Chapitre 26
- Mon ange ?
Je me retourne précipitamment, la bouche ouverte, le souffle court, je n'ose y croire. Que fait-il là ? N'avait-il pas une soirée ?
Il semble inquiet, j'imagine que l'image que je renvoie ne doit pas être très glorieuse. Mes joues sont maculées de larmes...
J'ouvre la bouche pour parler mais avant que je n'ai pu prononcer un mot, il m'attrape brusquement par la nuque et me plaque contre son torse. D'abord trop choquée pour réagir, je reste bêtement plantée sans bouger. Sa main agrippe ensuite mes cheveux et il pose son menton sur le sommet de mon crâne.
Son odeur, tout autour de moi qui supprime l'autre... Il est là, tout ira bien à présent, semble me crier son étreinte.
J'agrippe son t-shirt et enfouie mon visage dans son cou. Je m'accroche à lui comme à une bouée de sauvetage, comme je l'ai toujours fait....
Il est le seul qui puisse m'empêcher de sombrer, ça ne changera jamais.
Je sanglote contre sa peau, ne me souciant ni de la foule massée autour de nous, ni même de sa propre inquiétude.
- Tu es en sécurité Mags, rien ne peut t'arriver. Respire, me chuchote-t'-il sans jamais me lâcher.
Ses mots sont justes, c'est ceux que mon cœur réclame si fort.
Il ne me pose aucune question, ne me brusque pas. Il sait comment agir, ce n'est pas la première fois.
Sa main caresse doucement mon dos, dans des gestes lents. Peu à peu, je me calme.
Je me répète en boucle que tout ira bien, Decklan est là, je ne suis pas seule. C'est comme un mantra, une formule magique qui m'apaise. Je sens bientôt les larmes s'amuïr, ma respiration ralentir et les battements de mon cœur se calmer. La crise est passée.
Nous restons encore un moment dans cette position, sans bouger, ne nous souciant pas de tous ces inconnus qui eux au contraire passent une bonne soirée.
Il s'écarte finalement légèrement, vérifie que de nouvelles larmes n'ont pas envahies mon visage et me dit
- On va rentrer.
Hypnotisée par son calme et son maintient et incapable de prononcer le moindre son, je hoche bêtement la tête. Il m'attrape alors la main et me conduit jusqu'à l'entrée.
Je m'en veux de ne pas avoir prévenu mes amis de mon départ mais rien que l'idée d'avoir à retourner à l'intérieur me donne des sueurs froides. Je me promet donc d'envoyer un message à Reb dès que nous serons dans la voiture.
Sur le parking improvisé pour l'occasion, je reconnais immédiatement la voiture de Deck.
Il m'ouvre la portière, attend que je sois installée et contourne le véhicule pour entrer à son tour. Dans l'habitacle, aucun de nous ne parle, je regarde droit devant moi, quelques rares sanglots viennent encore troubler le silence.
Il démarre ensuite et bientôt, les lumières du jardin ne nous éclairent plus. Durant le trajet jusqu'à l'appartement, sa main vient se poser quelques secondes sur ma cuisse, un geste qu'il veut sans doute rassurant mais qui est inhabituel.
Je tourne la tête vers lui mais il est concentré sur la route.
*******
Je le précède dans l'entrée de l'appartement. Il ouvre la porte et entre, je le suis, m'appuie contre le mur pour retirer mes chaussures et me redresse pour lui faire face.
Son regard, il me fait presque plus de mal que le reste. Je peux y lire la détresse, l'impuissance, la bienveillance...
Je me force à lui sourire à demi mais il reste de marbre, ses épaules s'affaissent quand il soupire et murmure
- Viens là.
Il m'attire à nouveau contre lui. Je ne sais plus qui cette étreinte a pour but de rassurer, je ne sais plus lequel de nous deux vit le plus mal la situation. Il me serre aussi fort que je le serre, mes mains agrippent sa chemise aussi fort que les siennes agrippent ma taille... chacun essayant de se fondre dans le corps de l'autre.
