Chapitre 8
PDV Jérémy
Je le fais ou pas ?
Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée. Dans un sens , cela me permettrait d'être fixé. Mais dans l'autre, ça serai me rajouter une peine. J'hésite vraiment. J'ai peur de ce que cela peut engendrer. Je n'ai jamais été très courageux il faut dire.
Alors pour une fois qu'une personne attise un intérêt aussi fort, fait naître de telle chose en moi, j'ai du mal à savoir comment réagir.
Surtout quand cette personne a une attitude aussi peu compréhensible. Sa façon d'agir hier, et même ce matin, cela m'a blessé. Et je me demande vraiment si je dois prendre ça comme un signe qu'il n'est pas une bonne personne, qu'il s'est foutu de ma gueule, et que je devrais simplement passer à autre chose. Ou bien si je devrais lui donner une chance de s'expliquer.
En même temps, passer à autre chose n'est pas si simple... alors peut-être que de me rajouter une désillusion sur les deux dernières me permettra de faire ce pas. Ou peut-être qu'il y a une explication rationnelle, même si j'ai du mal à croire qu'il puisse être expliqué de se comporter comme un con.
Je souffle un bon coup et me dis qu'au moins, je dois tenter. Je ne vais pas attendre là, à me torturer l'esprit à la recherche d'une raison. Donc on porte ses boules, et on y va. Une expression de qualité, vous en conviendrez. J'attrape mon téléphone et lui envoie un message bien salé :
« Dis, tu pensais vraiment ce que tu as dis ? C'est pas sympa... »
Si avec ça il comprend pas que je suis en colère... Bon d'accord c'est nul, mais j'ai appuyé sur Envoyer alors, plus qu'à attendre. Et à stresser comme jamais.
En attendant, je repense à son ami, Andrews. Ce type... il y a quelque chose dans son regard qui me dérange. Un espèce de grain de folie, une méchanceté qui a l'air ancrée en lui. Je n'ai pas envie d'avoir à nouveau à faire à ce type, mais je crois que je ne vais pas avoir le choix. J'ai ce pressentiment au fond de moi... qu'il est mauvais. Et que la suite des événements risquent d'être fort désagréable.
Il ne tenterait rien contre moi non ? Il est pas assez stupide pour s'en prendre à moi alors qu'il me voit traîner avec le gang ?
Et si il l'était ? Je ne suis pas sûr que j'oserais parler aux membres du problème. Après tout, je ne suis pas comme Lucy ou Zoé. Je n'ai pas de lien direct avec eux, et le fait que je sois ami avec Marie et Jack ne veut pas dire que je dois les mêler à mes histoires.
Enfin je suppose qu'il est un peu tôt pour penser à cela, alors que ce type ne m'a rien fait. Il ne me fera sûrement jamais rien d'ailleurs, je me monte la tête. Mais je n'arrive pas à me défaire de cette impression... il ne m'inspire pas confiance. Et je me trompe rarement pour juger les gens. C'est aussi pour cela que j'ai du mal à croire que je me suis trompé à ce point sur Aaron.
Mon téléphone vibre, et mon cœur fait de même, si on peut dire ça comme ça. Je déverrouille l'écran, et comme un enfant, je ferme les yeux. Je me décide à en ouvrir un, puis deux une fois que j'ai lu les quelques mots qui sont écrits.
« Non, bien sûr que non. C'est juste que... »
C'est quoi cette phrase non finie ? Ce suspens est juste insoutenable en fait, c'est vraiment pas sympa. Je fais quoi, j'attends qu'il finit ou je le relance ? Ça fait un peu insistant non ?
Oh, et puis rien à foutre, je veux savoir, et j'arrive pas à me retenir.
« C'est juste que quoi ? Explique-moi ! »
Non mais c'est vrai quoi, déjà qu'il me fait des coups de pute, désolé de l'expression, au moins si il pouvait éviter de me laisser angoisser tout seul de mon côté en attendant ses réponses, ça serait franchement cool.
« Et bien comment dire... mes amis... mes amis ne sont pas... cool là dessus, tu vois ? »
Je vois pas vraiment, mais j'ai le pressentiment de ce que signifie cette phrase. Mais j'ai besoin qu'il le dise, qu'il y mette des mots. Que son excuse soit écrite et non interprétée.
« Ils ne sont pas cool ? Dis les choses, ne passe pas par quatre chemins. »
« Ils ne savent pas pour nous. Car je sais qu'ils ne comprendraient pas. Ils ne sont pas ouverts d'esprit sur ce genre de sujet. »
Pour faire simple, ses potes sont homophobes. Bien, très bien.
Ça m'agace. Pas que ce soit ses potes qui soient des enfoirés, mais plutôt que ce genre de personne existent. Et qu'il puisse traîner avec eux sans que cela ne le dérange.
