Chapitre 21

- Tu...tu travailles ici ?

- Non ! Bien sûr que non !

Je suis dans une merde noire. Si il vient à en parler à Deck, tout ce que j'ai mis en place pour ne pas qu'il l'apprenne n'aura servi à rien.

- Alors c'est quoi ça ? Me demande-t-il en pointant du doigt l'inscription sur mon t-shirt.

- Ça ? Fais-je en baissant les yeux l'air innocent, c'est Maddy qui me la prêté...

- Maddy ? Qui est Maddy ?

- Je t'en pose moi des questions ! Mais si tu veux vraiment tout savoir, Maddy est la serveuse du bar et une amie de Reb.

- Ça ne m'explique pas pourquoi tu portes son t-shirt...

- J'ai renversé de la bière sur le mien. Maddy en avait plusieurs et elle m'a prêté le sien. Heureux ?

- Tu me jures que tu ne travailles pas ici ?

- Merde, même si je travaillais ici tu n'aurais pas ton mot à dire ! Tu n'es ni mon père ni mon ami !

- C'est toi qui l'as décidé. Tu as l'air de m'en vouloir mais c'est toi qui m'as demandé de partir l'autre jour...

- Ne mélange pas tout, soupirais-je en faisant demi-tour mais à nouveau, il me retient.

- Je dois y retourner ! Ils vont se demander où je suis passée !

- Ils vont bien survivre quelques minutes sans toi.

Vu le monde, j'en doutais.

- Qu'est-ce que tu veux encore ?

- Je...tu ne devrais pas traîner avec ces filles. Elles vont t'apporter une sale réputation, les gens, ils vont penser que tu es comme elles...

Je le fixe l'air de lui demander s'il est sérieux. Quand je comprends que oui, j'explose de rire et le toise l'air effaré

- Si tu savais ce que je m'en fous de ce que des gens comme tes potes peuvent penser. Et en matière d'amis, tu n'as rien à me dire Cole. De ce que j'en ai vu, les tiens sont tous des porcs.

- Tweety...

Je lui lance le pire regard dont je sois capable et m'apprête à partir quand la voix de Reb retentit dans mon dos.

- Maggie, tout va bien ?

Nous nous tournons de concert vers la jeune femme et quand elle comprend avec qui je suis, son visage se ferme.

- Qu'est-ce que tu fiches avec cet espèce de fils de pute ?

- Reb, c'est rien. Il allait partir.

- Qu'est-ce que tu lui as fait ? S'exclame mon amie en m'attrapant brusquement par le bras pour me tirer vers elle.

- Du calme Becky, je lui parlais juste, lui dit Cole très calmement, les mains dans les poches.

- Becky ? Vous vous connaissez ? M'étonnais-je en tournant la tête de l'un vers l'autre.

- Non, je sais juste que c'est le meilleur pote du connard qui a violé Agatha.

- Raconte pas de merdes, Rebecca. Elle était d'accord.

- Elle ne l'aurait pas été si elle avait su ! Et toi je suis sur que tu étais au courant ! Couille molle de mes deux ! Tu crois que j'ai pas compris pourquoi tu tournes autour de Maggie ?! Alors je te préviens, si toi où ton dégénéré de pote essayez encore une fois de vous approcher d'Agatha ou de Mag, je vous jure que cette fois vous vous en sortirez pas aussi facilement ! Hurle mon amie avec une haine si brûlante que je la lâche et m'éloigne, l'air choquée.

Cole est le premier à le remarquer et se tournant vers moi l'air anxieux, me demande

- Tout va bien Maggie ?

Reb se tourne ensuite et quand elle se rend compte que c'est sa réaction qui m'a surprise, elle s'empresse de me rejoindre pour me serrer dans ses bras.

- Merde ! Putain quelle conne, je m'excuse Mags c'est juste que ce débile à le don de me mettre hors de moi et

- Faut que je rentre, je dois...aller rejoindre les autres.