- Tu n'as pas besoin de faire semblant avec moi, ne prétends pas que tout va bien si ce n'est pas le cas.
J'inspire un grand coup, forçant mes yeux à rester secs. Il me connaît si bien, il sait ce que je ressens, qu'est-ce que je ferais sans lui...
- Je t'aime Deck...
C'est sorti, je n'ai pas réfléchi aux mots que prononçaient mes lèvres. Je devais le dire, il fallait qu'il l'entende.
La plus pure des vérités, celle qui n'a jamais été entachée, celle qui m'appartient entièrement.
Ces mots que beaucoup disent à la légère, je les pense de tout mon être. Je l'aime, plus que je ne pourrai jamais aimer personne d'autre.
- Je t'aime aussi Mags, plus que tout.
Il m'aime... je le savais déjà. Aussi étroit qu'est son cœur, il ne bat que pour moi. Malheureusement, c'est le même amour qui lie un frère et une soeur qu'il éprouve, pas celui que je veux. Pas celui dont j'ai besoin.
Je devrais m'estimer heureuse, ça devrait me suffire, j'ai plus que tous les autres. Pourtant, je ne peux empêcher mon imbécile de cœur de souffrir de cette constatation. Je ne pourrai jamais espérer d'avantage, et pourtant, je ne peux pas vivre sans lui. J'ai accepté il y a longtemps déjà de ne pas être plus pour lui, je ne gâcherai pas tout.
Je me détache à contre cœur de son étreinte, renifle un grand coup pour me ressaisir et relève les yeux vers lui. Il m'observe, toujours aussi inquiet et cette fois-ci, j'ai l'impression que les rôles ont été inversé.
Non, je le sais. C'est moi qui suis à l'origine de cette inquiétude, c'est à moi de le rassurer.
- Ça va mieux, ne t'inquiète pas. J'ai juste eu un petit coup de blues...
Je souris du mieux que je peux mais ça ne semble pas l'apaiser. Il est toujours muet et une grimace d'appréhension déforme son beau visage. Il doit me prendre pour une folle...
- Mags
Je sais d'avance ce qu'il va dire. Il ne veut pas que je fasse semblant, mais ma vie consiste à donner l'impression que tout va bien en permanence. Je ne suis pas disposée à un jour reparler de ça, alors il ne me reste plus qu'à mentir.
J'ai eu un moment de faiblesse ce soir, soit, ça ne se reproduira pas.
- Je suis fatiguée, le coupais-je. On va dormir ?
Je n'attend pas qu'il réponde et me détourne. En triple vitesse, je me rue dans la chambre puis dans la salle de bain dont je ferme la porte à clé. À l'intérieur, je m'appuie contre le lavabo, mon souffle est court et je m'oblige à inspirer un grand coup. Le reflet que me renvoie le miroir est affligeant : mon maquillage à la base ultra sexy a bavé et me donne l'air d' un raton-laveur, mes joues sont rouges et mes yeux gonflés. Quant à ma tenue... qu'est-ce qui m'a pris de porter ça ? Je suis ridicule...
Je ressemble trop à cette pauvre fille... je suis redevenue elle, je n'ai pas appris de mes erreurs. Il faut que tout ce cirque cesse. Prise de frénésie, j'arrache presque les vêtements de ma peau, frotte aussi vigoureusement mon visage que possible et pénètre dans la cabine de douche avant même que l'eau ne soit devenue chaude.
À l'intérieur, je gratte ma peau jusqu'à me laisser des marques sur le corps.
L'eau à présent brûlante glisse sur mon corps et c'est la plus exquise des douleurs. De l'autre côté de la porte, j'entends Deck me demander si tout va bien, je ne répond pas.
Que pourrais-je lui dire ? Je pars complètement en vrille.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top