Mais ce qui m'agace c'est aussi que je me doute de ce qu'il va suivre, quand je pose la question suivante.
« Ah ok. Et donc, on fait quoi ? »
Je joue avec mes doigts en attendant sa réponse qui tarde à venir. Il ne va pas dire ce que je pense hein ? Pourquoi je sens qu'il va le dire ?
« Bin, ça serait bien... qu'on garde ça pour nous tu vois. Ça serait mieux pour tout le monde. »
Il l'a dit. Il l'a vraiment dit. Putain j'y crois tellement pas que je dois relire plusieurs fois le message.
Ça m'énerve, ça m'énerve, et ça me blesse aussi. Il veut que je sois son secret, celui qu'il voit sans que personne ne le sache. Son amant en gros. Je veux pas être sa maîtresse, sa double vie. J'estime avoir assez de valeur pour qu'on ne veuille pas me cacher.
« C'est mieux pour qui ? Pour tes homophobes de potes ? Et puis quoi, tu vas prendre une meuf aussi, pour qu'ils y croient un max, que t'es pas gay ? »
Ouai je suis pas cool, mais c'est comme ça que je réagis quand je suis blessé. Enfin, je me permets de réagir comme ça avec lui parce que je le connais, sinon j'aurai sûrement fermé ma gueule. Je suis pas du genre à rentrer dans les conflits, ni a les chercher. Mais là je le cherche, parce que j'estime avoir raison.
« Arrête c'est pas ça... Mais comprends moi. Ce sont mes seuls amis ici... »
« Et moi je compte pour du beurre ? »
Il s'enfonce là, il coule même.
« Bien sûr que non ! Mais je suis avec eux à l'internat, aux entraînements... je ne peux pas me permettre d'être en mauvais terme avec eux. Ils pourraient ruiner ma saison. »
Bon ok, cette excuse là, j'avoue qu'elle est beaucoup plus acceptable. 1 point pour Aaron.
Je n'ai pas le temps de lui répondre qu'il marque le deuxième point haut la main.
« Et puis ces types... c'est pas tous des mecs bien tu sais. Surtout Andrews. Certains n'y verraient pas d'inconvénients, mais ils n'iraient pas dans un sens opposé au sien. Alors si il décide de me pourrir la vie, ils le suivront. »
Je savais bien qu'il n'était pas net ce type. Je l'avais dis non ? Ça se sent. Pourrir la vie des gays, si c'est pas être un con, je sais pas ce que c'est.
« Et ils le suivront toujours. Même si il s'agit de pourrir la tienne. »
Et bim, troisième point, échec et mat. Aaron gagne et me fait changer d'avis. Au final, c'est peut-être pas plus mal que ces types ne sachent pas. Pour lui, pour moi, c'est peut-être la meilleure solution. Et je dois avouer que l'idée qu'il veuille me protéger me plait, même si je n'apprécie pas trop la manière de le faire.
Je ne pensais pas accepter un jour d'être celui qu'on cache. Mais je crois que je viens de le faire, même si cela m'affecte profondément. Suis-je prêt à cela pour Aaron ? Pour l'instant, il faut croire que oui. Mais je ne sais pas combien de temps je pourrais endurer cette situation.
Mais quand je reçois son message mon cœur me souffle qu'il est prêt à endurer pas mal de temps. A endurer jusqu'à ce qu'il se brise.
« Non ti dimentico »
Dans quelle situation je me suis mis ? Est-ce que je fais bien ? Je suppose que mes amis me répondraient que non. Mais on dit que le cœur a ses raisons que la raison ignore. C'est totalement ce qui m'arrive maintenant. Mon cœur a décidé de se jeter tout entier dans cette aventure, sans prendre compte des risques que me souffle mon esprit.
Je mets un terme à nos échanges en lui répondant la même chose et reste un instant les bras dans le vide, à ne savoir que faire ou que dire.
J'attrape mon journal, ressentant le besoin de coucher sur le papier tout ce que j'ai à dire. Parce que j'en aurai des choses à dire, à crier au monde entier ! Mais à la place, je ne peux que me résoudre à les écrire ici, pour ne pas me faire défoncer la gueule par une bande d'illettrés dehors.
« Je n'arrive pas à comprendre. La société actuelle me dépasse. La tolérance est un mot inconnu pour beaucoup.
Ça ne devrait pas être le cas. La tolérance, le respect, la politesse, ce sont les premières choses que l'on devrait enseigner aux enfants. Mais maintenant, ce n'est plus la priorité. Nombre de parents n'enseignent plus rien. Et les écoles se retrouvent à faire leur job et celui que les parents ont délaissé.
