Chapitre 5
PDV Jérémy
Après cette première journée, je suis ravi de rentrer enfin chez moi. Pas que revoir mes amis m'ait ennuyé, mais j'avais d'entre chose en tête. En effet, depuis le moment où notre professeur nous a annoncé la nouvelle, je n'avais plus qu'une chose à l'esprit, Aaron.
Il va venir ici, dans mon lycée, dans ma ville, pour une année.
Je pousse la porte de la maison, à la fois heureux et stressé. Comment cela va-t-il se passer ? Je suppose qu'il n'y a aucune raison que les choses se passent mal, après cet été. Mais je ne peux m'empêcher de me demander si il sera la même personne. Certains sont très différents quand ils sont entourés de leurs amis.
Mon habitation est vide, ma mère travaille encore. J'attrape une pomme et me dirige vers ma chambre, me posant sur le lit. Je regarde mon téléphone que je fais tourner entre mes mains. Pourquoi j'hésite, il n'y a aucune raisons de s'en faire. Alors je le déverrouille et ouvre notre conversation.
« J'ai appris ton arrivée imminente. On pourra se voir :) »
En attendant sa réponse, j'attrape entre mes mains mon journal, caché -merveilleusement bien- sous mon oreiller. Je regarde la couverture avant de l'ouvrir, en cherchant une page précise. Je la trouve plutôt rapidement, et me replonge dans ses lignes que j'ai écrite peu après ce fameux soir, où ses lèvres ont trouvés les miennes.
Je ne sais même pas comment expliquer ce qu'il s'est passé. Je n'ai pas compris pourquoi c'est arrivé, ni comment. Cela me paraît flou, mais en même temps, toutes les sensations sont encore claires dans mon esprit. Je voudrais pouvoir en parler, pour tenter de mieux comprendre moi-même.
C'est pour ça que je me retrouve là, caché dans la douche du mobil-home pendant que ma famille dort, en train d'écrire tout ce qui me passe par la tête.
Ce soir, alors que nous discutions, Aaron m'a embrassé. Ça paraît simple à dire, mais pour moi, c'est bourré de questions et de doutes. Alors que je me rendais compte que ce type, que je connais depuis quelques semaines seulement, me plaisait, voilà qu'il plaque ses lèvres contre les miennes, et part sans me donner d'explications.
Je n'arrive pas à expliquer son geste, tant il y a de possibilités derrière celui-ci. Bien évidemment, la plus alléchante serait qu'il pense la même chose que moi, et qu'il en avait envie. Moi je ne suis pas naïf au point de croire que c'est la plus probable des explications. Ça peut être un pari, une pulsion inexpliquée, une sorte « d'expérience », pour voir ce que ça fait, d'embrasser un homme. Tant d'options qui me serrent le cœur à seulement les imaginer. Je ne veux pas être le test de quelqu'un.
Je me demande comment réagir la prochaine fois que nous nous verrons. Comme si rien ne c'était passé ? Comme si au contraire, c'était bien arrivé ? En parler, le passer sous silence, l'oublier... Enfin, je suppose que ces questions n'ont pas lieux d'être sachant qu'il n'y aura peut-être pas de prochaine fois. Après tout, il pourrait bien décider que cette erreur était si conséquente qu'il ne veut plus avoir à faire à moi. Mais même ainsi, sachant que nous habitons l'un à côté de l'autre... détournera-t-il les yeux, si nos regards se croisent ?
Mais le pire dans tout ça, c'est que malgré tous mes doutes, toutes les questions qui m'assaillent, j'ai aimé ce baiser. Je l'ai même adoré. La sensation de ses lèvres sur les miennes ne me quittent pas, et même en sachant que ce n'est sûrement qu'une vaste blague, je n'ai qu'une envie, reposer ma bouche sur la sienne pour retrouver toutes les sensations qui ont pu m'envahir à ce moment là. Je dois être fou. Comment penser qu'il y aura une prochaine fois ? C'est absolument insensé, et je me fais plus de mal à ressasser toutes ses émotions que je voudrais retrouver plutôt qu'à imaginer qu'il pourrait ne plus me parler.
Je le connais à peine. Trois semaines, comment cela pourrait-il être suffisant pour connaître quelqu'un ? Et comment cela pourrait être suffisant pour ressentir un désir de ce genre ? Parce que c'est ce que c'est, du désir. Pas juste une envie de recommencer. Mais une pulsion, un besoin presque. C'est rageant de se dire que ça n'arrivera plus.
Pourquoi fallait-il que je vienne dans ce camping, que je rencontre ce type, qu'il me parle. Si tout cela n'était pas arrivé, je ne serais pas là, à avoir mal au ventre au simple fait de penser que notre amitié, ou ce qu'il y avait entre nous, soit terminée. Terminée pour quelque chose qui n'aurait sûrement jamais dû arriver. Mais que je ne parviens pas à regretter, alors même que ce n'est pas moi qui en suis à l'origine.
