Chapitre 14

- Tu ne penses pas sérieusement ce que tu dis ?!

En rougissant je rétorque

- Bien sûr que si, la version anglaise de the Office est bien meilleure que la version américaine.

- Grand dieu, les gars aidez moi ! Je crois que je vais faire une attaque, s'exclame Reb en feignant l'évanouissement.

- Désolé Reb mais y'a que toi pour connaitre de tels navets. Arrange toi avec Maggie, lui répond Evan sans même relever la tête de sa dissert de français.

Nous sommes tous regroupés dans la grande bibliothèque pour préparer tous nos travaux et contrôles depuis plusieurs heures. J'aurais déjà dû m'y mettre mais à la place, je tiens une conversation fort animée avec Reb qui, à ma grande surprise, partage mon goût pour le cinéma.

- Je vais commettre un homicide si je dois encore retenir une seule phrase de ce torchon ! S'écrie à son tour Juliette en frappant du poing sur la table. S'attirant par la même occasion des dizaines de regards furieux des autres étudiants.

- Pareil pour moi, ce putain de manuel va me tuer ! On peut faire une pause ? Enchaine aussitôt Grant en battant des cils.

- Vous n'êtes pas courageux ! S'exclame Reb en riant doucement.

- Tu peux la fermer Rebecca Haley ! T'as pas encore ouvert un seul bouquin !

- Oui, pas faux, admet mon amie en souriant, l'air coupable.

- Je propose qu'on s'arrête ici pour aujourd'hui, déclare finalement Evan, on recommencera un autre jour.

Nous ramassons toutes nos affaires et sortons vite de la bibliothèque en gloussant. Sur notre passage plusieurs paires d'yeux nous fusillent encore et je rougis, un peu gênée.

- Je n'ai pas vu Dante, il est passé où cet enfoiré ? Demande Nate en s'allumant une cigarette devant le grand bâtiment.

- Il est rentré plus tôt aujourd'hui. June avait un examen important et il devait garder la petite, lui répond Agatha, bien plus au courant que nous des agissements de son frère.

- Qui est June ? Demandais-je soudain un peu perdue.

- Oh c'est vrai ! Tu ne l'as pas encore rencontré ! C'est la copine de Dante, elle habite avec lui et leur fille dans un appart à l'extérieur du campus, m'explique Reb.

- C'est une fille géniale, rajoute Agatha. Elle a grandit dans la même ville craignos que nous et fait des études pour devenir infirmière. Elle est vraiment gentille. Et puis Dante l'adore.

- Ça c'est vrai ! C'est même parfois un peu chiant, tu la lorgnes un peu trop longtemps et on dirait qu'il va t'exploser la gueule ! Dit Grant en se marrant.

- Je le comprend, te connaissant, c'était sa poitrine que tu mattais ! Se moque Evan en allumant lui aussi une cigarette.

- Il...il a une fille ? Demandais-je un peu troublée.

Il ne m'avait pas paru si vieux à moi. Bien que là d'où je venais, tomber enceinte a vingt ans était une sorte de tradition.

- Oui, Billie, June est dingue de Billie Holliday, me chuchote Agatha sur le ton de la confidence.

- Cette petite est terrible ! Elle a autant de répondant que sa mère et dit autant de gros mots que son enfoiré de père !

- Ouais, il a l'air heureux aujourd'hui mais ce qu'il a vécu n'avait rien de drôle. Là d'où on vient, June et lui en ont bavé.

- Je...oui, je te crois. J'ai aussi grandi dans une ville similaire.

Elle semble se radoucir un peu et hoche la tête.
On marche encore jusqu'au bâtiment A et nous nous disons finalement au revoir. Decklan m'attend déjà sur le parking et je me dépêche de le rejoindre.

- Ça été ta journée mon ange ? M'accueille-t-il en m'embrassant le front.

J'acquiesce et lui raconte ma journée dans ses moindres détails. Il aime bien quand je fais ça où du moins, il fait semblant. Écoutant attentivement, il hoche la tête et rit même à mes quelques tentatives de blagues nulles à chier.

- Ce gars là, Grant, c'est pas le type que Malcolm déteste ? Demande Decklan sans se départir de son sourire craquant.

- Malcolm déteste tous ceux qui n'ont pas le même nombre de chiffres que lui sur leur compte en banque, grommelais-je.

Il rit encore et augmente le volume de la radio. Après ça il ne me pose plus aucune question jusqu'à ce qu'on arrive à l'appartement.

- T'as les clés ? Demandais-je quand on arrive devant la porte.

- Ouais, attrape !

Il me jette le trousseau que bien entendu, je laisse tomber.
En se moquant, il les ramasse et ouvre lui même la porte.

- Zut, ma mère à essayer de m'appeler, constatais-je en allumant mon téléphone.

Sept fois. Oui, ma mère a tendance à vite imaginer le pire.
Je me dépêche donc de regagner ma chambre et de la rappeler. Assise sur le lit, j'attend d'entendre la voix trop agité de ma mère.

- Allo ? Maggie c'est toi ?!