- Je...Mag, je suis désolée je

Mais je ne l'écoute plus. Je fais demi-tour et retourne le pas tremblant dans le bar. Quand je rentre, Jenny doit remarquer la tête que je tire parce qu'elle ne vient pas me demander de compte sur ma soudaine désertion, ce dont je lui suis reconnaissante.
La suite de ma soirée se passe dans une sorte de brouillard flou. Je ne revois plus Cole, il a du partir. Reb est retournée avec les filles et à chaque fois que je passe devant sa table, je fais semblant d'ignorer les regards pitoyables qu'elle me lance.
Je suis sans cœur. Je laisse mon amie se morfondre et s'en vouloir alors que c'est à moi que j'en veux. Reb m'a simplement ouvert les yeux sur ma connerie. Tout ce que veut Cole, c'est me briser. C'est ce que les garçons comme lui font, ceux qui pensent à raison que le monde est à leurs pieds. Si Reb n'était pas intervenue, j'aurais répéter la même erreur que la dernière fois. Pourtant, je pensais avoir retenue la leçon. Elle avait été si cher payée...
Mais à l'évidence non, et j'avais tellement honte de moi que j'évitais mon amie qui elle avait été moins conne.
J'étais pitoyable.

Quand je finis enfin mon service, je sors et retrouve les filles sur le parking. Quand elles m'aperçoivent, elles commencent à piailler de la soirée pyjama qu'elles ont prévues. Quand elles se rendent compte que je n'ai pas encore ouvert la bouche et que je fixe obstinément le sol, elles me demandent ce qui ne va pas.

- Je...je suis tellement désolée. Je sais que vous avez mis vos projets de côté pour moi ce soir mais...

Je n'arrive pas à continuer. J'ai honte et je me sens si égoïste à cet instant que je n'arrive même pas à finir ma phrase.
Avec surprise, Reb vient me serrer dans ses bras en me chuchotant d'arrêter de faire l'andouille et de ne surtout pas m'en vouloir.
Je la sers à mon tour contre moi, le cœur débordant de reconnaissance pour cette fille que je ne connais pas depuis longtemps mais qui est sans conteste une des meilleures personnes que j'ai jamais rencontré.
Elles insistent toutes pour me déposer et je les remercie encore une bonne dizaine de fois jusqu'à ce que Juliette me dise gentiment de la fermer.
Quand elles me déposent enfin sur le parking de l'appartement, je suis surprise de constater que Reb sort aussi et me rejoint de l'autre côté du véhicule;

- Mag, je...je voulais m'excuser si je t'ai fait peur ou

- Oh Reb tu ne m'as pas fait peur ! M'empressais-je de la rassurer. Je suis désolée si ma réaction à pu te faire penser un truc pareil...

- Je...t'avais pas l'air bien et tu m'évitais alors j'en ai déduis que c'était ça...

On s'observe un instant sans rien dire. Depuis la voiture, Juliette klaxonne.
Reb s'avance et me prend une dernière fois dans ses bras. Quand elle s'écarte, je la retiens et lui avoue dans un souffle

- Tu avais raison, il m'est arrivé quelque chose qui, encore aujourd'hui me pourrit l'existence. Je suis désolée de t'avoir causé tant de soucis ce soir, mais la seule personne à qui j'en veux c'est moi.

C'est la première à qui je l'avoue. Je n'en ai jamais parlé à personne du dégoût que tout ça à créer en moi.
Elle m'observe avec dans le regard, une tristesse qui fait écho à la mienne, ses mains trop serrées sur les miennes sont les seules choses qui m'empêchent d'éclater en sanglots. Depuis la voiture, Juliette hurle

- Bonne nuit Maggie ! Reb on va partir sans toi putain !

En clignant des yeux, mon amie semble revenir à la réalité. Elle m'attrape une dernière fois dans ses bras et me serre comme si nos deux vies en dépendaient. Quand elle me lâche, son regard est si triste que durant un instant, je regrette de lui avoir dit. Puis elle me sourit, de toutes ses dents et je ne peux que le lui rendre. Je la regarde courir jusqu'à la voiture, grimper dedans. Je reste là sans bouger jusqu'à ce que la voiture disparaisse complètement de mon champ de vision.
Quelle soirée intense...

