Chapitre 19
Je l'ai entendu rentrer. Je ne sais pas qu'elle heure il était mais je me suis réveillée. J'ai entendu ses pas qui se voulaient discrets puis la douche se mettre à couler. J'ai attendu les yeux grands ouverts sans bouger. Je ne sais pas combien de temps après, j'ai finalement entendu la porte de la chambre s'ouvrir et le matelas s'affaisser sous son poids. Je n'ai pas bouger, je ne respirais presque pas non plus. Pourtant, mes yeux étaient grands ouverts. Je fixais le mur en face en guettant sa respiration. Savait-il que j'étais réveillée ? Je ne pense pas. Il s'est vite endormi, dieu merci. Quand sa respiration est devenue plus lente et plus régulière, j'ai enfin osé remuer et je me suis tournée vers lui. Il dormait et semblait paisible, à voir ses boucles blondes lui retombées négligemment sur le visage et sa bouche à demi-ouverte, un élan de tendresse m'a traversé. Puis je me suis approché et j'ai sentis ce parfum féminin que même la douche n'avait pas réussi à faire partir. À cet instant, toute tendresse m'avait déserté et une soudaine nausée avait pris le relai. J'avais beau me convaincre qu'il avait passé la soirée avec ses amis, je savais qu'il ne s'agissait pas que de cela. Avait-il attendu que je parte pour se précipiter chez cette fille ? Ne put s'empêcher de se demander mon esprit tordu.
Après l'abattement, vint la colère. Comme à chaque fois.
Le fait de le voir dormir si paisiblement alors que moi, je divaguais comme une folle me mis en rogne. Tout ça n'était pas sain et pourtant pour rien au monde je n'y aurais mis fin. J'étais faible et tant mieux pour lui.
*******
Nous étions vendredi et je ne commençais les cours qu'à midi. Malheureusement, alors que j'aurais pu en profiter pour faire la grasse matinée, cette histoire de parfum m'avait tenue éveillée toute la nuit. À sept heure, n'y tenant plus, je sortis du lit en faisant attention de ne pas le réveiller, parler avec lui étant la dernière chose dont j'avais besoin.
J'attrape vite un pull trop vieux pour que je puisse en connaitre les origines et sors de la chambre avec sous le bras tous mes livres d'histoire. Étudier me fera peut-être penser à autre chose, qui sait.
******
Je suis complètement plongée dans mes fiches, Madonna gueulant dans mes oreilles quand une grande main vient doucement se poser sur ma tête. De peur, je hurle en me retournant vers un Decklan hilare.
- Mais c'est quoi ton problème ? Crachais-je peut-être un peu trop agressivement.
J'ai conscience d'être injuste mais le voir rire de moi, parfaitement reposé alors que les deux balises sous mes yeux peuvent témoigner de mon insomnie me fout en rogne.
Comprenant que je ne rigole pas du tout, il arrête de rire et m'observe perplexe
- Tout va bien ? Je m'excuse si je t'ai fait peur...
- Tu ne m'as pas fait peur.
Tout en disant ça, je me relève et m'éloigne le plus loin possible de lui. J'ouvre le frigo et fais semblant de chercher quelque chose pour éviter d'avoir à le regarder et à lui parler. Malheureusement, il ne semble pas être du même avis et s'approche la mine soucieuse.
- Qu'est-ce que t'as ? C'est ta soirée de hier qui c'est mal passée ?
Non Decklan, ma soirée était géniale, c'est toi et ta putain de dépendance au sexe le souci !
- Non, c'était bien, réponds-je simplement.
Comprenant que s'acharner ne servira à rien, il finit par sortir de la pièce après avoir attraper la bouteille de lait et le paquet de céréales au passage. Quand il est sorti, je soupire en posant mon front contre la porte glacée du congelo.
- Et merde.
Habiter avec lui n'étais peut-être pas une si bonne idée que ça. Nous nous entendions beaucoup mieux quand je n'étais pas au courant de tout ce qu'il faisait.
Mais je savais aussi qu'il n'y avait qu'avec lui que j'étais pleinement heureuse. Il n'y avait que lui pour comprendre ce qui clochait chez moi. Et l'inverse était aussi vrai.
C'est sans doute cette pensée qui finit de me convaincre de raconter toute la vérité à Deck.
En prenant mon courage à deux mains, je me relève et sors de la cuisine ou mon ami est en train de dévorer son petit-déjeuner en relisant ses cours.