En grimaçant, j'écarte l'appareil de mon oreille. Elle est encore pire que d'habitude.

- Oui, désolée de ne pas t'avoir répondu, je travaillais.

- Oh ce n'est rien mon bébé ! Je ne m'inquiétais pas !

Mon cul.

- Raconte moi, comment c'est la fac ?

- ça va, c'est sympa. Je me perds encore parfois mais dans l'ensemble je me suis bien intégrée...

- Tu t'es fait des amis ? Demande-t-elle avec dans la voix une pointe d'espoir qui me fait souffler.

Mais je comprend son inquiétude, dans mon ancienne école je n'avais que Deck comme ami.

- Oui, j'ai rencontré une fille, Reb, qui connait d'autres étudiants sympas. Je passe la majeur partie de mon temps à la fac avec eux.

- Oh mon bébé ! Tu ne peux pas savoir à quel point tout ce que tu me dis me fait plaisir ! Et Decklan, comment il va ? Je sais bien que lui a toujours eu plus facile à se faire des amis mais c'est aussi un énorme changement !

Je souffle à nouveau avant de lui répondre

- Deck va bien, il s'est aussi fait des amis qui sont dans la même équipe de foot que lui.

Comme toute réponse, un blanc suit ma déclaration. Connaissant ma mère elle a fait le rapprochement.

- Une...une équipe de foot... c'est bien.

Son entrain est forcé. Je le sais. Le mien l'était tout autant quand j'avais appris la nouvelle.

- Oui, une équipe de foot, répétais-je comme si c'était un bébé à qui on apprenait à parler.

Je suis de plus en plus contrariée. Pourquoi ne peut-elle pas faire comme si tout était normal ? Je veux oublier alors pourquoi personne ne peut m'aider ?!

- Tu n'as rien dis ?

- Que voulais-tu que je dise ? Je suis heureuse pour lui, il a toujours aimé ce sport. Et il est doué...

- Oui...oui bien sûr...

- L'appartement est génial, déclarais-je pour changer de sujet.

Ce n'est pas très discret mais je sens jusqu'ici son soulagement quand le sujet devient moins épineux.

- C'est vrai ? Je suis contente mon bébé ! Tu as ta propre salle de bain ?

Nous continuons à parler pendant encore quinze minutes. Je lui mens finalement en expliquant que Decklan m'a appelé et que je dois raccrocher. Après encore cinq minutes à me dire au revoir, elle raccroche enfin et je retombe sur mon lit, vidée.

Une discussion de vingt minutes avec ma mère c'est comme un marathon de cinq heures.

- Mon ange ? Chuchote Decklan en passant sa tête par l'embrasure de la porte.

- Tu peux parler normalement, elle a raccroché.

-Ça a été ? Me demande-t-il en venant s'allonger à côté de moi.

- Je suis toujours vivante non ?

Je l'entend rire doucement et je me retourne vers lui. Il est beaucoup plus proche que ce que je croyais, nos nez se frôlent presque et pendant un instant, j'en oublie de respirer.

Maggie ! Reprend toi ! Ce crétin continue ses petites activités extra-scolaires dans ton dos ! Tu ne dois pas craquer !

Bien qu'il n'ai aucun compte à me rendre.

- De quoi vous avez parlé ? Chuchote-t-il et je sens son souffle chaud me caresser la joue.

- De tout, l'université, l'appart, toi. Tu connais ma mère, elle aime être au courant de tout.

- Je pense que tu dois surtout lui manquer. Elle n'est pas habitué à avoir un de ses enfants loin d'elle.

- Ils me manquent aussi...

-...

Je souffle et baisse les yeux quand je l'entend à nouveau murmurer

- Tu regrettes ?

- De quoi ? Demandais-je en relevant la tête.

- D'être venue ici, aussi loin d'eux.

Je met une seconde de trop à répondre, il doit lire la réponse sur mon visage car il soupire tristement en détournant les yeux. De peur de l'avoir froissé, je m'empresse de répondre

- N...non, mais...

- Mais quoi ? Me demande-t-il presque aussitôt.

- J'ai juste parfois l'impression que...que je les ai abandonné. Que je ne suis pas assez reconnaissante envers eux.

- qu'est-ce que tu racontes ?

- C'est ma faute si ils sont obligés de rester dans cette ville. Je me dis que je devrais être là-bas, avec eux. Et pas ici, loin de tout...

- Mon ange, tu dis n'importe quoi. D'abord ce n'est pas ta faute, c'est tout sauf ta faute. Et ensuite, ce n'est pas parce que tu vas à l'université que tu les abandonnes...

-...

- Tu as aussi droit à ta part de bonheur mon ange...

- Et c'est ici que je vais le trouver ? Le bonheur ?

- Oui...je sais pas... mais c'est sûrement pas là-bas, souffle-t-il.

C'est avec toi. Le bonheur je l'ai déjà trouvé à tes côtés. J'ai juste besoin de toi pour être heureuse.

Juste toi.

Mais encore une fois je me tais.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top