Chapitre 6

PDV Jérémy

2 mois plus tôt.

Un petit nuage. C'est actuellement ce que je ressens dans ma vie, l'impression d'être sur un petit nuage. En tout cas, mon esprit est loin des problèmes de la terre ferme. Non, moi je me contente de vivre un petit bout de bonheur au quotidien.

Je dois dire que je me demande parfois si tout n'est qu'un rêve, alors je me pince souvent, comme en atteste les marques sur mon corps. Cela fait beaucoup rire Aaron, surtout quand je le fais après un baiser de sa part.

Il faut dire que je ne me serais pas attendu à ça quand ma mère m'a annoncé ses vacances. Après ce moment, dans la piscine, dans l'adrénaline de l'interdit, nos journées n'ont été que tendresse.

Je ne sais pas ce que l'on est, tous les deux, mais je sais que ça me plaît.

J'aime quand il m'entraîne à l'écart, lors des soirées, pour me plaquer contre un arbre et m'embrasser jusqu'au bout de la nuit.

J'aime quand il me trace des petits mots sur la peau, alors qu'il me serre dans ses bras.

Quand il m'attire à lui pour un baiser caché, entre deux rayons de la supérette, quand il me sourit, alors que nous sommes l'un en face de l'autre, au petit déjeuner.

J'aime sentir mes joues rougir sous mes regards, sa langue me susurrer des mots doux à l'oreille.

J'aime son rire, et son sourire en coin, et je déteste tout lui céder quand il me le fait. J'aime entendre mon prénom dans sa bouche, alors qu'il plonge ses yeux dans les miens.

J'aime juste sa présence.

Il s'est insinué en moi en si peu de temps, que je ne me l'explique pas. Mais je n'ai pas envie que cela change. Au contraire, je voudrais que cela dure encore, sans jamais s'arrêter. J'en fais le vœux à chaque baiser, la prière à chaque étreinte.

- Je n'ai pas envie que tu repartes.

Je regarde mes doigts enlacés aux siens, avec lesquels ils jouent. Tous deux allongés dans un hamac, à l'écart de tout, nous savourons nos derniers instants. Il va rentrer chez lui, me laissant là, à me remémorer seul tous nos souvenirs ensemble. Il n'y a pas un endroit de ce camping où je ne peux pas l'imaginer.

- Je n'ai pas envie de partir.

Tout sera compliqué ailleurs. Nous voir, nous toucher, nous embrasser. Alors qu'ici tout était simple. Je me rends alors compte que nous n'avons jamais discuté de la suite. De comment nous serions à l'extérieur. Va-t-on se revoir ? S'oublier ? Je ne pense pas être capable de réaliser la deuxième option. Alors je me risque à mettre le sujet sur la table pour la première fois.

- Est-ce que... on va se revoir ?

Il met quelques minutes à me répondre, ce qui ne me rassure pas.

- J'aimerais.

Je suis un peu plus serein, mais pas encore.

- Et qu'est-ce que l'on est ?

Je le sens hausser des épaules.

- Je n'en sais rien. Tu as envie de mettre une étiquette sur nous ?

Pas vraiment en réalité. J'ai l'impression qu'ainsi, l'étiquette peut être arracher à tout moment. Alors que si il n'y en a pas, nous pouvons profiter ainsi tant qu'il nous plaît.

- Non.

- Alors, on devrait juste y aller petit à petit, et voir.

Je me contente d'hocher la tête, et de profiter du silence pour savourer nos corps enlacés.

- Non dimenticarmi.

- Qu'est-ce que ça veut dire ?

- Ne m'oublie pas.

- Je ne pourrais pas. Dis moi comment dire « Je te ne t'oublie pas ».

- Non ti dimentico.

- Non ti dimentico.

Il me sourit et l'un comme l'autre nous comprenons. Ce sera notre phrase.


Présent.

Au petit matin, j'ai beau avoir dormi, mes yeux sont fatigués, et mon cerveau n'en parlons pas. Je n'ai pu me repasser que sa réponse en boucle, encore et encore, sans comprendre la froideur de ses mots.

Je suis impatient à l'idée de le voir, mais en même temps, j'ai ce stress qui ne me quitte pas en repensant à son message. Il était peut-être juste fatigué, ou bien il avait passé une mauvaise journée. Il y a pleins d'explications possibles, avant d'imaginer qu'il ne veut juste plus me parler. Après tout, le matin même nous discutions tranquillement, alors il n'y a pas de raison logique à ce qu'il devienne froid ainsi.