Quand je monte les escaliers, je soupire face à la perspective de me retrouver seule, pour la première fois depuis l'emménagement. J'aurais préféré que Deck soit là, mais le connaissant, il doit être avec je ne sais quelle fille je ne sais où.
Je devrais me réjouir, au moins je n'aurai pas à subir son interrogatoire.
***

La première chose que je remarque lorsque je pousse la porte, ce sont les vieilles converses miteuses de Deck rangées n'importe comment sous le porte-manteau.
À la seule pensée qu'il soit dans notre appartement en ce moment avec une fille, je me fige et mon sang se glace.
En plus d'avoir à subir un interrogatoire demain matin, je vais en plus devoir supporter l'idée qu'une fille soit en ce moment avec le garçon que j'aime dans la chambre juste en face de la mienne.
Je ne pourrai pas supporter ça, pas ce soir. C'est trop.
Je vais donc pour ressortir quand j'entend sa voix grave et sensuelle qui me colle directement une série de frissons partout sur le corps. Et dire qu'il a juste prononcer mon nom...

- Oui ? Fais-je innocemment en me retournant.

Je suis littéralement prise au piège.

- T'as oublié un truc ? Me demande-t-il en apparaissant dans le couloir, la main négligemment posée dans ses cheveux tous désordonnés.

- Que...je...non, j'ai rien oublié, est la seule chose que je parviens à répondre d'un air coupable.

Aussitôt et même d'ici, je le sens se tendre et c'est d'une voix sourde d'angoisse qu'il me demande

- Mon ange, qu'est-ce que tu fais ici ? Pourquoi t'es pas au chalet avec tes amis ?

- Je...

Je voudrais pouvoir sortir une excuse qui tiendrait la route mais je n'arrive soudain plus à mentir. Je n'arrive même plus à le regarder dans les yeux. J'ai infiniment honte.
Il doit prendre ma réaction pour de la peur ou de la peine car aussitôt, il m'agrippe les épaules et me demande d'une voix cette fois vibrante de colère

- Putain on t'a fait du mal ?! Bordel de putain de merde dis moi qui est l'enculé qui a osé ! Je vais al

- Deck personne ne m'a fait de mal, lui dis-je soudain fermement en lui agrippant le visage de mes deux mains et en l'obligeant à me regarder. Tu comprends ? Je n'ai rien.

Il semble cette fois complètement désorienté. De ses bras, il m'agrippe et me serre contre lui au point que j'ai du mal à respirer. Puis, il me chuchote

- Qu'est-ce que t'as mon ange ?

Cette fois, c'est plus fort que moi. Je commence à sangloter dans son cou. Mais les larmes à mon grand désarroi ne semblent pas vouloir s'arrêter et je finis par verser des torrents d'eau en gémissant de peine, de honte et de douleur.
En me serrant toujours contre lui, il me soulève et m'emmène je ne sais où. Il me dépose ensuite dans le canapé et vient s'asseoir à mes côtés en passant ses grands bras autour de mon corps secoués de lourds sanglots.

- Mon ange, je suis au bord de la crise d'angoisse là. Qu'est-ce que t'as ?

- R...rien de...de grave.

- Je te crois pas, on pleure pas comme ça pour rien...

- Deck, gémis-je en m'agrippant à son cou, j'arrive pas à me l'enlever de la tête. J'essaie tu sais, tout le temps mais ça fonctionne pas. J'ai peur aussi...

Je relève des yeux suppliant vers lui. Ses sourcils sont froncés dans une expression de peine immense, il m'observe sans rien dire et finit par me chuchoter

- Qu'est-ce que je peux faire mon ange...dis-moi...

Je m'accroche un peu plus et en sanglotant je lui demande

- Aide-moi, aide-moi à ne plus y penser...

J'ai besoin qu'il remplace tous mes souvenirs par des nouveaux. J'ai besoin qu'il me répare.
Je suis brisée depuis trop longtemps et je n'ai jamais réussi seule à me reconstruire.
Je vis depuis trop longtemps avec des blessures béantes qui saignent trop forts et qui m'épuisent.

- J'ai besoin de toi...

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