Chapitre 4
Decklan est assis au bord du lit, la tête baissée et les yeux clos.
Il se mord la lèvre et sa main est crispée sur les draps.
Une fille aux cheveux bruns et bouclés est agenouillée devant lui, la tête entre ses genoux, et sa position ne laisse aucun doute sur ce qu'elle est en train de faire.
Ils ne m'ont toujours pas vu, je veux m'enfuir aussi loin que possible mais je suis incapable de bouger et de détacher mon regard de la scène, j'ai soudain un sursaut d'intelligence et réussis enfin à refermer discrètement la porte.
Ma respiration est comme bloquée et je m'écarte vivement de la porte. Je viens de voir l'homme que j'aime en plein acte avec je ne sais qui, sans doute une fille trouver en bas.
Je viens de me prendre une grosse claque et je mesure maintenant pleinement ce qu'a voulu me faire comprendre Logan un peu plus tôt.
D'un claquement de doigt je peux être remplacée.
Je suis interchangeable, peut-être n'en a-t-il même rien à faire de moi en fin de compte ?
Chaque nuit à l'écouter respirer doucement, à veiller sur lui, petit garçon en manque d'amour.
Chaque nuit ou moi, je pleure doucement pour ne pas le réveiller.
Comme un zombie je me dirige vers la salle de bain ou m'attend toujours Rebecca.
- Tu l'as trouvé ?
-...
- Hey ? Maggie ?
- Non, je ne l'ai pas trouvé.
- Il est parti sans toi ?! Mais quel connard !
Un vrai connard.
- Je suis désolée, je ne peux pas te ramener, je dois rentrer en bus.
- Mais il n'y a plus de bus maintenant, viens avec moi on va aller chercher Juliette, elle va nous ramener.
- Je...oui, je veux bien, soupirais-je finalement avec une furieuse envie de pleurer.
On descend les escaliers et partons à la recherche de son amie Juliette.
On la trouve très vite, elle est assise à la terrasse en train de fumer quelque chose qui sent trop fort pour que ça ne soit que du tabac.
- Ju, tu nous ramène Maggie et moi ?
- Ouais, j'allais partir aussi, dit-elle en se levant et en passant ce qui doit sans doute être un joint à un gars aux nombreuses dreads.
Le temps qu'on arrive à la voiture, Rebecca m'a déjà demandé deux fois pourquoi je parais aussi nerveuse.
La vérité c'est que j'ai hâte d'être loin d'ici, loin de lui, il ne manquerait plus que je les croise lui et sa pouffe !
- Maggie, t'es sûre que ça va ? Me demande Reb pour la cinquième fois.
- Faudrais que tu ralentisses avec les médocs ma poule, me lança Juliette, tu vas pas tenir l'année.
- Les médocs ? Je...je n'en prends pas...
- À d'autre ! Rit-elle.
Je décide de ne pas insister, elle semble s'être déjà fait une idée à mon sujet.
Quand on arrive à sa voiture, je me jette littéralement à l'intérieur ce qui fait grandement rire les filles.
- Tu dois appeler ton ami ? Me demande Reb alors qu'on vient à peine de quitter la soirée et que je recommence enfin à respirer normalement.
- Hein ? Decklan ?
Dois-je l'appeler ? Ça serait effectivement plus sage, le connaissant si il ne me trouve plus il va sérieusement peter un plomb.
Mais la perspective de devoir lui parler me file la nausée...
- Non, il doit sans doute dormir.
- C'est vraiment un connard. T'es trop trop gentille.
- Ouais, soupirais-je en collant mon front contre la vitre.
C'était bien ça mon véritable problème.
**
- À demain ma belle ! Enfin à tantôt ! Et sois pas en retard pour ta première journée de cours ! Me lance Rebecca depuis la voiture.
Je lui fais signe de la main et regarde leur voiture s'éloigner jusqu'à disparaître.
Dès que j'ouvre la porte de l'appartement, le silence et le vide qui règne a l'intérieur viennent me porter le coup fatal.
Je ne prend pas la peine de passer par la salle de bain, j'attrape juste un t-shirt dans mon armoire et le hasard veux que ce soit un de ceux que j'ai piqué à Deck.
Je vérifie une dernière fois mon téléphone, trente-sept appels manqué et vingt-trois messages, tous de Deck.
Je suis vraiment horrible, rien qu'à imaginer l'état dans lequel il doit être je culpabilise, après tout, lui n'a rien fait de mal, ce n'est pas sa faute si je suis tombée amoureuse de lui...il ne le sait même pas.
Comme une lâche, je ne l'appelle même pas, je lui envois juste un message pour lui dire que j'étais fatiguée et que je suis rentrée.
Espérons qu'il se soit calmé quand il rentrera.
**
Je suis réveillée en sursaut par des coups sur ma porte, je regarde l'heure 2h13.
- Maggie ?! Maggie t'es là ?!
Decklan est rentré ? Je ne l'ai pas entendu.
- Mags répond moi !
-...
Il essaie d'ouvrir mais j'ai fermée à clé quand je suis allée me coucher, en le comprenant il s'énerve un peu plus et recommence à frapper sur la porte.
- Mags ! Ouvre moi !
-...
- Mon ange...je sais que t'es là...
Sa voix est remplie d'une infinie tristesse et un hoquet de douleur m'échappe. Je plaque vivement ma main sur ma bouche mais c'est trop tard. Il a entendu
- Qu'est-ce que t'as mon ange ? Quelqu'un t'as fait du mal ? Ouvre-moi...
Je sanglote dans mon lit.
J'ai déjà vécu ça, l'impression de déjà vu est insupportable.
- Je n'arriverai pas à dormir si t'es pas là...
Je suis affreuse.
Je suis monstrueuse.
- Ouvre moi, je veux dormir avec toi.
Tout en moi me supplie de lui ouvrir, et pourtant je ne veux pas non plus le voir, il doit encore sentir l'odeur de cette fille et pour la première fois je ne veux pas dormir avec lui, il me dégoûterait presque.
- Retourne te coucher Deck, soufflais-je difficilement.
- Qu'est-ce qui c'est passé à cette soirée ? Pourquoi tu veux pas m'ouvrir ?
- On parlera demain mais je t'en prie, vas-t'en.
Je l'entend jurer et cogner une dernière fois contre la porte, puis il s'éloigne et je me recouche.
Mais comme je m'y attendais, je n'arrive plus à dormir et pendant le reste de la nuit j'observe le plafond en pleurant en silence, encore.
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