- Tout va bien ?

Je relève la tête vers ma mère qui me regarde, un air interrogateur sur le visage. J'avale rapidement mon pancake pour me diriger ensuite vers ma chambre.

- Oui oui, je pense juste au cours de maths.

Elle secoue la tête, me faisant comprendre qu'elle n'y croit pas un instant. Mais elle n'insiste pas, donc j'en profite pour monter et récupérer mon téléphone. Je relis sa réponse, comme si les mots allaient avoir changer depuis hier soir. Mais c'est toujours les mêmes, et la sensation d'inconfort que j'ai ressenti la première fois en les lisant revient directement. C'est comme si d'un coup, je parlais à une personne différente, et c'est très perturbant.

Je n'ai jamais eu l'occasion de voir Aaron froid, alors je tente de lui trouver mille et une excuses qui expliqueraient son comportement. Et je finis par me convaincre moi-même, car c'est beaucoup plus plaisant de l'imaginer stressé de sa rentrée que fâché pour une raison inconnue contre moi.

Je me rends dans la galerie de mon téléphone, pour contempler la seule photo que j'ai de nous deux. Et de lui, tout simplement. Nous l'avons prise juste avant son départ, alors que nous rentrions vers nos mobil-homes. Nous avions alors croisé un couple, se prenant ensemble, et je n'ai pu m'empêcher de penser à ce moment là que j'aimerais faire cela, moi aussi.

Et il a dû le voir, car il m'a pris la main, et m'a entraîné derrière un bâtiment. Il a alors saisi mon téléphone dans ma poche et s'est placé à côté de moi.

« - Que fais-tu ?

- Tu en as envie n'est-ce pas ? Alors souris. »

J'avais à peine eut le temps de réaliser qu'il appuyait déjà sur le déclencheur. J'ai donc un visage étrange, tandis que lui fixe la caméra avec son plus beau regard. Rien que de le voir ainsi, j'en ai le cœur qui s'accélère. Je sens un sourire prendre place sur mon visage et me dirige vers l'extérieur, près à me rendre au lycée et enfin le revoir.

Cela fait à peine 2 semaines que nous ne nous sommes pas vu, pourtant, j'ai l'impression que cela fait une éternité. J'ai besoin de revoir ses jolies boucles, et pourquoi pas, d'y passer ma main. De contempler son sourire en coin et d'entendre encore son air narquois quand il se fiche gentiment de moi. Je veux à nouveau sentir son odeur et ses bras autour de moi.

Je suppose que je ne pourrais pas le serrer contre moi aujourd'hui, devant cette foule de personne, mais au moins, je le saurai là, non loin de moi. Et qui sais, avec un peu de chance, il finira dans ma classe. Je pourrais alors l'admirer à longueur de journée.

Je passe bien vite les grilles de l'établissement et me dirige vers le lieu non officiel de rassemblement de mes amis. Comme toujours, les trois filles et Jack m'accueille chaleureusement, tandis que Matt et Josh se contentent de me saluer. Et que Scott reste muet, Scott quoi.

- Jerem' tu es enfin là !

Lucy plonge dans mes bras avec une moue boudeuse, tandis que je hausse un sourcil. Je lance un regard à Matt qui grogne en voyant la jeune fille dans mes bras. Il sait qu'il n'y a aucune chance que je m'intéresse à elle, mais que voulez-vous, Monsieur est toujours un jaloux. Bon, je suppose que les idiots se sont disputés et qu'elle veut l'emmerder. Qui de mieux que moi pour ça ? Je croise les yeux de Zoé qui ne peux s'empêcher de rire, et je la rejoins, avant de recevoir une tape sur l'épaule, et elle aussi par la même occasion.

- Hey, ne vous moquez pas de moi.

Je ris encore un peu avant de lui demander la raison de la dispute, cette fois-ci. Je suppose qu'elle est tout aussi amusante que cette fameuse fois où Matthews avait fini le pot de Nutella avant elle. Il lui a fallut une semaine pour qu'elle cesse de bouder. C'est une vraie enfant, et une casse-pied. Mais on l'aime pour ça.