Mais je suppose que je regrette ou non n'a aucune importance. La seule chose qui compte c'est de savoir, si lui, il regrette.
Je souris devant ce que j'ai pu écrire, avant de refermer le journal et de me mettre sous la couette. Mon téléphone n'indique aucun message, ce qui me surprend. Il est plutôt rapide à répondre d'habitude. Peut-être est-il en train de faire sa valise.
Sous mes draps, bien au chaud, mon esprit dérive une nouvelle fois, et remonte à ces vacances, pour de nouveaux souvenirs.
2 mois plus tôt.
Je ne pensais pas avoir autant raison en écrivant ses lignes dans mon journal hier soir. Ce matin, quand je me suis levé, Aaron n'était pas assis à sa place habituelle, sur l'emplacement d'à côté. Il était dos à moi, ainsi nos regards n'ont pas pu se croiser. Alors que nous nous sommes aperçu dans les douches, il s'est contenté de filer rapidement, sans un mot. Et cet après-midi, tandis que nous nous promenions d'ordinaire ensemble, je ne l'ai pas vu.
Il m'évite, comme je le craignais, et je dois dire que je suis extrêmement touché par ce comportement. C'est lui qui m'a embrassé, non l'inverse. Alors pourquoi c'est lui qui fuit ? Par honte ? Je ne veux pas être une honte. Je n'ai rien demandé d'autre que d'être son ami. Au final, je me demande si contrairement à ce que j'ai pu penser, je ne regrette pas ce baiser. Je crois que si maintenant, on me donnait l'occasion de recommencer, je ferais en sorte que ce moment n'arrive pas, pour préserver le simulacre de relation que nous avions. Mais le retour dans le temps, peu importe à quel point ce serait cool, ça n'existe pas.
- Tu ne veux vraiment pas venir ?
Je regarde ma mère, dans l'encadrement de la porte.
- Non maman, je ne veux pas.
Pour une fois, elle se contente de souffler et de me laisser, plutôt que d'insister et de me forcer à les suivre dans ce restaurant qu'elles ont trouvés. Je n'ai pas envie de sortir, je veux seulement être seul, à ruminer. Je suppose qu'elle l'a compris en voyant mon humeur de la journée, car elle a été particulièrement compréhensible depuis ce matin, bien qu'elle n'ai aucune idée de ce qui me passe par la tête. Ou peut-être au contraire qu'elle a comprit, en me voyant rester là, plutôt que de voguer partout avec Aaron.
Notre habitation de vacances redevient calme quand elles passent toutes la porte, tandis que je reste là, affalé sur le mini lit duquel mes pieds dépasse. Jamais un plafond ne m'a paru aussi intéressant. C'est fou les détails qu'on y trouve, vraiment.
Soudain, alors qu'un visage apparaît subitement à la fenêtre à côté de moi, je hurle. De façon très stridente, et peu masculine.
Je pose une main sur mon cœur, ce réflexe que l'on a tous quand on vient d'avoir une frayeur, comme si ça allait subitement faire cesser les battements incontrôlés. C'est stupide, disons-le nous bien. Je me retiens de fusiller Aaron du regard, hilare derrière la vitre. Monsieur m'évite toute la journée, et maintenant que la nuit tombe, il décide de venir me faire avoir une crise cardiaque ? C'est un peu démesuré comme réaction je trouve.
Je me lève et ouvre la fenêtre, le regardant dans les yeux. Je me retiens aussi de lui dire « Tiens, tu te souviens que j'existe ? ».
- Quoi ?
- Viens.
- Pourquoi ?
Il se contente de me sourire et de s'éloigner de l'ouverture.
- Allez. De quoi t'as peur ?
Que tu essaye de me tuer dans un coin, peut-être ? Non, j'avoue j'exagère. Je souffle et referme la vitre, en me demandant si oui ou non je dois aller avec lui. Ce n'est pas trop facile ? Il m'évite, me fuit toute la journée, et moi, je le suis comme un toutou dès qu'il le veut ? Bah faut croire que oui parce que quelques minutes après, je suis dehors, à le suivre.
- Tu vas rester deux mètres derrière moi tout le temps ?
J'ai envie de dire oui mais mon corps s'avance de lui même pour me mettre à sa hauteur. Traître.
- On va où ?
- Tu verras.
Je déteste qu'on ne réponde pas à mes questions. D'habitude, je me serais arrêté, j'aurai croisé les bras et me serais mis à bouder. Mais là, je ne fais rien de tout ça. C'est quoi cette emprise qu'il a sur moi bordel ?
