu.
Je me lève, je ne veux plus rien entendre, il parle, parle mais au fond il ne sait même pas de quoi il parle.
.J'ai besoin de lui faire mal. C'est bête et méchant, je le sais, jamais je n'arriverai à lui faire ressentir ce que j'ai ressenti ce soir-là. Au fond peut-être lui en veux-je vraiment ?
Juste avant de rentrer dans ma chambre, je me tourne vers lui et lui assène le coup final.
- Tu ne penses pas qu'il aurait mieux valu pour cela que jamais rien n'arrive ?
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