Mais je n'écoute pas la réponse qu'elle me donne, car mon esprit est soudainement accaparé par l'arrivée d'un bus aux couleurs de l'équipe de base-ball de Worth. Tous les regards dans la cours sont alors accaparés par les joueurs qui descendent de celui-ci, et je ne fais pas exception. Je me retiens tout de même de baver, pas comme d'autres.

Les joueurs descendent et se succèdent, avant vers l'entrée, donc vers nous, qui nous situons non loin. Quelques uns sortent, puis enfin, c'est son visage que je vois à l'entrée du véhicule. Un casque sur les oreilles, il le baisse avant de descendre en observant ce nouvel environnement. Moi, j'ai envie de l'appeler, d'aller le voir, mais je ne bouge pas de là où je suis, attendant que par miracle il me remarque.

Quand ils arrivent non loin, je repère rapidement les regards hautains de ceux en tête de groupe. Les autres sont plus interrogateurs, ou totalement désintéressés, mais ceux tout devant, les 5 premiers, semblent très sûrs d'eux, peut-être un peu trop.

Sans que je m'y attende, enfin, ses yeux rentrent en contact avec les miens. Alors qu'il marche, il continue de me regarder, et sans que je ne le contrôle, un sourire monte sur mes lèvres et ma main bouge d'elle-même, lui octroyant un petit signe. J'espère seulement ne pas trop rougir.

Mais je déchante vite, quand au lieu de me répondre, ou simplement de me sourire, ce dernier détourne la tête et replace son casque sur ses oreilles. J'ai l'impression qu'on me serre le cœur, et je perds mon sourire, avant de regarder ailleurs quand ils passent les portes.

C'était quoi ça ?


PDV Externe

Si il avait espéré être discret, c'était raté. Autant ses meilleures amies, que le gang avait pu assister à ce moment. Ils n'ont rien dis à la suite de celui-ci, mais chacun s'est demandé qui était ce garçon auquel Jérémy avait fait un signe. Et surtout pourquoi celui-ci l'avait ignoré ainsi.

De plus il aurait fallut qu'ils soient aveugles pour ne pas voir à quel point ce dernier était touché. Ce qui ne fit qu'augmenter leurs interrogations, qu'ils gardèrent tout de même sous silence, et se contentèrent d'aller en classe à la sonnerie.

Jérémy fit comme de si rien n'était durant le reste de la journée, mais il ne trompa personne. Les filles auraient voulu l'interroger, mais il semblait leur crier silencieusement de ne pas le faire. Alors elles laissèrent couler, du moins pour l'instant.

Cependant, il y a une chose que Matthews avait vu, qu'aucun autre n'avait capté. A la suite du geste sans réponse de Jérémy, l'un des têtes de groupe l'avait regardé. Et le sourire méchant qu'il avait alors affiché, ne plut pas du tout au bad boy. C'est comme si il sentait que quelque chose de mauvais allait se passer à propos de ce gars, et il n'était pas du genre à renier son instinct.

Ainsi, une fois à la maison, il confia ce qu'il avait vu aux autres, et à Zoé qui les accompagnait pour la soirée.

- Tu penses qu'il lui ferait du mal ?

Il attrapa la main de sa petite amie et quitte à lui faire peur, il décida de lui dire la vérité.

- Je ne peux ni l'affirmer ni dire le contraire. Mais je pense qu'il va falloir y faire attention.

Et la phrase concernait particulièrement Jack et Scott, tout deux dans la même classe que le gars au sourire. Car oui, si malheureusement pour Jérémy, Aaron n'était pas dans sa classe, il comptait pour nouveaux camarades plusieurs joueurs, dont celui qui avait attiré l'attention de Matthews.

- On sera attentifs.

Jack parla pour lui et Scott. Même si ce dernier ne dit rien et prit un air blasé, chacun sut qu'il garderait un œil sur la situation. Il avait beau ne pas le dire, il ne laisserai pas quelqu'un blesser une personne aussi importante pour Zoé. Et puis il ne détestait pas Jérémy, même si il n'avait pas d'atomes crochus avec lui.

A ce moment, ils ne se doutaient pas à quel point ils avaient raison de surveiller ce type. Et de son côté, bien au chaud chez lui, Jérémy n'avait aucune idée de ce qui l'attendait cette année. 

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Mais que va-t-il se passer cette année justement ? 

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