Nous nous arrêtons devant la piscine de notre lieu de vacances, évidemment fermée à cette heure là. J'aurai pu lui dire, hein, si il m'avait dit où il voulait aller. Mais à mon grand étonnement, il monte sur le grillage et saute de l'autre côté. Mais qu'est-ce qu'il fout, bordel ?
- Mais qu'est-ce que tu fous bordel ?
C'est bien, je vois que ma bouche et mon cerveau sont reliés. Je commençais à avoir des doutes.
Il me sourit en coin, et j'ai envie de le frapper. Il a pas le droit de faire ça alors que je suis censé être en colère contre lui.
- Allez, fais pas ta poule mouillée.
- C'est fermé. Fermé tu vois.
- Et alors ? Tu oses pas ?
Je serre les dents. Il me provoque uniquement pour que je le rejoigne. Et ça marche, puisque quelques instants après, je suis de l'autre côté de la grille, avec lui.
- C'est bon t'es content ? On y va maintenant.
Mais alors que je m'apprête à repasser de l'autre côté, il m'attrape la main et me tire.
Et me jette à l'eau.
Le connard.
Heureusement, elle n'est pas froide, mais je ne m'attendais pas à entrer en contact avec elle maintenant, surtout pas tout habillé.
En plus, j'ai bu la tasse. Je ressors ma tête de l'eau et cette fois-ci, je n'hésite pas à lui lancer un regard noir.
- Putain tu fais...
Mais je n'ai pas le temps de finir ma phrase qu'il saute, juste à côté de moi, provoquant un tsunami sur ma tête. Putain ce gars. Quand il ressort la tête de l'eau et me regarde avec un grand sourire, je me mets une claque mentalement en pensant qu'il est ultra sexy, comme ça.
Je nage vers le bord mais encore une fois, il attrape ma main et me ramène vers lui.
- Elle est bonne non ?
- Elle est surtout fermée. Si on se fait prendre...
- On se fera un peu gronder, olala.
Il m'agace. Il m'agace mais il m'attire, et c'est très emmerdant. Alors que le fixe, sûrement comme si il était un alien, il m'éclabousse comme un gamin. Hors de question de rester sur un affront pareil, alors je lui rends. Et comme si nous avions 10 ans, nous commençons à nous éclabousser et à nous faire couler.
Je remonte à la surface quand il lâche mes épaules, sur laquelle il avait appuyé. Je passe mes mains sur mon visage en riant, ayant totalement oublié ma -petite- rancœur. J'ai à peine rouvert les yeux que je sens ses mains sur mes joues, et encore une fois, ses lèvres sur les miennes.
Il s'éloigne bien vite et me regarde dans les yeux, sans lâcher mon visage. Perdu, je ne dis rien, et je crois qu'il se pose autant de questions que moi. Mais il semble décider de les balayer et repose ses lèvres sur les miennes pour un baiser beaucoup plus ardent, dans lequel je me laisse totalement aller. Nos bouches se mouvent ensemble, et un léger goût de chlore me vient sur la langue. Ça devrait être dégueulasse, mais le seul fait de savoir que c'est parce que nous nous embrassons me donne envie de sentir ce goût encore et encore.
A bout de souffle, nous nous arrêtons, et alors que nos regards s'accrochent, un sourire prend place sur son visage. Et sur le mien.
- Sei bellissima.
Mes yeux s'ouvrent en rond et je lui demande de répéter. Quand il le fait et qu'une nouvelle fois je ne comprends rien à ce qu'il vient de me dire, il rit.
- C'est de l'italien.
- Tu parles italien ?
- Je suis italien. Ma famille est arrivé ici quand j'avais 4 ans.
Donc il est beau ET italien ? Et bah, comment voulez-vous que je résiste moi ?
- Et ça veut dire quoi ?
- Tu es beau.
Je me sens rougir. Je décide de passer à autre chose, pour qu'il ne voit pas trop ma gêne.
- Apprends moi.
- Que veux-tu apprendre ?
Et pendant ce qui me semble être des secondes, qui sont en fait des heures, il m'apprend cette langue si belle à mes oreilles. Enfin surtout quand c'est lui qui la parle. Et tandis que je le regarde, avec ses yeux malicieux à me dire mille et unes choses que je ne comprends pas, un sourire impérissable naît sur mon visage.
Présent.
Je souris en repassant à ce moment inoubliable. Mais mon sourire se tarit vite quand mon téléphone sonne, et que je lis la réponse que j'attendais tant. Pourquoi est-il si froid ?
« Je sais pas. On verra. »
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Un nouveau retour dans le passé pour en savoir plus sur ce fameux Aaron. Ne vous en faites pas l'histoire ne sera pas composé uniquement de retour en arrière x) Mais il faut bien poser le bases.
Quels sont vos avis pour l'instant ?
A dimanche,
Kiss :*
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