Mais ils ne sont pas magiciens. Leurs journées ne sont pas assez longues, entre les maths, l'histoire et la grammaire, les gosses mal -pas- éduqués, et sans manières. Ou les gosses éduqués pour ne pas respecter leurs maîtresses. Parce que les parents de maintenant croient plus leurs enfants que les adultes qui les entourent. Parce que les parents de maintenant disent aux adultes qu'ils mentent et inventent les bêtises. Aux enfants qu'ils ont raison et que la maîtresse est une conne.
C'est sûrement un autre sujet, et je dois divaguer. Ou pas.
Et heureusement, il y a encore une majorité de parents qui savent éduquer leurs enfants. Malheureusement la minorité fait plus de bruit.
Mais tout est lié. Comment peut-on demander à un adulte d'être tolérant si il a été baigné toute sa vie dans une famille où la discrimination est une activité de famille. Où on se retrouve le dimanche pour rabaisser ceux qui sont différents de ce qu'on pense être la norme.
C'est de l'intolérance que sont nées les plus grandes guerres. Quand les uns étaient incapables de foutre la paix à leurs voisins à cause de leur couleur de peaux. Quand les autres refusaient d'entendre qu'on puisse croire en d'autres dieux.
Et c'est encore l'intolérance qui fait tant de mal aujourd'hui. Comment certains peuvent-ils trouver normal de persécuter les autres à cause du sexe de la personne qu'elles aiment ? En quoi cela les regarde ? Est-ce qu'on vient les frapper parce qu'ils embrassent une meuf ? Non.
Pourtant ils ne sont pas plus naturel que nous.
L'homosexualité est présente chez toutes les espèces, comme l'hétérosexualité.
Les sentiments ne sont pas liés à la présence d'un chromosome X ou Y.
Deux hommes ensembles étaient un fait très courant dans l'Antiquité.
Le but d'un couple n'est pas de procréer, mais de partager de l'amour. Allez donc dire à tous les couples qui ne veulent pas d'enfant qu'ils n'en sont pas vraiment un. Allez donc dire à toutes les personnes stériles qu'ils ne seront jamais en couple car un couple c'est faire des enfants.
Une famille, ce n'est pas un papa, une maman. C'est parfois juste un papa, ou juste une maman. D'autres fois c'est une mamie, une tata, un papy. Deux papas, ou deux mamans.
Un enfant n'a pas besoin d'un homme et d'une femme pour se construire. Ou bien allez donc dire aux enfants n'ayant qu'un parent qu'ils ne sont pas bien éduqué. Allez donc dire aux adultes ayant eu deux mamans qu'ils ne sont pas bien construit. Ils le sont surement plus que vous.
Un enfant ne sera pas brimé à l'école parce qu'il a deux papas ou deux mamans. Il ne le sera pas si chacun apprend à ses enfants la tolérance. C'est là qu'on en revient au problème de départ.
Et c'est là qu'on voit apparaître des Andrews. Et le plus affligeant, c'est que des Andrews, il y en aura toujours. Parce qu'on ne peut pas obliger les gens a être tolérant. En fait, on ne peut juste pas obliger les gens à être humain. »
Je décide que ça suffit et referme le cahier. Je me suis peut-être éloigné du sujet de départ. J'en sais rien et je m'en fous au final. Je me suis laissé emporter par ce que j'écrivais, et c'est ça qui fait du bien.
Je me cache sous mes couvertures et me blottit contre une peluche nichée là. Et une chose tourne en boucle dans ma tête. A partir de maintenant je suis un secret.
Et je commence à me dire que cela me fait peur, mais sûrement moins que l'idée qu'Andrews apprenne ce secret.
Car je ne sais pas ce qu'il en ferait.
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Est-ce que je me suis servie du journal de Jérémy pour pousser un petit coup de gueule ? Oui x) Un peu inutile car si vous êtes ici, c'est que vous n'êtes pas homophobes, mais j'avais besoin de décompresser mdr x)
Je sais qu'il est tout à fait possible que vous ayez des avis différents au mien, comme concernant la famille ect... J'ai écris ce que je pensais, ce que je pense être vrai. Vous pouvez avoir un avis différent, vous pouvez tout à fait le dire en commentaire. Mais par contre, je ne répondrais sûrement pas, car je n'ai pas envie de rentrer dans un débat. J'ai mon avis, si le vôtre est différent, je le respecte. Je voulais juste exprimer tout ce que j'avais à dire. (De toute faon j'ai jamais le temps de répondre aux commentaires en ce moment, même si je les lis ;))
Alors, vous sentez que les choses ne vont pas très bien se passer ? Que pensez-vous de la proposition d'Aaron ? Jérémy a-t-il bien fait d'accepter ?
J'espère que le prochain chapitre sera à l'heure x) Alors normalement à dimanche.
Kiss :*
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