J'inspire un grand coup pour me donner du courage et viens m'installer à ses côtés, je murmure ensuite son prénom pour qu'il relève la tête.
- Mhm, fait-il en posant sa cuillère.
- À propos de hier soir, je dois t'avouer quelque chose, commençais-je hésitante.
- Hier soir ? Que... il s'est passé un truc ?! Si quelqu'un t'as fait quelque chose je vais
- Personne ne m'a rien fait, m'empressais-je de dire en attrapant sa main pour le calmer. Il ne m'est rien arrivé, détend-toi.
- Excuse-moi...c'est juste que l'idée qu'il t'arrive quelque chose et que je ne sois pas là pour l'empêcher...ça me
Il ne termine pas sa phrase, elle meurt dans sa bouche en un petit son étranglé qui même à moi fait de la peine.
- Il ne m'est rien arrivé. Au contraire, j'ai passé une des meilleures soirées de ma vie, avouais-je en souriant tendrement.
- Tu t'es bien amusée ?
Je hoche la tête et il me sourit rassuré. Malheureusement, je sais qu'il ne va pas le rester très longtemps.
Aller Maggie ! Du courage bon sang !
- Je...c'était vraiment bien, mais...je ne t'ai pas dit toute la vérité.
Tu lui a carrément menti, tu peux le dire.
Il hausse les sourcils pour m'encourager à continuer et en déglutissant, je me lance et
Et finalement non. Je ne dis rien, je ne peux pas. Je sais exactement ce qu'il va me dire. Il va tenter de me dissuader par tout les moyens d'y retourner et je ne suis pas assez courageuse que pour m'opposer indéfiniment à lui. Je me connais, je finirai par céder et je raterai peut-être une chance de me reconstruire. Non, mieux vaut qu'il l'ignore encore pendant un moment.
- Mon ange ? Alors c'est quoi cette vérité dont tu veux me parler ?
- La...la vérité ? Oh cette vérité ! Oui, bien sûr ! Je...je voulais juste te dire qu'Evan, Reb et les autres m'ont invité ce week-end...dans le chalet de la famille de Reb.
- Tout un week-end ?
- Ou...oui mais c'est parce que c'est assez loin. C'est au bord d'un grand lac d'après ce que j'ai compris et si l'on ne reste qu'un jour ça ne vaut pas la peine d'y aller...
- Mais tu seras seule. Je veux dire, je ne serai pas là...
Je ne sais comment prendre ce qu'il est en train de me dire. Me croit-il trop empotée que pour me débrouiller seule deux jours ? Ou alors s'en fait-il pour moi ?
- Je ne suis pas une assistée Deck, je sais me débrouiller seule, dis-je en souriant doucement.
- Je sais ça mon ange ! S'exclame-t-il et de surprise, je recule. Mais...si il t'arrive quelque chose ?
- Que veux-tu qu'il m'arrive ?
Il se passe la main dans les cheveux, signe de nervosité chez lui. Puis, en soupirant me dit
- Je dois vraiment te l'expliquer.
C'est à mon tour cette fois de soupirer. J'aime Deck de tout mon cœur mais s'il a constamment peur pour moi, je n'arriverai jamais à aller mieux. Hors ce job est une vraie chance. Je ne peux pas la laisser passer.
- Tout ira bien. Je ne serai qu'avec des amis.
- Tu ne les connais pas assez bien, je ne pense pas que
- ...
- J'ai l'impression que je suis en train de te faire peur mon ange.
En souriant doucement, je m'avance et lui attrape la main. Il semble effrayé et soucieux. C'est toujours ainsi entre nous, chacun doit protéger l'autre de ses démons.
- Tu ne peux pas passer ta vie à t'en faire pour moi.
- Je peux au moins essayer, me répond-il avec un petit sourire.
Aussi vite, j'oublie pourquoi je lui en voulais. J'oublie le mal qu'il est capable de me faire. J'oublie tout sauf sa main dans la mienne et son doux sourire.
- Ce n'est qu'un week-end...
- Je ne vais pas t'interdire d'y aller mon ange. Tu es assez grande pour prendre tes décisions toute seule. Promets moi seulement qu'au moindre problème, tu m'appelleras.
- C'est promis, lui soufflais-je en serrant un peu plus ma main dans la sienne.
Nous restons ainsi encore un long moment qui me semble pourtant ne pas durer plus de quelques minutes.
Nous sommes assis face à face, main dans la main et plus rien d'autre n'existe.
Comme à chaque fois.
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